lundi 22 septembre 2014

Le Parlement européen, la Commission européenne

Discours de JC Juncker au Parlement européen (juillet 2014)
Guy Verhofstadt
La Commission européenne ; les 28 commissaires européens (2014-2019)





Discours de JC Juncker au Parlement européen (juillet 2014)

Jean-Claude juncker est le nouveau président de la Commission européenne. Il succédera à José Manuel Barroso en octobre 2014, date à laquelle débutera son mandat. 
 
En juillet 2014, alors candidat à la présidence de la Commission, il prononçait ce discours au Parlement européen, devant la nouvelle assemblée (les élections européennes dataient du 25 mai) qui allait l'élire à la présidence de la Commission.

[Les commentaires des journalistes de Public Sénat et les interventions des parlementaires européens sont aussi très instructifs] 
La déclaration devant le Parlement est à lire ici.





Anima Europae approuve les déclarations suivantes :

15'40 à 16'00 : volonté de transparence quant aux interlocuteurs de l'UE (lobbies...).
16 à 16'30 : JC Juncker s'affiche contre une Commission qui serait toute puissante. Pouvoir décisionnaire laissé aux Etats membres.
17'30 à 17'55. Halte à l'hypocrisie : « Si vous avez dit « oui » à Bruxelles, ne dites pas « non » ailleurs ». Pour une Europe unie et contre les égoïsmes nationaux : « Ne dites plus, après une réunion du conseil, que vous avez remporté une victoire et que les autres ont perdu. En Europe, nous gagnons ensemble et c'est ensemble que nous perdons »
18'00 à 18'30 : « jouons collectif », « Il faut réhabiliter la méthode communautaire »
22'00 : Coordonner nos politiques économiques. Incitations financières pour les pays membres de la zone sur l'euro. Que l'euro soit représentée par une seule chaise, par une place, par une seule voix (afin d'éviter que s'étalent les inévitables contradictions liées au fait de la multitude de voix).

26'15 : « Protégeons nos frontières ». Cette proposition de M Juncker nous semble très pertinente, à condition qu'elle soit accompagnée d'une politique d'aide au développement local des pays en difficulté. Comme le précise M Juncker, la priorité doit être donnée à la lutte contre les organisateurs des filières criminelles faisant de l'argent avec le malheur des autres. Aussi, nous sommes favorables au renforcement d'une police des frontières européenne et de gardes frontières européens : il est nécessaire d'augmenter les moyens alloués à la Frontex
Comme le dit M juncker, les problèmes de l'immigration ne sont pas les problèmes de Malte, de Chypre, de l'Italie, de la Grèce : ce sont les problèmes de l'Europe toute entière. Là encore, la solidarité entre pays membres de l'UE est requise pour lutter contre l'immigration, et la solidarité européenne, si elle coûte un peu à tous, profitera in fine à tous.

30'00 : Salutation au peuple ukrainien. « Nous sommes d'avis que ce peuple est européen et qu'il a sa place en Europe ».

30'30 : Nécessité de mettre en place dans toute l'UE des salaires et des revenus minimaux. Les services d'intérêt général et les services publics doivent être sauvegardés.

32'20 : « on dit souvent que la question entre guerre et paix ne se pose plus » (…) « Nous venons de découvrir à la périphérie de l'UE que la paix n'est pas un visiteur permanent » (…) Soyons fiers de la génération de nos pères et mères, de nos grand-pères et de nos grand-mères qui après la guerre ont fait de cette éternelle prière d'après guerre, « plus jamais la guerre », un programme politique.»

34'25 « soyons fiers d'avoir mis en place la monnaie unique. La monnaie unique ne divise pas l'Europe. La monnaie unique protège l'Europe. (…) « L'euro protège l'Europe ».
Nous voulons ici faire une remarque concernant ce parti politique, le Front national, qui veut sortir la France de l'UE et qui a fait de l'euro la cause de tous nos maux. Souvent, Marine Le Pen fait référence aux prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et Amartya Sen pour appuyer son discours anti-euro et anti-UE. Or, il se trouve lesdits prix Nobel ont tenu à clarifier leur position, et à dénoncer le FN en tant que parti qui ment, manipule, détourne. La déclaration des deux Prix Nobel n’a laissé planer aucun doute sur leur position: "Nous nous prononçons fermement pour une Europe plus unie, avec une intégration politique à la clé. L’union monétaire devrait aller de pair avec l’union fiscale et l’union bancaire: nous espérons voir apparaître ces deux unions en temps utile. Bien que nous pensons qu’instituer une union monétaire sans intégration bancaire, fiscale et finalement politique, soit une erreur économique, nous restons fermement pro-européens, et non anti-européens, puisque nous désirons bien plus qu’une simple union monétaire."  (source : ici)

Remarque : de 36'40 à 39'00 : alors que JC Juncker tente de s'exprimer sur l'euro, il est sans arrêt interrompu par quelques malotrus. Ces interventions grossières de députés coupant sans cesse la parole à l'orateur sont insupportables pour l'auditeur, d'autant plus qu'elles semblent être le fait de députés du Ukip, représentants de l'Etat-membre le moins concerné par la monnaie unique.



