samedi 27 août 2016

Les cercles III : Le groupe de Visegrád

Le groupe de Visegrad
Hongrie- Pologne - République tchèque - Slovaquie


Le groupe de Visegrád (également appelé V4 ou encore Visegrád 4) désigne un ensemble de quatre pays d'Europe centrale : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Formé en 1991 à la fin de la Guerre froide, il a d'abord permis à ses membres de faciliter leur intégration au sein de l'Union européenne et de l'OTAN. Depuis quelques mois, cette plateforme gagne en notoriété et en influence, utilisée par ses membres pour défendre des positions communes. Le groupe de Visegrád prône par exemple une politique restrictive en matière d'immigration ou encore une Europe faisant la part belle aux souverainetés nationales.

>>> OCT2017. Les pays de Visegrád cessent d’inspirer ceux du Partenariat oriental. Les pays de Visegrád, submergés par l’euroscepticisme et le populisme, ne peuvent plus « exporter » leur expérience de transition démocratique vers les pays du Partenariat oriental. Un article d’ EuractivSlovaquie.


Comment est né le groupe de Visegrád ?
Le groupe de Visegrád trouve son origine historique dans une rencontre entre les rois de Bohême, de Hongrie et de Pologne, en 1335, dans la ville hongroise de Visegrád (à ne pas confondre avec la ville bosnienne de Višegrad).
Un événement très ancien, mais qui est resté ancré dans la mémoire collective de ces pays dans la mesure où c'est dans cette même ville de Visegrád que se rencontreront, le 15 février 1991, les nouveaux dirigeants de Hongrie, Pologne et Tchécoslovaquie. Dans le contexte de la chute de l'Union soviétique et de la fin de la Guerre froide, ces trois pays décident en effet de former le "triangle de Visegrád" afin de lancer le processus d'intégration européenne.
De trois membres, le groupe passe à quatre lorsqu'en 1993 la Tchécoslovaquie se scinde en deux pays distincts : la République tchèque et la Slovaquie.

Quelles ont été les premières concrétisations du groupe de Visegrád ?
La première raison d'être du groupe de Visegrád a été de faciliter et d'accélérer l'intégration de ses trois puis quatre membres à l'Union européenne et à l'Alliance atlantique. Anciens satellites de l'Union soviétique pendant la Guerre froide, HongriePologneRépublique tchèque et Slovaquie ont en effet entamé, dès 1991, un rapide rapprochement avec l'Europe occidentale et les Etats-Unis. Cela s'est concrétisé avec l'intégration de ces pays à l'OTAN dès 1999 (2004 pour la Slovaquie), puis à l'UE lors du grand élargissement de mai 2004
Par la suite, la coopération entre les quatre membres du groupe de Visegrád (V4) a eu tendance à se distendre. Les objectifs initiaux ont en effet été atteints et l'utilité du bloc est par conséquent devenue moins évidente. Les rencontres restent toutefois régulières et les quatre pays continuent de faire valoir des positions communes sur certaines politiques européennes. Comme l'explique l'historien Georges Mink, le V4 s'oppose par exemple à l'idée d'harmonisation fiscale et fait valoir sa volonté d'accroître la mobilité du marché du travail européen.
En outre, le Fonds international de Visegrád est créé en 1999. Doté d'un budget annuel de 8 millions d'euros, il propose des bourses scolaires et de recherche et favorise la coopération transfrontalière entre les quatre pays membres du groupe.

Pourquoi entendons-nous aujourd'hui parler du groupe de Visegrád ?
Relativement inconnu jusqu'ici, le groupe de Visegrád ne cesse de gagner en notoriété depuis l'automne 2015. Cela est principalement dû à la proximité idéologique des actuels dirigeants hongrois, polonais, slovaque et tchèque – respectivement Viktor Orban, Beata Szydlo (depuis novembre 2015), Robert Fico et Bohuslav Sobotka – et ce en dépit de leurs divergences partisanes.
Et cette proximité de vues s'est vérifiée plus particulièrement sur la question des migrations. En septembre 2015, le groupe de Visegrád a en effet élaboré une position commune à l'encontre de la politique de répartition des réfugiés par quotas au sein de l'Union européenne, proposée par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Soucieux de fermer leurs frontières aux étrangers, notamment musulmans, ces pays n'ont cessé depuis de défendre cette ligne dure. Jusqu'à obtenir gain de cause lors du récent sommet de Bratislava du 16 septembre, au cours duquel la Commission européenne et les Etats membres ont accepté de renoncer à la politique de répartition par quotas. A Bratislava, le V4 a mis en avant le concept de "solidarité flexible", visant à laisser les Etats libres de leurs "formes de contribution" à la politique migratoire.

