mardi 22 janvier 2019

2019. Guerre Europe/Russie. 6) Résistants et opposants à Poutine

Quelques figures emblématiques


A comme Anonyme [La résistance à Poutine en Russie]
>>> FEV2020 Russie: l'opposition dans les rues de Moscou en mémoire de Boris Nemtsov, assassiné il y a cinq ans aux pieds du Kremlin RFI

>>> De fausses tombes de Poutine apparaissent en Russie
 On trouve en Russie de drôles d’installations : des tombes portant le nom du président Vladimir
Poutine. À mi-chemin entre la blague et la revendication, elles ne font pas rire le gouvernement.
Hier, à Saint-Pétersbourg, en face de la cathédrale Saint-Isaac, une étonnante découverte a été faite, écrit le site russe d’actualité Snob : une pierre tombale au nom de Vladimir Poutine. Le chef de l’État russe est pourtant bien en vie. Cette fausse tombe est en fait un message de protestation à l’adresse du pouvoir.
Cette installation sinistre porte les dates de naissance et de décès du président (1952-2019), ainsi que sa photographie et l’épitaphe suivante : “A trahi le peuple russe”CI


A comme Association Russie-Libertés
Défense des droits humains et des libertés en Russie : site


D comme Dmitriev
Procès poutinnien
>>> MARS2021 L’affaire Dmitriev ou Vladimir Poutine face aux crimes de Staline. L’historien russe Iouri Dmitriev avait mis au jour, en Carélie, les plus grandes fosses communes de la Grande Terreur stalinienne (1937-1938). Il a été condamné à 13 ans de prison à l’issue d’un procès truqué. Dans « Sandormokh », la géographe Irina Flige raconte l’histoire de ce gigantesque charnier qui gêne Vladimir Poutine. Car l’ancien lieutenant-colonel du KGB se pose plus en héritier des bourreaux que des victimes du totalitarisme. Lobs
>>> JUILL2020 Russie : un historien emprisonné après avoir exhumé des crimes de Staline. Après avoir mis au jour une immense fosse commune des victimes du Goulag, l’archéologue Iouri Dmitriev a été accusé de pédophilie. Il risque 15 ans de prison. Verdict le 22 juillet. Lobs

>>> JUILL2020 Le calvaire judiciaire d’un historien russe
RÉCIT - Lourd réquisitoire contre Iouri Dmitriev qui défend la mémoire des déportés du Goulag. Lefigaro

>>> JUIN2020 « Iouri Dmitriev est poursuivi par la justice russe pour ses activités dérangeantes d’historien des répressions staliniennes ».
Le 6 juillet se tiendra la dernière audience du procès d’Iouri Dmitriev, historien russe spécialiste de la terreur stalinienne qui fait face à des accusations infondées. L’historien Nicolas Werth et l’antenne française de l’association Mémorial exigent, dans une tribune au « Monde », qu’il bénéficie d’un procès équitable.
L’historien russe Iouri Dmitriev écrivait en 2009 : « Un homme ne devrait pas disparaître sans laisser de traces. Il devrait avoir une tombe. La mémoire, c’est une des choses qui fait qu’un homme est un homme, qu’un peuple est un peuple, et pas uniquement une population ».
Cet homme a consacré sa vie à rechercher les traces et les restes des victimes du système répressif et criminel stalinien en Carélie, au nord-est de la Russie. Il a découvert, en 1997, avec ses confrères Irina Flige et Veniamin Ioffe, le charnier de Sandarmokh où ont été exécutés, dans le plus total secret, près de 7 000 innocents condamnés à mort par les tribunaux d’exception du NKVD [la police politique soviétique, ancêtre du KGB] en 1937-1938. Ce lieu est devenu depuis l’un des plus sites mémoriels les plus emblématiques de la Grande Terreur, paroxysme de la répression stalinienne.
Iouri Dmitriev a, en outre, établi, au terme de vingt ans d’un travail de bénédictin dans les archives de la Sécurité, la liste nominative de plus de 50 000 personnes victimes des répressions staliniennes en Carélie (fusillés, déportés, condamnés à une peine de travaux forcés).
Accusations « totalement infondées »
Depuis décembre 2016, Iouri Dmitriev est incarcéré sans jamais avoir été condamné. A la suite d’une lettre anonyme et d’une « visite » de son ordinateur personnel en son absence, il a été arrêté le 13 décembre 2016 et inculpé en vertu des articles 242.2 (« Utilisation d’un mineur dans le but de fabriquer des matériaux ou objets pornographiques ») et 135 (« Actes de débauche sans violence par une personne majeure sur un mineur ») du code pénal de la Fédération de Russie.
Au terme de seize mois de détention préventive, Iouri Dmitriev a — fait exceptionnel dans les annales judiciaires russes pour ce type d’affaire — été relaxé par le tribunal de Petrozavodsk, qui a reconnu que ces accusations étaient « totalement infondées », les photographies saisies dans l’ordinateur de Iouri Dmitriev — pièce maîtresse de l’accusation — n’étant que des clichés de suivi médical. A la demande des autorités de tutelle et du médecin qui suivait l’état de santé de la fille adoptive de Iouri Dmitriev, celui-ci avait en effet tenu, des années durant, un carnet de santé détaillé de sa fille adoptive (née en 2005) physiquement handicapée, photos du torse, du dos et des membres inférieurs à l’appui. Mais Iouri Dmitriev n’est sorti de prison que pour quelques semaines. (Lemonde)


