vendredi 25 août 2017

Combattre la Russie Poutinienne 8. Guerre hybride contre l'UE

Intimidations aux frontières de l'UE et incursions militaires. 
Tentatives de déstabilisation des sociétés occidentales. 
Manipulation. Propagande. Chantage. Menaces. Corruption.


Les réseaux politico-financiers de Poutine
>>> NOV2017. Allemagne. Derrière l’assaut contre le Bundestag, l’ombre des hackers russes. En Allemagne, la cyber-attaque de 2015 contre le Bundestag est restée gravée dans les esprits. Deux ans après, les choses avancent en matière de prévention L'Opinion
>>> SEPT2017. Allemagne. Quand la Russie s’offre l'ex-chancelier Gerhard Schröder pour diviser l’Europe LeJDD
>>> OCT2017. Chypre. Des oligarques russes créent un parti politique à Chypre. Des oligarques russes ont créé un nouveau parti politique à Chypre. Il compte participer aux prochaines élections européennes, en 2019. Euractiv
>>> NOV2017. Croatie. Nouvelle cible de la "guerre hybride" russe. La Croatie est l’un des huit pays signataires d’une lettre adressée à la haute représentante de l’UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini. Celle-ci dénonce la campagne de désinformation russe et appelle les autorités européennes à réagir. Le cheval de Troie de la propagande russe est devenu un élément à part entière d’une stratégie militaire plus vaste. Courrierdesbalkans
>>> NOV2017. Espagne. La désinformation russe s’emballe suite à la crise catalane. Le groupe d’experts créé par l’Union européenne pour combattre la propagande russe a constaté une augmentation de l’interférence russe dans la foulée de la crise catalane. Euractiv
>>> NOV2017. Espagne#Catalogne Un commandant de l'Otan demande à la Russie de cesser d'"interférer" dans la politique européenne, y compris en Catalogne qui traverse une grave crise depuis le référendum d'indépendance. L'Obs.  Toujours agréable d'entendre quelqu'un qui dit tout haut ce que fait la Russie de Poutine. Dommage que la demande ne provienne pas d'un responsable européen. Il est vrai que le manque de courage n'est pas tellement de mise en ce moment en Europe. Ce n'est pas nouveau, on l'a vu en 2014, mais on aurait pu penser que cela allait évoluer. Ce n'est pas le cas. A cette égard, la faiblesse y compris verbale, de Mme Mogherini est un magnifique symbole de ce que l'Europe frileuse et peureuse.
>>> SEPT2017. Espagne. Le référendum en Catalogne, dernière cible de l’ingérence russe CI 
>>> NOV2015. France. Enquête sur les réseaux russes en France FranceInter
>>> FEV2017. Hongrie. Poutine en Hongrie chez Orban l’un de ses alliés européens OuestFrance
>>> OCT2017. Lettonie. La Russie aurait testé son arsenal cybernétique sur le réseau téléphonique letton. Dans le cadre d'exercices militaires, la Russie aurait testé son arsenal cybernétique contre la Lettonie, selon l'Otan. À la clé, une paralysie du réseau de téléphonie mobile mais aussi du numéro d'appel d'urgence, qui ont duré plusieurs heures. Sciencesetavenir 
>>> NOV2017. Royaume-Uni. Brexit: la Russie aussi y a mis le doigt, révèlent les grandes oreilles britanniques. Le directeur de l'agence du Royaume-Uni de lutte contre la cybercriminalité a confirmé l'ingérence de la Russie dans les récents scrutins, notamment le vote sur le Brexit. Libération
>>> NOV2017. Royaume-Uni. Et si le Brexit avait aussi été contaminé par ... la Russie ? (... ) alors que la télévision russe s’apprête à s’installer à Paris avant Noël, les informations qui filtrent depuis le Royaume-Uni deviennent chaque jour plus intéressantes. OuestFrance




Introduction. Qu'est-ce que la guerre hybride ?

>>> Le 26 juin 2017, à Paris, Emmanuel Macron rencontrait pour la première fois son homologue ukrainien Petro Porochenko. Le président français souhaitait relancer le processus de Minsk visant à la désescalade dans le Donbass. Mais sur place, le conflit continue de faire des morts.
Depuis trois ans, la Russie a adopté une posture de confrontation avec les pays qui l’entourent et au-delà, avec l’Europe et les États-Unis. Nous revenons sur la stratégie russe de guerre hybride : d’où est venu ce nouveau concept et comment s’en prémunir ?

