lundi 10 août 2015

Populisme, Déclinisme et Europe bashing

French bashing
Nous n'avons pas assez d'ennemis, pas assez de problèmes, pas assez de déclinistes, pas assez de conflit externes et internes... Donc il faut bien que quelques associations et ONG fassent des procès à la France....
>>> DEC2018. Pétition « L’Affaire du siècle » : « Attaquer la France en justice est à la fois injuste, idiot et inopérant ». Dans une tribune au « Monde », le professeur au Collège de France Marc Fontecave juge la pétition « déplacée », l’Hexagone étant, grâce à l’énergie nucléaire, un leader mondial en matière de limitation des gaz à effet de serre.
Tribune. Puisque de toute part on se réjouit du succès de la pétition, signée par 1,9 million de Français – un record semble-t-il –, visant à soutenir un recours en justice contre l’Etat français coupable d’« inaction » face au changement climatique, il est utile et urgent que d’autres voix s’expriment pour dire à quel point cette démarche est déplacée. Si François de Rugy, le ministre de la transition écologique, a été « agréablement surpris » et Ségolène Royal juge qu’il vaudrait mieux ne pas polémiquer avec les porteurs de cette pétition, heureusement Brune Poirson, secrétaire d’Etat à la transition écologique, a le courage de rappeler que « la France est une nation leader en matière d’environnement ». Lemonde

>>> DEC2018. Migrants : l’Etat français accusé de « mise en danger délibérée » par plusieurs associations. Quatorze associations dénoncent « la faillite de l’Etat » dans la protection et la mise à l’abri des migrants, dans une tribune publiée dimanche dans « Le JDD ». Lemonde


Le "déclinisme" et l' "Europe bashing" comme arme électorale




C'était frappant en 2014. Quels sont les sujets qui ont tourné en boucle tout le long de cette année ? Le succès européen de Rosetta *? Les réussites de l'UE ? Les prix Nobel français (en littérature et en économie) ?
Non.
Il ne fut question que des échecs, que d'un avenir noir, attribué évidemment à (au choix) : l'euro, l'UE, l'Allemagne, les immigrés, les américains, etc etc...
Ceux qui nous prédisent un avenir sombre, on les connaît bien. Ce sont toujours les mêmes (les Zemmour'n co), et on sait pour qui ils oeuvrent.
A-t-on beaucoup entendu parler du prix nobel de littérature 2014 ? C'était pourtant le français Patrick Modiano ? A-t-on beaucoup entendu parler du prix nobel d'économie 2014 ? C'était pourtant le français Jean Tiroles ? Les médias en ont certes touché un mot ou deux. Mais rien en comparaison des Zemmour, Sapir, Philippot, et autres charlatans dont les théories ruineraient la France si elles étaient appliquées.

Ceux qu'on voit beaucoup et qu'on aimerait voir moins :
- Zemmour, journaliste sans compétence particulière, qui pourtant est toujours le premier à donner des leçons d'économie, de géopolitique, d'histoire, ou de philosophie...et dont l'une des caractéristiques principales est d'aboyer plus fort que les autres.
- Jacques Sapir, économiste banal travaillant pour la Russie poutinienne (son bras droit a d'ailleurs rejoint le parti poutinien de France, c'est-à-dire le FN. Quelle surprise !). Anti-UE, ce monsieur, pour défendre nombre de ses thèses, privilégie les sources russes, pourtant très peu fiable (cf classement RSF) aux sources occidentales (qui pourtant figurent dans le haut du classement RSF). Il fonctionne aussi énormément par « omission ». 


Ceux qu'on voit peu mais qu'on aimerait voir davantage :
- le lauréat du prix nobel Jean Tirole, partisan d'une Europe fédérale
- le lauréat de la médaille field Cédric Vitalli, partisan lui aussi d'une Europe fédérale
- le lauréat du prix nobel Paul Krugman est aussi bien loin de partager le catastrophisme des neuneus frontistes, jugeant même que l'économie française n'est pas en si mauvaise santé.


