samedi 7 février 2015

Aider l'ukraine

Une manifestante, à Maïdan, il y a un an. Reuter-Yannis Behrakis-Le Monde 31 1 2014_4547573_3_29fc_une-jeune-femme-attache-son-casque

Chaque jour qui passe, les milices ukrainiennes prorusses, encadrées sur le terrain par l'armée russe, dépècent un peu plus ce malheureux pays qu’est l’Ukraine. Elles accroissent le pseudo-Etat qu’elles se sont taillé dans l’est du pays. Sauf à se payer de mots, il faut décrire cette réalité pour ce qu’elle est : un pays, la Russie, en agresse un autre, l'Ukraine – par la guerre. Ce n’est pas une guerre froide, c’est une guerre chaude, et qui fait essentiellement des morts parmi les civils. (Le Monde
Ce pays, l'Ukraine, l'un des plus pauvres d'Europe, sans armée, a eu le malheur de vouloir aspirer à quelques valeurs dont se réclame l'UE. Maintes fois depuis l'invasion et le vol de la Crimée par la Russie poutinienne, ce pays a appelé et espéré le soutien de l'UE. Mais qu'a fait l'UE? Rien. Ou si peu. (L'Express , Les Echos)


"Pendant que la Russie livre des armes aux séparatistes ukrainiens, l'Europe livre des gilets pare-balles aux Ukrainiens. Sommes-nous bêtes...", a déclaré avec raison JM Aphatie.


Note. De la même façon que la France est confrontée à des islamistes fanatiques partant faire le jihad en Syrie ou ailleurs, la Lettonie est confrontée à des russophones fanatiques partant combattre dans l'est de l'Ukraine
La Lettonie est confrontée au phénomène des combattants partant pour l’étranger. Mais dans cet Etat balte de deux millions d’habitants, membre de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, il ne s’agit pas de musulmans intégristes partant rejoindre l’Etat islamique, mais de russophones allant grossir les rangs des séparatistes dans l’est de l’Ukraine.
Liés à la mouvance d’extrême droite dite « national-bolchevique »(Le Monde)


L'Europe aurait évidemment dû réagir dès l'invasion de la Crimée, en envoyant des renforts aux troupes ukrainiennes. Elle n'a rien fait en Crimée. Elle n'a rien fait non plus pour soutenir l'armée ukrainienne face à pro-russes sur-équipés par le Kremlin. Poutine, constatant ce qu'il considère comme une faiblesse de l'UE, à savoir la peur de s'engager militairement, n'a aucune raison de cesser ses exactions.   
Sanctions économiques ou pas, et quelle que soit la profondeur de leur impact sur la croissance russe, Vladimir Poutine continue d’armer et financer les forces séparatistes ukrainiennes qui n’existeraient pas sans lui. Plus grave encore, Poutine ment, ment en permanence et à tout le monde.(Libération)

Les actes de la Russie démentent constamment les paroles de Poutine. Quand François Hollande a fait escale à Moscou en rentrant du Kazakhstan, le président russe lui a dit qu’il ne voulait pas annexer le Donbass. François Hollande l’a cru. A l’occasion, Poutine affirme même qu’il veut respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il nie avoir envoyé ses soldats soutenir les séparatistes et, en Russie, fait taire ceux qui dénoncent le retour des cercueils.(Slate)
 
Pour ces raisons, pour défendre ses valeurs, pour ne pas laisser la Russie mener paisiblement ses exactions, pour s'affirmer en tant que puissance crédible, pour que l'Union ne soit pas qu'un mot abstrait, l'Europe doit fournir des armes à l'Ukraine. Sous conditions.
 

