samedi 26 décembre 2015

Animal

18 mars 2019
>>> Animal, on est mal…

Un nouveau hors-série du « Monde » consacré à la cause animale cherche à comprendre pourquoi l’homme s’est transformé en serial killer de nos amies les bêtes. (Lemonde)

Jamais l'homme, qui sait pourtant depuis Darwin d'où il vient, n'a autant anéanti les animaux sauvages et maltraité les animaux d'élevage. Et si l'on choisissait la résistance active ?

>> Al Gore et Obama ont lu et promu La 6e Extinction, le livre choc d'Elizabeth Kolbert sur la disparition des espèces. --> La 6e Extinction L'Obs
>> Devant la souffrance animale, le "cercle de la compassion" s'élargit.
>> En Inde, trois millions de jaïns vivent en communion avec toutes les bêtes de la Terre. -> Mathieu Ricard (Plaidoyer pour les animaux)
>> La chasse. Idyllique selon Virgile, martiale sous Charlemagne, royale avec Louis XIV... De Lascaux jusqu'à nos jours, la culture de la chasse offre un tableau nuancé. Où le chasseur n'est pas que prédateur.  --> A lire Daniel Roche, Histoire de la culture équestre.  Radio: FranceCulture
>> De l'Arctique à l'Antarctique, le photographe Vincent Munier célèbre la vie des ours blancs, des loups, des boeufs musqués. --> photos de Vincent Munier ici
>> Et Jacques Perrin livre en janvier sa dernière ode (Les Saisons) à la vie sauvage, qui, bonne nouvelle, revient en force en Europe ! -> interview ici


>> Les relations sociales? N'importe quelle fourmi en a. La fabrication d'outils? Des oiseaux le font très bien. En fait, Homo sapiens n'a pas de raison de se penser au-dessus des autres animaux (La bête humaine, Nicolas Delesalle, Télérama n°3442)



En 2016, les animaux pourront encore ne pas complètement désespérer de l'humanité.
(Vincent Remy, Télérama n°3442)




>> Lire aussi : Le Parti pris des animaux (Jean-Christophe Bailly) ; Les silence des bêtes. La philosophie à l'épreuve de l'animalité (Elisabeth de Fontenay) ; Sans offenser le genre humain (Elisabeth de Fontenay) ; L'Animal que donc je suis (Jacques Derrida) ; Le Chercheur et la souris (Chapouthier et Tristani-Potteaux) ; Le Bestiaire médiéval (Heck et Cordonnier) ; L'Evolution, question d'actualité ? (Guillaume Lecointre)
>> Charles DARWIN, aventurier visionnaire L'Obs
A voir :
>>  Je suis un soldat, film de Laurent Larivière 2015) ; Espèces d'espèces (de Denis Van Waerebeke)
>> Cinéma : Les saisons  , film 2015 , sur les forêts en Europe
>> Cinéma : Demain, film de 2015




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Citations
- "Au zoo, tous les animaux se tiennent convenablement, à l'exception des singes. On sent que l'homme n'est pas loin." CIORAN
- Le chat, "C'est l'esprit familier du lieu ; Il juge, il préside, il inspire Toute chose dans son empire ; Peut-être est-il fée, est-il dieu ? " BAUDELAIRE
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 Dauphins, éléphants, loups : cette "intelligentsia animale" qui nous ressemble beaucoup

L'esprit humain est-il si exceptionnel qu'on le dit ? En partenariat avec "Books".

