dimanche 13 août 2017

Combattre la Russie poutinienne 5. Crimée

Ukraine. Crimée
La plus importante violation du droit international depuis la 2de Guerre mondiale.
Odessa. Propagande.

[un dossier "spécial Crimée", très bien fait : ici (en anglais) ]


Il faut se souvenir qu'à cet instant la Blitzkrieg n'est rien. Elle n'est qu'un embouteillage de panzers. (…) Ce qui étonne dans cette guerre, c'est la réussit inouïe du culot, dont on doit retenir une chose : le monde cède au bluff. Même le monde le plus sérieux, le plus rigide, même le vieil ordre, s'il ne cède jamais à l'exigence de justice, s'il ne plie jamais devant le peuple qui s'insurge, plie devant le bluff. (Eric Vuillard, L'Ordre du jour)



>>> On commença à dire que "Les russes sont majoritaires en Crimée, mais n'ont plus le droit de s'exprimer dans leur langue". La réalité était que les citoyens russes ne sont que quelques dizaines de milliers sur une population de 2 millions d'habitants en Crimée. (p181, Arjakovski, Ukraine-Russie)

Dernières nouvelles 


>>> DEC2019 Vladimir Poutine inaugure le pont ferroviaire entre la Crimée et la Russie.Depuis l’annexion de la Crimée, arrachée par les armes à l’Ukraine en mars 2014, le destin de la péninsule est devenu cause nationale. Lemonde
Le jour où ce pont s'effondrera - car il s'effondrera (menace sismique, glaces hivernales, instabilité des fonds de la mer d’Azov représentent quelques possibilités d'effondrement) - , j'ouvrirai une bouteille de Champagne.

20 juin 2019 (Crimée occupée. « Sanctions » prolongées)
>>> Annexion de la Crimée : l’UE prolonge les sanctions contre la Russie
Des « mesures restrictives » interdisent notamment les investissements dans la péninsule et les importations vers l’Union de ses produits. Lemonde
Dommage que les députés français se rendant illégalement en Crimée (qui sont, donc, des clandestins, des délinquants) ne soient aucunement punis et continuent même à siéger au parlement européen et à percevoir les deniers publics...

>>> DEC2018. La Russie a terminé sa barrière de séparation entre la Crimée [occupée] et [le reste de] l'Ukraine. RFI
La Russie vient d’annoncer avoir terminé d’ériger une barrière [de 60 km] en Crimée. Un geste qui ne va pas vraiment dans le sens d’un apaisement entre Moscou et Kiev. Cette barrière sépare désormais physiquement l’Ukraine de sa péninsule annexée il y a près de cinq ans.

>>> OCT2018. La Crimée sous le choc après un « meurtre de masse » dans un lycée.
Selon le Comité national antiterroriste russe, les victimes ont été tuées par balles. L’auteur présumé de l’attaque, un élève inscrit en quatrième année, s’est suicidé. Lemonde
Il était "passionné d'armes" et animé par la vengeance. Vladimir Poutine préfère de son côté blâmer la "mondialisation". Selon lui, cette tragédie est "le résultat de la mondialisation" et des "réseaux sociaux et d'internet", qui ont selon lui permis l'importation en Russie du phénomène des tueries de masse en provenance des Etats-Unis. Lemonde

>>> SEPT2018. Vu d’Ukraine. En Crimée, une catastrophe écologique passée inaperçue. Des émissions toxiques issues d’une usine chimique contaminent depuis plusieurs jours les environs de la ville d’Armiansk, en Crimée. La situation inquiète à Kiev. CI

>>> MAI2018. Staline et Hitler en rêvaient, Poutine l'a fait… un pont relie la Crimée annexée à la Russie (Lemonde) . Personnellement, un sabotage dudit pont ne m'attristerait point.
>>> MAI2018. Pont de Crimée: la Russie bafoue le droit international (Ukraine) LeFigaro
Certes oui. La Russie bafoue depuis des années le droit international. On peut toujours dénoncer. Mais la vraie question est : comment faire respecter le droit international. La réponse est "par la force". Problème : l'UE est pétrifiée de peur face à la Russie ; il faut dire qu'au sein même de l'Europe, Poutine dispose de très zélés agents.