D comme DUROV
>>> JAN2019. Pavel Durov défie le pouvoir russe.
Ce trentenaire russe, fondateur de la messagerie cryptée Telegram, vit en exil depuis 2004 mais continue à tenir tête à Moscou.
Il a défié le gouvernement russe et ses services secrets, et démontré qu’il était le plus fort. Un oligarque ? Non, un jeune entrepreneur de l’Internet tout juste âgé de 34 ans. Pavel Durov, fondateur de la messagerie Telegram, utilisée dans le monde entier, n’en est pas à son premier bras de fer avec le Kremlin. LaCroix


K comme Khabarovsk (ville)
>>> JUILL2020 Nouvelle manifestation monstre à Khabarovsk contre l’arrestation d’un gouverneur. Ces manifestations, qui ont commencé il y a deux semaines dans cette ville de l’Extrême-Orient russe, sont parmi les plus importantes contre le gouvernement du pays depuis des années.
Une fois de plus, ils sont descendus dans les rues de Khabarovsk par milliers, samedi 25 juillet. Depuis près de deux semaines, les habitants de cette ville de l’Extrême-Orient russe protestent contre l’arrestation de leur gouverneur, Sergueï Fourgal, survenue le 9 juillet, pour des accusations de meurtres. L’homme qu’ils défendent a depuis été remplacé par une personne nommée par le Kremlin, qui n’a jamais vécu dans cette région. Lemonde
J comme Joukov
>>> DEC2019 Egor Joukov, blogueur russe condamné pour l’exemple, libéré par la rue
Le jeune étudiant, figure du mouvement de protestation pour des élections libres, en septembre, a évité la prison ferme grâce à la forte mobilisation.
Il y eut d’abord le verdict, asséné comme une évidence : « coupable ». Pour la justice russe, Egor Joukov, 21 ans, est sans conteste coupable d’activités « extrémistes » parce qu’il a diffusé sur Internet des vidéos à caractère politique. L’étudiant, blogueur célèbre, y fait le constat d’une « impossibilité à vaincre le système en jouant avec ses règles », et appelle à « lutter durement » contre ce système… tout en précisant à de multiples reprises que cette lutte doit être « pacifique ».
Une évidence, car les tribunaux russes concluent à la culpabilité des accusés dans 99,8 % des cas. L’affaire Joukov a été instruite à charge dès l’arrestation du jeune homme au mois d’août, en marge des manifestations estivales pour des élections libres. Lemonde


K comme Kasparov

K comme Kourkov

L comme Loznitsa
>>> SEPT2018. Sergei Loznitsa, réalisateur ukrainien : “Montrer la folie de la guerre au Donbass”. Dans son nouveau film, Sergei Loznitsa expose la barbarie dans laquelle a sombré l’est de l’Ukraine, passé sous occupation prorusse. Donbass sort le 26 septembre en France.  CI

M comme Mansky 
>>> 28 janvier 2019  Le cinéaste russe Vitaly Mansky, exilé en Lettonie, remporte avec «Putin’s Witnesses» le Grand prix documentaire international (RFI)

M comme Meduza
>>> NOV2019 « Au moins, ici, personne ne peut nous mettre dehors » : « Meduza », média russe en exil
Ce site d’information, créé par des journalistes russes partis en Lettonie pour préserver leur liberté, continue de traiter dans l’adversité l’actualité du pays de Vladimir Poutine.
C’est un immeuble parmi d’autres, sans plaque indicative, au cœur de Riga. Au premier étage, le visiteur tombe sur une autre porte anonyme. Comment imaginer que derrière se joue une singulière aventure humaine et journalistique ? Voilà déjà cinq ans que dix-huit journalistes russes ont dû fuir leur pays pour exercer librement leur métier. Partis de Moscou en 2014, ils se sont établis un millier de kilomètres plus loin, en Lettonie, pour fonder un site Internet entièrement consacré à l’actualité russe. Son nom : Meduza, comme la Méduse de la mythologie grecque, la seule des trois Gorgones à être mortelle. Lemonde

N comme Navalny
>>> AVR2019. Assignation à résidence de Navalny : la CEDH condamne la Russie (Lobs)
>>> NOV2018. La Russie condamnée pour les « arrestations politiques » d’Alexeï Navalny.
Les arrestations de l’opposant numéro un de Vladimir Poutine visaient « en réalité à étouffer le pluralisme politique », estime la CEDH. Lemonde. La haute juridiction estime que les nombreux placements en détention du principal opposant à Vladimir Poutine entre 2012 et 2014 répondaient avant tout à «mobile politique». LeFigaro
>>> NOV2018. L’opposant Alexeï Navalny a pu quitter la Russie pour se rendre à Strasbourg. Après avoir été bloqué la veille à la frontière, il a finalement pu prendre l’avion pour se rendre à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg. Lemonde


P comme Ponomarev
la Russie est-elle une clinique psychiatrique dirigée par des psychopathes ?  
Pour Kourkov : oui    
Pour Ilya Ponomarev : aussi

Sur  la photo postée sur les réseaux sociaux, on voit le dos d'un homme assis, bien droit, immobile. Autour de lui, la foule s'est levée. Elle applaudit à tout rompre, lance des acclamations et brandit des drapeaux russes (...). L'homme reste sur sa chaise, ignorant délibérément l'euphorie ambiante. 
(...)  Deux jours après le "référendum" en Crimée, dans les salons du Kremlin, Poutine délivre un grand discours pour entériner le résultat du référendum et justifier l'annexion. L'assemblée brûle d'émotion. A la fin du discours, c'est une explosion de joie. Un seul homme ne participe pas à la liesse : le député Ilya Ponomarev, l'unique élu à la Douma à ne pas avoir voté l'annexion. La loi sur la Crimée y a recueilli 445 votes pour et un contre, le sien. C'est lui qu'on voit de dos assis sur sa chaise silencieux au milieu des bravos. Sur son fil Twitter, il publie l'image avec ce commentaire : "Tout cela n'avait pas de sens, les gens sont devenus fous.
Ukraine, le réveil d'une nation (Alain Guillemoles), p 158


