mardi 9 septembre 2014

Non assistance à pays en danger : la mollesse de l'Europe dans toute sa splendeur

Livraison de Navires "Mistral" à la Russie
Mon Europe est morte à Kiev




Livraison de Navires "Mistral" à la Russie


 Réponse de notre Députée à notre courrier relatif à la livraison des navires BPC de classe Mistral à la Russie

La solidarité n'étant pas qu'un mot (1) (2) (3) (4) (5), nous considérons que le vente à la Russie de bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral est un acte honteux,  imprudent (6) (7) et anti-européen. 
En juillet, nous écrivions un courrier au député de la 4e Circonscription de Haute-Garonne (lieu du siège de l'association).
Voici sa réponse (Depuis, la vente a été suspendue) (8).




Nous, membres de la société civile, européens et « occidentaux », refusons de relativiser l'agression russe en Ukraine. Nous refusons de relativiser l'invasion et l'annexion de la Crimée, qui a été dénoncée par l'Assemblée générale de l'ONU (8b) . Nous refusons d'ignorer le démembrement de ce pays entrepris depuis lors par la Russie, encouragée par la faiblesse et les divisions de l'UE. (9)

Selon nous, les agissements de la Fédération de Russie contribuent à déstabiliser toute l'Europe. En annexant la Crimée, la Russie a créé un précédent au XXIe siècle, nous faisant revivre des situations qui au siècle dernier ont entraîné l'Europe et le Monde dans la guerre. Elle a montré le peu de cas qu'elle faisait de sa signature. (10) (11) (12)
Nous rappelons notamment que la Russie, comme la France, est signataire du Mémorandum de Budapest. Selon ce traité, les pays signataires s'engagent à « respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine ». « La Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis réaffirment leur obligation de s’abstenir de la menace ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance de l’Ukraine, et qu’aucune de leurs armes ne sera jamais utilisée contre l’Ukraine, sauf en cas de légitime défense ou en conformité avec la charte des Nations unies. »

Par ailleurs, le plan de sortie de crise en six points proposé par la France, le 28 février 2014, au Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas été respecté par la Russie. (13)
Par conséquent, nous continuerons de demander l'annulation de la livraison de ces navires de guerre à la Russie tant que la Russie n'aura pas restitué à l'Ukraine les territoires envahis : comme il a été dit à l'ONU, « une paix durable n'est possible que si l'intégrité territoriale est respectée » (14)
D'autres solutions existent, toutes ont le mérite d'offrir une alternative à cette livraison dangereuse. (15) (16) (17)
Nous sommes affligés de constater que de nombreuses hautes personnalités françaises soutiennent un régime qui a commis tant de crimes, ou ferment les yeux sur cette crise. Nous regrettons que des responsables politiques de premier plan reprennent à leur compte les « mots » (17b) ou « l'information » russe qui est en réalité de la désinformation, comme cela a été souligné à l'ONU au lendemain de l'annexion de la Crimée (17c) (17d).
Nous dénonçons l'attitude de parlementaires français qui ont invité à Paris le 1er septembre 2014 le Président du parlement russe, Monsieur Narychkine, faisant fi de la liste des personnalités russes sanctionnées par l’Union européenne dans le cadre de leur implication politique directe dans le sanglant conflit en Ukraine. (17e) (17f) (17g). Parmi ces parlementaires étaient présents (17h) :
  • M Nicolas Dupont-Aignan (député Debout la République, Essone),
  • M Yves Pozzo di Borgo (sénateur UDI, Paris),
  • M Jean-Pierre Chevènement (sénateur MRC, Territoire-de-Belfort),
  • M Aymeric Chauprade (député européen FN),
  • Mme Joëlle Garriaud-Maylam (sénatrice UMP des Français de l’étranger),
  • M Jean-Yves Leconte (sénateur PS des Français de l’étranger),
  • M Jean-Claude Mignon (député UMP, Seine-et-Marne),
  • M Jérôme Lambert (député Radicaux de gauche, Charentes),
  • M Jacques Myard (député UMP, Yvelines)