Par Ulrich Bounat, analyste en relation internationale (1)


Depuis l’annexion de la Crimée en mars 2014, le terme de guerre « hybride » a fait son entrée dans le vocabulaire militaire occidental. Il a même été adopté par l’Otan. Cette expression vise à qualifier les agissements des « petits hommes verts » en Crimée et plus largement l’ensemble des actions menées par les forces armées russes en Ukraine et ailleurs.
Mais quels concepts ce mot fourre-tout regroupe-t-il ? Et quelle vision les militaires russes ont-ils de cette stratégie qu’ils appellent plutôt « non-linéaire » ?
Qu’est-ce qu’une guerre hybride ?
Le concept de guerre hybride naît au tout début des années 2000 aux USA, dans le cadre d’une thèse au sein de la Monterrey Naval Postgraduate School (2). Ironiquement, il visait alors à caractériser la guerre menée par les Tchétchènes contre les forces russes.
Depuis, le terme a évolué et désigne désormais une guerre dans laquelle la différence entre combattant et civil est gommée. Les belligérants, étatiques ou non, peuvent mener le conflit sur l’ensemble des terrains : économique, diplomatique, numérique… et faire appel aux actes terroristes et criminels pour parvenir à leurs fins. Une part essentielle de ce type de conflit reste néanmoins la bataille de l’opinion, à tous les niveaux : local, national et international.
Ce sont les deux guerres, en Irak et en Libye, ainsi que les printemps arabes qui inspirent le commandement russe pour construire son concept de « guerre non-linéaire ». Dès 1999, impressionné par Desert Storm, le Major-General Vladimir Slipchenko (un des grands penseurs et analyste stratégique russe, mort il y a quelques années, mais qui a véritablement lancé la réflexion sur l’évolution de la guerre, vue de Russie, au sortir de la guerre froide) publie Voina budushchego, ou la guerre du futur. Dans ce livre, il décrit ce que seront pour lui les conflits de « sixième génération ». Abandonnant la confrontation atomique, leur objectif principal sera la destruction à distance du potentiel économique ennemi.
La doctrine militaire russe de 2010 prend en compte ce virage. Et l’année 2013 consacre la mutation de la pensée militaire russe avec la publication de la « doctrine Gerasimov », du nom du chef d’état-major des armées russes. Dans ce document, il estime que la Russie sera amenée à mener un « nouveau type de guerre, [utilisant] des méthodes non militaires pour atteindre des objectifs politiques et stratégiques ». Si l’action militaire directe n’est pas exclue, elle ne s’inscrit que dans un contexte limité, bien loin des offensives massives à la soviétique.
Dans la foulée, un « guide pratique » de la doctrine Gerasimov est écrit par deux officiers, Chekinov et Bogdanov (3). Ils y listent les unités pouvant être utilisées : forces spéciales, titouchkis (des recrues issues de la pègre et payées) ou des volontaires locaux.
L’objectif n’est plus de défaire l’État attaqué, mais de lui dénier toute autorité sur la zone. L’ensemble des corps sociaux sont utilisés pour saper l’ennemi de l’intérieur : médias, ONG, milieux scolaires et religieux. Les deux officiers insistent sur le rôle des réseaux sociaux pour mobiliser les militants et gagner la bataille de l’opinion.
La désinformation joue un rôle fondamental et s’appuie sur de nombreux canaux : réseau diplomatique, déclarations officielles, médias officiels et privés. Cette guerre de l’information (ou informatsionnaïa voïna) vise à établir un contrôle sur l’ennemi en influençant sa prise de décision. Elle se différencie de la guerre de l’information (ou informatsionnaïa borba) classique, basée sur le renseignement, la propagande et la guerre numérique.
Chekinov et Bogdanov distinguent trois temps dans la guerre non linéaire. La première phase, de préparation, est constituée d’éléments réversibles et légaux. Les diplomates identifient les faiblesses du pays et établissent des réseaux d’allégeances, notamment oligarchiques. Les médias russes entrent en contact avec la population locale, notamment russophone, afin de devenir leur principale source d’information.
Ensuite, les auteurs insistent sur la nécessité d’une attaque rapide, deux semaines maximum. Cela crée une situation de fait, avant que l’État visé ou la communauté internationale ait le temps de réagir. Enfin, une phase dite « de stabilisation » vise à assurer la pérennité de la conquête militaire au niveau politique. L’organisation d’un scrutin local censé prouver la ferveur populaire envers le soulèvement est l’option privilégiée.
La nouvelle stratégie militaire russe est donc issue d’une réflexion inspirée par les guerres menées par l’Occident. Se sentant menacés de toutes parts, la Russie et son état-major ont envisagé la meilleure réponse à adopter face aux opérations de régime change et au soft power américain. Ne pouvant plus rivaliser en puissance pure, les forces militaires russes privilégient les actions asymétriques.