S comme Sentsov 
>>> A voir : "Le Procès", documentaire d'Askold Kurov (Maryxdistribution)
>>> OCT2018. Oleg Sentsov arrête sa grève de la faim (pour éviter d'être nourri de force) L'Obs
>>> SEPT2018. Soutien à Oleg Sentsov: projection mardi de son film "Gamer" à la Cinémathèque.
En soutien au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, en grève de la faim depuis mi-mai, une projection de son premier long-métrage "Gamer" aura lieu mardi à la Cinémathèque, a annoncé vendredi l'institution dans un communiqué.
Prévue mardi à 19H00, cette projection exceptionnelle sera précédée de prises de parole, indique la Cinémathèque, sans plus de précisions. L'entrée sera libre, dans la limite des places disponibles.
Tourné avec 20.000 dollars de budget, "Gamer" raconte l'histoire d'un adolescent qui participe à des compétitions de jeux vidéo tout en faisant face à une vie quotidienne difficile dans un village d'Ukraine. Issu de l'expérience personnelle d'Oleg Sentsov, le film a été montré dans de nombreux festivals et récompensé à Rotterdam en 2012.
Lundi, à l'issue d'un vote à l'unanimité, la mairie de Paris avait attribué la citoyenneté d'honneur au réalisateur ukrainien, emprisonné en Russie.
Le cinéaste de 42 ans, opposé à l'annexion de la Crimée, a été condamné en 2015 à 20 ans de détention pour "terrorisme" et "trafic d'armes" à l'issue d'un procès qualifié de "stalinien" par Amnesty International et dénoncé par Kiev, l'UE et les États-Unis.
Il a cessé de s'alimenter le 14 mai et n'est maintenu en vie que par les compléments alimentaires injectés par l'administration pénitentiaire russe.

Depuis plusieurs mois, responsables politiques, écrivains, acteurs (Johnny Depp) ou cinéastes (comme Jacques Audiard) occidentaux ont multiplié les appels, allant pour certains jusqu'à observer une journée de grève de faim, pour demander la libération d'Oleg Sentsov. LaCroix



S comme Serebrennikov
>>> JUIL2019 Festival d’Avignon : Kirill Serebrennikov s’évade en beauté. Le metteur en scène russe interdit de sortie de territoire présente « Outside », inspiré du photographe chinois Ren Hang. Lemonde


S comme Sobol
>>> AOUT2019. L’opposante politique russe Lioubov Sobol filme sa propre interpellation. « La police est en train de briser la porte », explique-t-elle notamment dans la vidéo. (Lobs)

>>> AOUT2019 Lioubov Sobol, l’intransigeante avocate de l’opposition russe
La juriste russe de 31 ans utilise son smartphone comme principal moyen de se faire entendre. Interdite de candidature aux élections du Parlement de Moscou, elle demeure en liberté avant de nouvelles manifestations prévues dans le pays, samedi.
Bien droite dans son fauteuil, le visage impassible, presque glacial, Lioubov Sobol a la voix qui tremble légèrement, mais l’émotion est contrôlée. Pas besoin de hausser le ton, ce qui compte, ce sont les mots, les accusations précises qui fusent comme des balles. Face à l’avocate de 31 ans, Valery Gorbunov, chef de la commission électorale de la ville de Moscou depuis vingt-quatre ans. « Vous êtes un falsificateur et désormais tout le pays le sait. Votre réputation, comme celle du maire, est morte et enterrée. Vous venez de cracher sur l’opinion de millions de Moscovites, mais vous et votre bande, vous avez peur de gens comme nous, des candidats indépendants. » M. Gorbunov ne tique pas.
Ce 26 juillet, cet homme discret vient d’entériner la décision d’interdire les candidatures de Mme Sobol et d’une soixantaine d’autres candidats indépendants aux élections locales du 8 septembre. Interprétée comme un déni de démocratie, l’annonce a provoqué une crise profonde au cœur de l’été.
La jeune femme reprend : « Vous êtes des lâches, des faussaires, des voleurs, des escrocs et des tricheurs. Le pays entier vous connaît, maintenant. Il sait que vous avez une villa en Croatie. Vos revenus officiels ne vous permettent pas un tel achat, et ça le pays le sait aussi. Nous ne pouvons pas obtenir justice devant les tribunaux, nous ne pouvons pas obtenir justice ici, mais je suis sûre que, tôt ou tard, nous l’obtiendrons. Par les rassemblements dans les rues, par tous les moyens légaux, nous chercherons à faire reconnaître nos droits. Parce que, contrairement à vous, nous n’aimons pas la Croatie, mais nous aimons Moscou, nous aimons notre Russie. »
Interpellée pour la troisième fois
Succès garanti. En quelques heures, le monologue totalise 200 000 vues sur Twitter. Partout où va Lioubov Sobol, un cameraman la suit, qui diffuse ses coups d’éclat en temps réel sur les réseaux sociaux. Si l’opérateur est empêché, aucun problème, c’est elle qui tient le téléphone et se filme. La jeune femme conclut ce jour-là en appelant ses concitoyens à manifester à Moscou le lendemain, en faveur d’« élections libres ».
Le 27 juillet, ils sont des milliers à répondre à son appel dans les rues de Moscou mais le pouvoir ne se laisse pas faire : près de 1 400 personnes sont interpellées et des violences commises par les policiers. Le Kremlin espère ainsi en finir avec un mouvement de protestation embarrassant. Lemonde

T comme Tchirikova
>>> AVR2015 L'écologiste russe Evguenia Tchirikova fuit la Russie
La militante écologiste avait notamment pris la tête des opposants au tracé de l'autoroute Moscou - Saint-Pétersbourg.
L'écologiste russe Evguenia Tchirikova a quitté la Russie pour l'Estonie craignant que le harcèlement des autorités russes dont elle est victime ne s'intensifie, apprend-on lundi 20 avril. Elle dit redouter que ses deux enfants ne lui soient retirés par les services sociaux.
La militante avait notamment pris la tête d'un mouvement s'opposant au tracé des premiers kilomètres de l'autoroute Moscou - Saint-Pétersbourg, devant être construite par Vinci et qui, au nord de la capitale, menaçait la forêt de Khimki.