Nous voulons ici rappeler l'un des principes fondamentaux de l'UE : le droit supplante la force (et nous ajoutons, en tournant le regard vers de grandes entreprises françaises, que les affaires ne doivent pas non plus primer sur le droit). Or, en mettant son veto à la résolution soumise au Conseil de sécurité de l'ONU décrétant le référendum en Crimée « sans aucune validité », la Russie a montré que pour elle, la force primait le droit (17i).
Depuis, cela n'a pas cessé. Aujourd'hui même, le 8 septembre 2014, sans omettre de condamner les crimes de guerre de milices ukrainiennes, Amnesty International accuse la Russie d'aggraver les crimes de guerre des séparatistes (17j). Selon l'ONG, il apparaît « clairement que la Russie entretient le conflit, aussi bien par son ingérence directe que par le soutien qu'elle accorde aux séparatistes ».

Au delà du soutien à un pays à genoux et qui nous demande, en vain, de l'aide depuis tant de mois (18) (19) (20), c'est de la raison d'existence de l'UE dont il est question aujourd'hui. (21) (22)




  1. (8b) http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/27/l-assemblee-generale-de-l-onu-denonce-l-annexion-de-la-crimee_4391097_3214.html
  2. http://www.ridi.org/adi/199904a1.html
  3. (17c) http://www.un.org/News/fr-press/docs/2014/CS11448.doc.htm
    (17h) http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Quand-une-dizaine-de-parlementaires-francais-affichent-leur-Poutinophilie-a-Paris-2014-09-04-1201162
    (17i) http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/03/15/la-resolution-sur-la-crimee-rejetee-a-l-onu_4383819_3214.html
  4. http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/09/09/les-sanctions-economiques-prises-contre-moscou-reduites-a-leur-fonction-denonciatrice_4484548_3232.html




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Eléments de réflexion complémentaires
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P. DE VILLIERS, SES PARCS, SES « AMIS » RUSSES, LES MISTRALS
Marcin Ludwik Rey TILT! Ce même Malofeev, principal organisateur du réseau des forces d'extrême-droite pro-russe en Europe, est l'associé de Philippe de Villiers et de son fils Guillaume, qui réside en Russie, pour construire un parc à thème historique en Crimée, inspir...Voir plus




De Villiers, le chef d’état-major des armées françaises et la vente des navires Mistral à la Russie
OU COMMENT POUTINE INFLUENCE LA POLITIQUE DE LA FRANCE