Anima Europae approuve partiellement les déclarations suivantes :

24'20 : « L'UE est une union de valeur » . Nous approuvons cette référence à la Charte des droits fondamentaux de l'Union 
Cependant, nous considérons que l'Union Européenne est beaucoup plus que cela. Il nous faut nous interroger sur la raison d'être de l'UE, sur son identité propre : l'UE n'est pas et ne pourra pas être équivalente aux Etats-Unis d'Amérique, pour diverses raisons, notamment historiques, linguistiques, culturelles, et sans doute idéologiques.
Ensuite, nous voulons souligner que dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, les dérives issues des institutions peuvent jouer contre l'esprit des valeurs de l'UE, en retournant les peuples contre l'Union, par défiance envers ce qui symbolise ces dérives.
Ainsi, nous constatons que la CEDH (qui ne relève pas de l'UE mais du Conseil de l'Europe) se trouve critiquée, et sans doute y a-t-il des raisons à cela, par le Royaume-Uni, qui menace de s'en affranchir (voir ici et ici). Les dérives de la CEDH s'affichent aussi lorsqu'elle condamne la France pour son refus de transcrire les actes de filiation d'enfants nés par GPA à l'étranger.  




Anima Europae est en désaccord avec JC Juncker sur les points suivants :

22'20 à 24'15 : l'accord de libre échange avec les Etats-Unis. JC Juncker y est favorable, certes sous conditions (respect des normes sanitaires et sociales européennes...).
Nous sommes opposés à cet accord hasardeux. Nous restons perplexe devant l'urgence affichée à mettre en place cet accord alors même que l'Union européenne est en proie à de multiples difficultés. Nous croyons que le travail des parlementaires européens devrait se focaliser sur les liens (commerciaux, fiscaux, sociaux, écologiques...) entre les pays membres de la zone euro. Nous sommes favorables à la mise en place de grands programmes de coopération européenne (prioritairement au sein de la zone euro) dans les domaines de l'énergie, de la défense, de la logistique. Les avantages de la monnaie unique doivent être facilement perçus pour convaincre les peuples d'Europe de son utilité.
Selon nous, le libre échange au sein de l'UE pose déjà problème, à cause d'un élargissement (trop?) rapide et de grandes différences socio-économiques entre les Etats membres. L'urgence n'est donc pas de signer un marché transatlantique pas plus que d'élargir l'UE à des pays non européens (comme la Turquie) mais de stabiliser l'UE actuelle, de construire une Europe politique et de favoriser le marché entre les pays de la zone euro. L'Union ne se renforcera pas par un marché transatlantique dérégulé mais par des liens forts entre pays membres.

25'20 : « Nous devons réfléchir sur l'immigration légale dont l'Europe aura, dans les 50 ans à venir, cruellement besoin ». Nous sommes en désaccord avec cette orientation défendue par JC Juncker.
Nous pensons que vouloir accentuer l'immigration extra-européenne ne pourra qu'ajouter des divisions aux divisions, des tensions aux tensions, des conflits aux conflits, non seulement à l'intérieur des pays membres mais aussi entre les pays membres eux-mêmes.
Le recours à l'immigration reste difficilement défendable eu égard au chômage qui sévit en Europe, à la difficulté pour les jeunes européens d' accéder au monde du travail, à la précarisation des travailleurs, aux pertes de repères identitaires. Nous croyons que même s'il existait un surplus de travail en Europe pour les populations européennes, alors il vaudrait mieux délocaliser le travail vers les pays sous-développés pour aider ces derniers à se développer plutôt que de délocaliser les peuples de pays-sous développés pour développer encore davantage des pays déjà développés.
Pour ce qui est du renouvellement des générations, nous croyons qu'une politique d'encouragement de la natalité européenne est préférable à une politique d'encouragement de l'immigration extra-européenne. L'âge du départ à la retraite pourrait d'ailleurs être retardé pour faire face au « vieillissement » ou à la stabilité de la population.
Selon nous, la crise de l'UE n'est pas qu'économique, elle est aussi identitaire, et le nier ou l'ignorer ne pourra que renforcer la défiance des européens envers l'Europe. Les bons résultats des partis « populistes » et/ou « nationalistes » aux élections européennes dans des pays de l'UE à l'économie florissante mais confrontés à l'immigration massive, comme le Danemark ou l'Autriche, prouve que la question identitaire est tout aussi importante que la question économique.
En outre, l'écologie est pour nous un thème prioritaire et non pas secondaire. Pour ces raisons, nous croyons qu'il ne faut pas encourager l'immigration (ni l'urbanisme tentaculaire destiné à l'accueillir, et détruisant forêts, prairies, et horizons lointains), mais qu'il faut au contraire favoriser l'enracinement local, le commerce équitable, le droit à vivre dignement et selon ses mœurs dans son pays natal.
Les députés européens seraient bien inspirés de se référer aux écrits de Muhammad Yunus, économiste et prix Nobel de la paix en 2006. 
Bref, pour des raisons écologiques, identitaires et sociales, pour une vie plus harmonieuse et apaisée au sein de l'UE, nous pensons que l'UE devrait mettre en œuvre un malthusianisme éclairé, couplé à une aide au développement local des pays en difficulté, et un contrôle plus ferme de l'immigration, souvent organisée par des filières mafieuses.

