mercredi 9 janvier 2019

2019. Guerre Europe/Russie (introduction : Moscou veut détruire l’Europe et son lien transatlantique)

L'histoire nous enseigne que tout espoir de rapprochement entre la Russie et l'Occident est voué à l'échec. Aujourd'hui, avec l'avènement de leaders populistes dans nos démocraties, largement soutenus par Moscou, ce n'est pas la Russie qui vient vers l'Ouest mais une partie de l'Ouest qui se tourne vers la Russie. (LesEchos, 12/07/2018) 

Introduction

D'abord, cesser d'être naïf. L'UE a des ennemis. Il faut les combattre.
La Russie est un ennemi.
L'islamisme est un ennemi. Sur ce point, hormis certaines personnalités qui s'enferment dans le déni, une large majorité de la population l'a intégré .
C'est pourquoi, il faut surtout insister sur le problème russe. Bien entendu, il est plus simple et plus populaire pour nos dirigeants de dire "il faut discuter". Pourtant, la guerre est bien là. 
Ici en Europe de l'ouest, elle se joue sur les plans économiques, culturels, diplomatiques, énergétiques, politiques. La Russie "teste" l'Europe à travers provocations, menaces, intimidations, cyber-attaques, désinformation... Elle tente de "placer ses agents" (ou ses idiots utiles) : Salvini, Le Pen, Heinz-Christian Strache...
Sur le front Ukrainien, il y a tout cela. Mais il y a en plus les attaques de l'armée, des milices, et des mercenaires russes.


Ici en Europe, la Russie de poutine corrompt, s'attaquent aux fondements mêmes de nos sociétés démocratiques et de la construction européenne. Pour le moment, elle n'est guère combattue, et le dictateur russe engrange les succès malgré ses exactions et malgré ses attaques.
On nous dit qu'il y a des sanctions. Certes. Mais elles sont si ridicules que le Kremlin s'en bidonne !
Quelques exemples de l'état de dormition de l'UE face à la Russie :
- Nord Stream 2 avance, et rendra l'UE dépendante du gaz russe. On le sait, et pourtant à cause de l'Allemagne, ce projet avance (Poutine a bien sûr placé ses pions, tels que l'ex chancelier Schröder). Est-ce normal ?
- Macron va signer des contrats énormes pour les multinationales françaises telles que Total, malgré les sanctions, malgré ses discours pro-européens, et malgré les attaques qu'il a lui-même subies pendant sa campagne présidentielle (désinformation, cyber-attaques...). Est-ce normal ?
- La Russie occupe militairement la Crimée, le Donbass, s'approprie la mer d'Azov, entasse missiles et militaires dans l'enclave de Kaliningrad. Rien n'est fait pour soutenir militairement l'Ukraine qui la combat. Est-ce normal ?
- Macron va en Russie applaudir l'équipe de France de football, lors d'un championnat qui aurait dû être boycotté par tous les pays dits civilisés. Est-ce normal ?
- Les touristes russes ne sont nullement gênés pour voyager en Europe. On n'en voit partout et de plus en plus. Est-ce normal ?

A chaque violation ou exaction russe, quelques représentants de l'UE s'indignent, condamnent, protestent, appellent à discuter, à négocier, à la paix, etc etc. Pendant ce temps, Poutine et ses sbires s'esclaffent, abreuvent les peuples de désinformation, et continuent à amasser armes et militaires dans le Donbass, en Crimée, à Kaliningrad. Ils construisent un pont reliant la Crimée occupée à la Russie, construisent un mur coupant la Crimée du reste de l'Ukraine. Ils sont évidemment toujours innocents : innocents : de l'assassinat de Skripal ou de Livinenko à Londres, innocents des assassinats de journalistes, innocents du dopage organisé dans leur pays, innocents du chaos provoqué par le Brexit au Royaume-Uni, innocent du chaos politique provoqué aux Etats-Unis, innocents du piratage informatique contre de grands groupes ou des institutions européennes, innocents de la désinformation véhiculée par RT, innocents des cyber-attaques...
Et la France, tout comme l'Allemagne, fait semblant de ne rien voir. Chaque pays de l'UE signe ses contrats, fait sa tambouille seul sans s'occuper des autres. L'Europe est un «nain diplomatique et un puceron militaire », comme l'a noté Matthieu Croissandeau dans un très bon éditorial de L'Obs paru en 2015. Elle le restera si elle ne sait pas faire bloc contre ses ennemis.