On a beaucoup parlé de l’entrevue de l’homme politique français d’extrême-droite Philippe de Villiers avec Vladimir Poutine en Crimée ce 14 août. Il vaut la peine de se pencher sur les relations d’affaires en Russie de cette famille française influente, à laquelle appartient le chef d’état-major des armées françaises. C’est un exemple flagrant de la manière dont le régime russe tente de rendre dépendants des décideurs dans les pays occidentaux. La France s’oppose au soutien à l’Ukraine et s’obstine à armer la Russie en lui vendant les navires de débarquement Mistral.
Philippe de Villiers est un homme d’affaires, mais aussi un homme politique et député européen d’extrême-droite, partisan de la sortie de la France de l’Union Européenne. Il rivalise, mais coopère à la fois avec le Front National de Marine Le Pen. Il est connu pour son soutien au régime de Poutine. Il a construit sa position (et sa fortune) en Vendée autour du parc d’attractions « Puy du Fou », qui propose des mises en scènes présentant de manière biaisée l’histoire de l’insurrection vendéenne contre la révolution française.
Désormais, la société de la famille de Villiers envisage de construire près de Moscou et en Crimée deux parcs d’attractions inspirés du « Puy du Fou », qui présenteront l’histoire de la Russie suivant une version conforme à la propagande historique russe. Il est facile de s’imaginer comment la Pologne y sera présentée.
Les affaires de la famille de Villiers en Russie remontent à une quinzaine d’années. « Barnes » est une société immobilière internationale avec des bureaux en Suisse, en France, aux USA, en Chine, en Grande Bretagne et surtout en Russie. Elle est dirigée par Thibault de Saint Vincent. Guillaume de Villiers, fils de Philippe, connu pour son implication dans une affaire de mœurs largement médiatisée en France, est président de la filiale Barnes Russie(1).
L’activité de Barnes Russie consiste, notamment, à vendre / louer des propriétés de luxe sur la Côte d’Azur ainsi que sur les bords du Lac Léman en Suisse aux hommes les plus puissants de Russie – milliardaires, hauts fonctionnaires. Il semble que certains de ces clients fassent partie de ce que l’on appelle le premier cercle de Poutine – les quelques dizaines de personnes au centre du système. Les bureaux de Barnes Russie à Moscou sont dans le même bâtiment que l’état-major électoral du parti de Poutine, « Russie Unie » (Единая Россия).
Barnes Russie fait aussi de la promotion immobilière dans une zone au sud de Moscou proche de la « nouvelle Moscou » (grisée sur la carte) qui a été rattachée à la municipalité il y a quelques années. Il s’agit d’une zone résidentielle où demeurent les plus favorisés. Elle fait l’objet d’avantages fiscaux extraordinaires, mais pour en bénéficier, il faut être particulièrement bien informé et connecté. Dernièrement, des militants anti-corruption menant une campagne sur les biens mal acquis ont tenté de manifester à l’entrée d’un lotissement privatif. Ils ont essuyé des coups de feu à balles réelles de la part des vigiles.
En bordure de cette zone, plein sud, se trouve la localité de Tchechov (Чехов). C’est là que doit être construit le parc d’attractions historiques « Tsargrad » ce qui en russe signifie « ville du Tsar », suivant la méthode Puy du Fou, en association avec l’oligarque Russe Konstantin Malofeev. Valeur du chantier : 500 millions de dollars(2).
Dans un entretien à la radio locale de Tchechov(3), avec la participation du maire de cette ville, Mr. Orlov, Guillaume de Villiers décrit son projet, présente sa sympathie pour la Russie à l’opposé de la décadence occidentale, et fait état de ses relations d’affaires, notamment d’une promenade à Moscou avec le président de Gaz de France Suez. Suivant des informations à vérifier le cas échéant, il aurait eu un rôle dans l’implantation de groupes français de premier plan en Russie, auxquelles il aura pu mettre à disposition des excellentes relations avec le pouvoir, sans lesquelles toute activité est impossible.
Le partenaire local des de Villiers, avec lequel le parc près de Moscou doit être construit, est Konstantin Malofeev(4). Il s’agit de ce que l’on appelle un oligarque, à la tête d’une fortune de plusieurs milliards de dollars. C’est un actionnaire important de l’opérateur télécom de référence Rostelecom. Il contrôle aussi des portails Internet et réseaux sociaux de premier plan, dont il assure la censure pour le compte du Kremlin. Il est accusé de nombreux détournements de fonds, et même – d’avoir acheté des voix lors de la législative au Sénat russe (Conseil de la Fédération), mais n’a jamais été condamné. Ses méthodes sont typiques du « capitalisme » russe.