Evguenia Tchirikova qui a reçu en 2012 le prix Goldman pour l'environnement , le « Nobel de l'écologie », a aussi expliqué qu'elle quittait la Russie parce qu'elle ne veut pas que ses impôts servent à payer l'agression militaire contre l'Ukraine. Lemonde

V comme Vaissié
>>> Cécile Vaissié, universitaire spécialiste de la Russie, a été prise pour cible par les poutinolâtres français depuis qu'elle a publié en 2016 Les Réseaux du Kremlin en France. Voir ci-dessous "Zoom sur Cécile Vaissié"

V comme Ville de Paris
Voir, à Paris, au pied de la Tour Eiffel, ce monument à la gloire de Poutine qu'est la Cathédrale de la Sainte-Trinité  a quelque-chose de choquant, d'écoeurant, d' obscène (Sarkosy-le-petit nous aura décidément tout fait). C'est bien sûr très laid, - esthétiquement parlant- , et très ostentatoire (difficile de faire plus "tape à l'oeil" . Depuis la Tour Eiffel, ou depuis un bus touristique, ça vous écorche les yeux!).
Ce machin défigure la Capitale, c'est entendu. Mais surtout, c'est un symbole complètement opposé à tout ce que véhicule la ville de Paris. Car enfin, d'habitude, on honore à Paris les combattants de la liberté, de la dignité, et pas les dictateurs. On pourra rappeler que les valeurs de Paris, de la France et de l'Union Européenne sont la dignité, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'État de droit et le respect des droits de l'homme.  (L'Express). Des valeurs communes aux États membres qui sont exactement à l'opposé de tout ce que véhicule Poutine. 
Heureusement, aujourd'hui, la Ville de Paris se rattrape, en faisant d' Oleg Sentsov « citoyen d'honneur de la Ville de Paris ». Cela compense un peu le déshonneur de Sarkosy (eh oui, c'est à cause de bling-bling Sarkosy que cette bling-bling église orthodoxe a vu le jour au cœur de Paris).
Aujourd'hui, les élus (et surtout l'association qui a porté le projet) de la Ville de Paris sont à féliciter tant on peut imaginer les pressions des réseaux poutiniens. Il serait bien, maintenant, d'édifier face à la cathédrale Poutine un monument à la mémoire des victimes de Poutine.
>>> SEPT2018. Oleg Sentsov fait citoyen d’honneur de la Ville de Paris.
Le cinéaste ukrainien, condamné en Russie à vingt ans de prison, observe une grève de la faim depuis 134 jours pour protester contre la détention de 70 prisonniers politiques.
Le conseil de Paris a octroyé à l’unanimité, lundi 24 septembre, le titre de citoyen d’honneur de la ville au cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, condamné en Russie à vingt ans de prison et en grève de la faim depuis 134 jours. Son dossier avait été déposé conjointement par l’écrivaine et historienne Galia Ackerman et l’association Les Nouveaux Dissidents, en pointe dans la défense du cinéaste.
« Paris est connue pour être la capitale des droits de l’homme, a déclaré avant le vote la maire de Paris, Anne Hidalgo. Nous avons la responsabilité de promouvoir ces valeurs partout dans le monde. Oleg Sentsov doit être libéré. » Chose rare, la proposition a été adoptée à l’unanimité, recueillant les suffrages de l’opposition de droite et jusqu’aux élus du groupe communiste-Front de Gauche. Lemonde















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ZOOM SUR : 

CECILE VAISSIE

Elle écrit des articles et livres remarquables sur la Russie de Poutine qui ne plaisent pas à la Russie de Poutine. C’est pourquoi les réseaux du Kremlin voudraient la faire taire (par exemple en la dénigrant sur internet -c’est classique de leur part- , ou aussi en l’attaquant devant les tribunaux).
C’est précisément pour cela qu’il nous faut lire les livres et articles de Cécile Vaissié.
Ci-dessous quelques points de repères.

Novembre 2013. EuroMaïdan. La propagande russe se met en marche.

Février 2014. Invasion et occupation de la Crimée par les troupes russes, suivie de la déstabilisation du reste de l’Ukraine, en particulier l’est et le sud, puis de la guerre et de l’occupation du Donbass. La propagande russe tourne à plein régime, tous les réseaux du Kremlin sont activés. S’en suivront la diffusion en Occident de RT et Sputnik, et de toutes les attaques et provocations que l’on connaît (cyberattaques, désinformation, dénigrement de l’UE et financement des partis europhobes, menaces, chantages, corruption et « cadeaux » aux « amis » et autres « idiots utiles », etc...)