Ses frontières ne sont pas claires (Va-t-on enfin en finir avec Schengen?). Elle n'a pas d'armée. Elle n'a pas de représentant unique à l'international. Elle a besoin de cela pour devenir une grande puissance respectée. 
Elle a besoin de frontières (les contrôler, les sécuriser, être clair vis-à-vis de la Turquie et de la Russie, en finir avec Schengen)
Elle a besoin d'une armée (pour contre-attaquer lorsqu'elle est attaquée, et pour soutenir ses alliés)
Elle a besoin d'un président (un interlocuteur clairement identifié à l'international, qui serait chef des armées)
Elle a besoin de faire bloc. C'est-à-dire qu'il faut beaucoup plus de solidarité sur les grandes questions ; il doit y avoir une "préférence européenne".

Les crimes, actions de déstabilisation et actes de guerre de la Russie (dont les actes pour : diviser l'UE, créer le chaos ou l'attiser, saper le système démocratique occidental) sont nombreux et variés.

Nous suivrons en 2019 le conflit avec la Russie à travers dix billets : 

1- Les attaques directes : meurtres, cyberattaques, espionnage
2- Désinformation, manipulation, complotisme, violence, haine, réseaux "sociaux", exacerbation des tensions et des divisions, création de chaos ... et idiots utiles (le cas des "gilets jaunes").
3- Le funeste projet Nord Stream 2 (la Guerre de l'énergie)
4- Le Brexit, parfait exemple du populisme triomphant (aidé par le Kremlin) et de la situation de chaos qu'il provoque
5- Les novo-collabos et autres poutinolâtres de service
6- Les résistants et opposants à Poutine
7- La "poutinisation" de l'Europe (méthodes, comportements, et déclarations similaires à ceux de Poutine, au moins dans la forme)
8- Les menaces, provocations et intimidations (dont les incursions militaires au sein de l'UE), la corruption. & la Justice
9- Les symboles (culture, religion...). Le cas de "l'église de Poutine" au coeur de Paris
10- La guerre contre l'Ukraine
11 - Les réactions de l'Europe (si réactions il y a)










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NOTES ET RAPPELS

Rappel de quelques événements clés :
- L'arrivée au pouvoir de Poutine grâce à l'attentat de Moscou organisé par ses services
- La Tchétchénie et le désintérêt des forces occidentales
- L'assassinat d'Anna Politkovskaïa qui dénonçait les crimes russes en Tchétchénie... et le désintérêt de l'Europe
- La Géorgie, et l'humiliation de Sarkosy qui s'est liquéfié devant Poutine
- L'Ukraine et les ridicules réactions européennes (appel au "dialogue", menace de sanctions qui ne sanctionnent personne, condamnations verbales, appel à la paix, etc etc)
- L'assassinat de Boris Nemstov , qui dénonçait les crimes russes en Ukraine... et les très molles protestations de l'Europe
- Le second assassinat d'un ex-espion à Londres et -encore et encore- les protestations ridicules (suivies d'appels au dialogue, au respect du droit, etc...) de l'UE ... Suivies, aussi par la participation de tout le monde -Macron détient la palme - au mondial de football en Russie
- Nord Stream 2 et la confirmation que l'Allemagne et la France ne feront rien (avec leurs actuels gouvernants) pour s'opposer à Poutine


Rappels de quelques événements depuis 2014 :
2014 : CRIMEE
 L' annexion de la Crimée est un tournant majeur. Un territoire volé, une Russie bafouant tout les traités et le droit international, le premier événement de ce type en Europe depuis la fin de la 2e GM .  Quelques jours avant, Poutine disait que les mouvements de troupes russes n'étaient que des exercices. On a vu le résultat. Les grandes démocraties en sont restées pétrifiées, n'ont pas semblé comprendre l'importance de cette annexion. Cette annexion, c'était une trahison. C'était une déclaration de guerre contre l'Ukraine que la Russie était sensée protéger. C'était aussi un test pour l'Europe et pour les Etats-Unis. Tout l'occident est resté faible !
2014 : DONBASS. Se souvenir des déclarations de Poutine affirmant que la Russie viendrait en aide aux populations russes si elles étaient menacées. Menacées ? Comme par hasard, quelques jours après ces déclarations, on assiste à la déstabilisation d'Odessa, de Karkhiv, et de toute la région du Donbass.
Des semaines plus tard, alors que l'armée ukrainienne reprenait le contrôle de la région, des camions blancs, ces prétendues aides humanitaires entraient dans le Donbass (les russes se moquent du monde, et le monde laisse faire) . La suite ? Les régions sous contrôle de Kiev redevenaient en proie au chaos, à de violents combats (l'aéroport de Donesk restera un symbole) .
Que fait l'UE ? Rien !
2015. BORIS NEMTSOV est assassiné. Que fait l'UE ? Rien !
2017 : SYRIE , mise à feu et à sang. Que fait l'UE ? Rien !
2018 : AFFAIRE SKIPRALL (qui n'empêche nullement le mondial de foot et la joie de Macron...). Seul accroc visible : les PUSSY RIOTS ... payé par de la prison.  Que fait l'UE ? Rien !
2018 : MER D'AZOV . Une réaction des démocraties européennes ? "Il faut discuter!" , au Kremlin, ils doivent se bidonner de ces déclarations, toujours les mêmes, jamais suivies d'actes. Que fait l'UE ? Rien !
2019 : SYRIE. Reparlons du "vrai visage de Bachar al-Assad" , présenté ce 23 avril 2019 à l’assemblée générale de l’ONU. Un rapport sur les atrocités en Syrie. Plus d’un million de pièces rassemblées, dont le « rapport César », dont « l’Obs » avait publié des extraits.