En ce sens, la nouvelle doctrine militaire russe peut être vue comme une tentative de « remettre à niveau » la pensée stratégique. La guerre non-linéaire est avant tout, du point de vue russe, une posture défensive face aux guerres du XXIe siècle et à un occident jugé hostile.
Ce repositionnement constitue une remise en cause des équilibres issus de la guerre froide et un véritable challenge pour l’Occident. Dans ces conditions, quelles stratégies adopter pour contrer la guerre non linéaire russe ?
Quelles réponses pour l’Ukraine face à la guerre hybride ?
L’un des aspects mis en relief par la guerre hybride russe en Ukraine, c’est l’importance de la phase dite de préparation. Instaurer un état de droit pour contrer la mise en place de schémas corruptifs est donc essentiel.
De plus, disposer d’un État qui respecte sa population est la meilleure façon d’amener celle-ci à le défendre s’il est attaqué. La guerre hybride nécessite l’appui massif des populations civiles locales pour être efficace, comme le prouve le contre-exemple du Donbass. Les populations n’ont pas adhéré au fantasme de « Novorossiya », ce nouvel État que la Russie a tenté de créer dans le sud-est de l’Ukraine. L’armée russe s’est trouvée obligée d’intervenir directement à Ilovaisk, (en août 2014), pour éviter la déroute séparatiste qui se dessinait. Par conséquent, des politiques inclusives vis-à-vis des minorités sont nécessaires pour éviter qu’elles ne cèdent à la propagande et au sécessionnisme.
Enfin, contrer la propagande russe suppose de disposer de canaux de communications robustes vers l’ensemble des populations. En plus de renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, cette communication est d’autant plus importante que, dans les guerres hybrides, les perceptions sont plus déterminantes que la réalité issue des combats. À terme, l’instauration d’un état de droit en Ukraine pourrait amener les populations des territoires séparatistes à souhaiter une réintégration, plutôt qu’une survie au sein « d’états » fantoches.
Au niveau militaire, la nature hybride des opérations russes dans l’est de l’Ukraine, mélange d’intervention directe et de soutien à des bandes armées et manifestants, suppose une réponse hybride de l’appareil sécuritaire ukrainien, et de tout pays visé par ce type d’attaque.
L’aspect fondamental semble être la bonne coordination entre forces de police et militaires. La collecte et l’échange de renseignements entre les différents services sont fondamentaux. En effet, les forces armées russes étant susceptibles d’agir de façon masquée avant le déclenchement du conflit, les renseignements des forces armées doivent être transmis aux forces de police.
Contrer une guerre hybride ne suppose donc pas seulement de posséder une armée puissante, mais aussi une police ayant suffisamment de forces de renseignements et antiterroristes pour neutraliser les éléments subversifs et contenir les foules hostiles. C’est notamment l’absence de ces forces au tout début du conflit qui ont conduit à la paralysie de l’État ukrainien, incapable de gérer quelques centaines de personnes hostiles et déterminées pour occuper les bâtiments publics.
Le conflit ayant désormais muté en une guerre limitée, les besoins essentiels de l’armée ukrainienne sont de disposer de pièces d’artillerie avec des systèmes de visée performants, pour cibler les équipements séparatistes avec précision et éviter les bombardements sur les zones civiles qui ne font qu’aliéner les populations. Cet élément est d’autant plus fondamental que les séparatistes tirent souvent volontairement depuis des zones résidentielles.
De même, des armes antichars de dernière génération, des drones de surveillance et des systèmes de vision nocturne et de protection des soldats semblent des évidences au regard de l’équipement séparatiste.
Néanmoins, fournir de tels équipements à l’Ukraine supposerait également de profondes réformes de l’armée ukrainienne, tant en termes de culture stratégique que de probité, pour éviter que ces équipements soient détournés ou mal utilisés. En ce sens, les différentes opérations de formation fournies par plusieurs pays de l’Otan peuvent s’avérer décisives.
Il reste cependant difficile de lutter contre une guerre hybride. Face à un État russe ayant une vision réaliste des relations internationales, l’objectif principal doit être d’augmenter le coût d’une opération de déstabilisation. Si amener l’Ukraine au niveau des standards occidentaux est un travail titanesque, cela demeure la meilleure voie pour elle, afin de se prémunir contre les agissements russes.
(1) Spécialiste de l’Europe centrale et auteur de « La guerre hybride en Ukraine, quelles perspectives ? », 2016, Éditions du Cygne.
(2) William J. Nemeth, « Future war and Chechnya : A case of hybrid warfare », 2002
(3) Colonel S.G. Chekinov, Lt. Gen. S.A. Bogdanov. « The Nature and Content of a New-Generation War », 2013




