vendredi 16 février 2024

Avant Alexeï Navalny, la série noire des opposants persécutés par Poutine

 >>> Le Pen et Mélenchon : pro-Poutine un jour, pro-Poutine toujours. Les réactions des leaders d'extrême-droite et d'extrême gauche à la mort d'Alexei Navalny, l'opposant de Vladimir Poutine, ont été minimalistes. Contrairement aux leaders des forces politiques centrales, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ménagent toujours le despote russe, incapables de dénoncer ses persécutions Challenges

>>> La mort du militant anticorruption, annoncée ce vendredi 16 février, est un nouvel épisode dramatique de la répression orchestrée par le président russe contre ceux qui critiquent son régime.

Alexeï Navalny est mort, ont annoncé les agences de presse russes vendredi 16 février, et son nom se greffe à la liste désespérément longue des opposants éliminés par Vladimir Poutine. Avant le militant anticorruption de 47 ans, à la santé fragilisée par l’empoisonnement au Novitchok dont il avait accusé les services secrets russes en 2020 et par les conditions de détention dévastatrices qu’il subissait depuis trois ans – notamment dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique –, il y avait eu Boris Nemtsov. Adversaire virulent du chef de l’Etat, opposé à l’annexion de la Crimée intervenue quelques mois avant sa mort, l’ancien vice-Premier ministre avait été assassiné le 27 février 2015 à Moscou. Quatre balles dans le dos, à quelques pas du Kremlin – le commanditaire du meurtre n’a jamais été formellement identifié.

Avant lui, il y avait encore eu la journaliste Anna Politkovskaia, abattue dans le hall de son immeuble, toujours dans la capitale, le 7 octobre 2006, après avoir documenté pendant des années les dérives du régime et les crimes de l’armée russe en Tchétchénie (dans cette affaire pas plus que dans la précédente les commanditaires n’ont été formellement identifiés). Et Alexandre Litvinenko, ancien agent des services secrets mort le 23 novembre 2006 d’un empoisonnement au polonium dans un hôpital du Royaume-Uni où il s’était exilé pour échapper aux persécutions d’un régime qu’il avait commencé à dénoncer publiquement. En 2021, la Cour européenne des droits de l’homme avait désigné Moscou comme «responsable» de l’assassinat.

L’ONU appelle à la «fin des persécutions»

A moins qu’ils ne parviennent à s’exiler comme l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski qui réside à Londres – ce qui n’est pas gage de survie –, ceux qui ne sont pas tués sont réduits au silence. Condamné à vingt-cinq ans de prison pour avoir diffusé de «fausses informations» sur l’armée russe en avril 2023, l’opposant, historien et journaliste Vladimir Kara-Murza est incarcéré dans une colonie pénitentiaire de Sibérie. Ilia Iachine purge une peine de huit ans et demi de prison pour s’être ému sur Internet des agissements de l’armée en Ukraine, notamment dans la ville de Boutcha. Ancienne dirigeante de l’équipe d’Alexeï Navalny, Ksenia Fadeïeva est également derrière les barreaux, condamnée à neuf ans de détention fin décembre. Des personnalités publiques auxquelles s’ajoute le sort de dizaines d’anonymes incarcérés pour avoir témoigné de leur opposition au chef de l’Etat ou à l’invasion de l’Ukraine.

Ce vendredi devait commencer à Moscou le procès d’Oleg Orlov, représentant de l’ONG Memorial et figure de la lutte pour les droits humains en Russie, mais il a été ajourné. Ressorti libre, l’homme de 70 ans qui s’obstine à rester dans son pays pour «continuer le combat» a dénoncé un «crime du régime» à propos de la mort d’Alexeï Navalny. Dans un communiqué, l’ONU a appelé à «la fin des persécutions» contre ceux qui sont poursuivis «en raison de l’exercice légitime de leurs droits». Au mois d’août, c’est Evgueni Prigojine, le chef de la milice Wagner qui avait osé défier le Kremlin – pas un opposant politique, plutôt un adversaire en interne. Il a payé cette provocation de sa vie. Signe d’une «crise qui se développe au sein du pouvoir même, d’une décomposition des élites dirigeantes russes», avait alors analysé l’historienne Françoise Thom dans Libération.

Libération


 

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