25'50 : « Faisons aussi bien que les Etats-Unis ». Nous considérons les Etats-Unis comme un allié traditionnel. Mais nous ne considérons pas que les Etats-Unis soient un modèle à suivre, ceci pour de multiples raisons, notamment sociales ou écologiques. Nous voulons ici rappeler que les Etats-Unis partagent avec la Chine, la Russie et l'Inde le titre de plus gros pollueur de la planète . La mise en place d'une société multiculturelle aux Etats-Unis n'a pas contribué à apaiser la vie des américains : les conflits entre communautés et les émeutes raciales  sont des conséquences du modèle de société choisi par les Etats-Unis.
Nous ne voulons pas choisir ce modèle. Nous ne voulons pas prendre pour modèle le pays qui autorise le droit de posséder et de porter une arme à feu, nous ne voulons pas prendre pour modèle le pays qui se dit civilisé mais qui n'a toujours pas abolit la peine de mort, le pays qui prône la liberté mais qui n'est classé que 46e au classement mondial de la liberté de la presse en 2014, le pays qui mène a mené, il n'y a pas si longtemps, des guerres pour des motifs forts discutables (voir discours de Dominique de Villepin à l'ONU en 2003)






A noter :
Guy Verhofstadt était aussi candidat à la Présidence de la Commission : 





La Commission européenne ; les 28 commissaires européens (2014-2019)

La commission européenne dans sa forme actuelle date du traité de fusion des exécutifs (1965). Elle regroupe plus de 25000 agents permanents (c'est la plus grande institution de l'UE en effectif), 80% de ses effectifs se répartissent entre 23 Directions Générales (DG) et 20% dans des services de traduction.
Elle est à la fois une instance d'initiative, la « gardienne des traités » et l'agent d'exécution de l'UE.
Cette institution est souvent stigmatisée : c'est elle qui est visée lorsque l'on parle de la « technocratie de Bruxelles », car c'est elle qui adopte de nombreuses décisions et qui les impose aux pays membres.
Pourtant, cet organe supranational incarne « l'intérêt général de la Communauté » selon la formule utilisée dans le traité de Maastricht. Elle est le « conservatoire de l'esprit européen »

Rôle
La Commission E a un rôle économique et un rôle politique.
1/ Rôle économique
Elle a un pouvoir de contrôle et de sanction. Gardienne des traités, elle veille au respect des règles de la concurrence, vérifie auprès des Etats la mise en œuvre des aides publiques, et contrôle la mise en œuvre des différents fonds européens (FSE, FEOGA, FEDER, FED)
Elle a un pouvoir d'initiative. La Commission E est à l'initiative des actes communautaires [note : depuis le traité de Lisbonne, elle peut être saisie par une proposition d'1 million de citoyens européens afin de la soumettre au Parlement E ou au Conseil E]
Elle a un pouvoir d'exécution. Organe d'exécution, la Commission met en œuvre les actes adoptés par le Conseil des Communautés.
2/ rôle politique
Elle a un pouvoir d'initiative en matière de politique étrangère de sécurité commune (PESC), et en matière de coopération.


Composition
La Commission européenne comprend 28 membres (un par Etat) : le Président et 27 Commissaires ou Vice-présidents. 
Son siège est à Bruxelles.
Le traité de Nice (2001), comme le traité de Lisbonne (2007), avait prévu de réduire le nombre de commissaires pour renforcer l'efficacité de la Commission. Mais, lors du Conseil européen de décembre 2008, les 27 y ont renoncé en décidant que l'Irlande, comme tout autre Etat membre, conserverait un commissaire de sa nationalité au sein du Collège (c'était le prix à payer pour obtenir que Dublin accepte d'organiser un second référendum sur le traité de Lisbonne).
[Exemple : la commission Barroso II (prédécesseur de JC Juncker) était composée de 27 membres : 1 Président (Barroso), 8 Vice-présidents et 18 Commissaires (la Croatie n'avait pas encore intégré l'UE, il y avait donc 27 membres, contre 28 depuis 2014)]

Comment sont désignés les 28 membres de la Commission E ?
Le Président de la Commission E est proposé par le Conseil E au Parlement E (on retrouve ici le Triangle institutionnel). Le Parlement E l'élit, ou non, après une déclaration présentant ses orientations politiques.
Les 27 autres membres sont proposés par le Conseil européen (en concertation avec les Etats membres) et le Président de la Commission E (JC juncker) au Parlement E. Ce dernier approuve, ou non, ces 27 membres.

Fonctionnement
Les « livres verts » publiés par la Commission sont destinés à engager un débat avec les organisations et personnes intéressées, à l'échelle européenne, sur des thèmes spécifiques.(1)
Les « livres blancs » proposent des orientations pour une action communautaire précise.(2)
La Commission E fonctionne sur le principe de la collégialité (3). Elle se réunit, au moins une fois par semaine, selon un programme de travail annuel (décomposé en programmes trimestriels).
La Commission E adopte les délibérations à la majorité simple(4) de ses membres.

(Sources : Institutions européennes (Studyrama), L'essentiel des institutions de l'UE de Jean-Claude Zarka)






(1) Un livre vert est une communication publiée par la Commission sur un domaine d’action spécifique. Il s’agit surtout d’un document destiné aux parties, aux organisations et aux individus intéressés, qui sont invités à participer à un processus de consultation et de débat. Dans certains cas, un livre vert aboutit à l'édition d'un livre blanc.(Exemple de livre vert :le Livre vert sur l'efficacité énergétique ou Comment consommer mieux avec moins.)

(2) Un livre blanc est un document présentant de manière détaillée et argumentée une politique et des propositions d’action communautaire, afin d’aboutir a une proposition législative.