Initiative franco-allemande pour une médiation de la dernière chance s'est achevée. 
La proposition de Paris et Berlin garantit « l'intégrité territoriale de l'Ukraine », a assuré de son côté le chef de l'Etat français, avant de prévenir les Russes que le temps était désormais compté et que « l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment ». (Le Monde).
«Le temps presse et il ne sera pas dit que la France et l'Allemagne, ensemble, n'auront pas tout tenté, tout entrepris, pour préserver la paix» Angela Merkel (Le Figaro)  
« Si nous ne parvenons pas à trouver un accord durable de paix, nous connaissons parfaitement le scénario: il a un nom, il s'appelle la guerre» François Hollande (Le Figaro, 07/02/2015)

Et pourtant... alors que plusieurs responsables américains souhaitent une livraison d'armes à l'Ukraine, Angela Merkel a opposé un refus catégorique, samedi. La solution diplomatique doit être privilégiée selon la chancelière.
« Je n'imagine pas une situation où l'armée ukrainienne serait tellement équipée qu'elle impressionnerait la Russie. (...) Militairement, ce conflit ne peut être gagné. C'est dur à dire, mais c'est comme ça. » (Le Monde, 07/02/2015)


Il semble que les dirigeants européens n'aient toujours pas compris que les paroles n'avaient aucun poids sur Poutine. Ce dernier a hélas raison de s'en moquer, puisque celles-ci ne sont jamais suivies d'actes. Si "l'option de la diplomatie ne peut être prolongée indéfiniment", cela signifie que l'option militaire est amenée à prendre la suite. Or, il semble que les mêmes dirigeants qui agitent cette option en reste au stade de l'agitation. 
Cette faiblesse est inquiétante, d'autant plus que Poutine, lui, fait feu tous azimuts, y compris en lançant en Europe de l'ouest une guerre de l'information (Rue89), à coup de millions et de propagande mensongère sur le modèle des médias russes sous contrôle (rappel : la Russie s'est enfoncée dans les profondeurs du classement relatif à la liberté de la presse). 

Note. En ce début d'année 2015, la France et le Danemark ont été touché par des attentats islamistes. En Ukraine aussi, un attentat a eu lieu. Peu d'écho en a été donné. Pourtant, il fut lui aussi meurtrier : 

Une bombe a explosé à Kharkiv, dans l'est du pays. au passage de participants à une marche de recueillement et de commémoration, causant la mort de trois personnes et en blessant une quinzaine d'autres. "Quatre victimes sont encore dans un état grave, rapporte Den, dont un adolescent de 15 ans qui est dans le coma." L'explosion visait une "marche patriotique" alors qu'une partie de l'Ukraine célèbre le première anniversaire de la "révolution de Maïdan" (Courrier international, 23/02/2015)





 



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Donald Tusk est probablement l'un des plus clairs soutiens de l'Ukraine au sein de l'UE. 


La crise financière qui frappe la Russie et fragilise politiquement son président n’a pas fait dévier les Européens de leur objectif : contraindre Vladimir Poutine à un comportement plus coopératif et aider l’Ukraine à recouvrer la souveraineté sur son territoire. Hier à Bruxelles, les Vingt Huit chefs d’Etat et de gouvernement ont maintenu la pression sur Moscou reprenant à leur compte les nouvelles sanctions décidées dans la matinée par leurs ministres des Affaires étrangères qui interdisent les investissements européens en Crimée, « annexée illégalement » en mars dernier.
Donald Tusk qui présidait son premier Conseil européen et avait avoué redouter ce baptême du feu, semblait satisfait à l’issue de la réunion. « Il n’y a pas de perspective à long terme sur l’Ukraine sans une stratégie unie de l’Europe face à la Russie » a-t-il souligné, se félicitant que ses partenaires se soient montrés « unis comme jamais auparavant » . L’ancien premier ministre polonais a été parmi les plus engagés depuis le début de la crise ukrainienne. L’explosion de la crise financière en Russie au début de la semaine a précipité un débat qui se serait imposé tôt ou tard aux Européens. Le matin même à Moscou, le président Poutine avait critiqué la politique « impérialiste » de l’Union européenne . Et un peu plus tard son ministère des Affaires étrangères jugeait « absolument inacceptables » les sanctions décidées par l’Union contre la Crimée.
Ces mesures, qui prendront effet samedi, complètent les interdictions d’import-export décidées en juin avec un gel total des investis­sements dans la province annexée illégalement en mars dernier par Moscou. L’Europe exige en outre des navires sous pavillon européen qu’ils n’utilisent plus le port de Sébastopol. « Bruxelles doit comprendre que la Crimée et Sébastopol sont une partie inaliénable de la Russie », ajoute Moscou dans un communiqué.
Lors du diner consacré à la situation à l’est de l’Ukraine, Donald Tusk a testé l’unité des Européens. Il voulait s’assurer de leur capacité à tenir une position de fermeté sur le long terme. Il y a en effet plus que des nuances au sein des 28 sur la manière d’utiliser les sanctions. Alors que la chancelière allemande, Angela Merkel assure que « l’objectif demeure une Ukraine souveraine et territorialement unie » et que « jusqu’à ce que cet objectif soit atteint(…), les sanctions demeurent, le discours de François Hollande est plus complaisant , évoquant déjà « une désescalade des sanctions si les gestes sont envoyés par la Russie. Faut-il lâcher du lest ? Trop tôt, estime Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, qui a appelé le président russe à un « changement radical  d’attitude » envers le reste du monde pour « adopter un mode coopératif » dans les crises actuelles. Le communiqué final tranche pour l’heure le débat en indiquant que « l’Union européenne maintiendra le cap » et que « le Conseil européen est prêt à prendre des mesures supplémentaires si nécessaires ». Le test grandeur nature de l’unité européenne aura lieu d’ici juin prochain, quand les sanctions devront être ou non renouvelées, à l’unanimité .
Les Vingt-Huit ont eu parallèlement une discussion sur leur soutien politique et financier à l’Ukraine, qui traverse, elle aussi une crise économique majeure. Donald Tusk a demandé aux dirigeants européens d’envoyer un signal fort, indiquant : « Nous sommes prêts à soutenir Kiev y compris financièrement. Une Ukraine moderne, stable et indépendante doit être la base de notre nouvelle stratégie, a-t-il souligné. Federica Mogherini a ajouté : « Il est temps que l’Union concentre ses forces pour faire de l’Ukraine un succès. » Mais cela va coûter cher. Le FMI a proposé un prêt de 17 milliards de dollars, déjà jugé insuffisant. « L’Ukraine aura besoin de 15 milliards de plus » , a prédit le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.



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Reste les Etats-Unis. Peut-être l'aide attendue par l'Ukraine viendra-t-elle non pas de l'UE mais des Etats-Unis.  
"En un mot, la Russie viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, c’est-à-dire les deux principes les plus fondamentaux de l’ordre international de l’après-seconde guerre mondiale", a fort justement déclaré Joe Biden
  

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Rappel sur les événements de 2014, par Ioulia Shukan, Maître de conférence à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense et Chercheur à l'Institut des Sciences Sociales du Politique :

 
Interview du Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, publiée dans Le Nouvel Obs du 29/01/2015