Certains (auteurs, essayistes, politiciens) ont intérêt à faire en sorte que nos médias baignent dans une ambiance mêlant pessimisme, angoisse, et peur de l'avenir. Pourquoi?  Parce qu'ils tirent un bénéfice de ce climat anxiogène. Le pessimisme ambiant permet en effet à nombre d'auteurs de surfer sur cette vague en vendant moult essais très redondants**
Ces auteurs travaillent non seulement pour leurs très lucratives activités, car les thèses qu'ils développent jusqu'à plus soif font vendre, mais travaillent aussi pour les partis les plus réactionnaires qui soient, FN en tête, ce dernier n'existant finalement qu'en captant ceux qui ont « peur », ceux qui voient l'avenir en noir, ceux qui veulent se défouler, les dépressifs, les aigris, les pessimistes, les cyniques, les haineux...

La stratégie consistant à répéter quotidiennement sur tous les médias que tout va mal, que "c'était mieux avant", et que « l' apocalypse est pour demain » produit, hélas, des résultats :
Il est assez frappant de constater que les français sont les champions du pessimisme... et que, l'un allant avec l'autre, l'extrême droite fut le premier parti de France pour les élections européennes de 2014. 




*



** Les Zemmour, Renaud Camus, Houellebecq, De Benoist.... se sont emparé du filon pour faire des affaires.... Leurs livres se vendent bien sur Amazon (Amazon, pourtant symbole de la mondialisation honnie par ces mêmes auteurs). Les titres des livres parlent d'eux-même. Citons-en quelques uns : Mélancolie française (Zemmour), Le suicide français (Zemmour), Suicide d'une nation (Renaud Camus), le grand remplacement (décliné en plusieurs versions... ça doit bien se vendre, apparemment), la grande culturation, civilisation, Soumission (Houellebecq) ... le champs lexical est très révélateur de l'objectif poursuivi par ces auteurs : faire monter le pessimisme et la peur... Pourquoi ? pour mettre en cause les gouvernants, l'euro , l'europe, l'allemagne, les banques ... et récolter électoralement le fruit de du désespoir créé... A force de le répéter, les esprits faibles vont finir par croire que « c'était mieux avant ».., et qu'on va y revenir avec le FN. Comme si, alors que le monde n'a plus rien à voir avec celui d'hier, le « retour à avant » allait nous sauver ! Retour : au franc, à la peine de mort, aux frontières, des femmes au foyer, à la guerre d'Algérie (Ménard a-il posé la première pierre ?). Il n'y a guère que les esprits faibles et les ignorants qui pourraient se laisser abuser par ces théories loufoques et dangereuses.








Le bashing (mot qui désigne en anglais le fait de frapper violemment, d'infliger une raclée) est un anglicisme utilisé pour décrire le « jeu » ou la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement une personne ou un sujet. Lorsque le bashing se déroule sur la place publique, il s'apparente parfois à un « lynchage médiatique ». Le développement d'Internet et des réseaux sociaux a offert au bashing un nouveau champ d'action, en permettant à beaucoup plus de monde de participer dans l'anonymat à cette activité collective.  wikipedia


Halte à l'Europe Bashing !
A lire :
     > Réponse de Laurent Joffrin à Michel Onfray (Libération)
     > Edito de Laurent Joffrin du Nouvel Observateur du 29 mai 2014
     > A propos d'Onfray, encore... (libération)

    > Onfray, la pente glissante du souverainisme, par Laurent Joffrin (Libération








Les dérives des déclinistes :
La paranoïa, le déclinisme, le pessimisme, le cynisme, la tendance à entretenir l'anxiété, la noirceur, la peur perpétuelle (peur de l'avenir, de l' Europe, du monde, de l'étranger, etc) , tout cela peut amener à sombrer dans la dépression, la haine, la violence, le suicide et/ou le meurtre. Des exemples ?
- Suicide violent de Dominique Venner. , théoricien d'extrême droite très apprécié du FN
- Suicide de Joseph Scipilliti (après une tentative de meurtre), un avocat défenseur de plusieurs organisations d'extrême droite (LeNouvelObs)
- Tuerie de masse perpétrés par Anders Breivick
- JUIL2002. Maxime Brunerie, membre du parti d’extrême droite MNR, tente d’assassiner le président de la République Jacques Chirac, lors du défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Élysées.
- JUIN2017. Un nationaliste qui projetait de tuer Emmanuel Macron lors du défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées et de s'en prendre à des "musulmans, juifs, noirs, homosexuels", est interpellé et écroué.