Il manifeste à tout va son affiliation à l’Église orthodoxe, dont il est l’homme de confiance dans le domaine des affaires. Il est le fondateur de la Fondation Saint Basile le Grand, et la presse le surnomme le « nouveau Raspoutine », en raison de son accès direct à l’oreille de Vladimir Poutine. Malofeev a par ailleurs organisé et financé un mystérieux congrès des « nationalistes et antimodernistes européens » à Vienne en mai 2014. Je n’ai pas su vérifier si de Villiers était présent. Il en revanche certain que la députée française du Front National, Marion-Maréchal Le Pen (nièce de la chef de ce parti) y a participle(5).
Malofeev finance les terroristes au Donbass en Ukraine. C’est à ce titre qu’il figure sur la liste des personnes faisant l’objet de sanctions(6) de l’Union européenne, qui ne compte qu’une centaine de personnes. C’est le gratin du régime et il en fait partie.
Il semble qu’il soit prévu que les spectacles du « Puy du Fou » russe soient mis en œuvre par des bénévoles des clubs de mises en scène de batailles qui sont très nombreux en Russie, et dont l’une des grandes figures est Igor Guirkine(7) alias « Strielkov ». Il s’agit d’un officier des services de renseignements militaires russes (GRU), qui n’est autre que le leader des séparatistes du Donbass. En tous cas, il a assuré des fonctions de direction dans la société de Malofeev, Marshall Capital, avant de partir au Donbass, où il bénéficie du soutien financier de son partenaire Malofeev. Ce même Guirkine est aussi impliqué dans le massacre de Visegrád en Bosnie en 1993, comparable à celui de Srebrenica par son ampleur.
Les de Villiers se sont rués sur l’opportunité que constitue l’occupation de la Crimée. Dès le 25 avril, Guillaume de Villiers et le président de Barnes, Thibaut de Saint Vincent, se sont rendus en Crimée(8) pour rencontrer le gouverneur de Crimée installé par Poutine, Sergueï Aksyonov(9). Cet individu a un lourd passé (et un présent) criminal(10).
Ensuite, ce 14 août, Poutine a reçu personnellement Philippe de Villiers au palais des Tsars de Yalta au sujet de la construction d’un second parc d’attractions historiques en Crimée. C’est tout à fait exceptionnel. Même Marine le Pen n’a pas eu ce « privilège » lors de sa réunion de travail au Kremlin en juin 2013. Elle n’a été accueillie que par des adjoints, de premier plan certes, mais pas Poutine en personne(11).
Quelle en est la raison ? Pourquoi Poutine accorde-t-il tant d’importance à Philippe de Villiers ? La propagande russe a exploité la visite de Philippe de Villiers à fond. Elle l’a présenté comme un homme politique de premier plan, représentant aussi « le patronat français », venu apporter « le soutien du peuple français à la Russie ». Mais si ce n’était que pour la propagande interne, Poutine aurait reçu Mme le Pen, qui est quand même bien plus importante en France. Il aurait aussi reçu le britannique Nigel Farage, Gabor Vona du parti hongrois d’extrême-droite Jobbik, et autres soutiens de Poutine en Europe. Cela n’a jamais été le cas.
La valeur du chantier du parc d’attractions Tsargrad prévu à Moscou, 500 millions de dollars, est considérable. Supposons que celui de Crimée soit de la même ampleur. Mais même un milliard de dollars n’est pas, à l’échelle des intérêts de Poutine, une somme suffisante pour justifier une entrevue. Ce n’est pas un montant dont Malofeev ne serait pas capable de s’occuper seul… Les rares hommes d’affaires à avoir été reçus par Poutine sont, par exemple, le président de Siemens. Ce n’est quand même pas encore le niveau de de Villiers.
L’un des raisons du traitement particulier que Poutine réserve à Philippe de Villiers pourrait être que celui-ci a un frère, et que ce frère, le général Pierre de Villiers, est le Chef d’État-Major des Armées Françaises depuis février 2014.
Le régime russe essaye systématiquement de tisser des liens de dépendance et de compromission avec des décideurs occidentaux en vue de les influencer. De très nombreux cas sont connus, le plus commenté ayant été celui de l’ancien chancelier allemand Schroeder, qui après avoir convenu de la construction du gazoduc sous la Baltique « North Stream », qui relie désormais directement la Russie à l’Allemagne sans passer par l’Ukraine (ou la Biélorussie) ni la Pologne, a reçu un poste très bien rémunéré au conseil de surveillance de la filiale de Gazprom qui a construit et exploite désormais ce gazoduc, à peine quelques mois après avoir quitté ses fonctions de chancelier.