Il y a un an, c’était la révolution de Maïdan, dont vous étiez l’un des leaders. Depuis, il y a eu la guerre, plus de 5.000 morts et l’effondrement de l’économie. Que reste-t-il de l’esprit de Maïdan ?
Arseni Iatseniouk. Le plus précieux : les Ukrainiens qui, pendant un an, se sont battus pour préserver leur indépendance et leur Etat. Ensemble, nous avons réussi à empêcher la Russie de conquérir notre pays.
C’est l’objectif de Poutine ?
- Bien sûr, son but ultime est de mettre la main sur l’Ukraine. Il veut reconstituer l’Union soviétique, sous une forme ou une autre. Les preuves ne manquent pas.
Et que lui répondez-vous ?
- Monsieur Poutine, fichez le camp de l’Ukraine !
Pourquoi ne voulez-vous pas être dans la sphère d’influence de la Russie, votre voisin ?
- Parce que nos deux peuples sont différents. Nous souhaitons aux Russes - non à leurs dirigeants actuels - le meilleur. Mais nous leur disons : "S’il vous plaît, laissez-nous tranquilles. Vous avez vos propres problèmes. Commencez par les régler !" Au lieu de cela, Poutine fait comme les dirigeants de l’URSS : à la moindre difficulté, il dit que c’est la faute des Occidentaux – ou de l’Ukraine.
Revenons à Maïdan. Certains, y compris en France, assurent que la chute de l’ancien président Ianoukovitch qui a conduit à votre arrivée au pouvoir était en réalité un coup d’Etat ?
- Ce sont les Russes qui prétendent cela !
Pas seulement.
- Parlons des faits et non des rumeurs. Ianoukovitch avait promis à d’innombrables reprises que l’Ukraine se rapprocherait de l’Union européenne. Et voilà qu’en décembre 2013, à la surprise générale, il refuse de signer l’accord d’association avec l’UE.
Les gens ont commencé à manifester. La police les a violemment attaqués. Ianoukovitch a décidé de faire protéger son régime par des snipers. Il a fait tirer sur des innocents. Il a franchi un point de non-retour. Pourtant, nous avons cherché une désescalade. Pendant deux jours, fin février, nous, les leaders de l’opposition, avons discuté avec lui en présence de trois ministres européens [dont Laurent Fabius, NDLR]. Et nous avons signé un accord.
Mais, dès le lendemain, Ianoukovitch a refusé de le respecter. A la télévision, il a déclaré qu’il ne ratifierait jamais les amendements de la Constitution prévus dans le texte. Puis il a fui le pays. Le Parlement, dans sa majorité constitutionnelle, a alors voté sa destitution. Comment peut-on appeler cela un coup d’Etat ?
Certains disent que le nouveau pouvoir aurait commis un autre péché originel en proposant tout de suite une loi abolissant le russe comme seconde langue officielle de l’Ukraine.
- Ce sont, là encore, des bêtises. La Constitution ukrainienne, adoptée en 1996, garantit la libre utilisation et la protection de la langue russe. Une chose est vraie : dès la fuite de Ianoukovitch, certaines forces politiques ont fait voter l’abolition d’une loi floue sur les langues des minorités nationales, adoptée sous le précédent régime. Le but était de la remplacer par une autre, plus claire. Mais, comme nous voulions éviter toute tension sur ce sujet, le président intérimaire n’a pas ratifié ce texte controversé. Voilà toute l’affaire, qui n’a duré que quelques heures.
Pourtant, les Russes continuent d’utiliser ce prétexte. Poutine dit qu’il veut protéger les minorités russophones. Je lui réponds ceci : comme la plupart des gens en Ukraine, ma femme et mes enfants parlent russe, mais ils n’ont nul besoin de la protection du Kremlin !
Venons-en à la guerre. En août dernier, votre armée était sur le point de reconquérir les territoires de l’Est occupés par les séparatistes. Pourquoi a-t-elle échoué ?
- Pour une raison simple : les Russes ont envoyé leurs troupes régulières, dotées d’armes lourdes modernes. Tant que nous combattions les bandes de terroristes dirigés par des Russes, nous pouvions l’emporter. Mais c’est très difficile de vaincre l’armée russe.
Cependant, nous l'avons empêchée d’aller plus loin, et de créer un corridor vers la Crimée. D'après ce que je comprends, Poutine voulait même prendre Karkhiv, la deuxième ville du pays, Dnipropetrovsk et Zaporojjia, des cités industrielles.