(3) Le principe de collégialité désigne le fait qu’une affaire soit jugée par plusieurs juges, siégeant et délibérant ensemble. Ce mode de composition des juridictions possède de multiples avantages, il trouve cependant dans la pratique une application contrastée.
La collégialité présente plusieurs garanties, tant pour les magistrats que pour les justiciables :
  • d’une part, la collégialité permet au magistrat de se former et d’enrichir sa réflexion au contact de ses collègues. Elle lui assure en outre une protection qui garantit la sérénité des délibérés et l’indépendance de sa décision ;
  • d’autre part, la collégialité assure au justiciable une décision mesurée, peu susceptible d’avoir été influencée par la partialité d’un juge, et dotée d’une plus grande autorité.
Pour autant, la collégialité ne constitue ni un droit pour le justiciable ni un principe fondamental du procès : le Conseil constitutionnel considère ainsi qu’elle ne possède pas valeur constitutionnelle. Il s’agit plutôt d’un mode d’organisation traditionnel de nos juridictions : les formations ordinaires du tribunal de grande instance, du tribunal correctionnel, de la cour d’appel et des juridictions administratives sont collégiales. Les juges y siègent en nombre impair, généralement à trois.
Il faut cependant distinguer la véritable collégialité de la collégialité dite "cachée", prévue par le code de procédure civile qui permet à un « magistrat chargé du rapport, si les avocats ne s’y opposent pas, [de] tenir seul l’audience pour entendre les plaidoiries [et d’en] rendre compte au tribunal dans son délibéré ». Il faut en outre prendre en compte les atteintes croissantes au principe de collégialité par le recours massif au juge unique dans certaines matières. 

(4) Majorité simple => la proposition qui obtient le nombre de voix le plus élevé est adoptée. (Majorité absolue => la proposition qui obtient la moitié des votes plus une voix est adoptée)










(image réalisée par Europe-en-Auvergne)







Nous sommes d'avis que la pléthore d'institutions comme la pléthore de parlementaires, experts, commissaires, ou autres divers représentants au sein des institutions européennes nuit au bon fonctionnement de l'UE. Il est évident que le trop grand nombre de « fonctionnaires européens » découle du rapide élargissement qui a aboutit à une Union à 28 en 2014 (dernier pays adhérent : la Croatie). Cet excès de « débatteurs » favorise lenteur, inefficacité, difficulté à trouver des accords, travaux dans des domaines qui devraient relever d'institutions locales (combien de rapports, d'études, dans des domaines qui ne devraint pas relever des institutions européennes?)
Nous sommes favorable à une Union centrée sur des thèmes moins nombreux mais plus régaliens (à quand une armée européenne?), et nous sommes favorables à différents niveaux d'intégration de l'UE.
Par exemple, à ce jour, 18 pays ont adopté la monnaie unique, formant la « la zone euro », dite aussi eurogroup. Il nous semblerait pertinent, dans un premier temps, de réduire la Commission E à ces 18 pays, à la place des 28 actuels.






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Les 28 commissaires européens (2014-2019)

Chaque commissaire, désigné par le Conseil européen et le Président de la Commission, passe une audition devant les parlementaires compétents pour le portefeuille qui lui est attribué. A l'issue de l'audition, les parlementaire approuvent, ou non, le commissaire proposé. Chaque commissaire reçoit une lettre de mission, signée par le Président de la Commission E (JC Juncker). Toutes les informations sur la question sont disponibles ici  et surtout sur le tout nouveau site de la Commission.
La Commission européenne entre en fonction la 1er novembre 2014, pour 5 ans. Elle s'est fixée 10 prioritésNous citons ici les 28 commissaires qui poursuivront cette tâche, et nous nous intéresserons plus bas aux 10 commissaires  que l'on peut (et que l'on doit) critiquer.


1 Jean-Claude JUNCKER* - Président - Luxembourg – PPE

Notre préférence allait à Guy Verhofstadt. Mais le Conseil et les députés européens ont choisi Jean Claude Juncker, dont nous avons critiqué certains points de son programme ici.

2 Vytenis ANDRIUKAITIS - Santé et sécurité alimentaire - Lituanie - S&D

Médecin de formation, engagé dès l’âge de 18 ans en politique, Vytenis Andriukaitis, 63 ans, fut militant antisoviétique jusqu’à la chute de l’URSS. En 1989, il fonde le parti social-démocrate lituanien, coécrit la constitution de son pays et réalise six mandats parlementaires consécutifs. Ministre de la Santé depuis 2012, il aura le même portefeuille au sein de la Commission et devra faire face à l’expansion d’Ebola, qui a déjà touché plusieurs Européens. Son grand oral devant le Parlement ne devrait pas poser de problème particulier. 

3 Andrus ANSIP - Vice-président - Marché unique numérique - Estonie – ADLE

Ancien membre du parti communiste et maire de la ville de Tartu, Andrus Ansip fait désormais partie de l’ADLE. Premier ministre estonien de 2005 à 2014, il a également occupé  le poste de ministre des Affaires économiques et des communications. Il parle anglais, russe et a des bases d'allemand. Futur responsable du Marché unique numérique européen, les eurodéputés ne manqueront probablement pas de l’interroger sur sa stratégie pour faire respecter les normes européennes à des géants comme Google. 


4 Miguel ARIAS CAÑETE* - Climat et énergie - Espagne – PPE

Agé de 64 ans, ancien procureur et professeur de droit européen, Miguel Arias Cañete fut successivement député européen, puis deux fois ministre de l’Agriculture. Entre ses mandats électifs, il fut président du conseil d'administration d'entreprises pétrolières. Lors des dernières élections européennes, il a créé une polémique en tenant des propos machistes à l'encontre d'une rivale. Ses intérêts dans l’industrie pétrolière, tout comme sa personnalité, ont été scrutés de près lors de son audition devant le Parlement.