Le général Pierre de Villiers est le chef de l’armée Française, la plus grande de l’OTAN en Europe. Il participe aux décisions stratégiques liées à la crise en Ukraine et à la réponse à y donner par l’occident. Il sera consulté quant aux décisions sur les exportations d’armement, alors que la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) doit se réunir cet automne pour statuer, notamment, sur la vente des navires de débarquement Mistral actuellement en construction pour la marine russe à Saint Nazaire, suite à une décision politique à laquelle on peut s’attendre lors du sommet de l’OTAN à Newport à la mi-septembre.
Il n’y a aucun indice permettant de douter de l’intégrité du général de Villiers ni de supposer qu’il cède à des influences. Il est même tout à fait imaginable que le général de Villiers, en son for intérieur, soit opposé aux agissements de son frère en Russie.
Mais l’on peut et doit s’imaginer que l’idée de Poutine soit de faire du chantage au général de Villiers. Si les décisions du général de Villiers n’allaient pas dans le sens escompté par la Russie, il fera en sorte que les affaires des de Villiers en Russie en pâtissent. Ce serait absolument dans la logique des pratiques de ce régime.
En Russie, faire tomber un homme d’affaires et le priver de ses biens est une pratique courante du régime. C’est ainsi que Poutine a fait emprisonner pendant dix ans Mikhail Khodorkovsky, le fondateur du groupe pétrolier Youkos, qui avait des velléités politiques et se prononçait en faveur d’une démocratisation. Il n’a été libéré que cette année et s’est réfugié à Londres.
En revanche, la situation de conflit d’intérêt potentiel est manifeste. Pour mettre les choses au clair, le général de Villiers a le devoir de prendre position publiquement sur cette affaire compromettante. Il en va de l’honneur de la France et de sa respectabilité en tant que pays appartenant au monde libre.
L’honneur de la France exige aussi d’interdire la livraison des navires de débarquement Mistral à la Russie, qui permettraient facilement d’attaquer Odessa ou la Géorgie depuis Sébastopol, la cote baltique de la Pologne depuis Kaliningrad, ou … la Corée depuis Vladivostok. La campagne internationale « No Mistrals For Poutine », animée depuis la France, propose des solutions concrètes de reprise de ces navires par l’Union Européenne ou l’OTAN, sans préjudice financier pour la France(12).
Des articles sont parus dans la presse d’opinion polonaise demandant d’exclure la France des marchés publics d’armement(13) en Pologne auxquelles des entreprises françaises sont candidates, et dont la valeur est estimée au décuple de la valeur du contrat Mistral (11,3 milliards d’euros contre 1,2)(14). Certains remettent même en cause l’éventuelle participation de la France à la construction des futures centrales nucléaires polonaises, en indiquant qu’il n’est pas logique de vouloir s’affranchir de la dépendance au gaz russe en achetant la technologie nécessaire auprès d’un pays qui, de fait, soutient la Russie.
La politique étrangère française doit changer. Une mise en valeur du rôle de la France, reposant sur un anti-américanisme mal compris, ne saurait justifier de saboter la défense de l’Europe et du Monde face à la menace que constitue la dictature agressive en Russie. Et certainement pas d’armer cette dictature. C’est une honte pour un pays qui se prévaut d’être la « patrie des droits de l’homme ».
Je ne m’attends plus à un réflexe de décence de la part des décideurs français. C’est la raison pour laquelle il faut faire pression sur la France. La Pologne n’est pas une grande puissance, mais nous sommes un client important de la France. « Qui paye, demande » : il faut faire comprendre à la France que si elle ne change pas d’attitude, elle sera exclue des commandes passées par le gouvernement polonais, d’armement et autres. Tel est mon appel aux autorités polonaises et à chaque homme politique polonais de tout bord, comprenant ce qu’est la Raison d’État de la Pologne. Cela concerne aussi les autres pays directement en danger, de la Finlande à la Roumanie.
Lorsqu’en 2003 la France s’efforçait de vendre des avions de combat à la Pologne, le président Chirac avait cru opportun de menacer de faire des obstacles à l’adhésion de la Pologne à l’Union Européenne, si ce n’était pas la proposition européenne (Dassault) qui était choisie. Je ne vois rien d’indécent à rendre maintenant la pareille.
Marcin Rey
Version pdf de cet article à diffuser: http://tinyurl.com/FRdeVilliersMistral
L’ARTICLE SERA RÉGULIÈREMENT MIS À JOUR ET COMPLÉTÉ, MERCI DE TOUJOURS TÉLÉCHARGER ICI LA VERSION LA PLUS RÉCENTE.

