mercredi 1 avril 2015

Identité-s

Lettonie
>>> MAI2020 Autour du 8 Mai 1945 en Lettonie
(...) On notera au passage que, pour les Russes, la deuxième guerre mondiale n’a commencé que le 22 Juin 1941, au déclenchement de l’opération Barbarossa par les Allemands. Car, auparavant, depuis le pacte Molotov – Ribbentrop du 23 Août 1939, les soviétiques et les nazis étaient alliés. L’attaque de la Pologne le 17 Septembre 1939, le massacre de Katyn au printemps 1940 et l’occupation des Pays baltes à partir du 17 Juin 1940 ne sont donc apparemment que des « points de détail de l’histoire ».  (...)
Le 8 Mai 1945 représente donc pour les Lettons une nouvelle occupation qui ne cessera qu’en Août 1991. Comme en Lituanie, mais à un degré moindre, se constituera un mouvement de résistance, les Frères de la Forêt. Mais, non coordonné, sans aide extérieure, le mouvement disparaîtra au début des années 1950. Le 25 Mars 1949, les autorités d’occupation déporteront 13 000 familles de paysans réfractaires à la collectivisation. En 1959, le « bon » M. Nikita Khrouchtchev entreprend une politique de russification et le Letton perd son statut officiel.
Après 50 années d’occupation, dont 47 ans par les Russes, on doit donc comprendre que les Lettons puissent voir d’un œil réprobateur le rassemblement annuel le 9 Mai de milliers de russophones dans le Parc de la Victoire.
Gilles

Hongrie
>>> JUIN2020 100 ans après Trianon, la blessure toujours vive des Hongrois
À l’occasion du centenaire du traité de Trianon, signé à Versailles le 4 juin 1920, les Hongrois pleurent la perte de 71 % de la surface de leur ancien royaume. À cette occasion, le premier ministre Viktor Orban a promis des commémorations « grandioses et tragiques » des régions perdues. LaCroix

Figure européenne. Beethoven
>>> Beethoven, un héros pour tous les temps
L’année 2020 marque les 250 ans de la naissance du compositeur. Homme des Lumières mais soumis aux hiérarchies sociales, esprit rebelle mais dévot, Beethoven a laissé une musique que revendiquent autant les humanistes que les tyrans. De cet héritage riche et complexe, à nous de ne garder que ce qui nous élève, invite la romancière allemande Thea Dorn. CI



Quelle identité européenne promouvoir ?

14 juillet 2019 : un 14 juillet européen


Plus de 4000 soldats défileront ce dimanche sous le signe de la coopération militaire européenne. Les dix pays membres de l’Initiative européenne d’intervention, créée en 2018 selon la volonté d’Emmanuel Macron, ouvriront la marche sur les Champs-Élysées.



>>> Jérôme Fourquet: «Ce 14 Juillet a été un précipité des fractures françaises»
ENTRETIEN - Casse de certains «gilets jaunes», violences d’une partie des supporteurs algériens… L’auteur de L’Archipel français analyse l’érosion des grandes mythologies fédératrices, du baccalauréat au Tour de France. Lefigaro

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30 avril 1863, Camerone

>>> Contes de la Légion étrangère

Aujourd’hui, partout où ils se trouvent, les hommes de la Légion étrangère fêtent la bataille de Camerone, qui eut lieu le 30 avril 1863 au Mexique et où soixante-deux soldats résistèrent jusqu’à la mort à l’assaut de deux mille soldats mexicains. Un monument s’élève à cet endroit, et le « récit de Camerone » dit que dans toutes les garnisons, en ce moment, un officier dit par cœur devant la troupe rassemblée, « en passant devant ce monument, l’armée mexicaine présente les armes ».

Le sens de ce sacrifice n’est pas immédiatement perceptible. Il ne s’agissait pas de prendre une crête ou de tenir un point stratégique, simplement d’acheminer une fraction de la solde mensuelle. Les hommes composant le détachement avaient été groupés un peu par hasard. L’officier qui les commandait, Danjou, dont chaque année le 30 avril un ancien légionnaire choisi parmi les plus héroïques conduit la main de bois en procession jusqu’au monument aux morts d’Aubagne, la célèbre « boule » rapportée de Sidi Bel Abbès, n’était pas un fier-à-bras, seulement un simple officier d’administration. Mais la mission avait été donnée, si banale fût-elle, et, dit le code d’honneur, « la mission est sacrée, et tu l’exécutes à tout prix, si nécessaire au péril de ta vie ».

