À l’approche de deux sommets européens organisés au Danemark, la Première ministre du pays, Mette Frederiksen, traverse une zone de turbulences politiques. Les récentes incursions de drones au-dessus d’infrastructures sensibles danoises ont pris les autorités par surprise et mis à l’épreuve la réputation de fermeté de la dirigeante
COPENHAGUE — La réponse aux incidents, jugée inadéquate, et le recours à la France, à l’Allemagne, à la Suède, à la Finlande, aux Pays-Bas, aux États-Unis et à l’Ukraine pour aider à protéger Copenhague ont ébranlé la position de Mette Frederiksen.
Ses alliés politiques comme ses adversaires ont critiqué la manière dont son gouvernement a géré les récents incidents liés aux drones.
« Le changement de paradigme dont nous avons besoin consiste à nous concentrer davantage sur notre état de préparation ici et maintenant », a confié le leader socio-libéral Martin Lidegaard au journal Politiken la semaine dernière. Son parti ne fait pas partie de la coalition centriste de Frederiksen, mais s’est largement aligné sur le gouvernement en ce qui concerne l’Ukraine.
Le média en ligne Pio, idéologiquement proche du parti de Mette Frederiksen, a également noté qu’elle avait perdu du terrain électoral depuis les incursions de drones.
Son parti, Social-Démocratie, recueille désormais 20 % des intentions de vote, selon un sondage réalisé lundi par Voxmeter, contre 27 % en 2022, mais en légère baisse par rapport aux chiffres d’il y a un mois.
Pendant des années, Mette Frederiksen s’est construit un capital politique en affichant son autorité, en défendant le soutien à l’Ukraine, en maintenant une position intransigeante envers la Russie et en se transformant d’une sceptique de Bruxelles en une partenaire fiable de l’UE à la tête d’un petit pays.
Elle était la Première ministre la plus sceptique envers l’UE que les Danois aient jamais eue, a déclaré Marlene Wind, professeure de politique européenne à l’université de Copenhague. Mais elle a fait « un revirement complet auquel les Danois ont largement adhéré », a déclaré Marlene Wind.
Les drones dans le ciel danois ont toutefois touché un point faible, a-t-elle ajouté, car elle a toujours été « la reine de la gestion de crise ».
Depuis le premier incident lundi dernier, les autorités danoises ont tenu dix conférences de presse sur le sujet.
« Elle a essayé de copier la stratégie Covid en organisant de fréquentes conférences de presse », a expliqué Marlene Wind.
Au cours des mois qui ont suivi l’apparition de la Covid-19 en Europe, la popularité de Mette Frederiksen a grimpé en flèche, les sondages suggérant qu’environ 80 % des Danois approuvaient sa gestion de la pandémie.
Mais cette fois-ci, cette stratégie est « moins efficace », a déclaré Marlene Wind. Elle « laisse ses ministres occuper le devant de la scène dans la couverture médiatique », tandis qu’elle se positionne « comme la mère de la nation ».
Malgré la vague de conférences de presse de son cabinet, Frederiksen elle-même n’est apparue que lors d’une conférence de presse improvisée, d’un discours préenregistré tard dans la nuit depuis son bureau, et a accordé des interviews à certains médias.
Dans l’ensemble, les évènements de la semaine dernière ont entamé la confiance des Danois dans leur gouvernement, a fait valoir Marlene Wind.
« Nous pensions qu’ils maîtrisaient raisonnablement bien la situation — ils ont su montrer qu’ils avaient le contrôle », a-t-elle déclaré, citant les récents achats d’armes offensives par le Danemark.
L’enjeu est de taille pour Mette Frederiksen, qui accueillera les dirigeants européens lors de deux grands sommets mercredi et jeudi. « Le succès sera présenté comme une alliance entre amis. Mais le moindre faux pas sera exploité par l’opposition », a déclaré Marlene Wind.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire