>>> Transition énergétique
Le Parlement a accouché mercredi 22 juillet de sa première loi sur la transition énergétique. Neuf mois après le début du débat à l'Assemblée nationale, Ségolène Royal va enfin faire adopter son texte important pour les écologistes et pour la France qui se doit de donner l'exemple à quelques mois de la conférence mondiale sur le climat.
"C'est important surtout parce qu'il s'agit de la première loi du genre", lance Sandrine Rousseau, porte-parole d'Europe-Ecologie-Les-Verts. "Nous sommes soulagés que ce texte aboutisse enfin. Trois ans après l'élection de François Hollande, près d'un an après sa présentation, c'est un peu long mais au moins la loi est là", se félicite François de Rugy, coprésident du groupe écolo à l'Assemblée, ravi aussi de l'implication des siens, notamment Denis Baupin, dans la rédaction du texte.
Le député de Loire-Atlantique est surtout satisfait de voir figurer dans la loi "la transcription du compromis réalisé par EELV avec le PS et François Hollande avant la présidentielle". La loi acte notamment la promesse du candidat socialiste de réduire la part de l'énergie nucléaire de 75 à 50% à horizon 2025. "C'est un virage sans précédent", salue François de Rugy. "Les objectifs à 2030 en matière d'efficacité et de renouvelables sont honnêtes. Ce n'est pas extrêmement ambitieux mais cela fait tout de même un net changement par rapport la situation actuelle", note également l'eurodéputé Yannick Jadot.
Alors comment expliquer que Ségolène Royal, ministre largement populaire à gauche (71% d'avis positifs selon le dernier baromètre Ifop pour Paris Match et Sud Radio) le soit nettement moins (57%) dès lors que l'on demande leur avis aux seuls sympathisants écologistes. "Il y a tout un tas de petites choses qui parasitent", euphémise François de Rugy. "La ministre ne nous satisfait pas pleinement car elle n'est pas assez ambitieuse", dit plus nettement Sandrine Rousseau en parlant de celle qui a dit le 16 juillet qu'elle ne voulait "pas d'écologie punitive" en parlant de l'effrayant rapport parlementaire sur la pollution.
"Elle n'affronte pas les lobbies pour ne pas leur déplaire"
En 15 mois, les relations entre la ministre de l'Ecologie et le parti écologiste n'ont pas été de tout repos et les frictions furent nombreuses. En voici quelques-unes. Pendant les différents épisodes de pollution, alors que la maire de Paris et les élus écologistes dont Cécile Duflot réclamaient la mise en place de la circulation alternée, la ministre les renvoyaient dans les cordes accusant la municipalité et ses alliés de ne pas agir eux-mêmes.
"On n'a pas très bien compris sa démarche car c'est elle qui pousse pour la pastille verte", dit un cadre écolo. De même quand cette coalition parisienne Hidalgo-EELV demande l'interdiction des feux de cheminée dans la capitale, Ségolène Royal prend le contre-pied.
"Elle veut faire de l'écologie qui plait à tout le monde mais en fait, elle ne plait à personne. Elle a du mal à affronter les lobbies pour ne pas déplaire", estime Sandrine Rousseau. "Ségolène Royal est un personnage politique incroyable mais elle n'est pas celle qui fait bouger les lobbies", ajoute Yannick Jadot.
Les deux écologistes citent les mêmes exemples: la faillite de l'EPR de Flamanville "qui ne fait pas l'objet d'une commission d'enquête", la fermeture de la centrale de Fessenheim qui n'est pas encore officiellement actée ou la fiscalité sur le diesel que la ministre ne veut pas aligner sur celle de l'essence. "Elle a l'aplomb de dire que le diesel participe d'un crime mais elle ne fait rien pour l'endiguer. Quand on laisse un crime se produire, on est complice", tacle le député européen. "Sur ce point, elle est tout de même sur le point de laisser passer un amendement écolo qui augmente la taxe carbone jusqu'en 2030 et rapproche de fait la fiscalité du diesel et celle de l'essence", croit savoir une source à la direction. D'autres dénoncent sa position sur le loup que le gouvernement entend moins protéger pour satisfaire à la colère des agriculteurs.
