dimanche 21 avril 2024

Poutine contre la France

 >>> Un grand reporter couvrant les principaux conflits d'Afrique, d'ex-URSS et du Moyen-Orient depuis quarante ans raconte comment le Kremlin pousse ses pions en Afrique au détriment de la France. Il considère cette dernière, gangrenée par ses relais d'influence, comme un des principaux obstacles à son ambition néo-impériale.

Restaurer la grandeur de la Russie impériale. Telle est la mission quasi mystique que s'est fixée Vladimir Poutine et que décrit Patrick Forestier, qui a couvert de nombreux conflits aux quatre coins du monde depuis quatre décennies pour « Paris Match » et pour la télévision. Un récit captivant sur la guerre « secrète et hybride » menée contre un Occident « pusillanime et dégénéré » que méprise celui qu'on présente abusivement comme un maître espion, alors qu'il s'est contenté de surveiller des dissidents en RDA jadis.

L'Afrique terrain d'affrontements

Cette revanche sur l'effondrement de l'URSS passe par l'Afrique, théâtre d'affrontement avec les Etats-Unis et la France, perçue à la fois comme le maillon faible de l'Alliance atlantique et un obstacle sur le continent. De la Libye au Tchad, en passant par le Mali, le Liban ou le Burkina Faso, Poutine use de tous les leviers possibles, élimination des gêneurs, corruption, usines à trolls russes, espions et propagandistes. En s'appuyant sur la rancoeur envers l'ex-puissance coloniale d'Africains semblant ignorer que la Russie s'y entend en matière de pillage de ressources ou de sujétion.

Mais l'affrontement se joue aussi, voire surtout, en Europe, notamment avec l'invasion de l'Ukraine, une nation qui n'existe pas vraiment selon le maître du Kremlin, ce que dément visiblement la farouche résistance ukrainienne. Une inversion de réalité dont le président russe est coutumier. Poutine prétend ainsi que son pays, pourtant doté de 6.000 ogives nucléaires et où aucun soldat étranger ne s'est aventuré depuis 1944, serait menacé.

La France terrain de jeu du Kremlin

Le chapitre sans doute le plus intéressant détaille la stratégie d'entrisme et d'influence du Kremlin en France. Agents stipendiés ou « idiots utiles », ex-généraux, universitaires, diplomates, journalistes, hommes d'affaires profitant de connivences en Russie, think tanks à client unique sentant la vodka, associations « amicales », experts discrédités par leur conviction jusqu'au 23 février 2022 que Poutine n'envahirait pas l'Ukraine relaient assidûment les éléments de langage du Kremlin.

Etrillant au passage les partis La France insoumise et le Rassemblement national, qui proposent de négocier avec un Poutine n'ayant jamais respecté aucun engagement depuis quinze ans, mais aussi des cadres Les Républicains, notamment Nicolas Sarkozy, l'ouvrage s'étonne de voir tant de prétendument patriotes et de gaullistes se montrer indulgents envers un régime nous menaçant régulièrement d'anéantissement nucléaire. Il rappelle qu'on peut « critiquer à raison le wokisme, les dirigeants européens, l'immigration ou le recul des valeurs familiales, sans pour autant se jeter dans les bras du Kremlin ».

LesEchos

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire