>>> « Ils sont l’un des nôtres » : Ursula von der Leyen veut voir l’Ukraine rejoindre l’Union européenne. Lors d’un entretien à
Euronews dimanche 27 février, la présidente de la Commission européenne,
Ursula von der Leyen, a exprimé le souhait de voir l’Ukraine intégrer
l’Union européenne. Ouestfrance
>>> Selon l'Ambassadeur de France, qui fut en poste en Russie, ouvrir le processus d'adhésion, "c'est reconnaître aux Ukrainiens, dont l'engagement européen est indiscutable, ce droit à l'existence que Poutine leur nie".
En envahissant l'Ukraine, Vladimir Poutine a déclaré la guerre à la démocratie, aux droits humains, au droit international. Il a déclaré la guerre à l'Europe, il nous a déclaré la guerre.
En violation flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit humanitaire, ses troupes détruisent non seulement les infrastructures militaires de l'Ukraine, mais aussi bombardent et tuent des civils, des femmes, des enfants, des vieillards. Des centaines de milliers d'Ukrainiens se sont réfugiés en Pologne, en Hongrie, en Moldavie, ou ont fui les combats. Moscou a dépêché les mercenaires russes du sinistre groupe Wagner, célèbre pour ses exactions passées - pillages, viols, meurtres - en Ukraine déjà, en Libye, au Mali et en République centrafricaine notamment. La Cour Pénale Internationale a ouvert une instruction sur les crimes de guerre et les possibles crimes contre l'humanité commis par les forces russes, sur ordre de Vladimir Poutine.
Et pourtant, le maître du Kremlin a déjà échoué dans sa folle entreprise. Personne n'a soutenu son récit pathétique appelant à la "dénazification" d'une Ukraine "commettant un génocide au Donbass". Des dizaines de milliers de Russes bravent tous les jours le danger pour proclamer leur refus de cette agression injustifiable. Ils ont du courage dans un pays où les opposants sont emprisonnés sans procès, quand ils ne sont pas tout simplement assassinés. Ils nous permettent de continuer à espérer en une Russie qui, un jour n'en doutons pas, redeviendra libre et démocratique. Poutine a soudé une nation ukrainienne qui se cherchait encore et il a transcendé Volodymyr Zelensky en un patriote et chef de guerre soutenu par tout un peuple.
Poutine a sous-estimé le peuple ukrainien
Il a provoqué une véritable révolution au sein de l'Union européenne, plus unie et déterminée que jamais à défendre ses intérêts et ses valeurs. Elle a réalisé en quelques jours que sa puissance économique, commerciale et financière devait être complétée par une "autonomie stratégique" technologique et en matière de défense. La défense européenne est aujourd'hui en marche, en pleine coopération avec nos partenaires et alliés. Le nouvel empereur de toutes les Russies a ressuscité l'Alliance atlantique, affaiblie par des années d'indécision américaine. Il a enfin plongé son pays, son économie et son peuple dans un isolement politique et économique inédit qui va durer des années. Triste bilan.
Coupé du monde, enfermé dans un petit cénacle d'obligés corrompus, complaisants et peureux, ne faisant confiance qu'aux forces de sécurité dont il est issu, Vladimir Poutine a surestimé sa force et sous-estimé la volonté et la capacité de résistance du peuple ukrainien. Et du reste du monde. Kiev sera peut-être prise demain, une marionnette sera peut-être installée au pouvoir, il est déjà trop tard pour le dictateur russe. L'Ukraine survivra, l'Ukraine vivra. Et elle se tourne vers nous, elle demande à rejoindre l'Union européenne, symbole à ses yeux de liberté, de prospérité et de sécurité. Nous devons lui répondre, nous devons répondre positivement à sa demande.
Certes l'Ukraine est aujourd'hui ravagée par la guerre, mais elle n'est pas en guerre, elle est victime d'une agression à laquelle elle résiste, avec un courage inouï. Rappelons-nous qu'en 2003, l'Europe a accueilli en son sein, entre autres, la république de Chypre dont le territoire était pourtant partiellement occupé depuis 1974 par l'armée turque. En même temps, c'est une grande partie des pays de l'"autre Europe" que nous avons accueillie. Leurs économies n'étaient pas prêtes, leurs démocraties balbutiantes. Aujourd'hui, ils sont des partenaires essentiels de notre Union européenne, unis dans la même volonté de défendre notre acquis face aux régimes totalitaires qui remettent en cause l'ordre du monde et le système multilatéral, avec l'Organisation des Nations Unies en son centre.
Le processus d'adhésion concrète prendra du temps
L'engagement européen des Ukrainiens est indiscutable, ils l'ont prouvé en 2014 : la "révolution orange" puis les évènements de la place Maïdan en attestent. Le peuple est descendu en masse dans la rue pour chasser un président qui, cédant aux pressions de Moscou, avait renoncé à demander l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Il en a payé le prix, en perdant la Crimée et Sébastopol, annexés par la force par la Russie, et en subissant une guerre civile déclenchée par le Kremlin au Donbass. Comme les Géorgiens, amputés eux aussi de provinces annexées de fait par la Russie depuis 2008.
Nous devons entendre les appels à l'aide des Ukrainiens. Nous devons accroître très significativement le soutien économique, financier et humanitaire [et aussi militaire] que nous leur apportons actuellement. Mais nous devons aussi les soutenir politiquement et sur le long terme, en les accueillant parmi nous, et sur une base d'égalité comme l'a demandé le Président Zelensky. Le processus d'adhésion concrète l'Ukraine prendra du temps sans aucun doute. Mais ouvrir aujourd'hui ce processus, en reconnaissant que les Ukrainiens respectent déjà les valeurs démocratiques européennes et les droits humains universels, inscrits dans la charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l'Homme, c'est leur reconnaître ce droit à l'existence que, précisément, Vladimir Poutine leur nie.
Ouvrons l'Union européenne à l'Ukraine. Maintenant. II en va de leur avenir mais aussi du nôtre : si nous leur fermons la porte à l'un des moments les plus graves de leur histoire, face à une agression injustifiable, illégale, meurtrière, nous ne serons pas dignes de la nôtre.
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