1) Composition du comité de direction de Barnes Russia: http://tinyurl.com/BarnesRussieDirection
2) Article de référence sur le projet de parc d’attractions historiques près de Moscou: http://tinyurl.com/deVilliersRFE
3) Entretien avec Guillaume de Villiers à la radio de la localité ou le parc d’attractions doit être construit. Guillaume de Villiers s’exprime en anglais à partir de la dixième minute: http://tinyurl.com/GDeVilliersRadioCzechow
4) Profil de Konstantin Malofeev en anglais: http://tinyurl.com/Malofeev et en russe (plus complet): http://tinyurl.com/MalofeevRU
5) Article de la presse polonaise sur le congrès des nationalistes à Vienne financé par Malofieev: http://tinyurl.com/nationalistAssemblyVienna
6) Liste des personnalités sanctionnées par l’UE: http://tinyurl.com/listePersonnesSanctionnees
7) Article sur Guirkine et son implication en Bosnie: http://tinyurl.com/GirkinStrielkov
8) Guillaume de Villiers en Crimée le 25 avril: http://tinyurl.com/GdeVilliersEnCrimee
9) Profil de Sergueï Aksyonov: http://tinyurl.com/AksyonovWiki
10) Article sur le passé du gouverneur de Crimée Aksyonov: http://tinyurl.com/AksyonovMurkyPast
11) Article d’un site russe lié à l’opposition sur les liens de l’extrême droite européenne avec le régime de Poutine: http://tinyurl.com/PutinFarRightFriendsInEurope
12) Site Facebook de la campagne contre la vente des Mistrals à la Russie: https://www.facebook.com/NoMistralsForPutin
13) « La France, l’arsenal de la tyrannie »: http://tinyurl.com/FranceArsenalTyrannie
14) Article sur les marchés militaires polonais que la France essaye de remporter: http://tinyurl.com/MistralMiscalculationFR