Patrick Boucheron, nouvellement élu au Collège de France

Boucheron y a tordu le cou à l’idée que l’Histoire serait là pour remonter aux origines et fixer des identités. Il a taclé les déclinistes de tous poils, qui «répugnent à l’existence même d’une intelligence collective». Il a contesté que l’Histoire soit finie. «Pourquoi se donner la peine d’enseigner sinon, précisément, pour convaincre les plus jeunes qu’ils n’arrivent jamais trop tard?»(...)
Pour Boucheron, rien n’est plus mortifère que de faire l’Histoire une machine à fabriquer des leçons de désespoir. «Comment se résoudre à un devenir sans surprise, à une histoire où plus rien ne peut survenir à l’horizon, sinon la menace d’une continuation? Ce qui surviendra, nul ne le sait. Mais chacun comprend qu’il faudra, pour le percevoir, être calme, divers, et exagérément libres.» Et c’est sur ces mots capables de donner le frisson qu’il a terminé sa leçon.





















Le « decliniste », celui qui est persuadé que « c'était mieux avant » (quelques noms ? Zemmour, Renaud Camus, Onfray), est facilement identifiable. Il suffit de lire le titre de leurs livres : « Décadence » (Michel Onfray) , « Décivilisation » (R. Camus), « La grande déculturation » 'R. Camus), « Suicide d'une nation » (R. Camus), « Le suicide français » (Zemmour), « Mélancolie française » (Zemmour)
Bref, le décliniste respire la joie de vivre. Et il communique (ou tente de le faire) sa joie de vivre aux autres. On aimerait conseiller à cette bande de joyeux drilles, qui vivent tout de même dans un pays qui n'est pas si mal lorsqu'on le compare à beaucoup d'autres, d'apprécier la vie plutôt que de broyer du noir ou de faire broyer du noir aux autres. Peine perdue. Car cela a un but. Le but est politique. Aujourd'hui, la vie en France est horrible. C'était mieux avant. Donc choisissons le parti qui nous dit que c'était mieux avant.





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Déclinisme. Mamère vs Zemmour (Réponse au 'Suicide français')
Le 27 novembre sortait « Contre Zemmour, Réponse au 'Suicide français' », de Noël Mamère et Patrick Farbiaz. Un contre-argumentaire aux thèses de l’essayiste qui fédère les néoconservateurs, et un plaidoyer pour que la gauche réinvestisse le terrain de la guerre idéologique.
“La France a peur.” C’est ainsi que Roger Gicquel introduisait son journal de 20h sur TF1 le 18 février 1976. Cette phrase est entrée dans l’histoire comme l’illustration parfaite d’un marketing de la peur qui a fait florès. Il s’agit pourtant d’un propos tronqué transformé en légende urbaine : il précisait ensuite que la peur est un sentiment auquel il ne faut pas s’abandonner. A ce titre il incarnait “l’anti-Zemmour par excellence”, selon le député de Gironde et maire de Bègles Noël Mamère et le militant écologiste et altermondialiste Patrick Farbiaz, auteurs de Contre Zemmour, Réponse au Suicide français (éd. Les Petits Matins).
C’est de la même pédagogie qu’ils veulent faire preuve pour répliquer au diagnostic dressé par Eric Zemmour dans son pamphlet de 544 pages devenu un best-seller. Jusqu’à présent son succès a laissé ses adversaires désemparés, à l’image de Jacques Attali, obligé de détourner le regard face aux coups de semonce du polémiste qui lui faisait face le 10 octobre à Ce Soir (ou jamais!). C’est ce vide qu’ils ont l’ambition de combler en prenant Le Suicide français “au sérieux”, car son succès est “en soi, un symptôme” à leurs yeux.

