samedi 20 juin 2015

Immigration et contrôle des frontières européennes

L'immigration et la crise économique restent les deux sujets de préoccupation des européens (EurActiv). Auxquels on pourrait ajouter, je crois, compte tenu des tensions internationales (Etat Islamique ; Russie), la question d'une défense européenne.

Si elle ne s'attaque pas au problème de l'immigration extra-européenne, les partis populistes, encouragés par Poutine, prendront de plus en plus en plus d'importance. Et l'Union risque d'éclater.

Législatives au Danemark

Pour que l'Europe ne se construise pas « contre les européens », la question du problème de l'immigration ne doit pas être laissée à l'extrême droite.
Les partis danois l'ont bien compris.
Les sociaux-démocrates, qui ont affiché clairement leur volonté de lutter contre l'immigration, ont progressé, et la veille des élections, ils étaient donné au coude à coude avec la droite. L’enseignement qu’en tirent les responsables sociaux-démocrates est qu’attirer les électeurs du centre et regagner ceux passés à l’extrême droite depuis des années ne réussira qu’avec une politique stricte vis-à-vis des étrangers.
Comme l'indique la Fondation Robert Schuman, la cote de la gauche a remonté après les initiatives en faveur de la croissance prises par le gouvernement et la position ferme de la Première ministre sur les questions d'immigration.
Certes, la gauche danoise n'a pas remporté ces élections législatives, les grands gagnants étant le Parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DF). Le DF (21,8 %) a su prendre ses distances avec la droite libérale (qui, avec 19,5%, obtient un très mauvais score) sur la question de l'Etat-providence.
Mais le parti des sociaux-démocrates est parvenu à progresser pour la première fois depuis 1998 (26,3 %).
Comme l'a écrit un commentateur sur un forum du Monde, « Si la gauche européenne ne traitait pas avec mépris depuis des années toute interrogation citoyenne sur l'impact de l'immigration, non pas sur l'économie, mais sur l'identité culturelle d'un pays, on n'en serait pas là... Tout début d'interrogation est systématiquement assimilé à du racisme, de la xénophobie et maintenant de l'islamophobe. En niant tout problème et en refusant tout débat, elle a laissé l’extrême droite ce saisir seule du sujet... »
Noter que le DF (Dansk Folkeparti), comme les autres formations « populistes » de ce type en Scandinavie, se différencient des tarés du FN de Marine Le Pen. Ainsi, aucun parti « d'extrême droite » scandinave n'a rejoint son groupe au Parlement européen. A la différence du FN, le DF est eurosceptique et non pas europhobe. Le DF critique :
- la gestion de l'immigration par l'UE ; et c'est vrai, elle est critiquable
- la remise en cause de "l'Etat-providence"
Mais contrairement au FN, le DF n'est pas pour l'éclatement de l'UE.;







L'UE doit défendre les pays membres de l'UE
Sur ce problème de l'immigration comme sur celui du conflit avec la Russie, l'Union ne pourra être efficace que si elle fait bloc.
Par exemple en s'inspirant de l'Australie. Par exemple en accompagnant la lutte de la Hongrie pour protéger sa frontière  (L'Expressqui est aussi celle de l'UE.
Car si Orban doit être combattu sur bien des sujets _ peine de mort , proximité qu'il affiche avec Poutine _ , il doit être soutenu dans sa lutte contre l'immigration, qui est une lutte qui concerne tous les Etats membres de l'UE.  (Le Monde)

L'Union, européenne, pour lutter contre l'immigration, semble aujourd'hui peu unie (en tous cas peu organisée). Pourtant, elle sait, parfois, être unie. Ainsi, l'UE sait faire, certes modérément, bloc face à la Russie . La Belgique, comme la Pologne ou les pays baltes devrait d'ailleurs être davantage soutenue. 

L'UE fait face malgré les forces nuisibles qui agissent en son sein (l'extrême droite, qui vient de former un groupe au Parlement européen par exemple). Ce qui est une bonne chose. Mais elle le fait bien trop mollement. L'absence d'une armée européenne n'aide pas.

A ce titre, on pourra regretter que les grands groupes européens ne suivent pas l'UE dans le conflit qui l'oppose à la Russie (Le Monde), tout comme la Grèce (Le Figaro) dont on se demande si elle est encore membre de l'UE ou si elle préfère être membre du club Poutine (le Grexit, s'il arrive, sera en tous cas justifié)
Cette crise aura peut-être du bon si elle fait émerger une véritable politique énergétique commune.






