lundi 4 décembre 2017

Contre offensive 10. La culture

Lorsque, par hasard, Poutine entend le mot culture, sortirait-il son revolver ?
Hum... Pas sûr. Car le revolver (ou la carabine) qu'il aime tant exhiber lorsque, fier comme un paon, il pose pour ses séances photos ridicules , n'est qu'un accessoire parmi bien d'autres de sa panoplie de superman. Il peut sortir, aussi, le couteau. Comme celui qu'il offre, le 31 décembre 1999, aux soldats russes qui commettent tant de crimes en Tchétchénie (SciencePo)
Le couteau, d'ailleurs, il n'y a rien de mieux pour dépecer. Et en matière de dépeçage, Poutine en connaît un rayon, lui qui a entreprit de dépecer l'Ukraine, après s'être occupé de la Géorgie et de la Tchétchénie.

Finalement, lorsqu'il entend le mot culture, il préférera sortir son long couteau, mieux adapté. Car ladite culture, il ne s'agit pas tant de la flinguer que d'en découper les parties déplaisantes (le découpage, cela peut être la censure, le dénigrement, les procès truqués, le licenciement). Des exemples ?


- Une écrivaine, prix Nobel de littérature 2015. Dénigrée. (1)
- Un historien, professeur au MGIMO, l'un des premiers intellectuels qui s'est prononcé contre l'annexion de la Crimée ? Licencié (2)
- Un film hollywoodien, Enfant 44 ? Dénigré, puis censuré et interdit. (3)
- Un livre de deux historiens évoque les crimes commis par l'Armée rouge ? Interdit. (4)
- Un historien qui enquête sur le goulag ? Emprisonné. (5)
- un groupe de jeunes chanteuses punk critiquant le Kremlin ? Emprisonnées. (6)
- Une romancière, critique du régime ? Agressée (7)
- Un cinéaste critiquant la pression de plus en plus forte exercée par le pouvoir sur la création artistique ? Arrêté. (8)
- La science n'est pas en reste. Un peu trop indépendante ? Mise sous contrôle. (9)






(1) Svetlana Alexievitch, le Nobel qui fait enrager la Russie.
«J'aime le monde russe, bon et humaniste, devant lequel tout le monde s'incline, celui du ballet, de la musique et de la littérature. Mais je n'aime pas celui de Béria, Staline, Poutine et Choïgou (le ministre russe de la Défense), cette Russie qui en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass, à rire des Ukrainiens et à croire qu'on peut tout régler par la force.» Cette déclaration date du 8 octobre 2015, et Svetlana Alexievitch a appelé le même jour à «ne pas faire de concessions à un régime totalitaire».
L'auteure biélorusse, qui écrit en russe et a des racines ukrainiennes, venait de recevoir le prix Nobel de littérature 2015. Ce prix et ces paroles ne sont pas du goût de tout le monde en Russie. Geopolis

(2) Andreï Zoubov, l'historien russe qui dérange le Kremlin.
Andreï Zoubov est un historien russe, un des premiers intellectuels qui s’est prononcé contre l’annexion de la Crimée par la Russie. Professeur au MGIMO (l'Institut d'État des relations internationales de Moscou), il en a été licencié le 1er juillet 2014 pour ses opinions opposées à celles du Kremlin.
Le journal suisse Le Temps avait publié un entretien avec ce professeur antérieurement à l'abatage du vol MH17. LeTemps

(3) Enfant 44 : un thriller hollywoodien se déroulant dans l'URSS de Staline, et qui déplaît au gouvernement russe. Le film sera censuré et interdit. (Yahoo) Auparavant, il aura bien entendu fait l'objet d'un sévère dénigrement : la revue « Kultura », financée par l'Etat et dirigée par un proche de Vladimir Poutine, avait déjà publié une critique au vitriol du film sur son site Internet, intitulée « 44 Nuances de dégoût ». LeParisien

(4) Russie : une région bannit les livres de deux historiens britanniques pour propagande nazie.
Moscou - Les autorités d'une région russe dans l'Oural ont exigé des bibliothèques qu'elles retirent de leurs rayons les livres des historiens britanniques de la Seconde Guerre mondiale John Keegan et Antony Beevor, accusés de propagande nazie, a annoncé mercredi une porte-parole de l'administration régionale. Romandie
Rappelons qu'en Russie, on n'a pas le droit de dire du mal de l'URSS.  Si l'on dit du mal de l'URSS ou du communisme, ou de l'Armée rouge, c'est qu'on est nazi. Et si l'on est estimé nazi par la bande de mafieux poutiniens, on est interdit de publication. C'est ce qui est arrivé aux historiens britanniques John Keegan et Antony Beevor


(5) En Russie, un historien en prison pour avoir enquêté sur le goulag LaCroix

(6) Les Pussy Riots racontent leur détention  LeMonde

(7) La romancière Ludmila Oulitskaïa aux prises avec le pouvoir russe (LeFigaro ) a été agressée à Moscou par des militants nationalistes (LeMonde )

(8) Russie : le cinéaste Kirill Serebrennikov arrêté. Depuis plusieurs mois, le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov est dans le collimateur du gouvernement russe. Accusé de fraude "massive", l'artiste a été interpellé à Saint-Pétersbourg dans la nuit du 21 au 22 août. (…) Sans être un opposant affiché au Kremlin, cet homme de théâtre a critiqué la pression de plus en plus forte exercée par le pouvoir sur la création artistique, la comparant aux "pratiques soviétiques les plus pathétiques". L'Obs

(9) Russie : la science confuse. A l'initiative de Vladimir Poutine, la vénérable Académie des sciences a perdu le contrôle de ses instituts de recherche et de ses laboratoires, ce qui met en émoi toute la communauté scientifique. Lemonde . Comme Staline avant lui, Poutine mélange politique et pseudoscience (Slate)







Combattre le poutinisme, c'est s'appuyer sur la culture (Littérature, histoire, cinéma, musique, télévision...).
Exemple : Occupied, la série qui offusque la Russie Télérama
Exemple : Un essai, Les autres visages de la Russie – Artistes, militants, journalistes, citoyens... face à l'arbitraire du pouvoir (éditions Les petits matins)

C'est aussi, évidemment, et contrairement à ce que cherche à faire poutine, distinguer russes et Russie du pouvoir actuel (et éphémère).




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire