mercredi 17 février 2016

Economie

>>> OCT2017. Bruno Le Maire qualifie "d'ânerie" la "théorie du ruissellement" L'Obs
>>> OCT2017. "La théorie du ruissellement est une fable, pas le modèle scandinave !"
Le débat est ouvert entre économistes sur l'efficacité des réformes fiscales d'Emmanuel Macron. Philippe Aghion, professeur au Collège de France, répond à Thomas Piketty qui dénonce une "faute historique" et à ceux qui évoquent la "théorie du ruissellement".
Alors que l'économiste Thomas Piketty dénonce dans "Le Monde" la suppression de l'ISF comme une "faute historique", précisant que "cela n'a aucun sens de faire des cadeaux fiscaux aux groupes âgés et fortunés qui ont déjà prospéré ces dernières décennies", Philippe Aghion, professeur au Collège de France, inspirateur du programme d'Emmanuel Macron, défend les réformes fiscales en cours.
Pour lui, elles n'ont rien à voir avec la "théorie du ruissellement" mais s'inspirent du modèle suédois qui a prouvé son efficacité, avec la volonté de stimuler l'innovation et donc la croissance en favorisant la mobilité sociale.  L'Obs

>>> SEPT2017. Qui sont ces pépites de l’économie européenne ? Parmi les 1 000 PME les plus dynamiques d’Europe, 20 % sont issues de l’industrie, selon la Bourse de Londres. LeMonde
 >>> AOUT2017. Des économistes européens appellent l’Europe à se réformer. Dans une tribune au « Monde », quatre spécialistes européens plaident pour des réformes ambitieuses mais concrètes, tant dans le domaine économique qu’en politique étrangère. (…) « Il existe une solution intermédiaire entre l’union politique et le modèle bancal de Maastricht » (…) Finaliser l’union bancaire Lemonde



>>> FEV2017. Quelles élites pour transformer nos pays ? LE CERCLE DES ECONOMISTES - Les élites n'ont pas su protéger les populations face aux vagues d'internationalisation rapides. LesEchos
  >>> FEV2017. Une sortie de l'euro alourdirait le coût de la dette française de 30 milliards par an (le Gouverneur de la Banque de France)  LeFigaro
>>> JAN2017. Rénover la gauche : « Pour un vrai gouvernement de la zone euro ». Une chambre parlementaire où chaque pays serait représenté rendrait à la zone son pouvoir de décision démocratique, avance l’économiste Thomas Piketty. Le Monde
>>> SEPT2016. La grande dégringolade des classes moyennes

>>> 80 économistes lancent un appel pour «sortir de l’impasse économique»
Quatre-vingt économistes, majoritairement marqués à gauche, appellent dans une tribune publiée mercredi sur Mediapart et dans Le Monde à un changement de politique en France, afin de «sortir de l’impasse économique» qui menace le pays, selon eux, depuis la crise de 2008.
«Le chômage, la précarité, la difficulté à boucler ses fins de mois, marquent la vie de millions de nos concitoyens», soulignent les signataires de cet appel, parmi lesquels Michel Aglietta, Philippe Askenazy, Liem Hoang-Ngoc ou bien Xavier Timbeau.

Face à cette situation, «les partisans du libéralisme économique plaident pour réduire plus drastiquement encore la dépense publique» et «démanteler le droit du travail», poursuivent les économistes, qui jugent ces solutions vouées à l’échec.
Pour «répondre à l’urgence économique et sociale», les signataires proposent un plan de sortie de crise construit autour de trois volets: un pacte productif écologique et social, un programme de soutien à l’activité et à l’emploi, et une remise en cause des règles européennes.
Concernant le pacte productif, «les besoins ne manquent pas», soulignent les économistes, qui évoquent les investissements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, la construction de logements ou l’aide aux personnes en perte d’autonomie, afin de créer «des centaines de milliers d’emplois».
Pour le soutien à l’activité, les signataires évoquent une enveloppe de «40 milliards d’euros par an», financée par le redéploiement de sommes consacrées au pacte de responsabilité, «dont l’échec en matière d’emploi est patent», et par un recours à l’endettement, «à l’instar de ce que n«ont pas hésité à faire les Etats-Unis».
Critiquant les «règles néolibérales qui font que l’Union est devenue le grand malade de l’économie mondiale», les auteurs de la tribune appellent ainsi à une hausse des dépenses dans les pays excédentaires, pour «réduire par le haut les déséquilibres commerciaux» et «juguler les pressions déflationnistes».
«La sortie du sombre tunnel politique dans lequel (l’Europe) est engagée ne passe pas uniquement par l’économie. Mais elle restera hors de portée si l’on s’acharne à poursuivre des politiques néolibérales qui creusent les inégalités», concluent-ils.
AFP