5 Dimitris AVRAMOPOULOS - Migration et affaires intérieures - Grèce – PPE

Agé de 61 ans, l'ancien maire d'Athènes occupe le poste de ministre de la Défense. Membre du service diplomatique grec depuis 1980, il démissionne en 1993 pour briguer un siège au Parlement au sein du parti politique "Nouvelle Démocratie". Il a occupé plusieurs portefeuilles ministériels entre 2004 et 2009. Lors de son audition devant le Parlement, il devra répondre des nombreuses contestations à l'encontre de la gestion de l'espace Schengen et de l'agence Frontex. 


6 Elżbieta BIEŃKOWSKA - Vice-présidente - Marché intérieur, industrie, entrepreneuriat et PME - Pologne – PPE

Agée de 50 ans, la vice-Premier ministre de Pologne est en charge de l’Infrastructure et du Développement depuis 2013. Sous l'ancien gouvernement, elle était ministre du Développement régional, notamment en charge de la répartition des fonds européens. Polyglotte, elle parle polonais, anglais, français et russe. Auditionnée par les eurodéputés, elle devra présenter un plan solide pour la relance de la croissance et l'aide aux PME.


7 Violeta BULC - Transport - Slovénie – ADLE

Ancien chef d'entreprise, Violeta Bulc âgée de 50 ans occupe depuis septembre 2014 les fonctions de poste de vice-Premier ministre en charge du Développement au sein du gouvernement formé par le nouveau Premier ministre slovène Miro Cerar, dont elle a récemment rejoint le parti de centre-gauche SMC. A noter : après une prestation jugée insuffisante par les députés européens, la candidate slovène Alenka Bratusek* a été remplacée par Violeta Bulc.


8 Corina CREŢU* - Politique régionale - Roumanie - S&D

Corina Cretu, 47 ans, est une ancienne journaliste. Députée européenne depuis l'adhésion de son pays en 2007, elle est l'auteure du livre "La Roumanie européenne". Economiste de formation, elle fut conseillère et porte-parole du président roumain Ion Iliescu pendant quatre ans. Elle a également été sénatrice de 2004 à 2005. Elle devra permettre un accompagnement des régions bénéficiant des aides européennes. Durant son audition, le Parlement européen sera particulièrement attentif aux liens qu’elle aurait eus dans le passé avec le KGB.


9 Valdis DOMBROVSKIS - Vice-président - Euro et Dialogue social - Lettonie - PPE

Né le 5 août 1971 à Riga, Valdis Dombrovskis a été élu député européen en 2014. De 2009 à 2013, il a été Premier ministre de Lettonie, à la tête d'une coalition de centre-droit, et doit sa démission à l'effondrement d'un supermarché à Riga, provoquant la mort de plus de 50 personnes. Economiste de formation, il a mis en œuvre un programme d'austérité sans précédent dans son pays. Certains députés européens socialistes voient d'un mauvais œil que deux vice-présidences économiques importantes, celles de M. Dombrovskis et de M. Katainen, reviennent au PPE.


10 Kristalina GEORGIEVA - Vice-présidente - Budget et Ressources humaines - Bulgarie - PPE

Commissaire à l'Aide humanitaire de 2010 à 2014, la Bulgare Kristalina Georgieva doit accéder au poste de vice-présidente au Budget et aux Ressources humaines. Née le 13 août 1953 à Sofia puis économiste de formation, Mme Georgieva a occupé plusieurs fonctions à la Banque mondiale pour en devenir la vice-présidente en 2008. Son action à l'aide humanitaire a été appréciée par les députés européens.


11 Johannes HAHN - Politique européenne de voisinage et Négociations d'élargissement - Autriche – PPE

Commissaire à la politique régionale de 2010 à 2014, l'Autrichien Johannes Hahn doit désormais s'occuper de la Politique de voisinage et de l'Elargissement. Né à Vienne le 2 décembre 1957, il obtient un doctorat de philosophie en 1987. Entré au Parti populaire autrichien (ÖVP) en 1992, il en devient le vice-président en 2002, puis ministre de 2003 à 2009. M. Hahn devra notamment gérer les dossiers de la crise ukrainienne et des relations avec le Proche-Orient (sous la direction de la Haute-représentante Federica Mogherini), et les négociations avec les Etats candidats à l'adhésion, Jean-Claude Juncker ayant annoncé qu'il n'y aurait pas de nouvel élargissement durant son mandat.


12 Jonathan HILL* - Stabilité financière, Services financiers et Union des marchés de capitaux - Royaume-Uni - PPE

Président méconnu de la Chambre des lords, Jonathan Hill a été désigné par David Cameron comme candidat à la Commission. Né le 24 juillet 1960 à Londres, il fut successivement lobbyiste, conseiller politique (notamment de John Major) puis membre du gouvernement en 2010 comme sous-secrétaire d'État parlementaire aux Ecoles. Issu à la fois d'un parti eurosceptique et d'un pays réticent à la régulation financière, M. Hill devrait subir l'une des auditions parlementaires les plus sévères. Sa lettre de mission met en avant la contribution des marchés au financement de l'économie, la relance de la titrisation, la réduction du coût du capital et le développement d'alternatives à la dépendance des entreprises aux financements bancaires. 


13 Phil HOGAN - Agriculture et Développement rural - Irlande – PPE

Né le 4 juillet 1960 à Kilkenny (Irlande), Phil Hogan est ministre de l'Environnement, du Patrimoine et des Gouvernements locaux depuis 2011. Il est devenu particulièrement impopulaire dans son pays après avoir mis en place des taxes sur l'eau et la propriété immobilière. Désigné par Jean-Claude Juncker à l'Agriculture et au Développement rural, il aura notamment pour missions de superviser la nouvelle PAC 2014 – 2020 et la simplification de ses instruments, de surveiller le volet agricole des négociations sur le projet de partenariat transatlantique, de veiller à la contribution de l'agriculture à la lutte contre le changement climatique et de gérer les conséquences de l'embargo russe sur les produits alimentaires européens.