2014, annexion de la Crimée. L'année où Poutine a engagé une guerre contre l'Europe
>>> AVR2015. La Russie mène une guerre hybride contre l’Ukraine et l’UE. Ceux qui ne comprennent pas que le conflit ukrainien est un test pour l’Union européenne ne réalisent pas que l’UE est déjà en train de se faire attaquer par la Russie, a déclaré Pavlo Klimlin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, dans une interview exclusive avec EURACTIVEuractiv




Menaces militaires, intimidations, provocations, incursions russes en Europe

>>> JAN2018. La Belgique intercepte deux bombardiers russes. Deux F-16 belges ont intercepté les bombardiers alors qu’ils volaient au-dessus de la mer du Nord. LeSoir
>>> DEC2017. Royaume-Uni. La Royal Navy escorte un bâtiment russe près des eaux britanniques. Le ministère britannique de la défense a affirmé mardi avoir envoyé un navire pour surveiller une frégate russe le jour de Noël, au large de la côte nord de l’Ecosse. Lemonde
>>> OCT2017. Manœuvres militaires Zapad 2017 : la Russie a testé une guerre majeure, juge l’OTAN. L’exercice militaire devait mobiliser 12 700 soldats russes et biélorusses. Ils étaient finalement quelque 70 000, selon les pays frontaliers. Lemonde
>>> SEPT2017. Des manœuvres militaires russes débutent aux portes de l’UE. La Russie a annoncé le déploiement de 12 700 soldats pendant une semaine le long de la frontière avec la Pologne et la Lituanie, suscitant les inquiétudes de l’OTAN. LeMonde
>>> SEPT2017. Du 14 au 20 septembre, les armées russes et biélorusses effectuent leurs grandes manœuvres bisannuelles, sous le nom de code de “Zapad” (Ouest). Mais l’ampleur des moyens déployés inquiète les voisins de la Biélorussie, qui accueille l’exercice cette année. Une enquête du quotidien en ligne ukrainien Oukraïnska Pravda. CI
Noter que lorsque la Russie a envahi la Crimée, cela s’est fait dans le cadre de manœuvres. Quelques jours avant l'invasion, la Russie déclarait que les mouvements de troupes n'étaient que des exercices. On connaît la suite. Il ne faut prêter aucun crédit aux déclarations du Kremlin (ni aux médias russes qui ne sont que les relais de Poutine)

>>> SEPT2017. Paris et Berlin dénoncent la stratégie russe "d’intimidation". Les ministres de la Défense allemande et française ont dénoncé jeudi à Tallinn les manœuvres russes Zapad prévues la semaine prochaine aux frontières de l’UE et de l’Otan, qui illustrent selon Paris la « stratégie d’intimidation » de Moscou. (...) Florence Parly a également rappelé la solidarité de la France en cas d’agression des pays baltes et de la Pologne. OuestFrance 
>>> SEPT2017. L’armée russe montre ses muscles aux portes de l’Europe (OuestFrance)
"La Russie est capable de manipuler les chiffres avec une grande aisance, c'est pourquoi elle ne veut pas d'observateurs étrangers. Mais 12.700 soldats annoncés pour des manœuvres stratégiques, c'est ridicule." L'Obs
>>> SEPT2017. La démonstration de force de la Russie aux portes de l'Europe. Le ministre de la Défense, supervisera l'action des 100.000 militaires déployés sur le terrain, parfois aux frontières mêmes de la Pologne ou des pays baltes. LeJDD