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 Notes :

- Les vaines gesticulations de l'UE. Vu d'Italie (Courrier international)
- Le danger FN pour 2017 (Slate)
- La bonne santé économique et un faible taux de chômage n'occultent pas les problèmes liés à une forte immigration extra-européenne --> cf analyse de Laurent Joffrin, à la suite des élections européennes de 2014 --> la question identitaire ne doit pas être laissée à l'extrême droite, pas plus que la question de l'immigration .
- Les quatre ressorts du succès de l'extrême droite au Danemark (Le Monde)
- Couler les bateaux avant qu'ils ne prennent la mer. Le premier ministre italien, Matteo Renzi, a de son côté souligné la nécessité de combattre les lucratifs réseaux de passeurs : le « chiffre d’affaires » retiré d’un bateau de 450 passagers intercepté récemment s’élève à un million d’euros, d’après Frontex. « Des négociations sont en cours avec l’UE et les Nations unies pour un mandat international en vue de lutter contre les marchands de mort et pour couler les bateaux avant qu’ils ne prennent la mer », a indiqué le ministre italien de l’intérieur, Angelino Alfano. (La Croix)
- Le DF n'est pas l'équivalent du FN. Noter que "l'extrême droite" scandinave a toujours voulu garder ses distances avec le FN, et ne s'est jamais allié avec lui. Noter que si le FN est europhobe et fait de la sortie de l'UE son principal cheval de bataille, "l'extrême droite" scandinave est dite "eurosceptique", voulant surtout réformer l'UE mais n' a pas l'intention d'en sortir (La Croix ; NewsYahoo)
- François de Rugy :



Ça Vous Regarde - L’Info : Journal du mercredi... par LCP


- L'Europe est en train de mourir, mais surtout ne faites rien (Slate)

- A propos du problème de l'immigration, qui empoisonne tant l'UE, lire aussi :
France, Angleterre :
http://tempsreel.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/6801-migrants-gouvernement-danois-apprete-publier-campagne.html
Grèce
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/08/12/sur-l-ile-grecque-de-kos-debordee-par-l-afflux-de-migrants-le-sang-risque-de-couler_4722473_3214.html







>>> DEC2017. Ceux qui disent «halte» aux migrants.
REPORTAGE - La frontière turco-bulgare, aux marches de l'Europe, est la nouvelle route utilisée par les passeurs de migrants. En Bulgarie, pour stopper cet afflux de clandestins, une unité de volontaires, encadrée par des vétérans de l'armée, s'organise pour faire le travail de la police. Lefigaro

>>> Actions de l'UE pour lutter contre l'immigration : l' EUNAVFOR Med

Le Conseil de l'Union Européenne a annoncé, hier, le lancement de la première phase de l'opération EUNavfor Med, visant à lutter contre les passeurs et les trafics humains en Méditerranée. Celle-ci va consister, dans un premier temps, a la collecte d'informations sur les passeurs, leurs moyens et leur modèle économique. L'opération sera menée en liaison avec l'OTAN, l'ONU et l'agence européenne Frontex. La deuxième phase, qui verra la recherche et la saisie des navires suspects, interviendra après une nouvelle approbation du Conseil, qui devra recueillir le consentement de l'ONU et des Etats côtiers. La troisème phase consistera en l'élimination préventives des navires et l'arrestation des trafiquants.

L'opération va être commandée depuis Rome et impliquera une douzaine d'Etats membres de l'Union européenne. Cinq navires, trois avions de patrouille maritime, trois hélicoptères, deux sous-marins et deux drones, devraient être affectés à cette mission. Les coûts de cette dernière sont estimées à un peu moins de 12 millions d'euros pour la phase de démarrage. Son mandat est, pour l'instant, de 12 mois. 


En complément : 
http://www.bruxelles2.eu/2015/06/19/le-dispositif-de-commandement-deunafor-med-un-francais-a-bord/
http://www.opex360.com/2015/06/22/migrants-lunion-europeenne-lance-la-premiere-phase-de-loperation-eunavfor-med-les-passeurs-en-mediterranee/
Les contrôles de migrants à la frontière ne sont pas contraires aux accords de Schengen (Les Echos, 29/06/2015)




Le Conseil d’Etat a rejeté lundi le recours d’associations qui estiment ces contrôles contraires aux accords de Schengen.

Feu vert. Les contrôles d’identité pratiqués à la frontière franco-italienne sont légaux, a tranché lundi le Conseil d’Etat. La plus haute juridiction administrative française a ainsi rejeté le recours d’associations qui estimaient que le blocage des migrants contrevenait aux accords de Schengen.
Ces contrôles « n’excèdent pas manifestement le cadre légal, que ce soit par leur ampleur, leur fréquence ou leurs modalités de mise en oeuvre », a estimé le juge des référés de la plus haute juridiction administrative française, et ils ne sont de ce fait « pas équivalents à un rétablissement d’un contrôle permanent et systématique à la frontière franco-italienne », selon le communiqué du Conseil d’Etat.
Depuis le début de l’année, 54.000 migrants sont arrivés en Italie via la Méditerranée, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies, et plus de 100.000 dans l’Union Européenne. La plupart sont originaires d’Afrique sub-saharienne



























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