Depuis près de quinze ans, Happy, un éléphant âgé aujourd’hui de 49 ans, vit dans une profonde solitude dans un enclos verdoyant du zoo du Bronx. Loin de la Thaïlande, où il aurait été capturé bébé au début des années 1970, avec six autres éléphanteaux, comme le rapportait le New York Times il y a quelques années.
La situation difficile de Happy a attiré l’attention d’associations pour la défense des droits des animaux, dont le Nonhuman Rights Project (NhRP). En octobre 2018, l’organisation a poursuivi le zoo du Bronx, pour demander qu’il soit transféré dans un sanctuaire d’éléphants dans le Tennessee et contester sa détention illégale, tout en exigeant la reconnaissance de la personnalité juridique de l’animal et de son droit à la liberté corporelle.
Happy est ainsi entré, en février, dans l’histoire en étant l’un des premiers animaux à avoir une audience d’Habeas corpus – une procédure dont l’enjeu est de définir si l’animal peut être légalement reconnu comme une personne, et non comme un bien. Pour cela, le NhRP soutient que Happy est un être très intelligent et conscient de lui-même. Après une première décision d’un juge estimant que l’éléphant n’était pas « détenu illégalement », un nouveau jugement doit intervenir en appel, jeudi 19 novembre.
« Un être très intelligent »
Le zoo a assuré à plusieurs reprises, ces dernières années, que Happy avait un contact « tactile et auditif » avec les autres éléphants du zoo. Ce que l’association NhRP juge insuffisant. « Nos experts disent que, comme tous les éléphants, Happy est un être autonome qui a évolué pour marcher 20 kilomètres ou plus par jour en tant que membre d’un grand groupe social multigénérationnel, expliquait Steven M. Wise, fondateur et président du NhRP, dans un communiqué en 2015. L’intégralité de l’espace dédié aux éléphants dans le zoo équivaut à 1 % de l’espace qu’il parcourait en une seule journée dans la nature. »
Happy n’a pas toujours vécu seul. Pendant près de vingt-cinq ans, il a grandi avec Grumpy. Le zoo avait d’autres éléphants, tous gardés deux par deux. En juillet 2002, Happy et Grumpy furent placés dans une enceinte avec un autre couple, Maxine et Patty. Patty et Maxine ont chargé Grumpy, qui est tombé et a dû être euthanasié suite à ses blessures. Happy fut alors plongé dans un long isolement.
Un précédent pour les autres animaux
Plus que le bien-être de Happy, la question ouvre un débat plus large : est-il juste de garder en captivité des animaux intelligents et complexes comme les éléphants ?
Outre la situation de Happy, l’idée est aussi de créer un précédent judiciaire pour d’autres animaux. Car la défense de l’éléphant n’est pas le premier contact du NhRP avec les tribunaux. Parmi ses clients, on retrouve également trois éléphants du Connecticut et quatre chimpanzés. Jusqu’ici, les tentatives de Steven M. Wise de libérer trois chimpanzés et trois autres éléphants ont échoué. Mais le cas de Happy pourrait changer tout cela.
Billet de blog Louisa Benchabane
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Au-delà de la dimension éthique, le bien-être animal est un enjeu commercial, d'image mais aussi de performance économique mobilisant une foule de technologies dont l'intelligence artificielle. La question de l'acceptation du surcoût par les consommateurs reste en suspens.
(…) Le bien-être animal ou «BEA», rappelle ce vétérinaire, correspond aux cinq libertés fondamentales que sont : l'accès à l'eau et à la nourriture, le fait de ne pas souffrir d'inconfort, celle de prévenir douleurs, blessures et maladies, de ne pas éprouver de peur ou de détresse, et enfin la possibilité qu'ont les animaux d'exprimer les comportements naturels propres à leur espèce. LesEchos
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