Dans quel but ?
- Mettre la main sur la partie riche du pays pour le déstabiliser. C’est ce qu’il a fait en Géorgie et en Moldavie. Il n’y a pas de raison qu’il s’arrête. C’est pourquoi je dis à la France et à l’Europe : nous nous battons pour notre indépendance, mais aussi pour la sécurité de toute l’Europe.
Pour Poutine, l’Ukraine est le champ de bataille principal de son combat contre l’Occident. Pour que ses sondages de popularité soient bons, Poutine ne voit qu’une seule possibilité : jouer avec l’ultranationalisme russe. Quand on commence dans cette voie, il n’y a pas d’autre issue que la fuite en avant.
Vers où ?
- Il envisage probablement d’aller jusqu'à Lvov [capitale de l’Ouest, NDLR].
Mais il ne menace pas directement l’UE ?
- Qui sait ? Son objectif est peut-être aussi de foncer jusqu'à Tallinn, voire Lisbonne ? Je ne veux ni exagérer ni faire peur. Mais regardons les faits : Poutine a envahi l’Ukraine et maintenant il envoie ses bombardiers à vos frontières. Qui peut dire quel sera son prochain coup ?
Les dirigeants européens pensent qu’il n’y a pas de solution militaire à votre conflit avec la Russie. Et vous ?
- La solution militaire n’est évidemment pas la meilleure. Personne ne veut d’une troisième guerre mondiale. La perspective de combattre l’armée russe, qui est dotée d’armes nucléaires, n’est pas très réjouissante…
Vous croyez vraiment que Poutine pourrait utiliser une bombe atomique contre vous ?
- Qui sait ? Il y a deux ans, personne ne pensait qu’il allait envahir l’Ukraine.
Pourquoi avoir décidé, la semaine dernière, une mobilisation des réservistes. Allez-vous tenter de reprendre les territoires de l’Est ?
- Cette mobilisation est notre seule chance de dissuader la Russie. Nous avons besoin de force pour arrêter l’invasion. Le but n’est pas offensif, mais défensif. Nous devons renforcer notre armée pour empêcher les terroristes dirigés par la Russie de continuer d’accroître l’étendue des territoires qu’ils contrôlent. Ensuite, nous devons tout faire pour pousser les Russes à respecter le protocole visant à mettre fin à la guerre qu’ils ont signé le 5 septembre à Minsk, mais jamais respecté.
Vous-mêmes n’en avez pas respecté tous les points.
- Si. Le président a ordonné un cessez-le-feu. Nous avons passé une loi accordant un statut spécial pour Donetsk et Lougansk, une loi sur l’amnistie…
Vous n’avez pas retiré vos armes lourdes à 15 kilomètres de la ligne de contact, comme cela a été stipulé par la suite.
- Mais pourquoi aurions-nous pris ce risque quand la Russie, elle, n’a rempli aucun des engagements de Minsk ? Pire, elle a continué à bombarder l’armée ukrainienne et à avancer !
Des pays de l’UE vous livrent des équipements militaires non létaux comme des gilets pare-balles. Leur avez-vous demandé aussi des armes ?
- Pour protéger notre pays, nous avons sollicité toute l’aide possible, létale et non létale. Je peux vous dire seulement ceci : l’Ukraine n’a pas reçu d’armes lourdes de qui que ce soit.
Certains disent qu’il y n’aura pas d’accord avec les Russes si vous ne renoncez pas définitivement à la Crimée.
- Ce serait inacceptable. La Crimée fait – et fera toujours partie – de l’Ukraine. En l’annexant, Poutine a commis un crime contre la loi internationale.
Je sais que la question de la Crimée ne peut pas être réglée aujourd'hui et ne pourra pas l’être dès demain. Mais le jour viendra où l’Ukraine recouvrira le contrôle de tout son territoire, y compris la Crimée.
Si, par la suite, quelqu’un y veut un référendum dans le cadre de la Constitution ukrainienne, on pourra l’organiser. Mais comme en Ecosse, pas comme les Russes l’ont fait.
La presse russe dit que vous avez arrêté de payer les pensions des retraités qui vivent dans les territoires contrôlés par les séparatistes. Est-ce vrai ?
- C’est de la pure propagande ! La vérité est la suivante. Nous estimons que dans ces territoires vivaient 1,2 million de personnes ; 850.000 ont quitté les lieux et sont désormais enregistrées comme personnes déplacées. Depuis, elles touchent toutes les aides sociales, y compris les retraites.
Et les 350.000 qui sont restées ?