>>> DEC2014. Les cibles potentielles des Iskanders russes UAcrisis


Guerre de l'information
La Désinformation. Utiliser les médias pour modeler l'opinion publique et oeuvrer à la destruction de l'Union Européenne
>>> DEC2017. Lancement sous vigilance de la chaîne russe RT en France. Lemonde
>>> DEC2017. Russia Today France : l’arme du « soft power » russe. La déclinaison française du média russe à la réputation sulfureuse devrait émettre avant Noël. Soupçonnée d’être un instrument d’influence téléguidé par le Kremlin, elle est accueillie avec scepticisme. Lemonde
>>> NOV2017. Influence russe : des campagnes sur les réseaux sociaux à quasiment chaque élection. Faux comptes, publicités, robots… La propagande électorale russe a été présente dans presque tous les scrutins occidentaux récents. Pixels
>>> OCT2017. Qui a “érigé” un monument à Hitler dans la région de Donetsk ? ou Encore un exemple de la guerre de l’information.
 La guerre de l’information ne se résume pas aux reportages bidon sur ce qui se passe en Ukraine, diffusés en boucle sur les chaînes de la télévision russe Cette guerre a lieu dans tous les domaines de l’espace informationnel comme : médias en ligne, blogs, forums, portails etc. L’exemple frappant de la guerre de l’information ce sont des modifications apportées au contenu de la très consultée, populaire, gratuite et multilingue encyclopédie en ligne Wikipédia Il est très courant d’y trouver, surtout parmi le contenu en langue russe, de nombreuses provocations informationnelles qui visent l’Ukraine et qui sont mises en ligne par des utilisateurs russophones de cet outil Informnapalm

>>> OCT2017. Propagande russe sur facebook et instagram Ubergizmo
>>> JUIL2017. La Russie accusée d’avoir créé de faux comptes Facebook pour surveiller des proches de Macron Pixels
>>> JAN2017. RT France, Sputnik : dix choses à savoir sur les médias russes en France L'Obs
>>> DEC2016. RT France arrive au printemps 2017   Mediactus 
>>> NOV2016. Le spectre de la désinformation russe derrière les « fake news » sur Internet Lemonde
>>> Exemples de propagande russe (Uacrisis)
>>> AOUT2015. Poutine et sa machine à propagande infoArte


Cyberguerre

>>> NOV2017. Kompromat 2.0. (...)  il s’agit de ruiner la réputation d’organisations ou de personnalités clés, dans le but de les neutraliser définitivement. Ou, sous la menace de divulgation, de recruter de précieux nouveaux agents. Le duo RT-Sputnik et sa pléiade de sites occidentaux relais, et les actions sur les réseaux sociaux du centre de recherche de l’Internet basé à Saint-Pétersbourg ne seraient pas les seuls dispositifs de diffusion. Les actions cyber offensives permettent également de cibler pour manipuler des vecteurs d’influence. TTU
>>> OCT2017. Facebook Dépassé Par L’Influence Des Faux Profils Russes Forbes
>>> OCT2017. La NSA aurait bien été piratée par les antivirus russes Kaspersky Lefigaro

>>> SEPT2017. Ukraine, anatomie d’une cyberguerre, notre série de septembre sur la guerre qui vient. Hybride, froid, conventionnel, cyber, permanent : il existe bien des qualificatifs pour parler du conflit qui mine le Donbass, et par extension, l'Ukraine. Dans un monde numérique toujours plus incertain et menacé, cette guerre d'un genre inédit mérite notre attention. Véritable laboratoire des armes de demain, l'Ukraine est le sujet de la série de Pierre Sautreuil et Fabrice Deprez à suivre sur Numerama.
Ukraine, anatomie d’une cyberguerre — épisode 1 : la menace au quotidien. En Ukraine, les cyberattaques sont une menace de tous les jours depuis le début du conflit. Le but : saper la légitimité du pouvoir ukrainien... et tester de nouvelles cyberarmes. Numérama
>>> SEPT2017. L’arrière-cuisine de la «fabrique de trolls» russe. «L’ingérence» de la Russie sur les réseaux sociaux lors de la campagne américaine serait liée à un homme d’affaires de Saint-Pétersbourg très proche du Kremlin. Il semblerait que les Russes s’en soient donné à cœur joie sur Facebook pour siphonner la campagne électorale américaine : faux comptes, publicité ciblée… Toutes les ressources mises à disposition par le réseau social auraient été utilisées par les stratèges du Kremlin. Libération

>>> VOIR aussi : Guerre de Poutine contre l'Europe : propagande et cyber-guerre animaeuropae