14 Vĕra JOUROVÁ* - Justice, Consommateurs et Egalité des genres - République tchèque – ADLE

Née en 1964 à Třebíč (République tchèque), Vĕra Jourová est ministre du développement régional depuis janvier 2014. Ancienne juriste et consultante dans le domaine des fonds européens, elle est également députée depuis 2011. Selon sa lettre de mission, elle aura notamment à charge d'achever le processus d'accession de l'UE à la Convention européenne des droits de l'homme, de débloquer les négociations sur la directive anti-discrimination ou encore de faire aboutir la réforme de la directive sur la protection des données.


15 Jyrki KATAINEN - Vice-président - Emploi, Croissance, Investissement et Compétitivité - Finlande – PPE

Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires depuis juin 2014 en remplacement d'Olli Rehn, Jirki Katainen doit devenir vice-président de la Commission Juncker chargé de la Relance économique. Né en 1971 à Siilinjärvi (Finlande), il devient député en 1999, président du Parti de la Coalition nationale (Kok) en 2004, vice-Premier ministre et ministre des Finances en 2007 et enfin Premier ministre en juin 2011, poste qu'il occupe jusqu'en juin 2014. Défenseur de la rigueur économique, il sera entre autres chargé de préparer le plan de 300 milliards d’euros d’investissement de la Commission européenne et l'évaluation intérimaire de la stratégie 2020 de l'Union. Les députés le questionneront notamment sur sa vision de l'équilibre entre libertés économiques et droits sociaux fondamentaux.


16 Cecilia MALMSTRÖM - Commerce - Suède - ADLE

Actuelle commissaire aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, 46 ans, a longuement hésité avant de briguer un nouveau mandat après 5 années difficiles à orchestrer la politique européenne d’immigration, constamment critiquée dans les Etats membres. Nommée commissaire au Commerce, elle aura à s’occuper du controversé traité transatlantique, ce qui pourrait muscler son audition au Parlement européen, en théorie une formalité pour elle.


17 Neven MIMICA - Coopération internationale et développement - Croatie - S&D

Ancien ambassadeur, plusieurs fois ministre, Neven Mimica, 60 ans, fut le premier commissaire européen croate, nommé en 2013 à la Politique des consommateurs. Gravissant progressivement les échelons au sein du parti socialiste croate, il devient vice-Premier ministre de 2011 à 2013, à la suite de la victoire de sa coalition, intitulée « Cocorico ». Son passé de communiste pourrait susciter la critique de certains eurodéputés lors de son audition.


18 Carlos MOEDAS - Recherche, science et innovation - Portugal - PPE

Ingénieur et économiste passé par l’université de Lisbonne, l’école des Ponts et Chaussées de Paris (en Erasmus) et Harvard, Carlos Moedas, 44 ans, fut l’une des principales figures des politiques d’austérité au Portugal. Relai entre le gouvernement et la troïka, sa nomination n’a pas suscité un fort enthousiasme dans son pays. Au sein de la Commission, il ne devrait pas faire partie des partisans de l’assouplissement de la rigueur. 


19 Federica MOGHERINI* - Vice-présidente - Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité - Italie - S&D

Agée de 41 ans, Federica Mogherini s’apprête à être la plus jeune commissaire du collège de Jean-Claude Juncker. Ministre italienne des Affaires étrangères depuis seulement 6 mois, spécialiste du Moyen-Orient passée par l’université d’Aix-en-Provence (en Erasmus), sa nomination comme chef de la diplomatie a été froidement accueillie en raison de sa relative inexpérience et de ses positions supposées favorables à Vladimir Poutine. Des inquiétudes qui pourraient être de nouveau émises lors de son grand oral devant le Parlement européen.


20 Pierre MOSCOVICI* - Affaires économiques et financières, fiscalité et douanes - France - S&D

Favoris de François Hollande pour occuper le poste de commissaire français, il obtient la nomination qu’il ambitionnait, avec le portefeuille des Affaires économiques et financières. Sa nomination aux Affaires économiques a de quoi laisser perplexe, au moment où Bruxelles rappelle la France à l'ordre pour son déficit public (rappelons que Moscovici était le Ministre de l'économie et des finances). Peut-être son méa culpa a-t-il joué en sa faveur : « J'essaierai d'être meilleur commissaire que ministre », a-t-il déclaré...

Reste qu'il sera surveillé de près par ses pairs.


21 Tibor NAVRACSICS* - Education, culture et jeunesse - Hongrie - PPE

Vice-Premier ministre hongrois depuis 2010, en tant que ministre de l’Administration publique et de la Justice, puis ministre des Affaires étrangères, Tibor Navracsics, 48 ans, risque de susciter de très nombreuses critiques lors de son grand oral. Sous sa houlette, la justice hongroise a été réformée et la cour constitutionnelle a vu ses compétences réduites, afin de favoriser le Premier ministre Viktor Orban, dont il est proche. Il est l’un des plus grands risques en vue de la validation de la Commission par le Parlement. A noter : le portefeuille était initialement intitulé "Education, culture, jeunesse et citoyenneté"... La Hongrie est souvent pointée du doigt pour les lois liberticides qu'elle promulgue (Le Monde)


22 Günther OETTINGER* - Economie numérique et société - Allemagne - PPE

Proche de la chancelière Angela Merkel, Günther Oettinger, 60 ans, fut commissaire à l’Energie sous José Manuel Barroso. Expert-comptable de profession, il s’est fait l’avocat des intérêts industriels allemands à Bruxelles et a cherché à ménager la Russie suite à l’éclatement de la crise ukrainienne, afin d’assurer l’approvisionnement énergétique européen. En conflit avec les écologistes, son audition au Parlement européen pourrait être délicate.