5 août 2016. Cécile Vaissié : « Moscou a développé, plus qu’un “soft power”, une politique d’influence »
Afin de peser sur des cercles politiques et économiques dans l’UE, notamment en France, le Kremlin mélange sa conception du « soft power » avec des méthodes héritées du KGB, affirme cette spécialiste de la Russie.
Cécile Vaissié est professeure en études russes, soviétiques et postsoviétiques à l’université Rennes-II. Docteure en sciences politiques, diplômée de l’Inalco et de l’Essec, elle travaille sur les mécanismes de propagande, les rapports entre culture et politique et les oppositions en URSS et en Russie. Entre autres ouvrages, elle a publié Les Réseaux du Kremlin en France (Les Petits Matins, 392 p., 19 €). (Lemonde)

28 janvier 2019 : l’opposant Alexeï Navalny

La situation politique en Russie est marquée ce dimanche par des manifestations dans tout le pays et l’arrestation de l’opposant Alexeï Navalny. Il n’est plus autorisé à participer à l’élection présidentielle, mais il appelle toujours à la mobilisation. Quel poids pèse Alexeï Navalny, et est-ce que son mot d’ordre peut avoir une incidence sur le scrutin? Pour en parler, Cécile Vaissié, professeur en Études russe et soviétique à l’université Rennes 2, et auteur de l’ouvrage « Les réseaux du Kremlin en France », paru aux éditions du Petit matin en 2016 est l’invitée de la mi-journée de RFI. Cécile Vaissié répond aux questions de Thomas Schnell. RFI 


5 mars 2019 : Les pro-Poutine, adeptes des procédures bâillons
Par Olivier Doubre
Professeure en études russes, Cécile Vaissié est poursuivie en diffamation avec son éditeur, Les petits matins, pour une enquête sur les soutiens à la Russie de Vladimir Poutine en France.
Politis

16 mars 2019 : «La Russie mobilise beaucoup d’énergie pour cultiver ses idiots utiles, ses relais d’opinion»
Durant deux jours, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a été le théâtre d'une joute oratoire véhémente, autour du livre d'une universitaire intitulé «Les réseaux du Kremlin en France». Six personnes citées dans l'ouvrage l'attaquaient en diffamation, niant être des agents d'influence de la Russie dans l'Hexagone.

«Procédure-bâillon». Le mot est sur toutes les lèvres vendredi après-midi, dans la petite foule amassée devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, venue soutenir l’universitaire Cécile Vaissié, professeure d’études russes à la fac de Rennes-II, et son éditrice, Marie-Edith Alouf, jugées en diffamation après le dépôt simultané de six plaintes. En cause, l’ouvrage publié en 2016 aux éditions Les Petits Matins, Les Réseaux du Kremlin en France, dans lequel Cécile Vaissié a voulu «comprendre comment un narratif lancé par des professionnels de la désinformation, comme Sputnik ou RT, se retrouve sur la page Facebook de ta voisine, qui n’a aucun rapport avec la Russie

En 2016, au moment de sa parution, l’ouvrage avait été accueilli avec des réserves, notamment au sein du milieu académique. Un certain nombre de chercheurs spécialisés en études slaves avaient remis en cause la méthodologie, préférant se distancier d’une enquête manquant de rigueur, bâtie sur des suppositions plutôt que des faits avérés, par une universitaire respectée pour le sérieux de son travail. Mais il avait également été salué comme un livre pionnier sur la question sensible et devenue urgente du soft-power russe et ses dangers. «Il y a un fond de vérité des deux côtés, analyse aujourd’hui Tatiana Jean de l’Ifri (Institut français des relations internationales), contactée par Libération avant l’audience. Le livre de Cécile Vaissié n’a pas été bien reçu par les pairs. Mais ce procès est un bâillon. Si Cécile Vaissié est condamnée et la maison d’édition ruinée, qui voudra explorer le sujet des réseaux d’influence d’une puissance étrangère en France, qui est un véritable sujet ?»

Limiter la liberté d’expression
Le tir coordonné que subit Cécile Vaissié est rare en France (pour l’instant) et ne présage en effet rien de bon pour la recherche, l’enquête et l’analyse critique de la Russie contemporaine. Cinq des plaignants ont choisi de se faire représenter par le même avocat, Me Jérémie Assous, qui est aussi incidemment celui de la chaîne kremlinoise RT : l’ancien conseiller aux affaires internationales de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic et son épouse, Véra Nikolski, haut fonctionnaire à l’Assemblée nationale, les blogueurs Hélène Richard-Favre, Olivier Berruyer et Pierre Lamblé. Quant à l’enseignant Gueorgui Chepelev, il était représenté séparément. Tous sont cités dans le livre de Vaissié et appartiennent, selon elle, à un «réseau au sens sociologique du terme» – en tant que personnes partageant des opinions communes qui «se lisent et se citent les unes les autres» –, soutiennent et relaient en France les positions politiques et idéologiques du Kremlin.

Avocat de Cécile Vaissié, Me Patrick Klugman insiste : «cette procédure n’est pas tant un procès contre l’éditrice et l’auteure, qu’un message adressé clairement par ceux dont les intérêts sont dénoncés dans ce livre. Vous vous intéressez à nous ? Nous vous poursuivrons. Nous ne sommes pas du tout sûrs que l’objectif soit la condamnation, mais plutôt un signal à ceux qui voudraient imiter Vaissié… C’est une procédure-bâillon qui ne dit pas son nom.» Le concept fait référence à la pratique judiciaire mise en œuvre par une entreprise ou une institution pour intimider, limiter la liberté d’expression, et dissuader des associations, des ONG, ou individus, de s’exprimer dans des débats publics. Interrogée par le président du tribunal, Cécile Vaissié dit «avoir toujours eu conscience des problèmes qu’encourent ceux qui s’intéressent à ces questions. On fait tout de suite l’objet d’attaques, une déferlante de trolls.» Selon la chercheuse, «la Russie mobilise beaucoup d’énergie pour cultiver ses idiots utiles – qui n’ont pas toujours conscience de l’être –, ses relais d’opinion, pour répandre ses narratifs.»