21 mai 2019
>>> « Moscou veut détruire l’Europe et son lien transatlantique »

Entretien. Le Kremlin a nié lundi 20 mai toute implication dans le scandale touchant le leader nationaliste autrichien Heinz-Christian Strache, poussé à la démission après avoir été mis en cause dans une vidéo tournée à Ibiza, où il promet l’octroi de contrats publics autrichiens en échange de soutiens financiers. Pour Patrick Moreau(1), cet épisode promet des conséquences en chaîne, en Autriche comme en Europe.

La Croix : Que révèle pour vous l’existence de cette vidéo montrant le leader du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), Heinz-Christian Strache, piégé en compagnie d’une prétendue nièce d’un oligarque russe ?

Patrick Moreau : Cette opération est bien entendu un coup monté de haut niveau qui n’a rien d’innocent. Elle a l’avantage de montrer par quels mécanismes s’exerce la pénétration russe dans les partis nationaux populistes en Europe. Depuis les années 1980, il n’existe plus de financements directs de Moscou. Le système d’influence passe par des échanges beaucoup plus complexes, et bien plus difficiles à mettre en évidence. Il fonctionne via des sociétés écran proches à la fois de l’émetteur et du bénéficiaire.
Cela est particulièrement marqué en Autriche, pays qui a toujours été considéré comme un pont entre l’Ouest et l’Est. Mais on retrouve exactement le même schéma en France (Rassemblement national), en Italie (Ligue), en Allemagne (AfD), mais aussi au Danemark (Parti populaire) ou en Finlande (Les Vrais finlandais)… Impossible de chiffrer cette aide. Moscou se fixe un objectif de combat : détruire l’Europe et son lien transatlantique – ou plutôt ce qu’il en reste depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.

Ce scandale est-il une aubaine pour le jeune chancelier Sebastian Kurz ?
P. M. : La situation n’était plus tenable entre Sebastian Kurz et ses alliés gouvernementaux d’extrême droite, depuis leur entrée au pouvoir en décembre 2017. Le chancelier a dû se faire un temps à la rhétorique illibérale, islamophobe et antisémite du ministre de l’intérieur Herbert KicklIl faut aussi se souvenir de la perquisition controversée réalisée en mars 2018 dans des renseignements généraux autrichiens par ce ministre FPÖ, qui a mis la main sur la banque de données « Neptune », issu d’une collaboration notamment avec les services secrets Français, Allemands et Américains. La crainte d’une fuite vers la Russie avait entraîné une rupture de la collaboration de ces pays avec Vienne, au grand dam du chancelier autrichien.
La stratégie de Sebastian Kurz, qui a annoncé des élections anticipées (probablement en septembre, NDLR) est d’obtenir une majorité absolue pour se passer d’alliance, mais rien n’est moins sûr. Il ne pourra guère excéder 40 % des voix, car le FPÖ conserve un solide socle d’électeurs. On ne le voit gouverner ni avec les sociaux-démocrates ni avec les Verts, après le tournant anti-migration qu’il a pris pour étouffer l’extrême droite. Peut-être pourra-t-il s’associer à Neos, parti libéral et pro-européen qui pourrait atteindre les 8 %.