23 Maroš ŠEFČOVIČ - Vice-président - Energie - Slovaquie - S&D

Après un intérim d'un mois au poste de commissaire pour l'Education, la Formation la Culture et la Jeunesse, en novembre 2009 Maroš Šefcovic devient vice-président responsable des relations interinstitutionnelles et de l'administration. Diplômé en économie et en droit à l'Université de Bratislava, Maroš Šefcovic intègre l'Institut d'État des relations internationales de Moscou entre 1985 et 1990. Il étudie ensuite un an à Standford (Etats-Unis) avant de revenir se spécialiser en Affaires européennes et internationales dans son pays. D'abord conseiller du vice-ministre des Affaires étrangères, il devient secrétaire et consul à l'ambassade de la République fédérale tchèque et slovaque du Zimbabwe, puis à l'ambassade d'Ottawa pour enfin être ambassadeur à Tel Aviv. Diplomate polyglotte, il a été Représentant Permanent de la Slovaquie auprès de l’UE et Ambassadeur de la représentation permanente de la Slovaquie à Bruxelles. Il s'agit de son troisième mandat à la Commission européenne. Une expérience qui devrait lui être favorable pour briguer le poste de commissaire chargé des Transports et de l'Espace.


24 Christos STYLIANIDES - Aide humanitaire et gestion des crises - Chypre - PPE

Ancien porte-parole du gouvernement chypriote pendant la crise financière de 2013, Christos Stylianides a été membre du Parlement chypriote et membre de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE de 2006 à 2013. Chirurgien-dentiste de formation, il a été élu député européen en 2014. Sa mission s'annonce délicate au moment où les crises sont  nombreuses et complexes comme en Syrie, en Irak et dans la région d'Afrique de l'Ouest, où le virus Ebola sévit. La question de l'afflux des réfugiés d'Afrique et du Proche-Orient vers l'Europe sera également l'un de ses principaux dossiers. Christos Stylianides sera sous la responsabilité de Kristalina Georgieva, vice-présidente et commissaire en charge du Budget et des Ressources humaines. 


25 Marianne THYSSEN - Emploi, affaires sociales, compétences et mobilité du travail - Belgique - PPE

Agée de 58 ans, Marianne Thyssen est députée européenne depuis 1991 et occupe le poste de vice-présidente de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen depuis 2014. Membre du bureau du Parti populaire européen (PPE), elle est spécialisée dans des matières telles que la fiscalité et la protection des consommateurs. Cette juriste de formation a démissionné en 2010 du poste du parti des démocrates chrétiens flamands CD&V.
Parmi les grands dossiers qui attendent l'eurodéputée belge figurent la mise en place du paquet "croissance, emploi et investissement" et le semestre européen de coordination des politiques économiques et sociales.



26 Frans TIMMERMANS - Vice-président - Meilleure réglementation, relations interinstitutionnelles, Etat de droit, Charte des droits fondamentaux

Ministre néerlandais des Affaires étrangères, Frans TIMMERMANS a derrière lui une longue carrière de diplomate, dont un poste à l'Ambassade de Moscou. Député pour le parti travailliste Pvd. A à partir de 1998, il a ensuite été secrétaire d'Etat aux Affaires européennes et assistant de l'ancien commissaire Hans van den Broek. Après l'accident de l'avion de Malaysia Airlines en juillet 2014 en Ukraine, il a adressé un discours particulièrement émouvant aux Nations unies.
Dans la nouvelle équipe Juncker, Frans Timmermans aura un poste clé. Présenté comme son bras droit, le président lui a confié la responsabilité de mettre en place une "meilleure réglementation" et de veiller aux relations interinstitutionnelles. Le numéro 2 de l'équipe Juncker jouira d'un droit de veto sur toute proposition, quelle que soit la direction générale ou le commissaire dont elle est issue. Son audition sera structurée différemment des autres candidats. Il sera entendu par une conférence des présidents ouverte à tous les membres, en ce qui concerne ses responsabilités horizontales.



27 Karmenu VELLA - Environnement, affaires maritimes et pêche - Malte - S&D

Ministre maltais du Tourisme de 1996 à 1998 et à nouveau de mars 2013 à avril 2014, Karmenu Vella est diplômé en architecture, génie civil et management touristique. Agé de 64 ans, ce social-démocrate a également été dirigeant et actionnaire de nombreuses sociétés, notamment dans le jeu et le voyage. Elu en 1976 au Parlement de Malte, il est réélu 9 fois consécutives. La Commission Juncker innove en combinant les portefeuilles Environnement, Affaires maritimes et pêche afin de refléter la double logique de la croissance "bleue" et "verte". Ce poste représente un vrai défi pour M. Vella dont le pays ne place pas les questions d'environnement au cœur de ses priorités.