- Nous avons tout essayé pour qu’elles reçoivent leur argent, mais c’est impossible. Comme toutes les banques ont fermé, nous avons envoyé là-bas des distributeurs automatiques. Seulement voilà : 99 ont été attaqués et dévalisés !
Nous n’abandonnons personne. Nous essayons d’envoyer de l’aide humanitaire. Surtout nous continuons à fournir de l’électricité et du gaz dans ces territoires occupés. Et cet hiver cela nous coûte 1 milliard de dollars. Poutine le sait. Il agit comme un vampire. Il suce tout notre sang.
Certains en France estiment que, pour sortir de la crise actuelle, l’Ukraine devrait accepter le même statut que la Finlande durant la guerre froide et renoncer à intégrer l'Otan. Pourquoi refusez-vous ?
- Nous comprenons que l'Otan n’est pas encore prête à accepter l’Ukraine, mais quelle autre option avons-nous à terme ? La neutralité signifierait que l’Ukraine deviendrait de fait une filiale du bloc militaire russe.
En 2008, les pays de l’Otan ont refusé que la Géorgie et l’Ukraine démarrent le processus d’adhésion à l’organisation. Ils ont commis une grave erreur. Cette décision a laissé à Poutine les mains libres. Quelques mois après, il a envahi la Géorgie. Comme le monde a digéré la chose sans problème, il s’est dit qu’il pouvait aller plus loin, même si juste après sa guerre contre la Géorgie il assurait à une télévision allemande qu’il n’envahirait jamais la Crimée…
D'après les sondages, les Ukrainiens ne sont-ils pas majoritairement hostiles à une intégration dans l'Otan ?
- Non, c’était le cas avant l’agression russe, plus maintenant. Le peuple veut rejoindre l’Otan, et c’est notre objectif à long terme. En 2008, l’organisation a dit qu’elle ne nous fermait pas complètement la porte, que nous avions "vocation" à la rejoindre un jour. C’est pourquoi nous venons d’abolir la loi stipulant que l’Ukraine refusait d’appartenir à tout bloc militaire.
Nous devrons faire en sorte que notre armée respecte les critères de l'Otan, puis organiser un référendum. Nous pourrons alors redemander notre adhésion à l’Otan.
Récemment le président Porochenko a demandé 15 milliards de dollars à la communauté internationale. Pourquoi ce nouvel appel à l’aide ?
-L'année dernière, nous avons réussi à survivre. Nous avons reçu 9 milliards de dollars d’aide du FMI et d’autres institutions et remboursé… 14 milliards. Cette année, nous souhaitons stabiliser la situation. Mais tout dépend de la guerre.
Beaucoup trouvent que les réformes dans votre pays sont trop lentes.
- Pas tout le monde. L’administration américaine vient de nous accorder une garantie de crédit de 2 milliards de dollars. Pour justifier cette décision, elle a expliqué que le gouvernement ukrainien avait engagé de grandes réformes. Nous avons voté trois plans d’austérité, limité la corruption dans le secteur du gaz…
L’invasion russe nous a fait perdre 20% de notre économie et pourtant, pendant cette année, nous avons réussi à collecter 5% d’impôts supplémentaires ! Nous devons continuer d’avancer. C’est pourquoi nous demandons à nos partenaires européens de nous prêter de l’argent.
Beaucoup disent que vous ne faites pas grand-chose pour réduire le pouvoir démesuré des oligarques, en particulier l’un des plus puissants d’entre eux, Kolomoisky, dont on vous dit proche…
- C’est une autre fable. Nous avons sensiblement diminué le pouvoir des oligarques. A propos de M. Kolomoisky, qui est le principal actionnaire d’une compagnie gazière, mon gouvernement a obtenu qu’il paye 1,7 milliard de hrivnas [environ 85 millions d’euros, NDLR] de dividendes à l’Etat. Ce n’est pas facile. Des tycoons contrôlent toujours les médias. J'ai augmenté les impôts de certains. C’est pourquoi le gouvernement est violemment attaqué par des chaînes de télévision.
Pourquoi avoir nommé dans votre gouvernement des étrangers, dont deux Géorgiens ?
- Ils ont l'expérience de réformes rapides et réussies, et ils ont adopté la nationalité ukrainienne.
Depuis un an, vous êtes allé à Washington, à Berlin… Pourquoi pas à Paris ?
- Je serai heureux de m’y rendre… si on m’y invite.
Propos recueillis par Vincent Jauvert (Le Nouvel Observateur)