>>> MARS2018. Ukraine – 4ème anniversaire de l’annexion de la Crimée et de Sébastopol (18 mars 2018). Quatre ans après l’annexion illégale de la République autonome de la Crimée et de Sébastopol, la France reste fermement attachée au plein rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. FranceDiplomatie
>>> JAN2018. Moscou installe de nouveaux missiles sol-air S-400 en Crimée RFI


>>> NOV2017. La Russie a entamé la construction d'une clôture entre l'Ukraine et la Crimée RTBF

>>> NOV2017. Le Goncourt2017 est attribué à Eric Vuillard, pour "L'Ordre du; jour" , récit court et fulgurant sur l'Anschluss (LeMonde) . On pourra faire le parallèle avec l'annexion de la Crimée, tant les similitudes sont nombreuses.  [sur l'auteur : "10 choses à savoir sur Eric Vuillard, prix Goncourt 2017" Bibliobs]
>>> SEPT2017. Crimée. Un éminent détracteur de l’occupation russe condamné à deux ans dans une colonie pénitentiaire Amnesty
>>> SEPT2017. Pour l'ONU, la Russie commet de « graves violations des droits de l'Homme » en Crimée (OuestFrance). Les Nations unies font état d’« arrestations arbitraires », de « disparitions forcées », de « cas de torture » et d’au moins une « exécution extrajudiciaire ». (LeMonde)
>>> SEPT2017. Pour Marine Le Pen, l'annexion de la Crimée par la Russie "n'est absolument pas illégale" L'Obs. On est rassuré : le FN n'a pas changé quant au degré d'aplaventrisme à l'égard de son maître Poutine, et quant à sa conception de la souveraineté des nations.

>>> SEPT2017. Gesticulations russes en Crimée occupée : "Les Etats-Unis ne reconnaissent pas la légitimité et ne reconnaîtront pas les résultats des élections pour la Douma russe organisées le 18 septembre en Crimée, sous occupation russe", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby dans un communiqué. L'Obs
>>> SEPT2017. Crimée. Paris accuse Moscou de violer les droits des Tatars (...) La France « ne reconnaît ni la légitimité de l’organisation, ni les résultats » de ces élections organisées « par les autorités de facto », a indiqué la porte-parole Quai d’Orsay. « Elle demeure attachée au plein rétablissement de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. » OuestFrance
>>> AOUT2017. L’UE sanctionne la Russie après la livraison de turbines à la Crimée. L’Union européenne a imposé ce vendredi 4 août de nouvelles sanctions contre des responsables et entreprises russes, après le détournement de turbines à gaz de la société allemande Siemens vers la Crimée. RFI

>>> AOUT2017. Turbines Siemens détournées en Crimée. L'UE sanctionne la Russie. LePoint
>>> MARS2017. Washington veut la «fin immédiate» de l’annexion russe  Lefigaro
    

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Février 2014. Alors que l'Ukraine est en proie à une période d'instabilité, suite à la fuite de Ianoukovitch et à la composition d'un gouvernement temporaire, Poutine va en profiter pour déstabiliser ce pays. Rapidement, il annexera la Crimée et tentera de déstabiliser l'est et le sud dans le but aussi, pense-t-il d'annexer ces territoires jusqu'à la Transnistrie. Les tentatives de déstabilisation d'Odessa échoueront finalement. Celles du Donbass aboutiront à une guerre toujours en cours.


L'Annexion de la Crimée s'est déroulée en quatre phases, qui se sont enchaînées très rapidement
- Neutralisation et prise des bâtiments officiels et stratégiques (cependant que Poutine déclarait quelques jours avant que les mouvements de troupes russes aux frontières n'étaient que des "exercices")
- Déclaration d'indépendance
- Farce du référendum destinée à monter que la Crimée rêve d'être rattachée à la Russie
- Accord de la Russie à la « demande » de la Crimée
[Chronologie détaillée de l'annexion : voir ici (site en anglais) ]


Les manoeuvres militaires ? De simples exercices…

>>> Noter d'abord qu'en 2013, la Russie avait lancé le plus grand exercice militaire depuis l'ère soviétique, déployant 160 000 soldats en extrême-orient (Lemonde) ; et que les manœuvres militaires sont aujourd'hui fort nombreuses près des frontières européennes.