Déstabiliser les démocraties occidentales. Le cas américain

>>> FEV2018. Comment l’agence de propagande russe sur Internet a tenté d’influencer l’élection américaine. En inculpant 13 personnes, la justice américaine donne pour la première fois un aperçu du dispositif mis en place pour peser sur l’élection via les réseaux sociaux. Pixels
>>> JAN2018. Enquête du FBI : la Russie a-t-elle financé la campagne de Trump via la NRA ?
Le lobby des armes à feu, qui a versé au moins 30 millions de dollars à la campagne électorale de Trump, est soupçonné d'avoir été l'intermédiaire d'un banquier proche du Kremlin.
Le FBI mène une enquête pour déterminer si un important banquier russe lié au Kremlin a financé illégalement la campagne électorale de Donald Trump par l'intermédiaire de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes à feu aux Etats-Unis. C'est ce que rapporte l'agence de presse McClatchy, qui cite deux sources proches du dossier. L'Obs

>>> JAN2018. La drôle d'histoire du consulat russe à San Francisco. Survols du territoire américain, cartographie des réseaux de fibre optique, «activités étranges»… Les espions russes de la côte ouest ne chômaient pas avant la fermeture brutale par l'administration Trump, le 2 septembre 2017, du consulat de Russie à San Francisco. Slate
>>> NOV2017. L'armée russe accuse les États-Unis de protéger Daech avec pour preuve... les images d'un jeu vidéo de guerre LeFigaro
>>> OCT2017. 126 millions d'Américains ont été exposés à la propagande russe sur Facebook L'Obs
>>> OCT2017. La Russie a utilisé Pokémon Go pour attiser les tensions raciales aux Etats-Unis.
 Une campagne russe reprenant des vidéos de violences policières et des thèmes de Black Lives Matter, a également employé le jeu vidéo pour exciter les antagonismes. La campagne russe pour influencer la campagne électorale américaine n'a pas porté que sur Facebook, Twitter ou encore Google (via YouTube). Selon une enquête de CNN, elle s'est également déployée sur toute une gamme de services et réseaux sociaux, et a même tenté de transformer Pokémon Go en arme pour exciter les antagonismes. L'Obs
>>> OCT2017. Espionnage: quand un antivirus devient l'oeil de Moscou TV5monde
>>> JUIL2017. Sur Facebook, des espions russes créent de faux profils de femmes pour séduire les soldats américains Mashable




La psychologie & Le «kompromat»

>>> Le «kompromat» russe ou l'art d'espionner les adversaires  LeFigaro
>>> La «kompromat» est une technique de manipulation largement pratiquée par les autorités russes. CF le cas Yoann Barbereau :  "Yoann Barbereau, condamné en Russie, est rentré en France" (LeFigaro)
>>> Le « kompromat »
Yoann Barbereau, la troublante affaire d’une fuite de Moscou à Paris
Directeur de l’Alliance française d’Irkoutsk (grande ville en Sibérie), il avait été arrêté en février 2015, poursuivi dans une affaire de pédophilie sur sa propre fille.

Tabassé, il a été forcé à des aveux. Il a ensuite rejeté les accusations et dénoncé une affaire de règlements de compte montée de toutes pièces par les services spéciaux russes locaux, sur le modèle de la technique du « kompromat », souvent utilisée par le KGB contre des représentants étrangers du temps de l’URSS. LaCroix



Novo collabos, pétrole et gaz russes

>>> DEC2017. Russie : Poutine inaugure Iamal, le champ gazier de l'extrême, avec Total.
REPORTAGE - Le groupe français participe avec le russe Novatek à cet immense site de production et d'exportation de gaz liquéfié. Lefigaro


Manipulation & révisionnisme
>>> JUIN2017. Quand Poutine annexe une reine de France. Libération


Divide et impera. 
Les rêves (et les actes) de Poutine pour faire éclater l'Europe (et devenir le maître du continent)
>>> AVR2017. Docu : Comment Poutine soutient les partis d’extrême-droite en Europe LesInrocks
>>> MARS2017. "Poutine soutient l'extrême droite pour diviser l'Europe" 7sur7
>>> JAN2017. Le Kremlin compte influencer les élections en Europe Euractiv

>>> NOV2016. CARTE. L'Europe qui aime Poutine Slate


La Russie a profité de la faiblesse et de la naïveté occidentale
On croyait qu'en s'ouvrant à la Russie, qu'en commerçant avec elle, en ayant des coopérations militaires (exercices conjoints avec l'OTAN, contrats d'armement), en ouvrant les portes aux médias russes, en facilitant l'obtention de visas, bref en multipliant les échanges et en considérant ce pays comme un pays civilisé, ce serait les grandes valeurs occidentales qui se diffuseraient en Russie (Etat de droit, démocratie, liberté, dignité et droits de l'homme). On croyait cela. Mais c'est l'inverse qui s'est produit. Ce sont les méthodes poutiniennes se sont diffusées dans les démocraties européennes : vulgarité, cynisme et désinformation, argent roi, corruption, collaboration voire soumission. Les fachos, les cocos, les hommes d'affaire sans scrupule, les haineux, les nationalistes, les staliniens, ils ont tous leur raison pour idolâtrer le dictateur russe. Pour les uns, le pétrole et le gaz, pour d'autres, l'anti-américanisme (appelé parfois atlantiste, pour ne pas dire sioniste).






