mercredi 3 juin 2015

Europa III . Macron favorable à son tour à une Europe à deux vitesses


Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron prend position pour une "avant-garde" de la zone euro. Il dit s’exprimer en son nom, voulant représenter sa génération.

Emmanuel Macron défend une Europe à deux vitesses ainsi qu'une réforme, à terme, des traités de l'Union. Le ministre de l'Économie prend position dans le JDD, après que le chef de l'État et la chancelière allemande ont rédigé, eux, en termes diplomatiques un texte préconisant un gouvernement économique, en prévision du prochain sommet fin juin.

"Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée. Il y a une histoire à 28 [l'Union] et une histoire à 19 [la zone euro]", explique-t-il. Et de détailler : "L'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le ­numérique et l'énergie. L'avant-garde de la zone euro doit, elle, aller vers plus de solidarité et d'intégration : un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale." Les régimes sociaux seraient aussi harmonisés, avec la création d'une assurance-chômage commune.
Le ministre allemand de l'Économie et de l'Énergie, Sigmar ­Gabriel (SPD, gauche), a évoqué un projet similaire vendredi via une tribune dans Bild. "Nous avons besoin en Europe de plus de courage pour avancer à différentes vitesses dans la coopération", écrit-il. Les deux homologues préparent des propositions communes qu'ils rendront publiques cette semaine.

Un "Erasmus pour tous"

À dix jours du retour de son projet de loi à l'Assemblée, en deuxième lecture, Emmanuel Macron investit un champ d'ordinaire occupé par l'Élysée. "C'est un sujet générationnel, je ne suis pas en train de porter la parole du gouvernement. La France s'exprime par la voix du président de la République. Si je m'exprime sur le sujet, c'est pour faire avancer le débat collectif. C'est une responsabilité indépendante de mon poste", dit-il.
Emmanuel Macron, 37 ans, dit prendre ces positions fédéralistes au nom des plus jeunes, tout en jouant une carte politique nouvelle pour lui. "La jeune génération n'a connu que la glaciation et la crise. L'Europe n'est qu'une histoire triste pour elle. Entre le risque du "Brexit" et celui du "Grexit", on ne parle que de fractures européennes, de prise en otage du collectif par un seul pays. On a installé l'idée que l'Europe était un objet mort et technocratique. Notre responsabilité est de retrouver le sens du rêve européen et une idée positive de l'Europe", argumente-t-il. Il soutient la création d'un "Erasmus pour tous" : l'obligation de passer six mois en scolarité ou en apprentissage à l'étranger.

"Il faut d'abord réconcilier les Européens avec l'Europe"

Le ministre espère que ses mots sonnent plus fort et plus clair que ceux des chefs d'État. Sur le fond, Macron reste en phase avec les idées émises à l'Élysée et dans une certaine mesure outre-Rhin. Il préconise lui aussi la création d'un Parlement de la zone euro, promu par Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances. Pour sa part, François Hollande avait lancé une "initiative européenne" au printemps 2013, à l'occasion de sa deuxième conférence de presse du quinquennat, alors qu'Emmanuel Macron était son conseiller. Le président de la République avait défendu l'idée d'un gouvernement économique doté d'un budget et apte à lever des emprunts. Sans suite.
En 2011, sous l'impulsion du tandem Sarkozy-Merkel, l'idée du gouvernement économique européen avait réuni la France et l'Allemagne. Il s'agissait déjà d'harmoniser les politiques économiques, fiscales et sociales de la zone euro.
Ce type de projet nécessite un changement des traités, toujours périlleux. "L'important, c'est le projet. Le changement de traité est une modalité qui en découle et qu'il faut préparer en temps voulu. Si on pose la question aujourd'hui aux citoyens, la réponse sera non. Il faut d'abord réconcilier les Européens avec l'Europe", souligne Macron.
Un renégociation rapide des textes européens est réclamée par David Cameron pour aller dans un sens inverse : la Grande-­Bretagne veut retrouver des marges de souveraineté. Vendredi, recevant le Premier ministre britannique, Angela Merkel a accepté d'en discuter. Paris aurait préféré ne pas donner prise au chantage de Londres, qui menace de quitter l'Union en cas de succès de son référendum.
Nicolas Prissette - Le Journal du Dimanche



Le résumé de l'Express :

Le ministre français de l'Economie appelle ce dimanche dans une interview au JDD à la création d'une "avant-garde de la zone euro" qui aille "vers plus de solidarité et d'intégration". Une prise de position qui rejoint celle de son homlogue allemand.

Emmanuel Macron affirme s'exprimer en son nom et vouloir représenter ainsi une génération. Mais son appel censé n'engager que lui va faire du bruit. "Il faut accepter l'idée que l'Europe se fasse à deux vitesses, qu'il y ait une union solidaire et différenciée" déclare-t-il dans un entretien au JDD paru ce dimanche. 
"L'Europe à 28 doit être plus simple, plus claire, plus efficace et continuer à avancer sur le numérique et l'énergie, explique encore le ministre de l'Ecoonomie. L'avant-garde de la zone euro doit, elle, aller vers plus de solidarité et d'intégration : un budget commun, une capacité d'endettement commune et une convergence fiscale". 

Macron sur une ligne allemande

Soit à peu de choses près ce que réclame le ministre allemand à l'économie et à l'énergie, Sigmar Gabriel (SPD), dans une tirbune parue vendredi dans le quotidien Bild. "Nous avons besoin en Europe de plus de courage pour avancer à différentes vitesses dans la coopération", écrit en effet celui-ci. 
Dans le même article du JDD, Emmanuel Macron défend l'idée d'une harmonisation des régimes sociaux ainsi que la création d'une assurance-chômage commune. Il reprend également l'idée émise d'un autre ministre allemand, Wolfgang Schaüble, en charge des finances, de créer un parlement de la zone euro. 

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En complément :
 http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20150604.OBS0136/l-europe-telle-que-la-reve-macron.html
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/06/03/31001-20150603ARTFIG00377-macron-gabriel-pour-une-union-europeenne-solidaire-et-differenciee.php
 
NOTE :
S'il semble improbable que la Grande-Bretagne puisse intégrer une Europe de 1er cercle (de fait, n'appartenant pas à la zone €uro, elle appartient déjà au cercle des pays de l'UE n'ayant pas adopté la monnaie unique), il est plus que souhaitable que la Grande-Bretagne appartienne à l'Union.
Lire, sur ce sujet : « Evitons le Brexit » (Le Monde, 27/05/2015) ; Lettre 673 de la fondation Schuman)

NOTE2 : 
Ce que promet Cameron, c'est une copie du modèle américain, fondé sur la finance, l'endettement, des inégalités croissantes et la précarité. Certes, le Royaume-Uni n'est pas encore sorti formellement du l'Union Européenne. Mais sur le plan économique et social, il s'éloigne toujours plus de ce qu'il reste du « modèle social européen ». S'inspirer de ses « succès » reviendrait à renier ce que les pays européens ont pu apporter de mieux à leurs citoyens. (Jacques Littauer, Charlie Hebdo n°1190, 13/05/2015)

 






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