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A lire :
Tribune : Pour un soutien durable à l'Ukraine (La Croix)




En attendant la mise en oeuvre des grands projets envisagés, tel qu'un "Plan Marshall pour sauver l'Ukraine" (Le Point), que peut-on faire, concrètement et à titre individuel ?

Liste des initiatives (répertoriées par Scythica) :

Aide Médicale & Caritative France-Ukraine : site

  • Cette belle association s’implique depuis l’hiver dernier dans différentes actions d’aide médicale, de la collecte de fonds, médicaments et matériel médical à l’accompagnement de médecins français en Ukraine ou de blessés ukrainiens en France. Nous parlions d’AMC France-Ukraine dans un article sur la chirurgie réparatrice de pointe.

France Ukraine Solidarité

  • Une ONG spécialisée dans des micro-projets destinés avant tout aux volontaires du front. Matériel de communication, protections diverses et vêtements. Travaille en collaboration directe avec le terrain. Très efficace, le tout doublé d’une page facebook et d’un site d’infos traitant de l’actualité en Ukraine.

Une ambulance pour l’Ukraine !

  • Un projet ponctuel lancé par une sympathique équipe d’étudiants. Comme son nom l’indique, le but est d’acheter une ambulance pour l’Ukraine grâce à la participation financière des internautes. La page est très bien faite et l’association AMC France-Ukraine apporte sa caution à l’action. La page est ici.

Page spéciale « HELP UKRAINE » d’Euromaidan Press

  • Les initiatives d’aide à l’Ukraine à travers le monde. Actualité, événements, etc. Euromaidan Press est un magazine essentiellement composé d’articles ukrainiens traduits en anglais. La liste des initiatives est surprenante, on entre par .
http://euromaidanpress.com/2014/07/26/help-the-ukrainian-army-by-donating-to-the-support-the-army-of-ukraine-euroarmymaydan-initiative/

Aider l'Ukraine c'est aussi aider l'économie ukrainienne, y compris l'artisanat et les petites entreprises. Un bon moyen de se démarquer et de lancer une mode "Made in Ukraine" surtout si vous êtes à Paris, capitale de la mode dit-on :  https://www.facebook.com/ukropstyle


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L'accord d'association entre l'Ukraine et l'UE
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Après la ratification de l'accord par l'UE : http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20140915IPR62504/html/Le-Parlement-europ%C3%A9en-ratifie-l%27accord-d%27association-entre-l%27UE-et-l%27Ukraine

Les parlementaires français ratifient à leur tour l'accord :
http://www.huffingtonpost.fr/anna-dolya/france-ratification-accord-association-ukraine-union-europeenne_b_7670620.html


http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2015/06/pe-russie-resolution-mer-noire/index.html
http://www.europaforum.public.lu/fr/actualites/2015/06/pe-russie-resolution/index.html


http://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r2890.asp
http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0553.asp

http://www.assemblee.mobi/14/cri/html/20150269.asp#P560315

http://www.nosdeputes.fr/14/dossier/13283





 
Toujours avoir l'esprit que :
- Poutine a volé la Crimée
- Poutine a voulu et organisé le conflit dans l'est de l'Ukraine (conflit qui n'aurait jamais existé sans l'envoi d'agents, d'armes, de militaires russes)
- les forces dites "séparatistes" sont des pantins dont les fils sont tirés par Moscou
- Dans le Donbass, même avec l'intervention russe, la situation aurait été stabilisée depuis bien longtemps (rappelons nous que l'armée ukrainienne avait repris toutes les villes contrôlées par les "séparatistes") sans l'envoi des camions blancs russes, cheval de Troie appelé "aide humanitaire" par la propagande russe



