« Ne vous laissez pas duper par Poutine et ses sbires. Leur seul objectif est de convaincre davantage de Russes à mourir dans leur guerre insensée et criminelle contre l’Ukraine, ainsi que d’instiller encore plus de haine à l’égard des autres nations, pas seulement les Ukrainiens, mais l’Occident tout entier » (Ministère des Affaires étrangères ukrainien)
L' attentat de Moscou de mars 2024 est différent de celui ayant amené Poutine au pouvoir. Ce dernier avait probablement été organisé par les services de Poutine (attribué aux tchétchènes pour justifier la guerre en Tchétchénie). Kadyrov , un des hommes de Poutine , avait ainsi pu prendre le pouvoir. Et ceux qui avaient trop parlé - comme Anna Politkovskaïa ou Litvinenko - ont été assassinés par les hommes de Poutine.
En revanche, celui de mars 2024 est bien l'oeuvre des islamistes . Il a été revendiqué par l' Etat islamique.
Alors, notons d'abord que Poutine est tellement obsédé pas les américains qu'il a ignoré leur mise en garde (les Etats-Unis avaient prévenu la Russie d'un potentiel attentat). Même après l'attentat, ni Poutine ni les services de sécurité russes (FSB) n’ont
mentionné l’organisation Etat islamique (EI), malgré la revendication.
Secondo, comme l'avait prédit l'Ukraine, Poutine fait tout pour lier ces attentats à l'Ukraine, alors que cela n'a rien à voir.
Troisièmement , -alors qu'au lendemain de ces attentats Poutine lance le énième bombardement massif contre l'Ukraine (on voit bien où est son obsession : l'islamisme, il s'en fout un peu...) - , la Russie a (encore) violé l'espace aérien de la Pologne , laquelle, donc, a vu passer des missiles russes. Reprenons la déclaration du porte-parole du ministre des Affaires étrangères polonais (elle est excellente) :
« Nous demandons à la Fédération de Russie de mettre fin aux frappes aériennes terroristes contre le population et le territoire de l’Ukraine, de mettre fin à la guerre et de s’occuper des problèmes internes de son pays »
, a écrit le porte-parole du ministère, Pawel Wronski, dans un communiqué. (Lemonde)
>>> L'édito du Monde, excellent encore une fois, explique très bien tout cela :
Poutine rappelé à la réalité. L’attentat meurtrier perpétré le 22 mars dans la banlieue de la capitale russe balaye l’image de toute-puissance mise en scène par le président russe. L’attaque prend à revers son récit de l’affrontement avec l’Occident comme seul enjeu existentiel pour la Russie.
>>> Poutine utilise l'attentat de Moscou pour mobiliser les Russes contre l'Ukraine. Les réseaux d'information au service du Kremlin ne parlent pas de la
revendication par l'Etat islamiste de l'attaque de vendredi dans la plus
grande salle de concert de Moscou. L'Ukraine est accusée à demi-mot. (Lesechos)
>>> Attentat de Moscou : les causes et la conséquence
Il a fallu moins de quelques heures pour que les théories complotistes les plus folles fleurissent autour de la tuerie sanglante qui a endeuillé la Russie vendredi soir. L'attentat aurait été commandité par les Ukrainiens, voire par Poutine lui-même (ça aurait pu, vu le passif de ce criminel de guerre...) pour justifier une nouvelle escalade dans la guerre.
Tout cela montre notre difficulté à voir le monde tel qu'il est, dans toute sa complexité. Trois points méritent d'être soulignés. Le premier est que Daech voue une haine sans borne à la Russie depuis la guerre en Tchétchénie et le soutien que Poutine a apporté à Bachar Al Assad dans sa lutte contre l'Etat islamique. C'est un fait que les Européens peinent à concevoir dans la mesure où les islamistes et le Kremlin vouent une haine commune à l'Occident. Et la preuve qu'en géopolitique, les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Dans un réflexe égocentrique, nous pensions que Daech menait une guerre contre les pays libéraux. Elle lutte en fait contre les « infidèles » et les « hérétiques », un champ beaucoup plus large et éclaté qui a poussé ses terroristes au Kenya, en Inde, en Europe et aujourd'hui en Russie.
L'Ukraine victime
Comme
Israël, la Russie a négligé le risque terroriste parce qu'elle était
engagée sur un autre front. Ses services de renseignement étaient
absorbés par l'Ukraine comme ceux des Israéliens l'étaient par la Cisjordanie au moment où le Hamas attaquait Gaza
. Les Américains avaient pourtant alerté leurs ressortissants il y a
deux semaines que des extrémistes envisageaient de cibler de grands
rassemblements à Moscou, y compris des concerts.
Vladimir Poutine avait alors dénoncé une tentative des Occidentaux de le déstabiliser à la veille de sa réélection. Une paranoïa classique des régimes autoritaires : pour mémoire, Joseph Staline avait balayé d'un revers de main les alertes de Churchill sur une possible invasion allemande en 1941, en dénonçant la volonté britannique de briser le pacte germano-soviétique.
En Russie, la tentation est forte de blâmer les Ukrainiens dans cette tuerie de masse. C'est ce qu'a fait Vladimir Poutine samedi , en déclarant que des Ukrainiens avaient tenté d'aider les attaquants à franchir la frontière. Bien plus qu'une cause, l'Ukraine risque d'être la conséquence, ou plutôt la victime de ce drame. Il est probable que le chef du Kremlin, dans un opportunisme machiavélique dont il est coutumier, utilise l'attentat pour rassembler le peuple russe et justifier une nouvelle escalade dans la guerre . Mélanger les causes et les conséquences : voilà un autre classique de la géopolitique mondiale.
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>>> Pour finir je dirais ceci :
Les russes victimes de l'attentat islamiste ont toute ma sympathie.
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