Célébrant la mission, les légionnaires se confirment dans leur choix. Mais quel est ce choix ? Il en est autant que de légionnaires. Il y a quelques années encore, ils signaient leur contrat dans la salle d’honneur du 1er étranger. On voyait aux murs les portraits de leurs prédécesseurs les plus illustres, Nicolas de Staël, Cole Porter, Hans Hartung, Blaise Cendrars, le prince Aage de Danemark. On n’y voyait pas les images des centaines de milliers d’hommes qui étaient venus là-bas, comme dit une chanson de la Légion « chercher l’oubli ». Une étonnante photographie prise au Fort Saint-Jean en 1947 montre la moitié des candidats à l’engagement cachant leur visage dans leurs mains. En 1991, au Cambodge, je lisais Valéry Larbaud près du feu. Un légionnaire de la garde descendante s’est arrêté près de moi. Il m’a demandé ce que je lisais puis, après un long silence, il m’a récité la dernière phrase de Fermina Marquez. À la Légion, on n’interroge personne sur sa vie d’avant, et je suis resté silencieux. Alors il a dit : « Je vais répondre à la question que vous ne posez pas. J’étais professeur de lettres, j’avais une femme et des enfants. Je fais partie de ceux qui un jour sont descendus acheter des cigarettes au tabac du coin et qui ne sont jamais revenus. »

Dans notre société qui ne connaît pas plus le pardon que l’oubli, et dans un monde déchiré par les guerres et le malheur, la Légion reste pour beaucoup l’ultime refuge. On peut s’y refaire une autre vie. C’est pourquoi, alors même que ses cadres se proposent de réaliser l’idéal d’une troupe française dans sa puissante banalité, elle est, aussi, beaucoup plus que l’armée. Je crois que chaque année, en regardant passer sur les Champs-Élysées « les hommes sans nom », les Français ne s’y trompent pas.

Hier un jeune homme venu de Bakhtiar, Afghanistan, s’est présenté au fort de Nogent. Je l’appellerai Hachem. Il était venu dans notre association pour les réfugiés parce qu’il avait entendu dire que plusieurs d’entre nous connaissaient la Légion étrangère. La fondatrice de notre association, qui connaît en effet la Légion mieux que personne, l’a reçu, et comme il est d’usage, a entrepris de le décourager. C’est un dur métier. Il faut dire oui à tout jusqu’à ce que, après bien des années, on puisse enfin dire non. Il faut se taire et obéir. Il faut parfois creuser « d’ici jusqu’à minuit ». Il la regardait d’un beau regard vert et tranquille et a répondu simplement : « J’y suis prêt », et tous ceux qui étaient là se sont pris à l’aimer. Alors elle lui a demandé pourquoi il voulait tant s’engager et il a répondu : « Dehors, c’est trop difficile. » Par dehors, il ne voulait pas dire « dans la rue ». Il s’en fichait. Il avait dormi dans la rue et n’en avait pas souffert. Il voulait dire « dehors, hors de la Légion étrangère, là où il n’y a pas d’ordre, pas d’amitié, pas d’autorité, pas de dévouement. Dehors, là où on ne sait jamais ce que vaut un homme ».

Dans la mesure même où la Légion étrangère, ce « monastère des incroyants », est un asile, ces mots tout simples que Hachem a prononcés ce matin portent sur notre société inamicale et cynique une forme de condamnation. Et chaque année à Camerone, c’est cela auquel les légionnaires pensent avec une émotion retenue. Ils se souviennent de ce qu’ils ont espéré en franchissant la porte, en prononçant la phrase rituelle, « je désire m’engager à la Légion étrangère ». De leur désir d’oubli et d’amitié, de leur recherche, fût-ce au prix des épreuves les plus dures, de cette liberté intérieure qu’on ne trouve que dans l’ordre. Vive la Légion étrangère.