Maison d’édition confidentielle
À l’audience, le principal grief imputé à Vaissié est d’avoir cité les plaignants dans Les réseaux du Kremlin en France, induisant qu’ils œuvraient donc pour le compte d’une puissance étrangère. Djordje Kuzmanovic, l’ex-conseiller de Mélenchon, a martelé qu’il n’était «l’idiot utile de personne», dénonçant une atteinte à son honneur d’officier de réserve qui a toujours servi son pays, la France. Son épouse, Vera Nikolski, a exposé de manière cinglante en quoi les propos de la chercheuse lui sont préjudiciables : «Je suis une fonctionnaire de l’Assemblée nationale. Figurer dans une liste de réseau du Kremlin me porte un préjudice fort. Nous sommes soumis à une exigence de neutralité stricte. Figurer dans un livre qui s’appelle Les réseaux du Kremlin en France sous-entend que j’en fais partie, cela pose un problème de déontologie parlementaire. Ça peut potentiellement poser un risque grave pour ma carrière.» L’enseignant Gueorgui Chepelev, président, lui, du Forum des Russes en France, association liée à l’ambassade de Russie, dit : «Je ne me considère pas comme faisant partie des réseaux de Poutine en France. Je ne partage pas la vision du monde du Kremlin. Je ne suis pas un agent d’un autre pays. Je ne suis pas le personnage moralement douteux décrit dans ce livre». Immanquablement, la défense rétorque que le titre de l’ouvrage n’était pas poursuivi, pas plus que la quatrième de couverture.
Les débats glissent vers la méthodologie de Cécile Vaissié. «Il n’y a pas eu d’enquête, qui suppose un minimum de recherches, de contradiction. Les faits mentionnés ne sont pas vérifiés. Elle s’appuie sur des blogs obscurs qui n’existent plus», s’acharne Me Assous, en relevant que contrairement à ses ouvrages précédents, Les réseaux du Kremlin en France ont été publiés dans une «petite maison confidentielle […] car, vous l’avez dit, vous avez préféré une petite maison d’édition parce que le comité de lecture en est moins stricte. Si vous avez préféré Les Petits Matins, alors que vous avez déjà publié dans des maisons sérieuses, c’est que vous comptiez justement sur l’absence de relecture !» Si Vaissié n’a pas cherché à recueillir la parole des personnes dont elle a analysé l’activité, c’est précisément par choix, s’est-elle défendue, rappelant sa qualité de chercheuse et non de journaliste. «Je savais d’avance ce que les intéressés allaient me dire, et que cela n’allait pas faire avancer mon travail. J’ai travaillé sur les écrits», explique-t-elle, convaincue que le fait de les contacter «aurait pu entraver sa démarche».

Camps irréconciliables
Jeudi et vendredi, signe de l’incandescence des débats, les audiences ont veillé jusque tard dans la nuit. La salle était remplie de sympathisants des deux camps, installés de part et d’autre de l’allée centrale, les usual suspects des happenings liés à la Russie. Derrière Cécile Vaissié, des militants anti-Poutine de l’association Russie-Liberté. Dans le dos des plaignants, l’ancien journaliste Dmitri de Koshko, cité lui aussi dans l’ouvrage, qui se fait volontiers le porte-parole de la position officielle russe sur les plateaux et ondes françaises. Comme si, au-delà d’un classique procès en diffamation, se jouait un bras de fer entre deux univers, deux manières d’appréhender la Russie de Vladimir Poutine, deux camps idéologiques profondément clivés, surtout depuis l’annexion de la Crimée et le début de la guerre en Ukraine, devenus aujourd’hui absolument irréconciliables. La confrontation qui, jusqu’à présent, se jouait sur les réseaux sociaux, par articles et blogs interposés, dans les couloirs des facs ou à l’occasion de manifestations internes à la communauté des Russes et russisants, s’est subitement déplacée dans un tribunal français, étonné par un duel aussi violent.

Au moment de requérir, la procureure n’a pas manqué de souligner la part hautement idéologique de la joute : «C’est un procès politique. Un adversaire fait un procès à son adversaire politique pour des raisons idéologiques. Cette évidence résulte de la lecture du livre de Mme Vaissié, mais également de celle des écritures de la partie civile, et elle s’est confirmée tant par la nature des questions qui étaient posées que par les réponses apportées, à la fois par les prévenues, les parties civiles et les témoins. C’était un débat, un combat, entre deux formes de réseaux, deux formes de complots, deux formes d’idéologie.» Concédant volontiers que le propos de Cécile Vaissié était parfois «vague», «imprécis», «partial», le ministère a pourtant requis la relaxe. Le délibéré a été fixé au 31 mai.