Lire aussi :
>>> Moins d'austérité et plus de solidarité en Europe. Sigmar Gabriel (Ministre allemand de l'économie et de l'énergie) LeMonde
>>> De l'inégalité en Amérique    Piketty
>>> Impôt sur le revenu : tous les français doivent participer, même les plus modestes  LeNouvelObs
>>> Face à l'économie qui tue et qui exclut, le pape prône un changement radical  LeMonde, juillet2016
>>> la réponse de deux professeurs de l'ESSEC au pape François LeNouvelObs
>>> Français à Londres : prêts à tout pour travailler    LeNouvelObs oct2015
>>> Le déclin des classes moyennes en Europe   LeFigaro, 02/03/2016
>>> « L’activité économique et son anticipation par les entreprises sont bien le moteur de la création d’emplois » LeMonde , Mars2016
>>> Bientôt de nouvelles usines en France grâce au « plan Juncker » LeMonde, 09/03/2016
>>> Surtaxer les CDD, une demande de longue date des syndicats  LesEchos
>>> Réforme du droit du travail : ce qui changerait pour Michel, 50 ans, salarié. LeMonde, mars2016
>>> Jean Tirole défend la loi Travail de Myriam El Khomry  HuffingtonPost
>>> Henri Weber : faisons le choix de la « flexisécurité » pour endiguer le chômage LeMonde
  
>>> La transmission de fonds de commerce à a peine LeMonde :
De moins en moins de jeunes entrepreneurs ont envie de reprendre une boutique en dur. La perspective de devoir acquitter des taxes locales est dissuasive, comme le risque de devoir assumer une ou plusieurs embauches. Une désaffection qui ne fait pas les affaires de certaines villes de province où il n’est pas rare d’observer une succession de pas-de-porte à l’abandon, constellés d’affichettes d’agences immobilières indiquant un bail à céder.
Ce désintérêt pour la reprise d’une activité s’est évidemment traduit par un recul des prix des fonds de commerce.

>>> « la flexibilité existe déjà, elle est même partout, tout le monde ajuste (…) La flexibilité, c’est déjà la vie quotidienne de millions de Français. Je ne comprends pas cette obsession de la flexibilité, ces querelles théologiques et théoriques » ArnaudMontebourg
>>> Les vertus du Smic chez les anglo-saxons   LeMonde
>>> Nuancer la vision de l'Allemagne dans laquelle l'économie serait parfaite.   Allemagne, l'ascenseur social en pane  LeMonde

>>> BCE et Allemagne. «L’Allemagne est le principal problème de la BCE» Libération
>>> BCE et Allemagne. BCE : après les critiques allemandes, Mario Draghi contre-attaque LeMonde

>>> Balzac : son programme néolibéral contre l’immobilisme français
>>> Le crowdfunding s’essouffle
>>> Economie et écologie. Crise du capitalisme : André Gorz avait tout compris
>>> Pierre-André de Chalendar : « Le coût du travail reste un problème »

>>> Economie circulaire (HP)
>>> Economie collaborative (Jeremy Rifkin. Sur youtube)
>>> Economie collaborative, les limites (Le Monde)

>>> Taxation des importations (pour une Europe qui protège et se protège) (Les Echos)
>>> L’Europe doit oser le rapport de force avec la Chine. Bruxelles s’est trop longtemps contentée de rechercher des compromis.
>>> Bruxelles abat ses cartes face au made in China
>>> Ce que révèle l’investiture de Donald Trump sur la situation économique des États-Unis
 : désindustrialisation, et déclin ressenti par les classes moyennes.
Le premier employeur privé était General Motors (GM), qui vendait des voitures « Made in USA » et payait de « bons salaires ». Le nouveau nouveau numéro 1 symbolise une époque radicalement différente : Walmart, leader mondial des supermarchés, vend des produits « Made in China », et ses salaires dépassent rarement les 10 dollars (9 €) de l’heure. Avec des avantages sociaux (assurance santé, congés payés, etc.) réduit au minimum.

>>> L’inquiétante dévitalisation des bourgs.
Trois phénomènes mortifères se combinent. La fermeture d’industries et de services publics entiers, amplifiée par la révision générale des politiques publiques
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>>> Revenir aux origines de la monnaie pour penser l’Euro

On avait, quelques années auparavant, esquissé qu'un seul euro pour tous était une idée un peu violente. Au tout début de la monnaie, même les empire s'en passaient d'une monnaie unique.

On voit bien qu'il faut être à l'aise avec une monnaie faute de quoi, le commerce et l'industrie hésitent et le consommateur retient son billet dans sa poche. Les Irlandais, les Portugais... et les Grecs aussi, avaient vu dans l'euro un vrai monde d'opportunités. Maintenant, pour ces pays, l'euro n'est plus l'ouverture vers le vaste monde. C'est devenu une charge.

Comment peut-on vouloir être à la fois universel et particulier, être dans le monde et demeurer dans sa coquille, participer aux grands courants et rester à l'ancre dans les eaux tranquilles d'une baie, bien à l'écart ? C'est bien ici que le débat se noue. On l’avait posé, il y a bien longtemps, dans ces mêmes colonnes. Rien n’a bougé. Faut-il revenir aux origines de la monnaie pour débrider la pensée ?

Monnaies locales et monnaies globales


Et si on faisait preuve d’imagination ? Prenons un exemple : dans la région parisienne les prix de l'immobilier menacent d'exploser. Entre autres raisons, il y a le flux incessant d'investisseurs étrangers qui déversent leurs euros sur le marché.  Si la région parisienne avait sa monnaie, on va dire le Parisis, convertible en Euro et rien qu'en euro.  Et si les transactions dans l'immobilier n'étaient recevables qu'en Parisis, les étrangers seraient obligés d'acheter du Parisis contre Euro. Ils feraient monter les cours du Parisis et l'immobilier parisien leur serait plus coûteux. Mais les prix, exprimés en Parisis demeureraient inchangés. Pour les franciliens l'euro ne serait pas à l'origine de l'explosion des prix. Au surplus, leur pouvoir d'achat à l'égard des autres régions se renforcerait.
Imaginons la Catalogne dont le désir d'indépendance est actuellement si fort. Dotons-la d'une monnaie à elle, riche comme elle est, laissons cette monnaie monter contre euro. Les Catalans n'auraient plus à se plaindre d'être la poche profonde de l'Espagne puisqu'en s'appréciant, leur monnaie renforcerait leur pouvoir d'achat à l'extérieur de la Catalogne. Cerise sur le gâteau, ils seraient protégés contre l'inflation, payant moins cher leurs achats à l'extérieur du pays catalan.

Dans cette fable, qui se développe toute seule, en toute logique, remarquons que pas un instant n'a été évoquée l'idée que l'euro pourrait être abandonné !

Pourquoi rompre avec le concept même de l'Euro ? C'est inutile ! L'Euro, qui est fort, va bien avec les forts. Laissons-le-leur. Au surplus, cela fait bien longtemps que l'Euro est la monnaie dans laquelle les banques aiment se parler, échanger, spéculer.
En revanche, l'euro ne peut pas être pour les européens le risque d'être laminés et transformés en un Européen, conceptuel, abstrait et désincarné. La France sait ce que c'est que de transformer des provinciaux aux parlers nombreux et chaleureux en Français conceptuels au parler pointu.