>>> Mercredi 26 février 2014. En pleine crise ukrainienne, Poutine ordonne des manœuvres militaires dans l'Ouest et le Centre de la Russie. Faut-il s'en inquiéter?, s'interroge BFM (26/02/2014)

Au total, 150 000 militaires sont concernés, mais le ministère de la Défense assure qu'il n'y a aucun lien avec la crise en Ukraine. "Certes, ce n'est pas la première fois que de tels exercices sont réalisés, explique à francetv info Anne de Tinguy, professeure à l'Inalco et chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences Po. Mais la coïncidence entre les deux est troublante."  (FranceTVinfo, 28/02/2014)

>>> Jeudi 27 février 2014. La Russie engage des manœuvres militaires (NBC) avec son armée de terre aux zones frontalières avec l'Ukraine, au prétexte de « mettre à l'épreuve sa capacité d'action ».

Washington, Londres, l'Otan… Moscou reçoit des mises en garde de partout contre une intervention en Ukraine. La tension monte graduellement depuis jeudi 27 février. D'abord avec le drapeau russe hissé sur des bâtiments officiels en Crimée, une république autonome ukrainienne. Puis avec la réapparition de l'ex-président Ianoukovitch, introuvable depuis samedi, qui a demandé la protection de la Russie. Certes, la Russie a promis de respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine, a fait savoir jeudi le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Mais Moscou montre ses muscles et cultive une certaine ambiguité. FranceTvinfo


>>> Manœuvres militaires, intervention de groupes pro-russes, rhétorique agressive… La Russie prépare-t-elle une intervention militaire ? (FranceTVinfo, 28 février 2014).

La Russie évoque de simples exercices (Comme d'habitude, il s'agit d'intox!). Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, ne croit guère à la version de simples exercices militaires russes, annoncés à l'avance. (Lemonde, 1er mars 2014)
Il avait raison.

Ces mouvements de troupe couvrent en fait une mobilisation à l'échelon régional provenant de la base de Sébastopol, comme les événements du week-end qui suit le révèlent.



>>> Vendredi 28 février 2014. Prise des bâtiments stratégiquesDes hommes en armes cagoulés et dont l'uniforme ne comprend pas de signe permettant leur identification prennent le contrôle des aéroports de Simferopol (Interfax) et de Sébastopol (Lemonde, 2 et 3 mars 2014). Ces deux aéroports desservent la Crimée ; il s'agit d'un pré-positionnement : un communiqué Reuters le lendemain confirme le bouclage des accès aériens sur la péninsule, de district de Kirovskoïe compris (Reuters).
Sur les routes, plusieurs groupes de véhicules blindés circulent entre les deux villes, ainsi qu'entre Sebastopol et le port de Balaklava jusque dans la nuit. Une frégate russe, qui croise face au port, tire un coup de semonce en milieu de journée (Lemonde).
>>> En Crimée, les aéroports bloqués et les prorusses déployés. Des Russes de Crimée, rassemblés en brigades populaires, circulent en maîtres dans le centre-ville de Sébastopol. (LeMonde , 01/03/2014). Le ministre de l'intérieur ukrainien dénonce une invasion russe, et la neutralisation deux aéroports de Crimée par des soldats russes.

>>> Le parlement ukrainien fait voter une résolution appelant la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis à respecter le mémorandum de Budapest qu'ils ont signé en 1994, garantissant l'indépendance de l'Ukraine en échange de son renoncement aux armes nucléaires.
>>> Dans l'après-midi Viktor Ianoukovytch tient une conférence de presse à Rostov-sur-le-Don, au cours de laquelle il affirme qu'il est toujours le président légitime, sa volonté de revenir en Ukraine quand sa sécurité sera assurée, et la nécessité de tenir un référendum (LeMonde, 28 février 2014). On croirait entendre Poutine ! Comme par magie, la farce du référendum aura lieu quelques jours après.

>>> « Kiev appelle à l’aide », Libération, 2 mars 2014
Hélas, les puissances occidentales ont fait preuve d'une bien grande faiblesse pour aider l'Ukraine. Probablement que l'inaction lors du conflit en Géorgie a encouragé Poutine à poursuivre ses velléités impérialistes, persuadé, à raison, qu'il n'y aurait que des condamnations verbales diverses et variées, des demandes de négociation, des ouvertures à la discussion, etc etc.

>>> Malgré les bruits de bottes, Kiev tente la voie diplomatique. Une session à huis clos a eu lieu dimanche à la Rada, le Parlement ukrainien, dont la position se résume ainsi : le légalisme contre l'agression. (Lemonde, 2 mars 2014)

>>> 1er mars 2014. Le Conseil de la Fédération de Russie autorise Poutine à déployer des forces armées en Ukraine. Le premier ministre de Crimée avait demandé à la Russie d'intervenir militairement, au motif que des hommes armés non identifiés auraient attaqué le ministère de l'Intérieur. (Yahoo)




Propagande
La prise des bâtiments stratégiques par l'armée russe s'accompagne d'une grossière propagande dont l'un des buts est d'attiser la haine des russes de Crimée envers l'Ukraine, notamment en assimilant le gouvernement à un régime nazi.
>>> Attiser la haine contre Kiev
Les russes de Crimée affichent ostensiblement leur auto-organisation (politique, institutionnelle, sécuritaire). Il s'agit de faire en sorte que ce qui ressemble fort à un exercice d'invasion à balles réelles s'accompagne d'un soulèvement populaire. Des miliciens, des cosaques, des prorusses en grande régalia para-militaire assurent l'ordre dans le centre-ville, aux côtés de forces de police complaisantes et discrètes. Les milices nient toute intervention russe, parlant du « peuple qui se soulève ». Il est question de sauver la Crimée des « nazis de Kiev » !
Des passeports russes sont promis à la foule, ainsi que des liasses de billets, du gaz et de l'électricité russes à petit prix « et gratuit s'il le faut ».
A l'inverse, le discours du premier ministre ukrainien, churchilien, annonçait de graves sacrifices à venir.
Le député Petro Porochenko, qui sera par la suite élu président, se rend à une assemblée à Simferopol. Il est chassé par une foule rageuse (Lemonde , 01/03/2014)
>>> La Russie, cette éternelle innocente aux mains propres !
Le ministère des affaires étrangères russe estimait inutile toute consultation avec Kiev, vendredi. Selon lui, les « évènements » de Crimée sont « le résultat de processus politiques internes ». Internes ? Pourtant, « plus aucun avion civil n'atterrissait ni ne décollait dans les deux aéroports de la péninsule. Des cargos russes ont déposé vendredi plus de 2 000 soldats aux abords de la capitale de région, Simferopol, selon les autorités ukrainiennes. Des véhicules blindés qui n'étaient pas ukrainiens circulaient sur les routes intérieures. Des soldats sortaient de bois de résineux en hâte, pour grimper dans des véhicules transports de troupe bâchés sans plaques d'immatriculation. » (Lemonde , 01/03/2014).
Vous voulez une Crimée nazie, ou une Crimée russe ? 

>>> Passeport russe pour russophones « en danger » ! Moscou laisse planer une autre menace. Anecdotique en apparence, elle serait pourtant lourde de conséquences : un député de la majorité pro-Poutine a évoqué la possibilité de faciliter l'octroi de la nationalité russe aux Ukrainiens, explique Libération. Autrement dit, leur accorder des passeports russes, comme cela avait été fait par le passé en Abkhazie et en Ossétie du Nord, deux provinces séparatistes de Géorgie. Histoire de souffler le chaud et le froid, cette annonce a été suivie d'un démenti d'un autre élu russe à l'agence de presse Ria Novosti.
"Les autorités russes font dire via les médias que bien sûr, elles reconnaissent l'intégrité territoriale de l'Ukraine, mais ajoutent que des Russes sont en danger", souligne Anne de Tinguy. Et c'est là que les passeports auraient leur intérêt : "Si la Russie veut intervenir, le scénario est tout prêt : comme en Géorgie en 2008, elle dira qu'elle doit porter secours aux Russes qui sont en Ukraine, et particulièrement en Crimée."