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On aimerait célébrer une victoire de l'UE. Problème : l'UE est une limace, qui se couche devant les puissants. L'UE aurait pu mener le combat contre l'annexion de la Crimée. Elle aurait pu soutenir militairement l'Ukraine. Mais l'UE a peur. Pas de combat, pas de victoire. Alors quoi ? A quoi ça rime le "jour de l'Europe" ? Eh bien, ça rime à pas grand chose. Et peu de monde le fête. J'ai remarqué que l'Europe était surtout célébrée par des activistes impliqués dans diverses associations, plus ou moins subventionnées, mais très peu par le "grand public". Et ce n'est guère étonnant.






18 mars 2019 (culture)
>>> Et si la culture réenchantait l'Europe ?
(...) ce qui rassemble les Européens depuis trente siècles, sur le plan historique et culturel, est immense. La civilisation européenne – produit d'une rencontre fructueuse entre Jérusalem, Athènes et Rome – existait bien avant la naissance même des nations.
(...) dès 1957, une ambiguïté fondatrice pèse sur la construction européenne. Comme l'a dit Luuk Van Middelaar, il y a ceux qui y voient d'abord un «projet de paix et de prospérité» et les autres, pour qui c'est surtout un «projet de puissance». Le premier implique que les ressortissants nationaux deviennent des citoyens du monde ou de simples consommateurs. Le second suppose au contraire des Européens engagés, et fiers de leur identité. Or c'est surtout la première vision, libérale, qui imprègne... (Bibliobs)

29 janvier 2019 (christianisme)
>>> Comment le christianisme peut encore irriguer la construction européenne.
Le département « Politique et religions » du Collège des Bernardins présente mardi 29 janvier « dix propositions pour un avenir personnaliste de la civilisation européenne », en partenariat avec La Croix.
Dix propositions pour l’Europe
1. Donner un enseignement de l’histoire européenne dès l’école primaire partout en Europe.
2. Créer des universités européennes fondées sur un enseignement transdisciplinaire.
3. Inventer un nouveau personnalisme législatif.
4. Promouvoir un droit personnaliste dans les médias.
5. Approfondir le modèle européen de l’économie sociale de marché en s’appuyant sur une redéfinition des entreprises.
6. Définir les niveaux de conscience pour mettre en œuvre une politique culturelle européenne.
7. Développer un humanisme numérique capable de protéger les personnes.
8. Bâtir une politique européenne de construction de la paix et de souveraineté partagée.
9. Établir une politique migratoire associant l’exigence de coopération avec celle d’hospitalité.
10. Imaginer une politique énergétique écologique reposant sur un pacte social européen.




Novembre 2017
La poussée du national-populisme en Europe est révélatrice du malaise identitaire ambiant. Mais la vision identitaire qu'il propose ne se réfère qu'à l'histoire et à l'héritage. Son discours, simple, oppose un passé glorieux [parfois fantasmé] à un présent forcément décadent (cf mon billet sur le "déclinisme", ici ou ici).   Face à ces mouvements dangereux pour l'Europe, il convient de faire valoir une vision de l'Union européenne fière d'elle-même, de son héritage, et plus encore de son action et des valeurs politiques qui la singularisent. Seule une Europe qui assume ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas parviendra à faire émerger une conscience européenne.


1. Combattre ses ennemis
La difficulté de l'UE à faire naître une identité collective vient de ce qu'elle peine à se définir et à clarifier ses objectifs depuis que la fin de la Guerre froide l'a privée d'un ennemi commun – l'URSS- contre lequel elle avait bâti sa destinée. 
Pourtant, aujourd'hui, cet ennemi renaît, avec les rêves d'URSS 2.0 de Poutine... et les crimes qui vont avec. L'ennemi est même double (voire triple), puisqu' outre Poutine à l'est, les islamistes et les filières de passeurs de migrants au sud mettent l'Union en danger.

2. Définir ses frontières
Pour recréer une communauté de destin l'Union européenne doit impérativement avoir une identité géographique . Cela suppose de redonner du sens aux notions de territoire européen et de frontières.
L'Europe est délimitée au sud par la Méditerranée et à l'est par l'Oural, ce qui exclut la Turquie dont 3% du territoire se situe en Europe et dont la capitale, Ankara, se situe sur le continent asiatique.
Toutefois, l'identité géographique ne suffit pas à faire de l'Europe une véritable communauté politique. Car une telle communauté ne peut se constituer sans un projet « transcendant » reposant sur des valeurs culturelles et politiques assumées.