Le temps de la guerre « hybride »

Depuis l’annexion de la Crimée en mars 2014, le terme de guerre « hybride » a fait son entrée dans le vocabulaire militaire occidental. Il a même été adopté par l’Otan. Cette expression vise à qualifier les agissements des « petits hommes verts » en Crimée et plus largement l’ensemble des actions menées par les forces armées russes en Ukraine et ailleurs.

le terme a évolué et désigne désormais une guerre dans laquelle la différence entre combattant et civil est gommée. Les belligérants, étatiques ou non, peuvent mener le conflit sur l’ensemble des terrains : économique, diplomatique, numérique… et faire appel aux actes terroristes et criminels pour parvenir à leurs fins. Une part essentielle de ce type de conflit reste néanmoins la bataille de l’opinion, à tous les niveaux : local, national et international.

La doctrine militaire russe de 2010 prend en compte ce virage. Et l’année 2013 consacre la mutation de la pensée militaire russe avec la publication de la « doctrine Gerasimov », du nom du chef d’état-major des armées russes. Dans ce document, il estime que la Russie sera amenée à mener un « nouveau type de guerre, [utilisant] des méthodes non militaires pour atteindre des objectifs politiques et stratégiques ». Si l’action militaire directe n’est pas exclue, elle ne s’inscrit que dans un contexte limité, bien loin des offensives massives à la soviétique.
Dans la foulée, un « guide pratique » de la doctrine Gerasimov est écrit par deux officiers, Chekinov et Bogdanov (3). Ils y listent les unités pouvant être utilisées : forces spéciales, titouchkis (des recrues issues de la pègre et payées) ou des volontaires locaux.
L’objectif n’est plus de défaire l’État attaqué, mais de lui dénier toute autorité sur la zone. L’ensemble des corps sociaux sont utilisés pour saper l’ennemi de l’intérieur : médias, ONG, milieux scolaires et religieux. Les deux officiers insistent sur le rôle des réseaux sociaux pour mobiliser les militants et gagner la bataille de l’opinion.
La désinformation joue un rôle fondamental et s’appuie sur de nombreux canaux : réseau diplomatique, déclarations officielles, médias officiels et privés. Cette guerre de l’information (ou informatsionnaïa voïna) vise à établir un contrôle sur l’ennemi en influençant sa prise de décision. Elle se différencie de la guerre de l’information (ou informatsionnaïa borba) classique, basée sur le renseignement, la propagande et la guerre numérique.
Chekinov et Bogdanov distinguent trois temps dans la guerre non linéaire. La première phase, de préparation, est constituée d’éléments réversibles et légaux. Les diplomates identifient les faiblesses du pays et établissent des réseaux d’allégeances, notamment oligarchiques. Les médias russes entrent en contact avec la population locale, notamment russophone, afin de devenir leur principale source d’information.
Ensuite, les auteurs insistent sur la nécessité d’une attaque rapide, deux semaines maximum. Cela crée une situation de fait, avant que l’État visé ou la communauté internationale ait le temps de réagir. Enfin, une phase dite « de stabilisation » vise à assurer la pérennité de la conquête militaire au niveau politique. L’organisation d’un scrutin local censé prouver la ferveur populaire envers le soulèvement est l’option privilégiée.
La nouvelle stratégie militaire russe est donc issue d’une réflexion inspirée par les guerres menées par l’Occident. Se sentant menacés de toutes parts, la Russie et son état-major ont envisagé la meilleure réponse à adopter face aux opérations de régime change et au soft power américain. Ne pouvant plus rivaliser en puissance pure, les forces militaires russes privilégient les actions asymétriques.
En ce sens, la nouvelle doctrine militaire russe peut être vue comme une tentative de « remettre à niveau » la pensée stratégique. La guerre non-linéaire est avant tout, du point de vue russe, une posture défensive face aux guerres du XXIe siècle et à un occident jugé hostile.
Ce repositionnement constitue une remise en cause des équilibres issus de la guerre froide et un véritable challenge pour l’Occident. Dans ces conditions, quelles stratégies adopter pour contrer la guerre non linéaire russe ?
Quelles réponses pour l’Ukraine face à la guerre hybride ?
