samedi 21 septembre 2024

Gaz russe: un des derniers gros importateurs européens dit stop et ferme le robinet

 >  L'Autriche peine à sortir de son énorme dépendance énergétique à la Russie, mais les choses avancent.

À la suite de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par son voisin russe en février 2022, l'Union européenne (UE) s'était engagée, entre autres, à mettre un terme à ses importations de gaz russe d'ici à 2027. Un projet ambitieux, qui n'a pas ravi tous les pays de l'UE, la Hongrie et la Slovaquie en tête, plus que réticents à se priver de leur relation privilégiée avec Vladimir Poutine. À leur côté, l'Autriche aussi peine à larguer ses fournisseurs russes, puisqu'elle achetait encore 98% de son gaz en Russie en décembre 2023, rappelle Le Monde.

Néanmoins, la donne pourrait être en train de changer. Wien Energie, qui approvisionne deux millions de personnes à Vienne et dans la proche banlieue de la capitale autrichienne, a fait une annonce remarquée, rapporte l'agence de presse américaine Bloomberg. L'entreprise énergétique a déclaré qu'elle n'aurait plus besoin de gaz russe dès l'année prochaine, ce qui serait une première depuis des décennies. Comment? En multipliant les alternatives venues d'Afrique du Nord, de la mer du Nord et d'autres fournisseurs à travers le monde, afin de sécuriser l'importation de 10 térawattheures, soit 12% de la consommation nationale.

«En raison de la guerre d'agression menée par la Russie, l'indépendance vis-à-vis du gaz russe est cruciale pour la sécurité de l'approvisionnement, a déclaré Peter Hanke, conseiller municipal de la Ville de Vienne chargé des finances, lors d'une conférence de presse donnée le vendredi 13 septembre. Tous les foyers, clients commerciaux et centrales électriques fonctionneront sans gaz russe en 2025.» Une petite prouesse quand on sait qu'au début de la guerre russo-ukrainienne il y a deux ans et demi, l'Autriche importait «seulement» 80% de son gaz de Russie, pour ensuite atteindre les 98% en fin d'année 2023.

Certifié pas russe

Cette annonce est une bonne nouvelle pour les marchés gaziers, sous pression alors que l'arrêt des flux de gaz russe qui passent par l'Ukraine est prévu pour janvier. Le problème de la dépendance autrichienne est loin d'être résolu, mais l'avancée est notable. Wien Energie continuera de s'approvisionner grâce au Central European Gas Hub, la plateforme autrichienne d'échanges gaziers fondée en 2005, mais les critères d'achats donnés aux négociants seront beaucoup plus sévères.

Ces derniers devront certifier que le carburant acheminé en Autriche ne provient pas de Russie grâce à des certificats infalsifiables basés sur la technologie blockchain. Quant aux tarifs, les consommateurs ne devraient pas voir de différence. Même si les nouveaux fournisseurs coûtent un peu plus cher, Wien Energie s'engage à ne pas augmenter ses prix, d'après son PDG Michael Strebl.

L'évènement, majeur tant les connexions énergétiques entre l'Autriche et la Russie sont anciennes, s'inscrit dans une volonté du pays de sortir de sa dépendance et d'y mettre les moyens. Cet été, Vienne avait annoncé la création d'une commission chargée d'examiner en détail un contrat entre Gazprom et le groupe autrichien OMV jusqu'en 2040, avec l'idée de le dénoncer avant son terme. Voilà qui ne devrait pas réjouir Vladimir Poutine. Les sanctions américaines ont déjà mis à mal son mégaprojet de gaz naturel liquéfié en Arctique et la Russie ne parvient plus à exporter sa production, faute de clients.

 Korii

 

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