3. Affirmer ses racines culturelles et religieuses
Les propos du Président Jacques Chirac en 2003 ont participé au brouillage des repères collectifs. Il soutenait que « les racines de l'Europe sont autant musulmanes que chrétiennes ». L'année suivante, il refusait au nom de la laïcité de voir figurer la référence aux racines chrétiennes de l'Europe dans le préambule de la Constitution européenne.
Il est urgent de valoriser « l'Europe des clochers » (selon l'expression de Laurent Wauquiez), qui trouve sa source dans « l'hellénisme, la romanité et surtout le christianisme ».
Robert Schuman, l'un des pères fondateurs de l'Europe, décrivait d'ailleurs l'idéal européen comme un projet démocratique d'origine chrétienne puisque c'est « le christianisme [qui] a enseigné l'égalité de nature de tous les hommes, enfants d'un même Dieu, rachetés par le même Christ ». Ce projet européen impose d'emblée une stricte séparation des pouvoirs, distinguant clairement « le domaine de César et celui de Dieu », au point de considérer que l'intrusion de la religion dans l'espace public est contraire au projet européen d'origine.

5. S'identifier à des valeurs et à une communauté de droit
Les valeurs définies par le Traité sur l'Union européenne évoquent « l'attachement aux principes de la liberté, de la démocratie et le respect des droits de l'homme, des libertés fondamentales et de l'Etat de droit ».
L'identité européenne est aussi le fruit d'une construction. Cette construction renvoie à des processus d'identification à une communauté de droit.

6. Dépasser la nation sans l'effacer
L'Europe rassemble les identités nationales, mais ne doit pas les menacer. Là encore, il s'agit de renouer avec le projet européen initial formulé par Robert Schuman qui entendait dépasser la nation « non pour la diminuer et l'absorber, mais pour lui conférer un champ d'action plus large et plus élevé »

7. Protéger
Le projet européen doit apparaître comme protecteur et source de réalisations concrètes dans un monde où désormais la taille influe sur la puissance. L'Union européenne doit se penser en puissance capable de résoudre les grandes questions internationales. Il semble indispensable de construire une armée européenne et une diplomatie européenne.


Billet grandement inspiré d'une publication de Magali Balent, « Le malaise identitaire en Europe : comment répondre au défi lancé par le national-populisme ? », publié sur le site de lFondation Robert Schuman (Question d'Europe n°205 du 16 mai 2011)



8. L'esthétique
>>> NOV2017. Comment rendre l’Union Européenne glamour ? Euractiv





ELEMENTS DE DEBAT

>>> MAI2014. Qu'est-ce que l'identité européenne ? Polémique. Depuis la crise de 2008, jamais l'Europe ne s'est autant interrogée sur son identité. Le débat traverse tous les Etats membres et les forces politiques.
Depuis la crise de 2008, jamais l'Europe ne s'est autant interrogée sur son identité. A deux semaines des élections européennes, du 22 au 25mai, le débat traverse tous les Etats membres et les forces politiques. Besoin d'Europe, dit-on, mais laquelle ? Celle du souverainisme ou du fédéralisme ? Celle des nations d'origine chrétienne ou celle de la diversité des cultures ? LeMonde













Ne laissons pas sombrer notre idéal 
"Nous avons une obligation historique : protéger par tous les moyens le processus d’unification européenne entrepris par nos pères après des siècles de haine et de sang versé" (Angela Merkel).