Les dauphins en liberté des Bahamas avaient fini par très bien connaître la chercheuse Denise Herzing et son équipe. Plusieurs décennies durant, au début de chaque campagne d’observation de quatre mois, ils leur réservaient un accueil chaleureux: «De vraies retrouvailles entre amis», raconte Herzing.
Une année, cependant, les animaux agirent différemment. Ils ne s’approchaient pas du navire des chercheurs, refusant même les invitations à nager à la proue de celui-ci. Lorsque le capitaine plongea pour évaluer la situation, les dauphins restèrent à l’écart. Au même moment, à bord, on découvrit qu’un des membres de l’expédition était mort alors qu’il faisait la sieste sur sa couchette. Alors qu’on faisait route vers le port, «les dauphins vinrent se placer à côté de notre bateau, raconta Herzing. Contrairement à leur habitude, ils ne se laissaient pas porter par la lame d’étrave. Ils nous encadraient, à une quinzaine de mètres de distance, à la manière d’une escorte aquatique» accompagnant avec ordre la marche du navire.
Les questions soulevées par ce curieux épisode sont au cœur de l’essai stupéfiant de Carl Safina, «Au-delà des mots». Le sonar des dauphins est-il capable de traverser la coque en acier d’un bateau – et de remarquer qu’un cœur a cessé de battre ? Ces animaux peuvent-ils comprendre ce que ressentent des humains en deuil ? Leur société présente-t-elle un degré d’organisation compatible avec l’existence de cortèges funèbres ? Si la réponse à ces questions est oui, alors «Au-delà des mots» a des implications profondes pour les hommes et leur vision du monde.

L’humanité des lombrics et des écrevisses

Safina serait le premier à admettre que les récits du genre de celui d’Herzing n’ont pas la rigueur d’une expérience scientifique. Il se dit «très sceptique à l’égard des choses [qu’il aimerait] le plus croire, précisément parce [qu’il aimerait] les croire. Le désir de croire peut fausser notre jugement». Mais son livre a beau être rigoureusement scientifique, il ménage tout de même une place à des histoires parfaitement documentées de ce type. Car elles seules nous permettent de comprendre la manière dont les animaux intelligents, tels les dauphins, réagissent dans des circonstances rares ou inhabituelles.
L’autre option – capturer des dauphins ou des chimpanzés et les soumettre à une batterie de tests dans un cadre artificiel – aboutit le plus souvent à des absurdités. Prenez, par exemple, cette étude maintes fois citée selon laquelle les loups sont incapables de regarder dans la direction indiquée du doigt par un être humain – alors que les chiens, eux, le peuvent. En réalité, les loups soumis à l’expérience étaient en captivité: à l’état sauvage, ils réagissent immédiatement aux gestes d’indication, sans avoir besoin d’un entraînement.
Selon Safina, une approche évolutionniste des émotions nous aide à voir un individu dans la plus modeste des créatures. L’ocytocine est une hormone générant des sensations de plaisir et un besoin impérieux de sociabilité. Elle est si répandue que son apparition remonte probablement à sept cents millions d’années, voire au-delà. La sérotonine, associée à l’anxiété, est sans doute tout aussi ancienne: soumises à de faibles chocs électriques, les écrevisses présentent un taux élevé de cette substance, et leur comportement traduit de l’inquiétude. Traitées à la chlordiazépoxide (un médicament souvent prescrit en cas de crise d’angoisse), elles recouvrent leur état normal.
Le répertoire émotionnel de base s’est formé il y a si longtemps qu’on observe des comportements d’une grande sophistication y compris chez les vers de terre. Charles Darwin, qui avait passé sa vie à étudier cet invertébré, déclara que le lombric «mérite d’être dit intelligent». Lorsqu’il jauge un terrain pour creuser son terrier, le vers agit en effet «presque comme le ferait un homme placé dans des circonstances analogues». (1)

