Ce matin sur
l'antenne d'Inter, Robert Badinter l'a dit sans détour : même si
"l'humanité" est "un principe qui gouverne à [ses]
yeux", la France, en raison de son fort taux de chômage, n'est
pas "en condition d’accueillir [les migrants] qui viendront".
Invité à évoquer
son dernier livre, Le travail et la loi, co-écrit avec le
professeur de droit du travail, Antoine Lyon-Caen, Robert Badinter a
peut-être surpris plus d’un électeur de gauche, ce matin sur la
matinale de France Inter. Et pas seulement par ses propos sur le code
du travail qu'il juge bien trop touffu.
Lorsque Patrick Cohen lui demande si la France doit «
ouvrir » la « porte » aux migrants
qui affluent via Vintimille en Italie, il répond d'une voix posée
: « Il y a un principe qui gouverne à mes yeux le
reste : l’humanité d’abord. » Seulement, « une
fois les mesures humanitaires prises »,
le « problème de l’entrée » devient
rapidement une question « d’insertion » que
Robert Badinter résume ainsi : « J’ai indiqué les
chiffres actuels du chômage en France explique-t-il, Ce
ne sont pas ceux de tous les pays de l’Europe, ce ne sont pas ceux
de l’Allemagne, ce ne sont pas ceux non plus de certains pays du
Nord de l’Europe. La seule possibilité, c’est une
solution européenne. Qu’on répartisse, selon les possibilités de
chaque pays. »Et la France avec ses presque 6 millions de chômeurs, « c’est terrible à dire », poursuit Badinter, n'est pas « en condition d’accueillir ceux qui viendront ». « C’est aussi une conséquence du chômage, cette inhumanité là. »
Evidemment, cette fois, Cécile Duflot ne se fendra pas d’une tribune pour dénoncer le « Waterloo moral » de Badinter après avoir déjà dénoncé dans Le Monde celui du gouvernement et de sa « politique migratoire »…
Sur la question des migrants, l'Allemagne a semble-t-il commis une erreur monumentale, en affichant une position d'ouverture tous azimuts dont aucun autre pays de l'UE ne veut.
L'attitude de Merkel est pleine de contradictions, puisque :
- elle fait fi des règles européennes quant à l'enregistrement des réfugiés ;
- elle "tape" sur les pays de l'UE qui sont en première ligne face à l'afflux des migrants sans leur apporter une quelconque aide (Hongrie, Grèce...) ,
- tout en offrant un appel d'air aux migrants.
- puis semble découvrir l'ampleur du phénomène ;
- demande un répartition de l'accueil
- et appelle la Grèce à mieux protéger les frontières extérieures de l'Union européenne ! (Le Figaro)
Avec la crise liée aux migrants, l’Allemagne s’est fait peu d’amis. Les pays d’Europe centrale et le Royaume-Uni sont hostiles aux quotas, la France s’y est ralliée à contrecœur, l’Autriche soutient Berlin mais s’empresse de lui envoyer les réfugiés qu’elle reçoit, et à Bruxelles, on est furieux du cavalier seul allemand depuis trois semaines. (Le monde)
La crise des réfugiés syriens expliquée en une vidéo de 6 min :
Sur le sujet :
- "Refugee not welcome" : la Hongrie au pied du mur (Le Nouvel Obs)
- Cependant : faut-il rappeler les questions sérieuses qui devraient préoccuper davantage l'Union, depuis plusieurs années? Elles sont relatives à l'indépendance de la justice en Hongrie, à celle des médias, aux campagnes xénophobes etc…(Le Figaro)
- l'Europe centrale pas favorable à l'accueil des migrants (Le Monde)
- Face à l'afflux de migrants, le Danemark choisit l'offensive (LCI)
- La répartition des migrants dans les pays de l'UE (Le Figaro)
- Le Groupe de Visegrad rejette les quotas de migrants (EurActiv)
- Migrants : 5 idées reçues sur l'Espace Schengen (Le Nouvel Obs)
- Un évêque hongrois contre l'appel du pape pour l'accueil des réfugiés (Courrier international)
- Les européens sont-ils vraiment "divisés", face à la vague de migrants ? Il semble que les citoyens européens ne le soient pas... mais que la ""fracture soit plutôt entre certains représentants de l'UE (Juncker par exemple) et la majorité des européens... "Dans son refus de la politique d'accueil souhaitée par Angela Merkel, à laquelle la France s'est finalement ralliée, la Hongrie a été rejointe par plusieurs pays voisins" La Nouvelle République