Outre le manque de vision des responsables politiques, l’un des aspects les plus déprimants des dernières catastrophes européennes est l'indifférence des citoyens pour les événements récents. Bien sûr, ils s'inquiètent des revers économiques et sociaux qui pourraient les toucher, mais rien n'indique que l'Europe représente pour eux plus qu'une monnaie en péril.
Si quelques uns se demandent ce que signifierait la fin de l'euro, personne ne semble se préoccuper des conséquences en termes de civilisation de la fin du rêve européen, la véritable catastrophe qui nous attend si aucune solution n'est trouvée.
Le syndrome du Titanic fait déjà des ravages et la peur réveille les nationalismes les plus féroces. Moins les journaux qui rapportent le mécontentement sont sérieux, plus les attaques sont graves. Et le pire, c'est que les citoyens, par contagion ou de leur propre initiative, commencent déjà à se tirer dans les pattes.
La véritable origine de la dérive actuelle est l'étroitesse d'esprit qui caractérise la construction européenne depuis les années 1950. Tout n'est certes pas à jeter, l'Europe a quelques beaux succès à son actif, comme la suppression des frontières et la mise en place d’une monnaie commune, mais il a toujours manqué l'audace et la créativité nécessaires pour concevoir un scénario véritablement enthousiasmant.

L'Europe est restée une puissance vaincue

D'un point de vue économique, l'Europe a retrouvé la prospérité après la Seconde  guerre mondiale, mais culturellement, elle est restée une puissance vaincue, destituée de son hégémonie passée.
Max Ernst a merveilleusement peint la défaite européenne dans L'Europe après la pluie. Avec les années, l’Europe s’est rétablie matériellement mais pas mentalement. Ainsi, le paysage désolé peint par Ernst a pris un nouveau sens pendant le demi-siècle de guerre froide et de la domination américaine, pendant laquelle les Européens se sont peu à peu enfoncés dans une acculturation qui leur a fait perdre presque toute leur identité.
La construction européenne fait plus appel à l’estomac qu’à la conscience. Il est vrai que dans les premiers temps, il y avait encore de grands hommes d'Etat. Quand ils ont commencé à se faire rares, la fragilité culturelle du projet européen est devenue évidente.
Les progrès en matière de communication et d'échanges commerciaux n'ont pas entraîné de véritable consolidation de l’idée européenne future : les Européens ont commencé à voyager d'un point à l'autre du continent, y compris les étudiants qui naviguent entre les universités les plus éloignées, mais, paradoxalement, ce dynamisme n'a pas fourni les bases d’une architecture solide abritant un sentiment d’unité.

Nous ne nous sommes jamais sentis Européens

Les Européens étaient qualifiés d’européens en Amérique et en Asie, mais nous ne nous sommes jamais sentis Européens, malgré l’ampleur massive prise par les institutions de Bruxelles et de Strasbourg. En dépit d’un passé commun, notre présent était brumeux et notre avenir incertain.
C’est le défi posé par l’adoption de la Constitution européenne qui a révélé cet échec. Ce texte devait entériner une nouvelle renaissance de l’Europe – après les empires romain et carolingien – mais, il est en fait devenu la énième manifestation d’une bureaucratie enracinée incapable de rallier l’enthousiasme des Européens.
La Constitution européenne s’est avérée un document stérile qui n’a pas su saisir le patrimoine spirituel et moral du continent, et n’avait aucune chance d’emporter l’adhésion active des citoyens.
Malgré tout, il n’y aurait rien de pire pour le monde que l’effondrement du projet européen, au moins du point de vue de la liberté. L’Europe a encore le temps de l’explication, et surtout de l’expliquer à elle-même.
En tant que citoyen européen, j’aurais aimé que, dans le cadre d’un exercice radical d’autocritique, la Magna Carta européenne n’ignore pas notre passé colonialiste et spoliateur. De la même manière, ce texte était l’occasion de rappeler au monde la contribution de l’humanisme et des Lumières, philosophies européennes s’il en est, à la liberté individuelle et à la démocratie collective.

Remplacer les marchés par la démocratie

C’était le moment et il n’est pas trop tard. Dans l’œil du cyclone de la supposée “crise mondiale”, la seule voie possible pour l’Europe est de déplacer son centre de gravité et remplacer l’omniprésent marché par la démocratie. A l’issue de ce processus fondamentalement culturel, l’Europe pourrait retrouver sa force et une partie de son amour-propre égaré.
Au contraire, la dissolution définitive du projet européen laisserait le champ libre à des solutions totalitaires qui jouissent d’un prestige, historiquement inattendues, d’antidotes efficaces face à la crise. Pour Poutine, le Parti communiste chinois ou les cheiks arabes, la liberté est un obstacle à la bonne santé du marché.
Voilà précisément la position que doit éviter l’Europe, si elle veut être fidèle à la meilleure version d’elle-même. En tant que patrie historique de la démocratie, sa vitalité dépend de sa volonté de toujours faire prévaloir la liberté sur les autres règles du jeu, notamment les lois qui veulent imposer le dieu de la spéculation à tous les citoyens du monde, y compris, naturellement, aux Européens endormis, pusillanimes et égoïstes. 
(VoxEurop)


Lire aussi, sur Slate (0905/2015), l'article de Dominique Riquet : "Rendre hommage aux fondateurs, poursuivre l'oeuvre"  




Quels symboles pour l'Europe ?