Intelligentsia animale

Les émotions sont les éléments constitutifs de nos relations sociales et de notre personnalité. Animé par les mêmes substances chimiques, chaque ver de terre, chaque écrevisse ou n’importe quel invertébré a des réactions qui lui sont propres face à ses semblables et au monde. Mais, si le ver de terre et l’écrevisse ont une personnalité et des réponses émotionnelles distinctes, leur cerveau est bien moins complexe que le nôtre.
L’homme appartient en effet à un club rassemblant un petit nombre de mammifères dotés de cerveaux exceptionnellement volumineux. C’est sur ce groupe d’animaux éminemment sociables – en particulier sur les éléphants, les grands dauphins et les loups – que se concentre Safina. Leur dernier ancêtre commun était un mammifère primitif nocturne, au petit cerveau et de la taille d’une musaraigne, qui vivait il y a environ cent millions d’années. Les membres de cette «intelligentsia animale», comme on pourrait l’appeler, diffèrent fortement par leur cerveau, leur morphologie ou leur type d’organisation sociale, ce qui ne nous aide pas à comprendre la manière dont ils vivent.
Safina appréhende et décrit le comportement des animaux qui l’intéressent à travers le regard de chercheurs qui ont consacré leur vie à les étudier. Quel effet cela fait-il d’être un éléphant ? Cynthia Moss a vécu pendant quarante ans auprès des pachydermes du parc national d’Amboseli, au Kenya. Elle les considère comme des animaux «intelligents, sociables, émotionnels, charmants, imitatifs, respectueux de leurs aïeux, espiègles, conscients d’eux-mêmes et compatissants».
Tout ceci paraît incroyablement humain. Pour autant, l’organisation sociale des éléphants diffère beaucoup de la nôtre. Ainsi, les femelles vivent avec leurs petits à l’écart des mâles et ignorent tout des relations amoureuses ou du mariage (les femelles peuvent toutefois manifester un vif intérêt pour le sexe, au point qu’elles feignent parfois d’être en chaleur pour attirer l’attention des mâles).
Une bonne part des publications relevant des sciences comportementales sont rédigées dans une langue neutre qui nous met à distance des animaux. Safina soutient que nous devrions recourir à un lexique unique de la peine, de la joie, de l’amitié et de l’empathie pour décrire des réactions communes aux hommes et aux autres animaux. J’y ajouterais personnellement le vocabulaire relatif aux cérémonies: quel autre mot que «mariage» conviendrait pour décrire l’union rituelle, suivie d’un engagement à vie des partenaires, qui caractérise par exemple les albatros ?

Le deuil des éléphants

Ce sont parfois les petites choses qui révèlent le mieux la ressemblance des expériences vécues. Une fois sevrés, les éléphanteaux piquent des colères dignes du plus furieux des enfants de 2 ans. L’un d’eux était tellement remonté contre sa mère qu’on le vit hurler et barrir en la piquant de ses minuscules défenses. Pour finir, de frustration, le petit planta sa trompe dans l’anus de sa mère, avant de se retourner et de lui asséner un coup de patte. «Espèce de petite terreur !», pensa Cynthia Moss en assistant à la crise.
Les clans d’éléphantes, gouvernés par des matriarches, s’associent périodiquement pour former des groupes plus importants. D’où l’excellente mémoire de ces animaux, capables de reconnaître jusqu’à un millier d’individus. L’empathie des éléphants est si grande qu’il leur arrive d’enterrer leurs morts et de revenir à plusieurs reprises auprès des restes d’une matriarche décédée pour caresser ses défenses et ses os.
Leur attitude face à la mort a été décrite comme «probablement la chose la plus étrange les concernant». Alors qu’Eleanor, la matriarche du parc d’Amboseli, était mourante, Grace, une autre matriarche, s’approcha d’elle. Ses glandes temporales ruisselant d’émotion, elle essaya de la relever. Grace veilla Eleanor jusqu’à la nuit de sa mort et, le troisième jour, la famille de cette dernière et son amie la plus proche, Maya, vinrent voir la dépouille.
Une semaine après le décès, la famille revint pour manifester ce qu’on ne peut appeler autrement que leur deuil. Un jour, un chercheur fit entendre la voix enregistrée d’un éléphant décédé aux membres de sa famille. Ceux-ci se mirent à chercher comme des fous leur proche disparu. Et la fille de l’éléphant mort continua de l’appeler pendant des jours.
On a vu des éléphants arracher une lance fichée dans le corps d’un compagnon blessé ou rester aux côtés d’un petit né avec une infirmité. En 1990, une autre femelle du parc d’Amboseli, Echo, donna naissance à un bébé qui n’arrivait pas à se tenir sur ses pattes avant et qui pouvait donc à peine se nourrir. Pendant trois jours, Echo et sa fille de huit ans, Enid, restèrent auprès de lui alors qu’il boitait en s’appuyant sur ses genoux. Le troisième jour, l’éléphanteau parvint finalement à étendre ses pattes et, malgré plusieurs chutes, il put bientôt marcher correctement. Comme l’écrit Safina, «la persévérance de sa famille – que, chez des humains confrontés à une situation similaire, nous pourrions appeler leur foi – l’avait sauvé».

