dimanche 16 juin 2024

Connaissez-vous "Psychologie des foules", de Gustave Le Bon ?

Les foules d'extrême droite, telles qu'elles pouvaient exister à l'époque des grands rassemblements nazis, n'existent plus aujourd'hui. Surtout pas chez les gens d'extrême droite, qui ne sont pas des personnes adeptes des manifestations. Dans ce cas, en quoi le texte "Psychologie des foules" peut-il être utile pour comprendre notre situation actuelle ? Eh bien, c'est simple : il faut considérer que les foules ne sont plus "physiques" mais "virtuelles". Les réseaux dits "sociaux" sont l'équivalent au 21e siècle des foules décrites par Le Bon dans son ouvrage de la fin du XIXe siècle. 

 Cet ouvrage fondamental, il semble que les dirigeants de l'extrême droite ( y compris sa discrète éminence grise, j'ai nommé Vincent Bolloré ) le connaissent parfaitement, à l'inverse de leurs opposants. L'un de ces opposants, Macron, n'a pas compris qu'il n'a plus le prestige.

Or, pour une foule, ce qui est dit n'est pas le plus important ; l'important est celui qui parle. Celui qui parle doit avoir le prestige

Macron n'a plus ce prestige. Donc ce qu'il dit n'a aucune importance auprès des foules.

Quelques caractéristiques de la psychologie des foules :

1- La foule est impulsive et irritable : elle réagit à court terme au gré des événements (faits divers par exemple. Noter que les dirigeants du RN ne manquent une occasion d'exploiter un fait divers. = la "récupération"). L'intérêt personnel s'efface devant ces impulsions. Macron peut toujours parler économie, faire dans l'urgence des chèques énergie, rappeler qu'il a supprimer la taxe d'habitation... Tout cela n'a pas d'effet.

2- Les foules sont crédibles. Peu importe les faits, peu importe les raisonnements logiques, peu importe les faits : les foules prennent pour une réalité les images et paroles imprégnées dans leur esprit (pour imprégner les images et paroles dans l'esprit des foules, il y a tout un travail fourni depuis longtemps par l'extrême droite. Comment ? On verra plus loin ce que nous dit Gustave Le Bon. J'ajoute que les idées développées par Gramsci sont utilisées depuis des dizaines d'années par les "théoriciens" de l'extrême droite, par exemple par Alain de Benoist) . 

Les foules mettent au même niveau les imbéciles et les savants. La situation actuelle reflète en effet parfaitement cela. Ajoutons que les canaux de diffusion (internet) de notre époque permettent d'amplifier le phénomène. -> Umberto Ecco : "Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d'imbéciles qui avant ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. "

3- L'exagération et le simplisme imprègnent les sentiments des foules. Elles ne connaissent pas le doute, ni l'incertitude. Dès lors, elles se dirigent naturellement vers les extrêmes.

 

Revenons au point numéro 2. Comment diffuser des croyances dans l'esprit des foules ? 

D'après Gustave Le Bon, bien que les méthodes des meneurs soient différentes, on retrouve toujours trois procédés : l'affirmation, la répétition, la contagion.

1- L'affirmation dénuée de tout raisonnement logique, de toute preuve, constitue un bon moyen pour faire pénétrer une idée dans l'esprit des foules.

2- La répétition permet d'imprégner l'affirmation dans les régions profondes de l'inconscient. Celles qui guident les actions. (On pourra relire 1984 d'Orwell - particulièrement sa fin, glaciale-  , s'intéresser aux expériences de psychologie concernant le conditionnement, et au rôle des médias  - remettons une couche sur l'ogre- )

3- La contagion. Une affirmation suffisamment répétée a un effet boule de neige (= courant d'opinion). Il n'est qu'à être sur Youtube ou Tiktok pour voir qu'hélas , cet effet de contagion s'est diffusé depuis des années. Le fait que les jeunes votent prioritairement pour le RN n'est pas un hasard


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