“Le plus pur style de la théorie du complot”
En quelques dizaines de pages, ils décryptent le langage, la rhétorique, et les arguments du journaliste, et en dénoncent les “leitmotivs oscillant entre leçons de morale pétainistes, vérités révélées et fantasmes obsessionnels”. Ainsi l’argument d’Eric Zemmour selon lequel Mai 68 est la cause de tous les maux de la France est-il retourné par les auteurs qui affirment que “celui qui détruisit le plus efficacement la France rêvée de Zemmour, c’est de Gaulle lui-même, pas Mai 68”. Et d’énumérer le droit de vote des femmes, l’autorisation de la contraception, l’accélération de la décolonisation, ou encore l’utilisation d’une main d’œuvre immigrée pour travailler dans les chaînes automobiles et dans la construction des nouveaux quartiers – toutes choses mises en place par de Gaulle lui-même.
Sa relecture de l’histoire “dans le plus pur style de la théorie du complot” s’effondre ainsi comme un château de sable sous la critique des deux auteurs. La polémique que sa tentative de réhabilitation du régime de Vichy – qui aurait permis selon lui de sauver “90 % des Juifs de France” – a déclenchée n’est pas la seule à témoigner de sa distorsion des faits historiques. Ainsi les auteurs de Contre Zemmour citent-ils ces phrases issues du Suicide français, “à la limite du négationnisme” :
“Dans la stratégie de victimisation de ses porte-drapeaux les plus acharnés, [le lobby homosexuel] ira jusqu’à réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, s’inventant des persécutions de la part de Vichy, qui aurait envoyé des homosexuels dans les camps de concentration. Le gay veut être un juif comme les autres”.
Et rappellent que le 26 décembre 2013 l’association Les Oublié-e-s de la mémoire annonçait au moins 350 homosexuels français emprisonnés ou déportés, et qu’à l’échelle de l’Europe ils ont été entre 10 000 et 15 000.
Eric Zemmour est un habitué de la déformation des faits : lors d’un débat à Ça se dispute, il avait ainsi prêté indûment à la sénatrice Laurence Rossignol ces propos : “Les enfants appartiennent à l’Etat”. Et avait dû reconnaître qu’il s’était trompé.
“Le miroir idéologique de l’impuissance de la gauche”
Cependant Contre Zemmour ne prend pas seulement pour cible l’auteur du Suicide français, mais aussi la gauche accusée d’avoir déserté le terrain idéologique :
“Le succès du Suicide français est le miroir idéologique de l’impuissance d’une gauche qui a démissionné en reniant ses convictions et ses principes. Elle a abandonné le terrain des idées, tétanisée par la montée d’une droitisation qu’elle a accompagnée par sa pleutrerie et sa conversion au libéralisme. Zemmour, lui, propose une histoire simpliste mais qui fonctionne”.
C’est pourquoi leur réquisitoire se transforme à la fin en un appel à un “retour [de la gauche] à Gramsci” – théoricien de la métapolitique et de l’hégémonie culturelle, selon lequel le terrain des valeurs a une incidence directe sur le consensus social et politique.
Certains ne manqueront pas d’être sceptiques devant cette tentative de riposte, qui sera forcément assimilée par les partisans de Zemmour à une vulgaire défense du “système”. C’est pourtant à l’avènement d’une gauche alternative, décomplexée et axée autour du cosmopolitisme, de l’autonomie et de la fabrication du commun, que les auteurs aspirent.
Les arguments simplistes d’Eric Zemmour ont ceci de dérangeant qu’ils nécessitent de leurs adversaires des trésors de pédagogie pour lutter contre les préjugés largement enracinés qu’ils sous-tendent. “Il faudrait deux heures à Domenach pour être aussi efficace que Zemmour en deux minutes”, nous confiait ainsi Christophe Barbier à propos de Ça se dispute, l’émission au cours de laquelle les deux chroniqueurs s’affrontent chaque semaine sur iTélé. Noël Mamère et Patrick Farbiaz ont-ils eu assez de 89 pages pour contrer le pavé d’Eric Zemmour ? Ils ont au moins le mérite de ne pas baisser la garde. 






"Contre Zemmour, Réponse au ‘Suicide français’ " (éd Les petits matins) démonte en quelques pages les arguments souvent simplistes et saupoudrés de mensonges de Zemmour. Seule la dernière partie du livre, consacrée aux solutions m'a laissée perplexe.
Livre indispensable, tant le contre-argumentaire aux thèses de l'extrême droite a peu sa place dans les médas.
 Extraits :






























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