Bien sûr, il avait déjà eu des signes : les attentats fomentés par le FSB et attribués à des tchétchènes pour justifier la guerre et les crimes en Tchétchénie, les assassinats d’Anna Politkovskaïa, celui de Litvinenko… Mais c’est l’invasion de la Géorgie et la non-intervention des puissances occidentales en 2008 qui a été un tournant. L'Occident n’a rien fait en Tchétchénie, rien fait en Géorgie. Il a continué à ne rien faire en Syrie (malgré son cortège de crimes de guerre), rien après l’invasion de la Crimée et du Donbass. Il a poursuivi dans sa voie de spectateur effarouché face aux cyberattaques, aux incursions d’avions dans l’espace européen, aux multiples actions de déstabilisation dans son propre territoire.
EXTRAITS du livre de Sylvie Kauffmann, Les Aveuglés :
L’invasion [de la Géorgie] a commencé. Entre le 8 et le 12 août 2008, Moscou va déployer 40000 hommes en Géorgie, appuyés par quelques 200 avions, 40 hélicoptères et 13 bâtiments de guerre de la flotte russe de la mer Noire, dont le navire amiral Moskva – qui sera détruit par les forces ukrainiennes pendant la guerre de 2022. L’invasion est précédée par des cyberattaques qui paralysent près de 40 sites gouvernementaux.
(…) A Pékin [on est alors en plein Jeux Olympiques] , Sarkosy comprend qu’il n’obtiendra rien de Poutine.
(…) George W. Bush essaie lui aussi de raisonner Poutine dans la tribune des chefs d’État ; il n’est pas mieux reçu par le leader russe, qui commence par accuser les géorgiens de « génocide » [on reconnaît là un trait typique de la Russie, qui accuse les autres de ce qu’elle s’apprête à commettre elle-même] puis prétend ne pas être au courant de mouvements de troupes russes [là encore, phrase type de la Russie]
(…) Ce 8 août 2008, la Chine a ébloui le monde, mais la Russie a mis en mouvement une dynamique mortifère qui va, en l’espace de quelques années, bouleverser l’Europe.Pour l’heure, l’Europe est en vacances et personne n’imagine encore que ces chars russes qui viennent de franchir la frontière géorgienne par un obscur tunel de montagne, dans un pays que peu de gens sont capables de situer sur une carte, marquent le début d’un cycle d’agressions extérieures.
(Les Aveuglés, p 93-94)
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