Veronika Dorman, Libération

Bien évidemment, RT a usé de son "droit de réponse" (droit qu'il aurait de toute façon pris même s'il n'existait pas). Le DROIT DE RÉPONSE DE RT FRANCE (22/05/2019) : consultable sur l'article de Libé



19 mars 2019 : «C’est un signal envoyé: on n’enquête pas sur le Kremlin en France»
Antoine Hasday — 19 mars 2019 à 8h22 — mis à jour le 16 avril 2019 à 9h47
Compte-rendu du procès de Cécile Vaissié, autrice du livre «Les réseaux du Kremlin en France», attaquée en diffamation, entre autres par Olivier Berruyer. Slate



6 juin 2019 : Débarquement ou Armée rouge ? Cécile Vaissié décrypte la "guerre mémorielle" relancée par la Russie
L’historienne spécialiste de l’URSS Cécile Vaissié dément les propos de la diplomatie russe, selon laquelle le débarquement n’avait pas eu "une influence décisive sur l’issue de la Seconde guerre mondiale."
En marge des célébrations franco-américaines du débarquement du 6 juin 1944, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a appelé, mercredi, à ne pas "exagérer" l’importance du D-Day, expliquant que ce dernier n’avait pas eu "une influence décisive sur l’issue de la Seconde guerre mondiale (…) déjà déterminée par la victoire de l’Armée rouge". 
Pour Cécile Vaissié, professeure et chercheuse en histoire russe à l’Université de Rennes-2, cette affirmation est inexacte et s’apparente à une déclaration purement politique s’inscrivant dans les conflits d’influence actuels.

Sud-Ouest : L’issue de la Seconde Guerre mondiale a-t-elle été décidée par la victoire soviétique sur le front de l’Est, et pas par le débarquement, comme le pointe la diplomatie russe ?
Cécile Vaissié : Il faut vraiment sortir de cette opposition absurde. Il est certain que l’Europe a été libérée à la fois par l’effort énorme des soldats et populations soviétiques, qui ont souffert le martyre face au nazisme, et par ces jeunes gens débarqués en Normandie le 6 juin. D’un point de vue historique les deux ont été absolument essentiels.
Les Soviétiques attendaient l’ouverture du deuxième front. ils avaient compris que les choses seraient plus faciles quand l’armée allemande serait prise à revers par l’Ouest. Inversement, il est évident que les Américains n’auraient pas pu progresser si rapidement l’Armée rouge n’avait pas fait le travail sur le front de l’Est. 
Maria Zakharova a parlé de "réécriture catastrophique de l’histoire". Est-ce une pratique que l’on retrouve uniquement côté américain ?
On reproche souvent aux autres ce que l’on fait soi-même. Bien sûr, le cinéma hollywoodien et certaines déclarations politiques ont mis en valeur et embelli l’influence américaine sur l’issue de la guerre. Mais le phénomène se retrouve côté soviétique. Les combats de l’Armée rouge, certes héroïques, ont aussi été sacralisés et le sont à nouveau aujourd’hui. 
La différence réside dans le fait que cette glorification vient beaucoup plus tard en URSS. Parce que le gouvernement soviétique est conscient de ses multiples bévues durant la guerre. En plus d’avoir été alliée de l’Allemagne nazie en 1939, l’URSS n’anticipe pas le déclenchement des hostilités deux ans plus tard. En 1941, certains mobilisés soviétiques ne savent même pas où rejoindre leur bataillon. Des soldats partent au front avec pour consigne de récupérer le fusil d’un camarade tombé, car il n’y a pas assez d’armes pour deux.
Avant les années 60, l’URSS s’emploie à taire ce qui est pourtant en partie sa victoire. Il n’y a donc pas de défilés, pas de grands films ni de romans de guerre, alors que certains étaient écrits pendant les combats. 

Pourquoi cette "guerre mémorielle" refait surface maintenant ?
Cela découle des récents conflits géopolitiques impliquant la Russie, notamment en Ossétie du Sud, en Crimée et en Syrie. L’enjeu est plus que mémoriel pour le Kremlin, il est politique. Depuis une dizaine d’années le gouvernement vante l’influence russe sur la chute de l’Allemagne nazie et passe sous silence le fait que les USA ont aidé l’URSS en fournissant équipements et véhicules militaires.
Le Kremlin cherche aussi à faire de la victoire de 1945 une victoire purement russe en oubliant sciemment l’implication des autres peuples soviétiques, qu’étaient les Ukrainiens, les Arméniens, les Géorgiens, … Cela sert à entretenir l’esprit nationaliste russe, il y a un enjeu identitaire.



14 juin 2019 : Relaxe quasi totale pour l’auteure des « Réseaux du Kremlin en France », poursuivie en diffamation
Les juges ont rappelé que présenter des personnes comme étant « pro-Kremlin » ne portait pas atteinte à leur « honneur » et à leur « considération », la définition de la diffamation.
Poursuivie en diffamation par six personnalités pour son essai intitulé Les Réseaux du Kremlin en France, consacré au soft power de Moscou dans l’Hexagone, l’enseignante-chercheuse Cécile Vaissié a été condamnée vendredi 14 juin pour un seul passage sur la vingtaine visée par les plaignants.
Ce livre, très remarqué à l’époque – Le Monde avait à sa parution, en 2016, longuement interrogé Mme Vaissié –, décrit les différents cercles, en France, dans lesquels les positions du Kremlin en matière de politique intérieure et de politique étrangère sont accueillies favorablement, voire relayées. S’y côtoient des représentants du monde des affaires ou de la politique, en passant par les milieux académiques ou militaires.
Parmi les personnalités présentées dans ce livre comme « pro-Kremlin », six ont porté plainte contre Cécile Vaissié et son éditeur, estimant que ces écrits portent atteinte à leur honneur. Il s’agit de l’ancienne figure de La France insoumise Djordje Kuzmanovic et de son épouse, Véra Nikolski, haut fonctionnaire, des blogueurs Olivier Berruyer, Hélène Richard-Favre et Pierre Lamblé, et de l’enseignant Gueorgui Chepelev.