28 Margrethe VESTAGER – Concurrence - Danemark - ADLE

Âgée de 46 ans, Margrethe Vestager était jusqu'à présent ministre des Affaires économiques et de l'Intérieur dans le gouvernement de centre-gauche de Helle Thorning-Schmidt. Diplômée d'un Master en Economie de l’Université de Copenhague, elle a été Présidente du parti Social Libéral danois, le "Radikale Venstre" après avoir été ministre de l'Education. Elle est membre de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE). Chargée de la concurrence, Margrethe Vestager hérite d'un portefeuille de taille occupé depuis 2010 par son prédécesseur espagnol Joaquin Almunia. Selon la volonté de M. Juncker, la nouvelle commissaire danoise entend mobiliser les outils de régulation et l’expertise du marché pour qu’ils contribuent à la croissance et aux emplois, dans des domaines tels que le marché numérique unique, l’énergie, les services financiers, la politique industrielle et la lutte contre l'évasion fiscale. Mme Vestager travaillera en étroite collaboration avec le vice-président en charge du numérique, Günther Oettinger. Jean-Claude Juncker souhaite également qu’elle maintienne et renforce la réputation mondiale de la Commission européenne.



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Avez-vous mémorisé les visages des commissaires ? Un petit jeu est proposé sur TouteL'Europe pour le vérifier.  




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Et maintenant, passons aux critiques...


Le président de la Commission, JC Juncker, d'abord. Il est impossible de ne pas évoquer « l'Affaire LuxLeaks ». Mais avant toutes choses, il nous faut souligner que ce genre d'affaire, dans de nombreux pays dans le monde, serait évidemment resté inconnu du grand public. Il nous faut rappeler que la liberté (de la presse, en occurrence) est une des valeurs défendues par l'UE, et qu'elle permet justement aux médias d'informer le public des « affaires » . Revenons à l'affaire LuxLeaks. Des centaines de milliards d’euros auraient été transférés au Luxembourg sur la base d’accords fiscaux secrets passés avec plus de 340 sociétés multinationales. (lire la suite ici). Peut-être cette affaire donnera-t-elle naissance à une réforme européenne contre les magouilles des multinationales. Il faut le souhaiter.


Sur les 27 auditions, le Parlement en a retenu 26. Un quasi-sans faute ! Un seul commissaire proposé ne faisait pas l'affaire : la slovène Alenka BRATUSEK. Selon le Canard enchaîné du 15/10/2014, sa prestation était « nullissime ». Que dire des autres auditions ?
On pourrait penser qu'elles ont été de qualité, puisqu'il n'y a eu aucun autre recalé. Que neni... Toujours selon le Palmipède, les parlementaires « en ont avalé, des couleuvres », lors de ces auditions. Et c'est finalement un « bon vieil accord PPE (centre droit) – PSE (sociaux démocrates) » qui a ficelé cette commission européenne. Et pourtant :
Le conservateur britannique, Jonathan HILL s'est « ridiculisé lors de son oral sur les questions financières ». Il a été élu.
La libérale tchèque chargée de la justice, Vera JOUROVA, « semblait découvrir le dossier ». Elle a été élue.
Le commissaire allemand Günther OETTINGER chargé d'internet et du numérique a « unanimement été jugé médiocre, incompétent, et cynique par dessus le marché, ayant déclaré à l'un de ses homologues « Je serai là pour veiller aux intérêts de l'Allemagne et rien d'autre, je suis l'homme de la chancelière » ». Il a été élu.
La commissaire roumaine Corina CRETU, agent du KGB au temps de la guerre froide ? Du passé faisons table rase. Elle a été élue.
L'italienne Federica MOGHERINI est devenue vice-présidente, Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité (chef de la diplomatie, donc). En raison de sa relative inexpérience et de ses positions supposées favorables à Vladimir Poutine, elle a été froidement accueillie. Et pourtant, c'est pour ces raisons qu'elle a été élue (son inexpérience est appréciée des « grands » pays qui espèrent ainsi conserver leur propre diplomatie ; sa bienveillance à l'égard de Poutine contrebalance la position plus ferme du président du Conseil européen, qui est polonais) 
Le commissaire espagnol Miguel CANETE, après avoir été patron et actionnaire de deux sociétés pétrolières (Petrolifera Ducor SL et Petrologis Canarias SL), s'occupera du climat ! Autre particularité amusante : ce roi du pétrole était aussi un as de l'optimisation fiscale (ses sociétés sont implantées dans les paradis fiscaux que sont les Canaries et l'enclave espagnole de Ceuta au Maroc). Mais aujourd'hui, il est irréprochable : ses ex-sociétés sont désormais dirigées par... son beau-frère.(le Canard enchaîné du 24/09/2014)
Le commissaire français Pierre MOSCOVICI est chargé de veiller à des promesses que lui-même n'a pas tenues lorsqu'il était à Bercy.

Mais trop, c'est trop. Il fallait ben que les eurodéputés justifiassent leur rôle... Qu'il y ait un commissaire à virer, une victime expiatoire... Ce fut la slovène Alenka Bratusek, qui n'était soutenue, et que du bout des lèvres, par les libéraux. Elle fut finalement remplacée par Viloeta Bulc.
Le second à être (à demi) puni est le hongrois Tibor Navracsics. Logiquement, puisque le Fidesz de Victor Orban est un parti membre du PPE, Tibor aurait dû bénéficier de l'accord PPE-PSE. Mais les eurodéputés ont senti l'occasion de se refaire une virginité. Quoi ? Donner le magnifique portefeuille de l' Education, de la Culture, et de la Citoyenneté à ce hongrois membre d'un gouvernement autoritaire et liberticide ? On ne moque du Parlement ! Les eurodéputés ont pris une grande décision : ils ont amputé le portefeuille de Tibor Navracsics de sa partie « Citoyenneté ».























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