Une monnaie pour la Catalogne ne veut pas dire que l'euro n'existe plus mais l'euro est-il nécessaire là où les transactions sont purement domestiques. Il est même arrivé qu'une monnaie, sous un même nom cache deux taux de conversion en une troisième. C'était le cas du dollar au milieu du XIXème siècle : émis par une banque de l'Ouest, il ne pesait pas le même poids d'or que lorsqu'il était émis par une banque de l'Est.

Aux sources de la monnaie : la liberté d'émission

Nous devrions sûrement essayer de penser la monnaie autrement que sous la forme surrationnelle, newtonienne et cartésienne qui nous a saisie depuis près de 200 ans. Notre vision de la monnaie fait penser à l'art de la tragédie à la Française ! Les fameuses trois unités deviennent, « une, garantie, intangible ». Ne la jetons pas au panier tout de suite cette forme mais retournons aux sources de la monnaie. Aux temps des Lydiens, des Grecs et des Perses par exemple, au temps d'Aristote, celui des inventeurs et de la monnaie et de la pensée sur la monnaie.

On insiste trop à mon avis sur les trois fonctions « aristotéliciennes » de la monnaie (encore trois !) et pas assez à ce qu'Aristote avait pensé des réformes de Solon. Celles-ci portaient dans le même temps et le même esprit, sur les poids, les mesures et la monnaie. Elles faisaient partie d'un ensemble relatif à l'organisation de la cité et de la manifestation de sa capacité à se penser : le nomos. Dans l'univers grec, « Autonomos » caractérisait l'aptitude d'une cité à décider pour elle-même quel que soit son statut vis-à-vis d'un grand ensemble politique. Ajoutons que Nomos, la loi, et Nomisma, la monnaie avaient la même racine. Qui plus est : drachme, nom de la principale et plus connue des unités monétaires en usage à Athènes, était aussi le nom d'une unité de mesure. (la confusion sémantique entre mesure de poids et monnaie est très fréquente au moins dans les sociétés occidentales).

La fonction monétaire selon les auteurs de cette époque est régalienne : il appartient au Roi, d'émettre la monnaie en fonction des besoins. Or, tant dans l'empire Perse que dans l'Empire Athénien (la ligue de Délos) le centre du pouvoir, (le grand Roi, Athènes) ne s'attribue en aucune façon le monopole de l'émission. Sous réserve du respect des caractéristiques de leurs propres émission : coins, poids, teneur en métal, représentations et symboles, les entités politiques « inférieures » (soumises, tributaires, alliées etc) se voient reconnaître une autonomie réelle d'émission et sont autorisées, en cas de besoin à émettre en or, argent ou électrum, voire en bronze.

Ce retour à l'antique est utile pour décaper quelques idées reçues sur la monnaie, son émission et son statut. Un des arguments relevés par les auteurs (grecs pour la plupart) en faveur de cette « autonomos » intérieure des cités, tenait à « la fierté », à la valeur de messages de l'émission monétaire, tout autant qu'à son utilité commerciale ou fiscale. Le message portait sur l'ordre physique et politique du monde. Poids, mesures, monnaies et sur ceux qui pouvaient, à leurs places, y contribuer.

Au centre l'Euro, à la périphérie...