Mon Europe est morte à Kiev

UKRAINE - Oui, un geek, ça peut parler d'autre chose que de technologie. Je ne crois plus en la politique telle qu'elle est devenue. Je ne vote plus. Ça fait du bien de pouvoir le dire.
Phil Jeudy Expert en nouvelles technologies, basé à San Francisco

Je suis censé ici parler des nouvelles technologies et des startups, et de la Silicon Valley.
J'ai séjourné à Kiev au mois de mars dernier, à mi-chemin entre l'annexion de la Crimée par Putin et les émeutes dans l'Est du pays. Cela fait désormais 5 ans que je me rends régulièrement en Ukraine, le pays du drapeau bleu et jaune, bleu comme la couleur du Diepr, qui prend source en Russie et traverse le pays tout en le séparant en deux, jaune comme les dômes des églises orthodoxes que l'on trouve partout à travers le pays.
Je pourrais vous parler de la qualité de la formation des ingénieurs, et du nombre de centres de recherche et développement situés à Kiev, Kharkiv, Lviv, Odessa, Dnipropetrovsk, travaillant pour des sociétés de la Silicon Valley et d'ailleurs. Tous les secteurs sont concernés : le jeu vidéo, les applications mobiles, le web dans le monde du BtoB et dans celui du BtoC.
Je pourrais vous parler des incubateurs de startups initiés par certains magnats ayant fait fortune dans le lait ou les charbons, avec Eastlabs, Happy Farm sur Kiev, ou encore Wanabiz à Odessa.
Je pourrais vous parler des startups qui ont réussi à grande échelle en ayant leur centre de développement en Ukraine, comme Viewdle, racheté par Google, Grammarly qui vous corrige votre anglais sur Internet.
Je pourrais vous parler des startups qui essayent de réussir à grande échelle, comme Readdle, qui développe des applications professionnelles sur mobiles et tablettes, Mytips, qui permet de développer ses propres tutoriels en ligne sur son site internet, ou Settle, qui veut améliorer les moyens de paiement pour les commerçants.
Je pourrais vous parler des entrepreneurs d'origine Ukrainienne qui ont réussi des choses assez extraordinaires dans le monde des nouvelles technologies, comme Max Levchin, co-fondateur de Paypal, ou Jan Koum, co-fondateur de Whatsapp, racheté des milliards de dollars par Facebook.
Mais non. Je veux vous parler comme un Européen que j'ai toujours cru être.
Je veux vous parler comme un Français qui a voté pour l'Europe en 1984, en 1989, en 1994, etc., jusqu'en 2004, je ne sais plus, je ne réfléchissais pas, je votais sur commande. J'ai même dit "oui" aux référendums sur l'Europe.
Je veux vous parler comme quelqu'un qui a voyagé et travaillé a travers l'Europe, qui a aimé l'Europe et les Européens qu'il a rencontré.
Je n'ai pas aimé ce que j'ai vu depuis le début de cette révolution populaire que les politiciens en France et les médias ont appelé "EuroMaidan". Nous l'appelons "Maidan". L'Europe a décidé de ne rien y faire, ou presque. Ou si peu. Et quelques années après les horreurs qui ont ensanglanté l'ex-Yougoslavie, un ancien haut responsable du KGB est en train de faire joujou avec l'histoire, et des individus sont en train de se tuer mutuellement dans un pays qui est censé se relever de 20 années d'indépendance et de corruption organisée qu'ils ont décidé de renverser.
Je n'aime pas ce que je lis dans les médias Français, à l'image de Piotr Smolar, très fin analyste dans les pages du Monde quand il s'agit de parler de Putin, très dédaigneux quand il s'agit de parler des Ukrainiens.
Je n'aime pas recevoir d'email de ce presque centenaire de Louis Dalmas, le marquis des Balkans, qui veut me faire croire que c'est la CIA qui est à l'origine du renversement du Gouvernement de cet idiot de Yanukoviych.
Je n'aime pas écouter ces politologues ou économistes Français, comme Emmanuel Todd et Jacques Sappir, spécialistes de la Grande Russie, dont le rôle est d'informer et d'expliquer, prendre un certain parti pris au mépris de ce que les Ukrainiens peuvent penser, ont fait, et désirent, au nez et à la barbe d'Andreï Kourkov, peut habile à manier le français avec autant d'habilité que ces deux intellectuels néo-russes.
Je n'aime pas croiser Elisabeth Guigou, en pleine campagne pour son prochain job dans les hautes fonctions de l'Europe, dans son tailleur Chanel en 1ère classe de ce vol retour d'Air France sur Paris, après 2 rendez-vous avec des oligarches ukrainiens en campagne, et 3 petits fours chez l'Ambassadeur de France à Kiev, nous indiquer qu'il n'y a pas de solutions militaires à apporter en Ukraine.
Je n'aime pas entendre parler de ces entrepreneurs Français du web, spécialistes de la réputation et marchands de campagnes politiques sur les réseaux sociaux, venir vendre du Like et du Tweet (et du Hate), alors que quelques semaines auparavant des citoyens ont pris le risque de leur vie pour faire face aux berkuts, cette milice armée par Monsieur le Président déchu, aujourd'hui le cul bien au chaud quelque part en Russie, qu'il commanda d'appuyer sur la gachette, faisant des centaines de morts, de blessés, et de disparus.
Je n'aime pas prendre en pleine face le fait que la politique, c'est avant tout du business. Je n'aime pas comprendre que les calculs d'Angela Merkel, et des autres, c'est la sauvegarde des emplois de ces entreprises qui travaillent avec la Russie, la même chose pour la France et ses Mistral.
Je n'aime pas constater que des milliards de dollars ont disparu des caisses de l'État Ukrainien, que des crimes ont été commis contre des populations par des représentants de l'ancien Gouvernement, que des soldats professionnels Russes contribuent à créer le désordre au sein d'un pays avec qui l'Union Européenne a fait les yieux doux, tentant le bras de fer avec Putin et son accord avec son autre espace économique... avant de décider que des sanctions seraient suffisantes. L'Ukraine n'a pas d'armée, elle n'a plus de police : elle est seule, construisant son histoire, au jour le jour, avec ses moyens, bien maigres pour un pays de cette taille.
Le destin voudra que les Européens de l'Union vont aller voter en même temps que des Ukrainiens meurtris, déstabilisés, devant faire le choix entre des oligarches sur le retour et des individus engagés mais sans expérience internationale.
D'un coté, un vote pour aller remplir des bancs de bureaucrates sans grande ambition pour le Continent, avec certainement un pourcentage d'élus bien décidés à mettre à mal leur propre organisation, élu par des citoyens qui ne comprennent rien des décisions qui sont prise à Bruxelles, et qui s'en foutent très certainement, priorité nationale oblige.
De l'autre, un vote pour un poste de Président d'un pays ruiné, en plein conflit civil, alors que les rangs de son Assemblée Parlementaire, la Rada, n'ont pas véritablement fait disparaître les fantômes des responsables de ce fouttoir.
L'économiste Thomas Piketty a écrit récemment sur les déboires du Capitalisme du 21e siècle, en retraçant les faits depuis l'origine . Je pense que ce Capitalisme a emmené la Démocratie dans sa décheance.
Oui, un geek, ça peut parler d'autre chose que de technologie. Je ne crois plus en la politique telle qu'elle est devenue. Je ne vote plus. Ça fait du bien de pouvoir le dire.
HP













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