Outre l'immigration, quels sont les points de convergence des membres du groupe de Visegrád ?
D'un point de vue général, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie se rejoignent actuellement pour défendre la souveraineté des Etats membres au sein de l'Union européenne. Farouche défenseur du Marché unique et des quatre libertés de circulation (des personnes, des biens, des marchandises et des services), le groupe de Visegrád prône en revanche un rapatriement de compétences au niveau national et un renforcement du Conseil européen au détriment de la Commission. Les pays membres du groupe de Visegrád sont par exemple contre la révision de la directive sur les travailleurs détachés.
"En l'absence du Royaume-Uni au sein de l'Union, le V4 reprend le flambeau de la critique du fédéralisme et des élites bruxelloises", résume ainsi Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences Po. Le groupe de Visegrád "promeut une conception de la démocratie rognant les contrepouvoirs", et cherche à affaiblir "les mécanismes de protection de minorités politiques, sexuelles, ethniques ou linguistiques". De fait, les partis ultra-conservateurs Droit et justice en Pologne et Fidesz en Hongrie se sont récemment attaqués à leurs cours constitutionnelles ou encore à l'indépendance des médias, s'attirant d'ailleurs les critiques des Européens. En d'autres termes, estime Jacques Rupnik, directeur de recherche à Sciences Po et spécialiste des pays d'Europe centrale et orientale, "ils n'ont pas confiance dans le modèle occidental d'une société multiculturelle".

Quelles sont les limites du groupe de Visegrád ?
Sur le plan collectif, la principale limite dans l'influence croissante du groupe de Visegrád vient de son poids économique encore relativement restreint. Si le V4 représente environ 64 millions d'habitants – un chiffre très proche de la population de la France, de l'Italie et du Royaume-Uni – son économie demeure plus éloignée des grands pays d'Europe occidentale. D'autant plus que ces quatre pays font partie des principaux récipiendaires des fonds structurels européens : 83 milliards d'euros pour la période 2014-2020 pour la seule Pologne. Critique du fonctionnement de l'Union européenne et défenseur des souverainetés nationales, le groupe de Visegrád n'a toutefois pas intérêt à voir l'UE péricliter ou à réclamer une sortie de l'Union sur le modèle du Royaume-Uni.
Par ailleurs, plusieurs divergences notables existent entre les quatre membres du groupe de Visegrád. A cet égard, seule la Slovaquie fait partie de la zone euro. Le pays se tient par conséquent à l'écart des inquiétudes régulièrement émises par la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, selon lesquelles la zone euro aurait vocation à devenir le noyau dur de l'Europe au détriment des autres Etats membres.
Enfin, le V4 ne dispose pas de position commune vis-à-vis de la Russie. Si cette dernière est très proche de la Hongrie – elle y construit des réacteurs nucléaires – et de la République tchèque et de la Slovaquie – qui dépendent de son gaz – ce n'est pas le cas de la Pologne, très préoccupée par de potentielles poussées belliqueuses du gouvernement de Vladimir Poutine en Europe de l'Est. Ceci contribue d'ailleurs à expliquer pourquoi le V4 se montre favorable à la constitution d'une armée européenne, pourtant a priori contradictoire avec la défense des souverainetés nationales.




V4 et immigration
Et si l'on écoutait ces pays d'Europe centrale, notamment le Groupe de Visegrad plutôt que de vouloir imposer aux populations européennes une immigration non souhaitée (cf les nombreux sondages partout en Europe, cf les scores des populistes, et cf les raisons du Brexit) et un multiculturalisme qui ne fonctionne pas (cf déclaration de Merkel... la même qui aujourd'hui veut imposer des quotas) ?
Le Groupe de Visegrad ou V4 est composé de la Hongrie, de la Pologne, de la République Tchèque, de la Slovaquie. Ils se méfient de Poutine (à nuancer cependant), sont contre l'immigration arabo-musulmane, pour de vraies frontières européennes, pour l'affirmation de l'identité chrétienne de l'Europe, contre les quotas de migrants que voudrait imposer Merkel aux pays membres de l'UE, contre l'islamisation de l'Europe, pour une armée européenne.