>>> Une propagande déjà utilisée pour attaquer la Géorgie. Souvenons-nous qu'en 2008, les médias russes n'hésitaient pas à comparer le président géorgien de l'époque, Mikheïl Saakachvili, à un "nouveau Hitler". Aujourd'hui, le ministre des Affaires étrangères russe dénonce la tendance "nationaliste et néofasciste""les extrémistes armés et les pillards" dans l'ouest de l'Ukraine.


>>> AVR2014. La machine à propagande de Vladimir Poutine. Le Kremlin impose un discours unique justifiant l'annexion de la Crimée et décrivant une Ukraine à la dérive. LeMonde



La plus importante violation du droit international depuis la 2de Guerre mondiale

>>> En annexant la Crimée, Poutine a violé les textes fondamentaux des Nations unies, les statuts du Conseil de l'Europe dont est membre la Russie, au moins deux traités régionaux organisant la paix en Europe et deux traités bilatéraux signés avec l'Ukraine, ainsi, au passage, que les constitutions d'Ukraine et de Crimée. Pour la communauté internationale du XXIème siècle, aucun argument ne saurait justifier une telle transgression.  Analyse complète à lire sur le site de la Fondation Schuman

>>> Mémorandum de Budapest (CFR)
Selon le mémorandum, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni s'engagent, en contrepartie de l'adhésion de l'Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et du transfert de son arsenal nucléaire à la Russie à :
  1. Respecter l'indépendance et de la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles.
  2. S'abstenir de toute menace ou usage de la force contre l'Ukraine.
  3. S'abstenir d'utiliser la pression économique sur l'Ukraine en vue d'influencer sa politique.
  4. Demander l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies si des armes nucléaires sont utilisées contre l'Ukraine.
  5. S'abstenir d'utiliser des armes nucléaires contre l'Ukraine.
  6. Consulter les autres parties prenantes si des questions se posent au sujet de ces engagements.
>>> DEC2014. 20 ans depuis la signature du Mémorandum de Budapest (UAcrisis)




La farce du référendum

>>> Un vrai référendum en 1991. On a oublié le référendum de 1991, qui lui s'est déroulé normalement et avec des chiffres un peu plus vraisemblables que ceux avancés par Poutine en 2014.
En décembre 1991, lors du référendum sur l’indépendance en Ukraine, seulement 54 % des électeurs de Crimée se prononcent en faveur de l’indépendance, le plus faible pourcentage dans l’ensemble du pays. La Crimée accepte de rester dans l’Ukraine en échange d’un statut de république autonome.  François d'Alençon (Lacroix)

>>> 2014. Un « référendum » décidé par le seul Poutine, après avoir neutralisé les bâtiments et forces ukrainiens.
Poutine et son porte-parole Ianoukovitch appellent, ou plutôt décident, depuis la Russie, de « la nécessité de tenir un référendum ». La farce du référendum est ainsi organisée quelques jours après, le 16 mars 2014,  sans l'approbation ni la participation ni même la consultation de l'Ukraine.

>>> Au son des bottes et des kalachnikov. Ledit « référendum » sera encadré par les mitraillettes russes (après que ces mêmes mitraillettes ont fait le tri entre les votants et les non-votants), sans observateurs internationaux (quelques personnalités d'extrême droite seront toutefois invitées à observer...). Passons sur les enlèvements de journalistes, les blocages de route, les meurtres.

>>> Les russes de Crimée, 60% de la population. Les russes de Crimée représentent 60 % de la population. Mais le « résultat » du « référendum » est conforme à tout résultat d'une élection organisée par une dictature : 96,6 % de la population locale rêve de cette annexion. Sur ces résultats comme sur de nombreux autres éléments, on pourra faire le rapprochement avec l'annexion de l'Autriche par Adolf en 1938. Cependant, Adolf, après l'Anschluss, a fait un peu mieux que Poutine pour son référendum : plus de 99% des autrichiens approuvaient l'annexion.