Peut-on assister à la mort du FPÖ, avec ce scandale ?
P. M. : J’en doute fort. Mais la divulgation de la vidéo est lourde de conséquences. Heinz-Christian Strache risque la prison. Il a été remplacé à la tête du parti par le ministre des transports Norbert Hofer. C’était quasiment le seul choix possible. Cet ancien ingénieur dans l’aéronautique a fait ses armes dans la dernière campagne présidentielle perdue au second tour face à l’écologiste Alexander Van der Bellen. C’est un personnage lisse, affable, qui a l’avantage de ne pas avoir de passé néo-nazi. Il est aussi l’un théoriciens de la dédiabolisation du parti, et d’une grande fidélité envers son mentor, Heinz-Christian Strache. Ce lundi, il a annoncé être prêt à retirer tous ses ministres du gouvernement formé avec les conservateurs, si Herbert Kickl était limogé par Sebastian Kurz.

(1) Patrick Moreau, spécialiste de l’extrême droite autrichienne et Allemande, chercheur au CNRS.




14 mars 2018 (affaire Skripal)
>>> Affaire Skripal : «L'Occident doit se réveiller».
 Bill Browder, homme d'affaires britannique, est l'un des principaux opposants au régime de Vladimir Poutine depuis la mort de son avocat Sergueï Magnitski, assassiné après avoir révélé la corruption de hauts fonctionnaires russes. Lefigaro
Cela fait bien longtemps que l'Occident aurait dû réagir. Dès la Tchétchénie. Ou encore avec la Géorgie. Ou la Syrie. Ou l'Ukraine.
L'Occident aurait dû envoyer ses armées épauler l'Ukraine pour garder la Crimée. La France, le Royaume Uni, les Etats-Unis auraient dû respecter leur signature du mémorandum de Budapest.
Hélas, l'Occident ne s'est pas du tout réveillé. Pas plus aujourd'hui qu'hier.



>>> La diplomatie à l'envers de Vladimir Poutine
Vouloir déstabiliser les démocraties occidentales comme semble vouloir le faire le leader russe en soutenant l'Iran, la Syrie ou encore les populistes en Europe est une erreur. La vraie menace pour la Russie vient de l'Est, notamment de la Chine. A terme, elle devra s'appuyer sur l'Europe et les Etats-Unis pour contenir son dangereux voisin.
(…) Il existe un contraste trop grand entre la manière dont la Russie perçoit son rôle dans le monde et les cartes qui sont objectivement les siennes.
(…) la Russie ne privilégie pas seulement la nature de son régime, mais choisit sa géographie, confirmant ainsi la thèse de l'historien d'origine allemande Karl Wittfogel (1896-1988), qui parlait de « despotisme oriental » pour qualifier la nature du pouvoir russe.
(…) Elle doit comprendre qu'elle ne peut pas « avoir le beurre et l'argent du beurre ». L 'Union européenne ne va pas embrasser la main qui l'empoisonne. A plusieurs reprises déjà, des tentatives d'ouverture vers Moscou ont eu lieu depuis la fin de la Guerre froide.
(LesEchos, 17/05/2019)

Poutine a choisit, en 2014, la voie anti-européenne. Il faut donc considérer que :
1/ La Russie est un pays oriental, pas européen
- Il se trouve que Poutine a choisit la confrontation avec l’Europe. Ce pays eurasiatique a choisi sa géographie, elle a choisi d’être un pays oriental.
2/ La Russie est pays ennemi de l’Europe
Même en finançant les partis europhobes, elle n’obtiendra pas ce qu’elle veut. Même si 25 % d’électeurs en France sont pétrifiés de peur, ou vraiment poutinolâtre (c’est-à-dire complètement neuneus) , la majorité des Européens ne baisera pas la main de celui qui l’empoisonne.

Nos dirigeants feraient bien de s’y résoudre, d’accepter la confrontation, plutôt que de se ridiculiser au fil des ans avec des « appels au dialogue » dont Poutine et sa clique de mafieux se moquent.

>>> Son immixtion dans les affaires intérieures de nombre d’États membres est désormais avérée, à travers le soutien poli-tique, moral et financier de plusieurs mouvements extrémistes. L’instrumentalisation révisionniste des russophones dans plusieurs États membres, l’utilisation de moyens de persuasion et d’influence de toutes natures, confirment que la Russie n’aime pas l’Union européenne et, vraisemblablement, qu’elle a décidé de l’affaiblir par tous moyens. Sa diplomatie et ses diplomates officialisent dès que cela leur est possible, une volonté d’accentuer les divisions entre États membres, de nourrir les débats entre souverainistes et pro-européens (J-D Giuliani)

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