>>> sept 2015. Le groupe de Visegrád rejette les quotas de migrants
>>> Pour Orbán, la libéralisation des visas turcs est «impossible»
>>> Les pays de Visegrád veulent revoir les frontières de l’UE



V4 & innovation

Le 28 mars, les Premiers ministres des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque) ont adopté une déclaration commune sur leur coopération mutuelle en matière d'innovation et de numérique... Lire la suite



V4 au sein de l'UE
>>> MARS2017. Union européenne : ce que veut le « groupe de Visegrad » LaCroix
>>> MARS2017. Réunion du groupe de Visegrad sur le futur de l'Europe. Le 2 mars, les Premiers ministres des pays du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque) ont demandé à ce que les réformes de l'Union européenne prennent en compte les intérêts de tous les États membres, et ont déclaré qu'ils n'acceptaient aucune division au sein de l'Union.. GouvernementHongrois
>>> août 2016. Angela Merkel, l’Europe et les quatre de Visegrad
>>> juillet 2016. UE : le groupe de Visegrad veut plus de pouvoir pour les Etats

>>> AVR2016. Le Groupe de Visegrad ou l’émancipation de l’Europe centrale
La gestion de l’afflux des réfugiés a braqué les projecteurs sur ce qui peut apparaître comme une force politique nouvelle en Europe. Son nom, auparavant connu des seuls spécialistes, surgit de plus en plus souvent dans les médias du continent : c’est le groupe de Visegrad (V4). Constitué de la Pologne, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Slovaquie, ce club des quatre est désormais capable de faire entendre ses spécificités, de tenir tête à la Commission européenne et d’imposer ses vues.
Au diapason
Portée par une conjoncture politique par­ticulièrement favorable, l’Europe centrale se met au diapason. Elle influe sur les négo­ciations du Conseil, en formant un bloc en apparence compact, avec pour dénominateur commun une opposition farouche au courant de pensée dominant à Bruxelles. A l’heure où l’Union européenne est confrontée à une crise multidimensionnelle sans précédent, qui menace ses fondements mêmes, ce qui est perçu comme l’émergence d’un « bloc eurosceptique » à l’est suscite de vives inquiétudes. Il est donc important de mieux comprendre les ressorts de cette coalition singulière.
Le groupe de Visegrad n’est pas une construction politique récente. Les Hongrois revendiquent des contacts légitimant une amitié naturelle et très ancienne. « En 1335, le roi de Hongrie avait invité les souverains de Pologne et de Bohème à former une alliance contre Vienne, ville qui faisait obstacle au commerce avec l’Ouest », rappelle l’historien György ­Granasztoi, ancien ambassadeur de Hongrie à Bruxelles.  LeMonde




V4 & Armée européenne
>>> AOUT2016. L’idée d’une armée européenne fait son chemin en Europe centrale.
« Il faut que l’UE se concentre en priorité sur les affaires de sécurité, et nous pouvons commencer à envisager la création d’une armée européenne commune », a déclaré à cette occasion le premier ministre hongrois, Viktor Orban, rejoint par le chef du gouvernement tchèque, Bohuslav Sobotka. Le premier ministre slovaque, Robert Fico, a été plus évasif, en affirmant que « l’UE devait se renforcer en tant qu’acteur global ». La veille, le ministre des affaires européennes polonais, Konrad Szymanski, avait souligné dans un entretien au journal Rzeczpospolita que la Pologne « n’est pas contre le développement des capacités militaires européennes, à condition qu’il n’y ait pas de dissonances avec l’OTAN ».



V4 & Russie
>>> La plus grande fracture entre les pays du groupe de Visegrád est leur relation avec la Russie et vice versa. Alors que la Russie tente de toucher des pays comme la Hongrie et la Slovaquie et de les compter parmi ses alliés les plus proches, la Pologne est plutôt considérée comme un ennemi à Moscou en raison de sa position pro-OTAN. La République tchèque se trouve à mi-chemin entre les deux, avec un gouvernement qui se montre réservé vis-à-vis de la Russie et un président qui est l’un des plus fervents admirateurs de Poutine dans la région. La Russie a toujours joué la stratégie de « diviser pour régner » dans la région, préférant certains pays aux dépens d’autres.
Ludovic Lepeltier sur Médiapart



V4 & énergie
>>> JUIL2017. Donald Trump mise sur les exportations de GNL vers l’Europe centrale et de l’Est, dépendant fortement du gaz russe Euractiv



NOTE :
Le site internet  Visegrad (visegradpost) est à éviter en raison d'intervenants très poutiniens et de son partenariat avec des sites d'extrême droite poutinolâtre 










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