>>> ONU.
L’Assemblée adopte une résolution soulignant que " le référendum organisé en République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol le 16 mars 2014 n’a aucune validité." ONU
La résolution A/RES/68/262 de l'Assemblée générale des Nations unies a été adoptée le 27 mars 2014 lors de la 80e séance plénière de l'Assemblée générale des Nations unies. Cette session a été convoquée afin de résoudre la question de l'occupation armée des parties du territoire ukrainien (République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol) par la Russie. wikipedia
La résolution a été adoptée par cent votes pour, onze contre (Arménie, Belarus, Bolivie, Cuba, Corée du Nord, Nicaragua, Russie, Soudan, Syrie, Venezuela et Zimbabwe) et 58 abstentions. 24 états n'ont pas recouru au scrutin à cause de l'absence de leurs représentants.
Les sept tentatives, de la part du Conseil de sécurité de l'O.N.U., de trouver une solution pour le problème de la crise de Crimée ont été infructueuses, à cause du seul véto de la part de la Russie
Texte intégral de la résolution de l'ONU : UN




Menaces, chantage, alternant avec signes d'apaisement
>>> Poutine et les puissances occidentales. Comme d'habitude avec Poutine, il s'agit de prendre (ici la Crimée), de montrer qu'on peut prendre plus (« Si je veux, j'entre à Kiev en 2 semaines » Slate)… et de montrer des possibilités d'apaisements pour obtenir quelque chose. Tactique bien connue, employée par exemple par Hitler.
>>> MARS2014. Kourkov déclarait sur RFI le 23 mars 2014: «Tout ce qui se passe en ce moment en Crimée était préparé et planifié depuis longtemps par Vladimir Poutine.» L' interview sur RMC ce vendredi a également été l'occasion d'exprimer ses critiques sur l'Union Européenne: «L'Europe a mis trois semaines à réagir à l'occupation de la Crimée. Et grâce à ça, Poutine a cru que l'Europe n'allait pas réagir non plus s'il prenait un peu plus.»
Il avait vu juste ! Lefigaro




Et ensuite... (nouvelles de la Crimée occupée, des actions ukrainiennes, européennes, américaines)

>>> AOUT2017. La Russie tweete une vidéo en réponse aux sanctions américaines, la remarque de l'Ukraine est parfaite"Si vous aviez respecté le Droit international, vous auriez évité les sanctions et vous auriez déjà envoyé des missions sur Mars à ce jour, au lieu de vous battre avec des bâtons" HP

>>> JUIL2017. Ukraine : et le droit international ? - Tribune de Cécile Vaissié sur OuestFrance


>>> AVR2017. Reportage – En Crimée, les dissidents matés par Moscou grandfacho.com

>>> OCT2014. Crimée : la vie sous l'occupation (Uacrisis )



Extraits du Rapport Nemtsov, assassiné à Moscou pour avoir dénoncé la guerre de Poutine contre l'Ukraine
En février 2014, Poutine décide d'envahir la Crimée et d'en prend le contrôle.
En l'annexant, la Russie viole trois traités internationaux qu'elle avait précédemment signés :
1. Le mémorandum de Budapest du 5 décembre 1994 : « La Fédération de Russie, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et les Etats-Unis d'Amérique réaffirment qu'ils s'engagent à l'égard de l'Ukraine, conformément aux principes énoncés dans l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, à respecter son indépendance et sa souveraineté ainsi que ses frontières existantes. »
2. Traité d'amitié, de coopération et de partenariat entre la Fédération de Russie et l'Ukraine signé à Kiev le 31 mai 1997. Article 2 : « Les Hautes Parties contractantes, conformément aux dispositions de la Charte des Nations unies et de l'Acte final de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, respectent mutuellement leur intégrité territoriale et confirment l'inviolabilité de leurs frontières communes. »
3. Traité sur la frontière entre l'Ukraine et la Fédération de Russie signé à Kiev le 28 janvier 2003 qui stipule que la Crimée est et doit demeurer partie intégrante de l'Ukraine.