La vie et l'oeuvre de Vingt-et-Un

La plupart d’entre nous ne verrons jamais d’éléphant sauvage. A fortiori, nous ne passerons pas assez de temps à les observer pour pouvoir les comprendre en tant qu’individus. Mais il existe un animal qui partage notre vie et dont la sociabilité, la profondeur émotionnelle et l’intelligence nous sont facilement accessibles: le chien. On considère souvent ce dernier comme un membre à part entière de la famille. Or une proportion sidérante de son comportement découle directement de celui du loup.
La famille à laquelle appartiennent ces deux espèces – celle des canidés – est un pur produit américain, apparu et ayant évolué durant des dizaines de millions d’années en Amérique du Nord avant de s’étendre aux autres continents il y a environ cinq millions d’années. Ses origines américaines n’ont pas protégé le loup contre la violence de la Frontière. À la fin des années 1920, ses représentants avaient été tout bonnement exterminés dans les quarante-huit États contigus [comme on désigne les États américains hormis Hawaii et l’Alaska].
La réintroduction du loup dans le parc national de Yellowstone, en janvier 1995, a offert une occasion unique d’observer des meutes se frayant un chemin dans un monde nouveau. Le responsable des recherches sur les loups à Yellowstone, Doug Smith, explique que leur activité se divise en trois catégories: «Ils voyagent, ils tuent et ils sont sociables – très sociables.» Mais l’on s’étonne aussi de voir à quel point les loups nous ressemblent. Ils savent se montrer impitoyables dans leur quête du pouvoir, pouvant aller jusqu’à tuer les petits de leur propre sœur si cela sert leurs intérêts, tout en étant capables, dans certains cas, d’adopter la portée d’une louve appartenant à un clan rival.
Les meilleurs des loups sont de brillants meneurs qui suivent toute leur vie une stratégie pour assurer la prospérité de leur famille. D’après les observateurs, le loup le plus admirable à avoir jamais vécu à Yellowstone était Vingt-et-Un (les spécialistes utilisent des nombres, plutôt que des noms, pour désigner individuellement les loups).
Il était grand et courageux. Il avait un jour fait face à l’attaque de six congénères qu’il avait tous mis en fuite. S’il gagnait toujours ses combats, Vingt-et-Un était aussi magnanime: jamais il ne tuait un adversaire vaincu. Cela le distinguait des autres loups, tout comme sa taille et sa force. L’animal faisait partie de la première portée née à Yellowstone après la réintroduction des loups dans le parc. Le tournant décisif se produisit pour lui à l’âge de 2 ans et demi, lorsqu’il quitta sa famille pour rejoindre une meute dont le mâle dominant avait été abattu deux jours plus tôt. Vingt-et-Un adopta alors et aida à nourrir la progéniture du défunt.
Caractéristique frappante, Vingt-et-Un adorait se battre avec les petits et faire semblant de perdre. Comme le décrit l’expert Rick McIntyrek, «il se laissait simplement tomber sur le dos, les pattes en l’air. Alors, le louveteau grimpait sur lui triomphalement en remuant la queue». «La faculté de faire semblant est le signe que l’on comprend comment ses actions sont perçues par les autres, explique Rick McIntyrek. Elle indique un haut degré d’intelligence.» Le fait que beaucoup d’humains reconnaissent cette qualité chez les chiens mais n’ont pas su la détecter chez les loups illustre l’intérêt du livre de Safina. Car les chiens ne sont rien d’autre que des loups venus vivre à nos côtés.
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Tim Flannery
Article paru dans la «New York Review of Books» le 8 octobre 2015, traduit par Delphine Veaudor


