1914
– 2014.
Il
y a cent ans, les idées nationalistes triomphaient en Europe. Les
nations européennes entraient en guerre « la fleur au fusil ».
La première guerre mondiale éclatait. Elle ne devait durer que
quelques mois, être une promenade de santé. Elle dura 4 ans, atteignit une intensité inconnue
jusqu'alors, fit 9 millions de morts et 20 millions de blessés.
En
2014, les élections européennes ont montré une résurgence des
idées nationalistes.
Toutes
les raisons qui on motivé la construction européenne semblent
oubliées. La paix et la coopération entre nations européennes
semblent acquises, comme allant de soit.
Pourtant la guerre est à
nos portes, provoquée par un Poutine nostalgique, nationaliste,
agressif, cynique et paranoïaque.
De
grands hommes nous ont pourtant maintes et maintes fois mis en garde
contre l'idéologie nationaliste, qui tant de fois a ensanglanté
notre continent. « Le nationalisme, c'est la guerre »,
prévenait François
Mitterrand
dans son dernier discours au Parlement européen. Avant lui, Charles
De
Gaulle
avait déclaré : « Le patriotisme, c'est aimer son pays ;
le nationalisme, c'est détester celui des autres ». Pour
Albert Schweitzer,
« le nationalisme, c'est un patriotisme qui a perdu sa
noblesse ».
Pourtant,
surfant sur la vague des mécontentements et des ressentiments les
plus divers, profitant de la crise économique et identitaire,
s'alimentant de pessimisme et d'auto-dénigrement, poussé par une
Russie qui verrait d'un bon oeil l'éclatement de l'UE afin d'asseoir
sa domination sur notre continent, le vent mauvais du nationalisme
souffle à nouveau en Europe de l'ouest.
En
2014, à l'occasion du centenaire de la guerre 14-18, il aurait été
fort pertinent de rappeler les dégâts des haines et des guerres et
de réaffirmer l'utilité de l'Union, au moment où d'autres grands
blocs s'imposent dans le monde. Il aurait été utile de réveiller
cette mémoire collective européenne en honorant les millions de
victimes de la première guerre mondiale. Las, cela n'a pas été fait.
L'occasion
aurait été belle, aussi, de dénoncer l'imposture et les dangers de
partis tels que le FN en France. Mais les théoriciens de l'Affront
National ont dorénavant leurs entrées dans les grands médias, ce
qui d'ailleurs n'empêche pas les sympathisants de ce parti de cracher dès que
possible sur ces mêmes médias. Quelques exemples : Le Monde
ouvre ses colonnes à une haute autorité intellectuelle frontistes :
un étudiant, qui délaye à loisir les prétendus bienfaits d'une
sortie de l'euro (Le Monde, 15/09/2014). On ne compte plus les tribunes,
interventions, écrits et provocations malsaines de gens comme
Monsieur Zemmour que l'on voit partout et tout le temps :
plateaux de télévision, radios, journaux, étalage de ses essais en
librairie, etc.... On trouve normal que Le Figaro ouvre ses colonnes
aux amis du très poutinophile Chauprade, tels que Monsieur Juvin ((14/07/2014 ; 04/07/2014 ; 17/07/2014 ... Noter que Juvin est l'un des
protagonistes sévissant sur Réalpolitik, site fondé par le frontiste Chauprade). Le même Juvin est très
souvent invité sur France Culture. TF1, quant à elle, n'a rien
trouvé de mieux à faire que d'offrir une tribune politique à
Monsieur Poutine (Lire à ce sujet Antoine Arjakovsky, sur la question des "idiots utiles" du kremlin) !
Bref,
aujourd'hui, dans ce pays qui est l'un des fondateurs de l'UE et qui
fut à la pointe de la défense des valeurs portées par l'UE, il
existe une fâcheuse tendance à banaliser les idées de ceux qui
combattent l'UE, dénigrent ses valeurs, crachent sur les médias
dont ils se servent pourtant, moquent à loisir la liberté
d'information de nos démocraties occidentales, admirent les régimes
les plus fascisants.
Ce
dont nous avons besoin aujourd'hui pour faire face au défi de la
mondialisation (voyez cet exemple de l'alliance entre la Russie et la
Chine pour concurrencer l'A350
) , pour renforcer la sécurité européenne, et pour persévérer
dans la voie de l'Union (qui nous a permis de connaître sept
décennies sans guerre), ce n'est certainement pas de se morfondre,
de s'auto-dénigrer, de se lamenter, de se replier sur nous-mêmes.
Ces comportements sont provoqués par ceux qui s'en alimentent (Des titres comme Le Suicide français de Zemmour , France, suicide d'une nation de R Camus, La France est-elle finie? de Chevènement, Le traité transatlantique et autres menaces d'A de Benoist, etc etc etc sont révélateurs de cet esprit anxiogène. Il en existe des centaines, où il n'est question que de fracture, de déclin, de suicide, de menaces, de fin, de crise, de "non" à tout, de "c'était mieux avant"... ). Ce lavage de cerveau ne peut que desservir
le peuple.
Ce
dont nous avons besoin, c'est d'espoir, de grands projets, de
démarches constructives, de messages optimistes et positifs, d'unité
et de coopération. Bien sûr, cette voie est plus difficile. Il est
toujours très facile de dire « c'est la faute des autres »
ou « c'était mieux avant ». L'Affront National est un
spécialiste pour dénigrer, moquer, délivrer des messages
simplistes, farfelus, et souvent contradictoires.
L'
Europe existe. Elle nous protège face à une mondialisation qui
n'existait pas au siècle dernier. Elle permet aussi de réaliser de
grandes choses.
A
cet égard, Rosetta déposant Philae sur la comète 67P aura montré
ce que l'Europe peut faire ( Voir à ce sujet Rosetta, une
réussite européenne, article du Monde). Rosetta a été conçue grâce à
l'Union des pays européens. Elle a mis 10 ans pour atteindre sa
destination ; à l'heure de l' « l'information en
continue », du zapping, du règne de l'immédiat, de la vitesse
et du court-terme, voilà qui devrait nous faire réfléchir. L'
Union Européenne et le Long Terme ont fait Rosetta. L'ESA peut
devenir l'équivalent européen de la NASA.
Cela
veut-il dire que tout est parfait dans l'actuelle UE ? Non, bien
entendu. L'élargissement a sans doute été trop rapide ; et
l'on en paye aujourd'hui le prix. Mais l'UE ne doit certainement pas
être détruite. Elle doit se transformer pour mieux fonctionner. A
ce titre, le projet Europa (petites vidéos ici et ici) porté par Giscard d'Estaing et quelques
autres, qui n'est pas un projet « de droite ou de gauche »,
nous semble fort pertinent.
Concernant l'occasion manquée d'honorer les morts de la première guerre en faisant naître une conscience européenne, l'article du Monde Le rendez-vous manqué de l'Europe avec le centenaire.
Mémorial de Notre-Dame-de-Lorette
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