Mais même quand Ségolène Royal prend des positions qui vont dans le sens des écologistes, ces derniers trouvent à redire. Sur l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la ministre de l'Ecologie est nettement mois allante que le premier ministre. "Sur ce dossier c'est une alliée", veut croire François de Rugy qui rappelle aussi que c'est elle qui a obtenu l'arrêt de la construction de l'autoroute A831. "Sur le dossier de l'aéroport, on ne l'a jamais vu prendre une décision qui aille dans le sens de l'environnement", oppose au contraire un élu local. "Si elle critique Valls, c'est parce qu'elle ne supporte pas de ne pas être informée des décisions. C'est fréquent qu'elle ait des problèmes avec ses collègues comme avec Laurent Fabius sur l'organisation de la Cop 21", dit un cadre écolo.
Et sur Cigeo, le site d'enfouissement des déchets nucléaires ajoutés en catimini à la loi Macron, les critiques sont encore plus acerbe. Quand Ségolène Royal affirme sur RMC et BFMTV qu'elle n'est personnellement pas favorable à un tel enfouissement, les écologistes rapportent des propos de l'entourage d'Emmanuel Macron assurant que c'est sa collègue ministre de l'Ecologie qui a tenu à ce que Cigeo passe dans cette loi. "Elle tenait absolument à ce que ce ne soit pas dans un texte à elle pour ne pas subir le coût environnemental du projet", croit savoir un responsable du parti. "Elle n'a rien fait pour s'opposer à ce projet", dénonce un autre.
L'écotaxe, un abandon qui ne passe toujours pas
Mais au fond, c'est l'abandon de l'écotaxe qui reste la grande blessure de la relation Royal-EELV. "Dès qu'elle a été nommée, elle a tout de suite cherché à tirer un trait sur la mesure", se souvient un parlementaire. Et quand elle a habillé ce retrait par sa volonté de ne pas alourdir la fiscalité, elle a fait bondir les responsables écolos. "Elle a voulu surfer sur la vague du ras-le-bol fiscal pour empêcher l'intérêt général et l'environnement d'être défendu. Dire que ce sont les plus pauvres qui auraient payé est un mensonge absolu. En parlant d'écologie punitive, elle n'a fait que reprendre une expression construites par les lobbies pour continuer à polluer. C'est un discours démago-populiste très préjudiciable pour l'écologie", attaque Yannick Jadot.
"Elle a ses marottes et sa façon d'aborder les sujets n'est pas toujours la même que la notre. Nous continuons par exemple à dire que ce fut une grave erreur que de se priver d'une ressource fiscale vertueuse", dit plus diplomatiquement François de Rugy. "Oui, l'écologie cela peut gêner mais c'est l'absence d'écologie qui est punitive pour l'ensemble de la société. C'est parce qu'on ne fait rien que le diesel va continuer à tuer plusieurs dizaines de milliers de personnes par an", ajoute Sandrine Rousseau.
"Sans faire injure à Delphine Batho ou Philippe Martin, il est clair que la présence de Ségolène Royal au ministère de l'Ecologie lui donne un poids qu'il n'avait pas avant", constate au final François de Rugy. "Elle pèse beaucoup plus dans le débat mais si c'est pour participer au sabotage de la fiscalité écolo, ce n'est pas très intéressant", répond Yannick Jadot. "Finalement, conclut Sandrine Rousseau, si aucun ministre socialiste de l'écologie ne fait avancer les choses de manière satisfaisante c'est sans doute parce que le gouvernement est a-écologique."
Dans ce contexte, un retour des écolos dans l'équipe gouvernementale aux côtés de Ségolène Royal semble exclu. "On rentre dans un gouvernement qui a envie que l'on travaille ensemble. Aujourd'hui je n'en vois pas le signe", a confirmé mardi sur iTélé Barbara Pompili, coprésidente du groupe EELV à l'Assemblée.
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- Photovoltaïque : la Smartflower : http://www.natura-sciences.com/energie/smartflower-edf-enr832.html
- Nature. Ces arbres sont vraiment remarquables (La Dépêche)
- L'arbre, un climatiseur naturel :
> cf technique du koala : http://www.cliniqueterreneuve.fr/actualites/un-climatiseur-naturel-pour-le-koala-3129
> L'arbre en ville : http://lessor.fr/l-arbre-en-ville-un-climatiseur-naturel-7568.html
> Avenues bordées d'arbres (Votre énergie pour la France)
>>>
INFO OBS. 55% des réacteurs nucléaires français seraient
défectueux
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