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Lecture conseillée :
Un Animal doué de raison, de Robert Merle

« Bi et Fa, les deux dauphins, le regardaient, ni amicaux, ni hostiles.
Eh bien, Bi, dit Sevilla, tu ne dis rien ?
Maintenant, je ne parle plus. Maintenant je nage.
Pourquoi ?
Je ne veux plus parler la langue des hommes.
Moi non plus, dit Fa tout d'un coup.
Pourquoi ? dit Sevilla en se tournant vers lui.
Fa ne répondit pas.
Pourquoi, Bi ?
Bi le regarda alternativement de l'oeil droit puis de l'oeil gauche... Elle dit d'une voix criarde, nasillarde et parfaitement distincte :
L'homme n'est pa bon.

Prix Goncourt en 1949 avec Week-end à Zuydcoote, Robert Merle, né en 1908, a effectué quelques incursions mémorables dans la littérature de science-fiction avec Un animal doué de raison, Malevil ou Les hommes protégés, unanimement considérés comme des chefs-d'oeuvre de finesse et d'intelligence.


Une émission, sur FranceCulture, consacrée à ce roman : ici 




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Prédateur, il se fait stratège. Au contact de l'homme, il «parle». Mais l'étudier nous apprend beaucoup sur nos propres limites.

En 1967, deux dauphins ont tenu une conférence de presse, en anglais, devant un parterre de journalistes médusés. Ils parlaient. D'une manière un peu nasillarde, certes - ils n'ont pas de cordes vocales et utilisent leur évent - mais claire. Un événement international... totalement fictif: bien des chercheurs ont rêvé à ce chapitre du roman de Robert Merle «Un animal doué de raison» (Gallimard). Malheureusement, les travaux du Dr Lilly, sur lesquels le romancier s'appuyait, n'ont pas réussi à rendre des dauphins bilingues. L'homme, cependant, poursuit ses chimères. Depuis les années 50, des chercheurs travaillent sur le langage des cétacés en espérant, du même coup, mesurer leur intelligence. Vaste programme.
Le premier élément «objectif» longtemps utilisé pour jauger l'intelligence est la taille du cerveau. Plus lourd que celui de l'homme (1,8 kilogramme, pour 1,5), de structure complexe, l'encéphale du dauphin est indéniablement celui d'un animal pensant. Mais à quel point? «Notre compréhension des structures cérébrales est aujourd'hui insuffisante pour mesurer leur potentialité», estime Anne Collet, directrice du Centre de recherche sur les mammifères marins de La Rochelle. Elle préfère constater les grandes capacités d'adaptation des cétacés, seule espèce présente dans toutes les mers du globe, des côtes argentines à l'Arctique, en passant par Hawaii. Un indice peut-être plus probant. Sur terre, la seule espèce qui réussit ce tour de force est l'homme.
Autre critère: leur rapidité à analyser et à résoudre des problèmes. Pour la chasse, par exemple, où ils font preuve de beaucoup d'imagination. Ils savent même utiliser, à leur profit, des éléments extérieurs. L'homme, par exemple. En s'associant à lui - comme avec les Imraguens de Mauritanie, pour la pêche du mulet - ou en le piratant: certains dauphins suivent les chalutiers afin de piquer des poissons à travers les mailles des filets. On les a même vus défaire habilement les noeuds à l'extrémité du chalut!