>>> NOV2017. La France s’engage pour mieux mettre en avant les symboles de l’Europe. Attaqué par les extrêmes, le drapeau européen va au contraire être mis en avant par la France après le vote d’une résolution en ce sens à l’Assemblée nationale. Euractiv
>>> OCT2017. La France fait un pas de plus vers la reconnaissance des symboles européens
L’Hexagone va rejoindre les 16 autres pays reconnaissant le drapeau bleu aux 12 étoiles et les autres symboles de l’UE. Lemonde

Très bien. Et si ça peut faire enrager Mélenchon - qui voit la vierge partout depuis qu'il est sous la bonne mère à Marseille, pendant que l'une de ses ouailles, elle, ne voit pas de radicalisés, même assis dans un bus – alors c'est la cerise sur le gâteau !
  
Drapeau
>>> OCT2017. Drapeau européen : à la France de reconnaître les symboles de l’Union. Les députés de la France Insoumise ont déposé une proposition de loi visant à faire retirer le drapeau de l’Union européenne de l’Assemblée nationale. Yves Bertoncini y voit l’occasion pour  la France de reconnaître enfin solennellement le drapeau de l’Union. Euractiv


>>> OCT2017. Le drapeau européen, un symbole chrétien ? Les "insoumis" relancent la controverse. Le drapeau azur et or, européen, sur lequel 12 étoiles forment un cercle, est un symbole "religieux", clame Alexis Corbière. L'Obs
>>> OCT2017. Le drapeau européen a-t-il une origine catholique ? Jean-Luc Mélenchon souhaite retirer la bannière bleue à douze étoiles de l’hémicycle de l’Assemblée nationale au motif qu’il s’agit d’un « symbole confessionnel ». Lesdécodeurs
>>> OCT2017. Macron va reconnaître officiellement le drapeau européen pour contrer Mélenchon Lefigaro

On peut considérer que ce fut une erreur de ne pas faire référence à la spiritualité judéo-chrétienne dans les textes relatifs à l'Union européenne (Chirac, notamment, s'y était opposé). En revanche, le drapeau européen est très bien choisi. Il est esthétique, et les symboles relatif à l'identité commune des pays membres de l'UE y sont. Exemple:les douze étoiles d'or :
"Le nombre douze est considéré comme un nombre idéal", peut-on lire sur le site du Centre virtuel de la connaissance de l'Europe.

"Il est à la base du système numérique babylonien (appelé précisément système duodécimal). Les signes du zodiaque sont au nombre de douze et représentent donc l'univers. Douze sont les mois de l'année, douze les heures du jour et celles de la nuit, douze les dieux de l'Egypte, douze les divinités de l'Olympe qui constituent, à partir du Ve siècle avant J.-C. le panthéon grec, douze les tours des courses de chars dans la Grèce antique, douze les travaux d'Hercule dans la mythologie grecque, douze les tables composant la première codification du droit romain, douze les chevaliers de la table ronde du roi Arthur dans la tradition celtique, douze les portes du paradis scandinave." L'Obs


Statue
 >>> L’Europe vaut bien une statue. Inventer un monument à la gloire de l’espace européen symboliserait la fierté d’être ensemble. Un projet est lancé.
Il faut donner une statue à l’Europe, et il faut le faire maintenant. L’Amérique a érigé au milieu de la côte atlantique une statue de bronze, offerte par la France, la Liberté éclairant le monde. L’Europe elle aussi en mérite une. Cette œuvre monumentale symbolisera la paix et l’amitié des peuples européens. Elle marquera la porte atlantique de l’Europe. C’est un choix, audacieux et unitaire. L’Europe passe actuellement par une phase où ses citoyens veulent penser à autre chose qu’à la politique politicienne.