L'Euro, en tant que monnaie unique et universelle pour tous et pour tout n'aurait pas été compris par nos grands anciens (dont il faut rappeler encore une fois qu'ils ont inventé la monnaie). Pour un Perse, la monnaie de Darius ne pouvait servir que dans un rapport royal : paiements des dépenses royales (armée, dieux, cocontractant impériaux) et des recettes royales (paiement des impôts, taxes, tributs de la part des entités politiques soumises). Le reste, relevait d'unités politiques décentralisées, voire de corporations religieuses ou civiles.
Il est temps de proposer : La liberté est à Europe ce que la beauté est à Venus.
Il y aurait ceux qui décideraient d'être « Euro », du haut en bas, petits et grands, entreprises et pouvoirs publics. A leurs risques et périls mais aussi à leurs bénéfices, car chez eux se trouveraient nécessairement les grandes banques, les grands marchés financiers, les grandes compagnies d'assurance, l'ouverture vers le vaste monde.... etc.
Il y aurait ceux, qui auraient envie, pour longtemps ou pour un petit bout de temps, d'être entre eux. Ceux qui veulent se protéger contre les grands vents qui balayent la planète. Ceux-là pourraient décider de prendre une monnaie pour eux, locale, uniquement convertible en Euro.
Pour éviter des gredineries ou des palinodies, il y aurait des critères et des tailles critiques ; des projets et des ambitions ; le souverain et ses grands serviteurs resteraient avec l'Euro. Ailleurs les monnaies locales protégeraient contre les dangers du Global. Il y aurait une prudence à toujours garder à l'esprit : « trop de monnaies, tue la monnaie ». 
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>>> La bonne politique budgétaire de Bruxelles. Editorial du « Monde ». Avec une grande sagesse politique, la Commission de Bruxelles a recommandé, mercredi 27 juillet, que ni l’Espagne ni le Portugal ne fassent l’objet de sanctions pour dérapage budgétaire. Ce n’est pas seulement une affaire européenne. Dans le monde occidental, en matière de politique économique, l’air du temps est en train de changer. L’obsession de la réduction de la dette s’amenuise. L’arme budgétaire – l’investissement public – est réhabilitée. C’est une bonne chose.

>>> Balzac : son programme néolibéral contre l’immobilisme français
>>> Le crowdfunding s’essouffle

>>> Stiglitz : “Il faut sauver l'Europe plutôt que l'euro”. Pour le Nobel d'économie, la monnaie unique est responsable de la longueur et de la profondeur de la crise que subit l'Europe depuis 2008. L'économisme Stiglitz résonne bien sûr en économiste (d'ailleurs, d'autres économistes tout aussi prestigieux ne partagent pas du tout les idées de Stiglitz. Pour ma part, je préfère le prix Nobel d'économie Jean Tiroles, qui lui est favorable à l'euro et à une Europe fédérale) 

Rappelons que l'euro n'est pas qu'une devise. L'euro est aussi et surtout une partie de l'identité de l'Europe. Le problème de l'UE n'est pas la monnaie, mais le manque d'éléments nous rattachant facilement à l'Europe : une armée, de vrais frontières, un identité commune affirmée, une langue que les populations des pays membres devraient apprendre (et qui ne peut pas être l'anglais), une identité basée sur le point commun des peuples européens, par exemple le latin & le grec, la clture et la religion judéo-chrétienne


>>> Distribuer directement de l'argent aux citoyens ? La BCE y réfléchit L'Obs
En évoquant les difficultés juridiques que poserait la distribution dans la zone euro d'une "monnaie hélicoptère", le président de la BCE Mario Draghi confirme son intérêt pour cette pratique non conventionnelle.
La Banque centrale européenne a décidé ce jeudi de poursuivre, au delà du terme prévu de mars 2017, sa politique dite de "Quantitative Easing" qui consiste à introduire de la monnaie fraîche dans les circuits, en achetant des obligations détenues par les banques et autres investisseurs institutionnels (pour en savoir plus, lire "Le Quantitative easing expliqué à un enfant de 5 ans. Bon, OK, 12 ans").
La BCE injecte de cette façon 80 milliards d'euros par mois, mais elle lèvera un peu le pied à partir d'avril : les montants repasseront à 60 milliards. Beaucoup d'argent pour des résultats jusque-là décevants : l'inflation est toujours au plus bas et l'activité européenne ne redémarre pas vigoureusement. Les banques expliquent qu'elles n'ont pas suffisamment de demandes sérieuses d'emprunts, et elles placent donc cette monnaie fournie par la banque centrale sur les marchés.