Honolulu, dans un coin du port de pêche. Une enceinte fermée à clef, le Kewalo Basin Marine Mammal Laboratory, de l'université de Hawaii, abrite des bassins d'eau de mer. Un homme, debout, fixe un dauphin émergeant de l'eau. Soudain, il s'agite, effectue plusieurs gestes rapides et s'arrête, les bras le long du corps. Immédiatement, le cétacé file à l'autre bout de la piscine, attrape une balle, la pousse jusqu'à un cerceau, puis rapporte le tout à une jeune femme restée immobile. A quelques mètres de là, Louis Herman exulte: «Bien, très bien!» Il est l'un des rares à avoir inventé un langage commun homme-dauphin, par gestes. Avec un vocabulaire simple - plus de 150 mots - il peut désormais mieux mesurer les capacités de ses étonnants pensionnaires. «Ils sont capables de mémoriser des phrases de cinq mots et de les interpréter parfaitement, explique Louis Herman. Ils comprennent totalement la sémantique et la syntaxe - la disposition des mots dans la phrase.» Intelligents? Herman n'en doute pas. Mais dans quelle mesure? Est-on sûr que l'apprentissage d'une langue peut révéler le degré de l'intelligence?
En fait, l'étude du dauphin nous apprend beaucoup sur nos propres limites: nous ne disposons pas de moyens suffisants pour le comprendre. En observant des animaux en bassin, il est difficile de retrouver la complexité des échanges d'un groupe en liberté. Et, dans la nature, il est impossible de les enregistrer de façon satisfaisante. La communication n'est pas uniquement sonore. La position du corps ou des nageoires peuvent avoir de l'importance. Au moins savons-nous que les cétacés émettent des sons précis dans des situations données. Langage évolué ou simple signal, comparable à celui du chien qui gémit ou aboie? D'autant que ces sons diffèrent d'un groupe de cétacés à l'autre. Il n'y aurait pas un langage, mais des langages. En choisissant de construire un vocabulaire commun, Louis Herman a sans doute choisi la sagesse...
Jacques Mayol, lui, va beaucoup plus loin. L'inspirateur du «Grand Bleu» se revendique «homo delphinus», et il n'hésite pas: «Les dauphins, affirme-t-il, sont télépathes.» Les scientifiques lèvent les yeux au ciel. Certains d'entre eux évoquent plus simplement les qualités du sonar du dauphin. Il peut deviner la moindre sensation, et donc sentir la nervosité ou l'émotion de l'homme. Mais des plongeurs comme Wade Doak, naturaliste néo-zélandais, racontent des histoires troublantes de communication à distance. Sans qu'aucun élément scientifique vienne aujourd'hui étayer cette thèse. Peu importe, après tout: «L'imagination, disait Albert Einstein, est plus importante que le savoir.»
À LIRE :
«Baleines, dauphins et marsouins», sous la direction de Richard Harrison et M. M. Bryden, Bordas.
«Les Dauphins», d'Anne Collet et Raymond Duguy, éd. du Rocher.
«Ambassadeur des dauphins», de Wade Doak, J.-C. Lattès.
«Homo delphinus», de Jacques Mayol, Glénat.
«Le Cinquième Rêve», de Patrice Van Eersel, Grasset






C'est pas sorcier. DAUPHINS





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Au Japon, les cerfs sont des citadins comme les autres

Dans Nara, ancienne capitale du Japon, et sur l’île de Miyajima, considérée comme une île sacrée, les cerfs sont protégés comme un trésor national. Se sentant en sécurité, ils occupent l’espace urbain de ces sites et deviennent à part entière des « habitants » de la ville. Leur nombre est en constante augmentation et génère aussi des polémiques dans certaines régions à cause des dégâts provoqués par leur présence, notamment pour les agriculteurs. LeMonde

>>> Voir aussi le très beau film d'animation : Princesse Mononoké (de Hayao Miyazaki)





Lire aussi :
>>> L’étonnant cerveau des oiseaux et autres infos scientifiques
>>> La nature un bien marchand LeMonde
>>> Des cosmétiques qui n'ont pas été testés sur des animaux  LeFigaro
>>> Les corbeaux sont malins comme des singes LeNouvelObs

>>> FEV2017. En images : Les aigles plus forts que les drones. Quatre aigles royaux ont été acquis par l'armée de l'air française afin d'améliorer la lutte contre les drones.  ParisMatch















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