On a inventé l’Europe, il reste à inventer les Européens. On leur a donné des traités, une Communauté, une cohérence agricole, des compétences économiques, financières et fiscales communes, quelques pièces de monnaie et des billets, une Commission, des disputes, mais le principal a été oublié : leur dire qui ils sont - des amis retrouvés - et les honorer par une statue dont ils pourraient être fiers aux yeux du monde.
Au milieu de l’axe atlantique européen, ou dans un lieu sélectionné par un processus loyal, je propose donc de bâtir une statue de l’Europe. Il faut qu’elle soit en France, le seul des six pays signataires du Traité de Rome à posséder une fenêtre atlantique qui regarde l’Amérique. Ce sera un acte d’union symbolisant notre fierté de vivre ensemble. Elle s’offrira aux regards depuis une plage, une côte. Elle se visitera de plus près en bateau, hommage maritime à l’Atlantique qui fut longtemps le seul trait d’union entre deux continents amis. Une statue de l’Europe en mer, c’est un spectacle honoré par le soleil, celui des matériaux modernes où se reflète une lumière changeante. Ce sont des vagues qui se brisent sur son socle comme se dissipent les difficultés à construire l’Europe. Et peut-être un jour une course de bateaux s’appellera-t-elle «la Route des deux statues» ?
Comment bâtir cette statue ? A quoi ressemblera-t-elle ? Une fois le projet ensemencé, il faudra organiser un concours au travers duquel architectes, artistes, ingénieurs et sculpteurs s’exprimeront. Elle ne ressemblera en rien aux statues du siècle dernier. Matériaux novateurs, imagination, statue évolutive, tout ce qui peut symboliser la créativité au service de la paix est bienvenu. Ce concours sera lancé par notre association et le jury associera tous les Européens. Les fonds seront récoltés par le mécénat et les dons, sans argent public. La statue de l’Europe dont j’ai lancé l’idée est un projet long, fascinant, unitaire. Et ce n’est ni un Etat ni la Commission qui la propose, c’est ce que l’Europe a de plus petit dénominateur commun : un citoyen. Pour cette raison, ce projet aboutira. C’est maintenant à nous Français de faire aboutir l’idée. C’est noble, beau, constructif. Et passionnant…
unestatuepourleurope.eu




Lira aussi : 
>>> L' Union Européenne en quête d'un patriotisme Taurillon





La question des langues

>>> Charte européenne des langues régionales 
Hollande veut ratifier cette charte qui implique un congrès des parlementaires à Versailles. L'occasion pour le président de la commission des Lois, Urvoas, de relancer des chantiers constitutionnels laissés en suspens. Laure EQUY, Libération

>>> Langues minoritaires
J’apporte mon soutien à David Grosclaude du POC dans sa lutte pour les langues minoritaires. La France est un des rares pays de l’Union européenne à ne pas avoir ratifié la Charte des langues minoritaires ce qui est proprement scandaleux.
Les députés européens de l’Alliance Libre Européenne sont alliés avec les députés écologistes au Parlement européen. Loin d’être des nationalistes refermés sur eux, ils mènent chaque jour un combat pour la défense de leur culture et de leur langue sans pour autant se revendiquer d’un nationalisme étriqué.
Le Parti Nationaliste Ecossais, « Scotish National Party » a fait un score spectaculaire aux dernières élections au Royaume-Uni puisqu’il décroche 56 siège sur 59. Cette adhésion massive n’a été possible que parce qu’il défend des positions progressistes et sociales et n’adopte pas une position identitaire.
L’Etat français doit afin admettre que les langues véhiculent des cultures, des idées et des concepts différents. Un état où plusieurs langues sont parlées est donc plus riche, plus confiant et moins replié sur lui-même.
Manuel Vals doit enfin faire ratifier la Charte des Langues minoritaires, dont le Catalan qui s’épanouit au sud d’une frontière et se flétrit au bord de cette même limite administrative qui a de moins en moins de sens à l’heure d’une Europe qui se réclame Unie dans la diversité.
http://www.r-p-s.info/Greve-de-la-faim-du-Conseiller
Blog de José Bové








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