L’un des aspects mis en relief par la guerre hybride russe en Ukraine, c’est l’importance de la phase dite de préparation. Instaurer un état de droit pour contrer la mise en place de schémas corruptifs est donc essentiel.
De plus, disposer d’un État qui respecte sa population est la meilleure façon d’amener celle-ci à le défendre s’il est attaqué. La guerre hybride nécessite l’appui massif des populations civiles locales pour être efficace, comme le prouve le contre-exemple du Donbass. Les populations n’ont pas adhéré au fantasme de « Novorossiya », ce nouvel État que la Russie a tenté de créer dans le sud-est de l’Ukraine. L’armée russe s’est trouvée obligée d’intervenir directement à Ilovaisk, (en août 2014), pour éviter la déroute séparatiste qui se dessinait. Par conséquent, des politiques inclusives vis-à-vis des minorités sont nécessaires pour éviter qu’elles ne cèdent à la propagande et au sécessionnisme.
Enfin, contrer la propagande russe suppose de disposer de canaux de communications robustes vers l’ensemble des populations. En plus de renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, cette communication est d’autant plus importante que, dans les guerres hybrides, les perceptions sont plus déterminantes que la réalité issue des combats. À terme, l’instauration d’un état de droit en Ukraine pourrait amener les populations des territoires séparatistes à souhaiter une réintégration, plutôt qu’une survie au sein « d’états » fantoches.
Au niveau militaire, la nature hybride des opérations russes dans l’est de l’Ukraine, mélange d’intervention directe et de soutien à des bandes armées et manifestants, suppose une réponse hybride de l’appareil sécuritaire ukrainien, et de tout pays visé par ce type d’attaque.
L’aspect fondamental semble être la bonne coordination entre forces de police et militaires. La collecte et l’échange de renseignements entre les différents services sont fondamentaux. En effet, les forces armées russes étant susceptibles d’agir de façon masquée avant le déclenchement du conflit, les renseignements des forces armées doivent être transmis aux forces de police.
Contrer une guerre hybride ne suppose donc pas seulement de posséder une armée puissante, mais aussi une police ayant suffisamment de forces de renseignements et antiterroristes pour neutraliser les éléments subversifs et contenir les foules hostiles. C’est notamment l’absence de ces forces au tout début du conflit qui ont conduit à la paralysie de l’État ukrainien, incapable de gérer quelques centaines de personnes hostiles et déterminées pour occuper les bâtiments publics.
Le conflit ayant désormais muté en une guerre limitée, les besoins essentiels de l’armée ukrainienne sont de disposer de pièces d’artillerie avec des systèmes de visée performants, pour cibler les équipements séparatistes avec précision et éviter les bombardements sur les zones civiles qui ne font qu’aliéner les populations. Cet élément est d’autant plus fondamental que les séparatistes tirent souvent volontairement depuis des zones résidentielles.
De même, des armes antichars de dernière génération, des drones de surveillance et des systèmes de vision nocturne et de protection des soldats semblent des évidences au regard de l’équipement séparatiste.
Néanmoins, fournir de tels équipements à l’Ukraine supposerait également de profondes réformes de l’armée ukrainienne, tant en termes de culture stratégique que de probité, pour éviter que ces équipements soient détournés ou mal utilisés. En ce sens, les différentes opérations de formation fournies par plusieurs pays de l’Otan peuvent s’avérer décisives.
Il reste cependant difficile de lutter contre une guerre hybride. Face à un État russe ayant une vision réaliste des relations internationales, l’objectif principal doit être d’augmenter le coût d’une opération de déstabilisation. Si amener l’Ukraine au niveau des standards occidentaux est un travail titanesque, cela demeure la meilleure voie pour elle, afin de se prémunir contre les agissements russes.
(1) Spécialiste de l’Europe centrale et auteur de « La guerre hybride en Ukraine, quelles perspectives ? », 2016, Éditions du Cygne.
(2) William J. Nemeth, « Future war and Chechnya : A case of hybrid warfare », 2002
(3) Colonel S.G. Chekinov, Lt. Gen. S.A. Bogdanov. « The Nature and Content of a New-Generation War », 2013














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