Nemtsov touche le nerf du système actuel : le ressort nationaliste, revanchard et militariste.
(...)
Les russes sont enfermés dans la peur des « ennemis », un ensemble d'émotions négatives et paralysantes soigneusement entretenues par les médias au service du pouvoir. (…) Dans la résistance à la désinformation et à la violence, les européens ont une responsabilité à assumer : n'apporter aucun crédit à la propagande, rétablir les faits, confronter les dirigeants russes avec leurs actions, et forcer ces derniers à reculer et à respecter le droit des citoyens ukrainiens.
Boris Nemtsov l'expliquait avec limpidité : agresser l'Ukraine, c'est entretenir un régime de violence et d'arbitraire en Russie. Soutenir l'Ukraine, c'est donner une perspective aux habitants de la Russie, leur ouvrir la voie vers une évolution pacifique et démocratique.




Historique
On pourra se reporter à cette synthèse, très bien faite :
>>> L'histoire compliquée d’une péninsule très convoitée (François d'Alençon)





Soldats sans insigne bloquant la base ukrainienne de Perevalné, le 9 mars 2014


Le sous-marin ukrainien Zaporiyjziaest pris d'assaut par les Russes le 21 mars 2014 (photographie de 2012).




Odessa
Dans la foulée de l'annexion de la Crimée, plusieurs tentatives de déstabilisations sont lancées dans l'est et à Odessa. A Odessa, la tentative se soldera par un échec final, mais aussi par une tragédie :

>>> MAI2014. Une trentaine de morts à Odessa dans des affrontements. Quatre Ukrainiens ont péri dans une attaque pro russe, en marge de laquelle des manifestants ont incendié un immeuble où des pro russes s'étaient réfugiés. Lepoint

>>> MAI2014. Le carnage d'Odessa ajoute du carburant au feu pro-russe en Ukraine. Les militants pro russophones ont pris d'assaut un poste de police ukrainien à Odessa hier (4 mai) et ont libéré près de 70 autres militants alors que les dirigeants du pays se lamentaient d'une force de police qu'ils ont déclaré être largement compromise par greffe ou collaboration avec des séparatistes. Euractiv

>>> MAI2014. Ukraine : 130 arrestations après les affrontements meurtriers à Odessa
Plusieurs centaines de prorusses ont attaqué un défilé de partisans de Kiev dans la ville portuaire. Selon la police ukrainienne, un incendie déclenché après ces affrontements aurait fait 31 morts. Lemonde
>>> MAI2014. Ukraine : violence à Odessa, plus de 40 morts FranceTVinfo
>>> MAI2014. Dozens dead after Odessabuilding fire TheGuardian
>>> MAI2014. Odessa FranceInter

La dé-soviétisation d'Odessa
>>> AOUT2017. À Odessa, la « déjoukovisation » de la ville se poursuit au clair de lune. L’Ukraine et la « désoviétisation » officielle, c’est une histoire en marche. L’entier des 1320 statues de Lénine – considéré comme le premier dictateur soviétique par une majorité d’Ukrainiens – ont été enlevées dans chaque village, agglomération ou ville ukrainienne. Parfois, les initiatives se succèdent clandestinement pour un nettoyage accéléré des symboles de l’ère soviétique. Grandfacho






Quelques titres de journaux :

>>> PHOTOS. Ukraine : les tensions entre pro et anti-russes se déplacent en Crimée, Poutine ordonne des manoeuvres militaires (HP, février2014)

>>> L'Ukraine accuse la Russie d'"invasion armée" en Crimée (L'Obs, février2014)

>>> Les risques de guerre s'accroissent avec la Crimée (LesEchos, mars2014)

>>> La Crimée en état de siège (RFI, )

>>> La Russie complète l'annexion de la Crimée. Vladimir Poutine a signé la loi créant deux nouvelles entités administratives russes : la Crimée et la ville portuaire de Sébastopol. Lemonde, 21 mars 2014
>>> Qui sont les hommes armés qui ont pris le contrôle de la Crimée L'Express
>>> «Oui, ce sont des soldats russes». Notre envoyé spécial à Simferopol a suivi l'arrivée des troupes armées et décrit l'atmosphère inquiétante qui pèse sur la capitale de la Crimée. (Libération, 1er mars 2014)




Livres conseillés
>>> Le rapport Nemtsov, de Boris Nemtsov (assassiné à proximité du Kremlin pour avoir écrit ce livre)

>>> Avis d'expert sur la situation juridique de la République autonome de Crimée Informnapalm











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