- L'Autriche, à son tour, va ériger des barrières (Le Monde)
- Grèce : l'île de Lesbos au bord de l'explosion (Le Figaro)
- La double erreur de Merkel, selon Bruno Le Maire (BFM)
- L'Europe va recourir à la force contre les passeurs ( L'Express)
- Allemagne. Réfugiés. Un revers pour Merkel (Blog Allemagne, Le Monde)
- l'Europe centrale, forteresse face aux réfugiés (Le Monde)
- Assez de diffamation envers la Hongrie ((Le Figaro)
- Intervenir à la source (càd en Syrie)... ou pas. Les avis des uns et des autres (Le nouvel Obs)
- Suite à la gestion de la vague migratoire : la fin de l'Europe allemande ? (Le Monde)
- Marine Le Pen et les réfugiés : afflux d'intox ! (Libération)
- La crise des réfugiés met en péril le projet européen (Les Echos)
- La France ne les fait pas rêver (Courrier international)
- Le président du Conseil, qui est polonais, partage les vues des pays d'Europe centrale, qui rechignent à accueillir les immigrants et rejettent le système de quotas obligatoires pour la relocalisation des réfugiés proposé par la Commission. « Nous devons penser à notre Europe avec plus de tendresse et de patience. Nous avons besoin de la protéger, non seulement des menaces extérieures, mais des tentations internes de changements révolutionnaires », a déclaré Donald Tusk. (Euractiv
- Les mesures prises par l'UE : contrôles, hotspots, aides... (Le Nouvel obs)
- Suède. Crise des migrants : un système d’asile à bout de souffle LeMonde
- L'Europe face à l'immigration. 2/5 : L’intégration à la suédoise ne marche pas Voxeurop
- Suède : cinq migrants interpellés pour agression sexuelle Valeursactuelles
- Danemark contre Suède: le laboratoire nordique de deux politiques migratoires opposées Slate
Il nous faut : une Europe protectrice contre l'immigration, contre le terrorisme, contre la menace russe.
Plutôt que de suivre une ligne (celle de l'Allemagne), certes généreuse mais impossible à tenir, mieux vaudrait afficher sa solidarité avec les pays suivants, et former un "bloc européen" qui seul serait efficace pour répondre aux défis auxquels l'UE est confrontée :
- Estonie : Une clôture pour se protéger de la Russie et des migrants d'Orient et d'Afrique (Le Figaro)
- Hongrie : une rempart face aux migrants. Des mesures d'exception face à un mouvement migratoire d'une ampleur inédite (Le Figaro)
- Hongrie : l'armée hongroise face à un afflux record de migrants (Le Monde)
- Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie (= Groupe de Visegrad) : rejettent les quotas de migrants (EurActiv)
- Danemark. Face à l'afflux de migrants, le Danemark choisit l'offensive (TF1)
- La Suède veut affréter des charters pour renvoyer jusqu'à 80 000 migrants Frane24
- Suède. De plus en plus de migrants se résignent à quitter la Suède LeMonde
- Migrants: Suède et Finlande vont expulser, Berlin veut refouler Algériens, Marocains et Tunisiens L'Express
Il ne nous faut pas : une Europe fataliste, impuissante, ou dans le déni de réalité quant aux problèmes liés à l'immigration.
On pourra regretter que certains (cf cet article du Monde) ne voit l'Europe que sous le seul angle économique et se "servent" de l'angle économique et du "bénéfice" que l'immigration apporterait pour la justifier (bénéfice pour qui ? on s'en doute. Le "bénéfice" du grand-patronat n'étant sans doute pas celui des classes moyennes et populaires) . Une Europe purement économique, c'est-à-dire une Europe des banquiers et des marchants, c'est précisément l'Europe que les européens ne veulent pas.
L'UE ferait mieux de favoriser la démographie des européens (celle de l'Allemagne est catastrophique) plutôt que de compter sur l'immigration pour payer les retraites.