Aider l'Ukraine, c'est aussi voyager dans ce pays (très facile pour les européens, puisque le visa n'est plus nécessaire), s'intéresser à la culture et aux artistes originaires de ce pays (assister aux concerts en France,...) :






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UKRAINE ACTION
Une révolution citoyenne : Le Maidan
Tout le monde connait la révolution qui s’est déroulée en Ukraine sous le nom d’ Euromaidan, et qui qui a abouti au renversement du dictateur ukrainien V.Yanoukovitch en 2014.
Cette révolution citoyenne fut possible, grâce à l’existence d’une société civile en Ukraine. Des associations, tel que l’association des étudiants et des ONG (Organisation Non Gouvernementale) ont pris l’initiative d’organiser des manifestations contre le gouvernement, lorsque le premier ministre Mykola Azarov a annoncé le refus de l’Ukraine de signer le traité de partenariat européen fin novembre 2013.
Ce n’est donc pas les partis politiques de l’opposition qui ont fait la révolution ukrainienne nommé Euromaidan. Ce fut une révolution citoyenne, qui s’est déroulée en Ukraine, et contrairement à ce que disait le dictateur russe V. Poutine, ce n’est pas « un coup d’état d’une junte fasciste ».
Dans différents pays d’Europe on assiste à ce réveil citoyen, y compris en Russie, qui certes, pour le moment est très minoritaire. Des pays tel que la Grèce, l’Espagne, la Lituanie possèdent des mouvements citoyens qui constituent une alternative au pouvoir en place. Effectivement, il ne s’agit pas de dire que ces pays ont une dictature comme l’avait été l’Ukraine, et justement des mouvements citoyens ont pleinement leur rôle à jouer les dans les pays démocratiques.
Le problème fondamental des démocraties traditionnelles, c’est le fait qu’elles fonctionnent par représentation. Certes dans le passé, internet et les réseaux sociaux n’existaient pas. Les citoyens de pays démocratiques étaient obligés de passer par des représentants ou des représentations. Des représentants certes élus démocratiquement, mais ne donnant pas la possibilité au citoyen d’un pays de s’exprimer directement.
Grâce aux nouveaux moyens de communication c’est devenu possible. Dans la révolution de l’Euromaidan, ces moyens de communications sont le smartphone, internet et skype. L’information fut amplifiée et brisa ainsi le mur de silence, dans le passé ce silence a tant servit aux dictatures pour écraser les mouvements révolutionnaires. Les gens s’organisant non en partis politiques traditionnels, mais en forums, ont influées directement sur le cours des événements politiques en Ukraine.
Un avantage des forums sur les partis politiques, c’est qu’ils évitent toutes sortes de « caporalisation ».Dans nos démocraties occidentales, souvent les partis politiques « caporalisent » leurs députés au parlement, qui sont censés de représenter le peuple…Cela sert les gouvernants, qui dans le parlement disposent une majorité qui leur est dévouée, transformant ainsi des élus du peuple que sont les députés, en des « godillots ou « apparatchiks »… car votant non selon leur conscience… mais selon les directives des partis auxquelles ils appartiennent. Ces partis constituant un relais de transmission du pouvoir en place.
Les forums citoyens dont le Maidan en Ukraine fut une excellente illustration,il a brisé et combattu ce genre de choses. Aussi, il n’est pas étonnant qu’en Grèce des députés de Siriza ont pu voter contre le gouvernement issu de leur rang, ce qui démontre que les mouvements populaires constituent le véritable levier de l’aspiration d’un peuple. Il est donc important que la société civile existe dans chaque pays, elle est un gage de la démocratie, et notamment dans les pays du continent européen.
https://www.facebook.com/ukraine.action/posts/1687849374777050
Géorgie, Tchétchénie, Transnistrie, Tentatives dans les pays baltes, en France, en Hongrie,
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/08/12/la-georgie-accuse-la-russie-de-deplacer-la-frontiere-en-ossetie-du-sud_4721484_3214.html


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>>> JUIL2017. Washington envisage de livrer des armes à l’Ukraine Lemonde 



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