Un "concept très intéressant"

Une idée, pourtant, fait son chemin et pourrait résoudre le casse-tête de la BCE : ce qu'on appelle "la monnaie hélicoptère". Au détour d'une phrase, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi avait jugé en mars dernier qu' il s'agissait d'un "concept très intéressant, débattu entre experts". La petite phrase avait fait couler pas mal d'encre. La monnaie hélicoptère, c'est l'idée de distribuer directement aux acteurs économiques (à commencer par les citoyens) de la monnaie créée par la Banque centrale, plutôt que de la flécher vers les sables mouvants des circuits bancaires.
Imagée, l'expression a été popularisée par l'économiste Milton Friedman en 1969, qui ne trouvait pas absurde qu'on balance des billets de banques depuis un hélicoptère. Au moins, on évitait la case "Etat" et ses distorsions. Dans une lettre écrite le mois dernier en réponse à un député espagnol, Jonas Fernandez, qui l'interrogeait sur le sujet, Draghi va bien plus loin qu'en mars : il s'interroge ouvertement sur la faisabilité juridique de la chose.  Et ce faisant, il montre qu'il y réfléchit.
Prudent, il prend d'abord soin de préciser quel la question "n'a jamais été discutée par le conseil des gouverneurs" de la BCE. Puis il signale qu'une telle opération ne serait juridiquement possible que si la BCE, qui n'a pas le droit de financer directement les Etats, ne se substituait pas à ces derniers. La phrase clé :
"Des complexités juridiques pourraient surgir si le schéma était perçu comme le financement d'une obligation du secteur public à l'égard de tiers". 
Selon lui, il faudrait donc préalablement déterminer ce qui relève des tâches des Etats et ce qui relève de celles de la BCE.
Certes, la phrase de la lettre de Draghi peut prêter à diverses interprétations, comme le sont souvent les propos des banquiers centraux. Mais pour les défenseurs de la monnaie hélicoptère, regroupés sous la bannière "QE4people" (Quantitative easing pour le peuple), Mario Drahi fait dans cette lettre un pas de plus dans leur direction. 

Un dividende monétaire ?

Ainsi, pour Stanislas Jourdan, qui anime la campagne QE4people, Draghi considére désormais que "la monnaie hélicoptère est possible tant qu'il s'agit d'un versement additionnel aux dépenses budgétaires actuelles". Quel type de financements pourrait entrer dans ce cadre ? Réponse de Jourdan :
"Je vois pas en quoi cela exclurait un dividende monétaire – des virements directs sur les comptes bancaires des citoyens sans passer par la case gouvernement !"
De très nombreux économistes sont d'accord pour juger que l'idée de la monnaie hélicoptère n'a rien d'absurde. Les résultats du QE sont médiocres, et on peut dès lors se demander pourquoi la BCE s’obstine à passer par les banques privées… Ne serait-il pas plus judicieux de distribuer cette monnaie directement aux citoyens ou aux entreprises ?  La crise de la zone euro se prolongeant, l'inflation restant au plancher, rares sont les économistes qui trouvent farfelue cette idée "non conventionnelle". Les centaines de milliards d'euros distribués par la BCE pourraient, s'ils étaient mieux orientés, changer la donne économique. Au passage, l'image de la zone euro et de la BCE dans l'opinion n'en serait qu'améliorée.
Draghi est clairement intéressé par l'idée : dans sa lettre, il n'en rejette pas le principe puisqu'il limite ses interrogations aux contraintes juridiques. Les traités interdisent à la BCE de financer les dépenses publiques des Etats, y compris "les obligations du secteur public à l'égard de tiers", expression que l'on retrouve dans la lettre de Draghi au député espagnol.
La distribution de 1.000 euros (par exemple) à tous les citoyens d'Europe, entrerait-il dans le champ de cette interdiction ? Draghi ne donne pas la réponse à cette question, préférant cultiver l'ambiguïté. En cela, il fait honneur au célèbre axiome de Greenspan, cher aux banquiers centraux : "Si vous avez l'impression d'avoir compris ce que j'ai dit, c'est que je vous l'ai mal expliqué".


















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