L'Allemagne ferait mieux de délocaliser chez ses voisins souffrant de chômage - France, Portugal, Espagne, Grèce... - plutôt que de vouloir accueillir des migrants (peu regardant sur les conditions de travail) sous prétexte qu'elle manque de main d'oeuvre
L'UE ferait mieux de s'occuper des catégories populaires européennes plutôt que de considérer que l'immigration, c'est "bon pour l'économie" (l'économie de qui ? celle des grands groupes financiers, assurément. Celle des catégories les plus faibles, certainement pas)
L'économie, c'est une chose. Mais la raison d'être de la construction europénne n'est pas (que) l'économie. Ou ne doit pas l'être. Sans quoi, la défiance à son égard ne pourra que croître, et un boulevard s'offrira aux populistes de tout poil... L'UE doit se bâtir sur ses valeurs, mais aussi sur son identité, ses frontières, sa capacité à protéger ses citoyens et à leur assurer un avenir sûr et prospère. L'économisme - cette façon de tout considérer et de tout expliquer sous le seul axe économique - ne fait rêver personne en Europe, à part peut-être les quelques milliardaires et quelques multinationales. Les citoyens européens, eux souhaite construire une Europe qui affirme son identité, sa force, ses valeurs, ses frontières, ses raisons d'être.
Plutôt que de taper sur les pays en première ligne face à l'afflux de migrants, l'Europe de l'ouest ferait mieux de montrer sa solidarité, de prêter main forte à nos partenaires de l'UE, en première ligne, tels que la Hongrie ou la Grèce.
Sur cette question précise des migrants, les propositions de Sarkosy semblent sages, de même que celles de Bruno Le Maire (qui a pointé la "double-faute" de Merkel).
La Grande-Bretagne fera un référendum l'an prochain sur son appartenance à l'UE. La question de l'immigration sera là encore au coeur du débat. En sein de l'UE, l'euroscepticisme est lié quasi-exclusivement au problème de l'immigration extra-européenne (et à ses conséquences : islamisation, terrorisme, tensions inter-communautaires, etc etc).
(Charlie Hebdo 1206)
Conception de l'Europe, de son identité, de ses frontières
Pour adhérer à un projet (nous parlons ici du projet de construction européenne), il faut que ce projet ait du sens. Quel est le sens de
l'UE ?Faire de la zone Europe une commauté économique n'est pas suffisant. Cela ne fait pas rêver. Cela permet dans une certaine mesure de créer un sentiment d'appartenance à une zone économique, oui, mais c'est insuffisant.
Les valeurs. L'adhésion à des valeurs communes est capitale. Mais cela reste assez abstrait une fois qu'elles sembles acquises. De plus, d'autres pays, non européens, peuvent se prévaloir de porter des valeurs identiques (Canada par exemple)
Alors il faut cultiver un sentiment "d'être européen", d'avoir une identité européenne, quelque chose qui soit commun à tous les citoyens des pays membres, et qui nous rende différent d'autres grandes zones géographiques dans le Monde.
La conception des pays d'Europe centrale et d'Europe de l'est est, nous semble-t-il la bonne.
Leur idée de l’Europe, c’est que l' Europe est fondée sur des critères culturels et civilisationnels. Pour ces peuples, l’islam est une autre civilisation. La Russie est aussi une autre civilisation.
(Libération). Au 21e siècle, l'Europe fait face à de nouveaux défis, qui ne sont plus ceux des siècles précédents. Les conceptions française ou allemande sont probablement, aujourd'hui, mal adaptée à notre monde. Nous croyons que l'UE devrait se tourner davantage vers ces pays d'Europe centrale et de l'est, qui nous montrent une voie nouvelle et porteuse de sens pour ceux qui veulent poursuivre la construction européenne.
Nous ne partageons pas la conclusion de l'analyse faite dans Libération, selon laquelle les pays d'Europe centrale et d'Europe de l'est " devront comprendre que s’ils veulent garder la libre circulation en Europe, ils doivent aussi accepter de prendre leur part dans ces flux migratoires". Nous sommes d'avis, au contraire, que l'Europe doit avoir des frontières claires, et clairement défendues, sans que cela entrave la libre-circulation à l'intérieur de l'Union Européenne.
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