Un seul des six plaignants indemnisé
Concernant les plaintes des blogueurs Pierre Lamblé et Hélène Richard-Favre, de l’enseignant Gueorgui Chepelev et du couple Kuzmanovic-Nikolski, la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a estimé qu’aucun des passages qu’ils poursuivaient n’était diffamatoire.
Les juges ont notamment rappelé que présenter ces personnes comme étant « pro-Kremlin » et, pour les blogueurs, reproduisant sur leurs sites des « erreurs » ou des « mensonges » émanant de sources russes, ne portait pas atteinte à leur « honneur » et à leur « considération », la définition de la diffamation.
En revanche, le tribunal a condamné Mme Vaissié et son éditrice à chacune 500 euros d’amende avec sursis pour un seul des passages poursuivis par le blogueur Olivier Berruyer, qui y était accusé d’avoir une « volonté de déformer les faits, d’attaquer ou de tromper, au moins en ce qui concerne les questions russo-ukrainiennes ». Elles devront lui verser 2 000 euros de dommages et intérêts et 2 500 euros au titre des frais de justice, et le passage devra être supprimé en cas de réédition. Lors de l’audience, les 14 et 15 mars, le parquet avait estimé qu’aucun des propos litigieux n’était diffamatoire.

« Procédure bâillon »
L’avocat de cinq des six plaignants, Jérémie Assous – qui défend par ailleurs la chaîne russe RT France – avait mis en cause la méthodologie de l’universitaire et estimé que rien ne permettait de lier ces personnes à un quelconque « réseau » organisé pro-Kremlin. Le titre de l’ouvrage n’était toutefois pas poursuivi.
La défense de Cécile Vaissié et de son éditrice avait dénoncé une « procédure bâillon ». Les parties ont la possibilité de faire appel.
« Sur une vingtaine de passages poursuivis, un seul est condamné. C’est un de trop, et le débat reste entier » le concernant, a commenté l’un des avocats des prévenues, Me Ivan Terel, à l’issue du délibéré. La question « des réseaux d’influence russes en Europe et en France » s’inscrit « dans le débat le plus actuel », a-t-il estimé.



18 juin 2019 : Cécile Vaissié a-t-elle été condamnée pour son livre sur les réseaux du Kremlin ? Par Vincent Coquaz
Six personnes accusaient la spécialiste de la Russie de diffamation pour une vingtaine de passages de son livre «les Réseaux du Kremlin» en France. L’un d’eux, le blogueur Olivier Berruyer, a eu gain de cause.
Question posée par Laurent B. le 17/06/2019
Bonjour,
Votre question a été reformulée, la voici en intégralité : «Est il vrai que C. Vaissié, l’écrivaine du livre les Réseaux du Kremlin en France a été condamnée pour ses écrits ? De quels passages s’agit-il précisément ?»
Le Monde note une «relaxe quasi totale pour l’auteure des Réseaux du Kremlin en France». RT (anciennement Russia Today) retient que «l’auteur [sic] de l’essai [est] condamnée pour diffamation». Deux manières de voir la même affaire : Cécile Vaissié, professeure en études russes, a bien été condamnée pour diffamation le 14 juin dernier pour un passage concernant le blogueur Olivier Berruyer. Si les parties ne font pas appel, la chercheuse et son éditrice devront lui verser 2 000 euros de dommages et intérêts et 2 500 euros de frais de justice. En cas de réédition de l’ouvrage, le passage visé devra également être supprimé.
Le tribunal a en revanche estimé que les passages visés par cinq autres plaignants (une vingtaine au total) n’étaient pas diffamatoires.

Concernant Olivier Berruyer, la 17e chambre du Tribunal de grande instance de Paris, spécialisée dans les affaires de presse, a jugé diffamatoire le passage où Cécile Vaissié accuse le blogueur d’avoir une «volonté de déformer les faits, d’attaquer ou de tromper, au moins en ce qui concerne les questions russo-ukrainiennes». Selon le blogueur, le tribunal a jugé que la formulation de la chercheuse était «particulièrement imprudente». La justice a en revanche jugé que les autres propos attaqués par le blogueur n’étaient pas diffamatoires, comme lorsque Cécile Vaissié écrit qu’Olivier Berruyer «n’est en rien un spécialiste de l’espace post-soviétique : c’est un actuaire qui ne connaît rien ni à la Russie ni à l’Ukraine».
Concernant les autres, que ce soit l’ancien cadre de La France insoumise Djordje Kuzmanovic, l’ancienne secrétaire administrative du groupe d’amitié France-Russie Véra Nikolski, l’enseignant Gueorgui Chepelev ou les blogueurs Hélène Richard-Favre et Pierre Lamblé, le tribunal a estimé que les présenter comme «pro-Poutine» ou «pro-Kremlin» n’était pas diffamatoire. C’est par exemple le cas pour Chepelev, accusé par la chercheuse d’avoir «trahi ses idées en devenant un pro-Poutine». Idem pour Hélène Richard-Favre et Pierre Lamblé, que la chercheuse accuse de reproduire sur leur site des «erreurs» ou des «mensonges» émanant de sources russes, détaille l’AFP.
«Procès bâillon»
Jérémie Assous, avocat de cinq des six plaignants (et par ailleurs de RT France), reprochait notamment à l’auteure d’avoir mentionné des faits qui «ne sont pas vérifiés» sans avoir contacté les personnes visées pour respecter le contradictoire.
Avant l’audience, qui a eu lieu en mars dernier, Tatiana Jean, directrice du centre Russie de l’Ifri (Institut français des relations internationales), concédait que le livre de Cécile Vaissié n’avait «pas été bien reçu par ses pairs» du milieu académique en raison de divergences méthodologiques. Mais comme la défense de Cécile Vaissié, elle qualifiait surtout la procédure en diffamation de «procès bâillon» visant à décourager d’autres auteurs «d’explorer le sujet des réseaux d’influence d’une puissance étrangère en France».
Cordialement
Vincent Coquaz, Libération































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