samedi 28 juin 2025

En Méditerranée, la quasi-disparition de la marine russe expose la «flotte fantôme» de Moscou aux attaques

La perte du port de Tartous en Syrie a considérablement limité les capacités de déploiement des bâtiments de guerre russes en Méditerranée. Privée de cette protection, la flotte de pétroliers russe est menacée par une multiplication d’actes de sabotage.

 L’espace méditerranéen a toujours été hautement stratégique pour Moscou. La perte de la base navale de Tartous après la chute du régime Assad, en décembre 2024, a cependant porté un coup majeur à l’influence russe dans les mers chaudes. Officiellement, la Russie n’a pas été éjectée de ses bases syriennes. Pourtant, le fait que la frégate Soobrazitelny soit depuis plusieurs semaines au mouillage devant le port de Tartous sans y entrer semble confirmer que la base navale n’est plus utilisée. La frégate Grigorovitch a, de son côté, franchi le détroit de Gibraltar mi-juin pour rejoindre son port d’attache en mer Baltique, après 19 mois de mission.

La présence navale russe en Méditerranée est désormais historiquement faible et pourrait se limiter à seulement quatre bâtiments. Outre le Soobrazitelny, on relève la présence du navire espion Leonov, aperçu par la marine britannique le 2 mai 2025 en Méditerranée occidentale et qui actuellement pourrait se trouver en Méditerranée orientale.

Le Vyazma était lui en escale en Algérie, le 26 mai. Déployé en Méditerranée depuis le mois de novembre 2024, ce pétrolier ravitailleur de la marine russe, semble être victime de plusieurs avaries. Une fuite d’huile, notamment, l’empêche désormais de faire escale dans les ports de Méditerranée. Il ne peut donc ni se ravitailler, ni assurer sa mission de soutien aux profits des autres bâtiments militaires russes.

Le navire, dont les soutes paraissent vides au regard de sa ligne de flottaison, aurait dû être relevé par le ravitailleur Kola, mais celui-ci a également subi une avarie majeure et a quitté la zone. À bord du Vyazma, les conditions de vie semblent difficiles : selon les marines occidentales, une panne de climatisation et un approvisionnement de plus en plus compliqué, en nourriture et produits variés, dont les cigarettes, seraient sources de fortes tensions au sein de l’équipage.

Quant au navire de transport Lady Maria, il est entré en Méditerranée le 22 juin.

Un environnement hostile aux Russes

Comme en mer Noire, la Méditerranée semble ainsi être devenue un espace dangereux pour la marine russe et, là encore, plane la main des services secrets ukrainiens.

Dans la nuit du 23 au 24 décembre 2024, le cargo russe Ursa Major, placé sous sanctions par le Trésor américain pour son soutien logistique à la guerre en Ukraine, a coulé à la suite de plusieurs explosions. Le résultat d’une attaque terroriste, affirme son propriétaire russe, l’entreprise Oboronlogistika. Et ces derniers mois, les incidents se sont multipliés.

 Plusieurs pétroliers ayant fait escale en Russie ont été touchés dans des ports méditerranéens. Ainsi, fin janvier, le pétrolier Seacharm a été victime d’une explosion alors qu’il se trouvait dans le port turc de Ceyhan. En février, le Seajewel, suspecté d’appartenir à la « flotte fantôme » russe qui permet de contourner l’embargo sur les hydrocarbures, a subi une double explosion en mer de Ligurie, au large du port italien de Vado Ligure. À la même période, le tanker Grace Ferrum a subi au large des côtes libyennes des dommages importants, manifestement liés encore une fois à une explosion.

Inquiétude de la Russie

Signe d’une grande fébrilité du Kremlin, les analystes « en sources ouvertes » occidentaux notent que depuis quelques semaines, la corvette Boiky, de la flotte de la Baltique, a pour mission d’escorter des pétroliers sous sanctions, le Selva et le Sierra entre la Méditerranée et la Baltique en passant par la Manche.

Si l’ombre de l’Ukraine plane sur les sabotages des tankers russes, rien ne permet à ce stade de pointer la responsabilité de Kiev. Reste que ces incidents à répétitions sont autant de freins au déploiement de cette flotte de tanker indispensable à l’économie russe.

Cette flotte est également essentielle au transfert d’armements vers les partenaires de la Russie, en particulier en Afrique. Étroitement surveillés par les marines occidentales et victime d’actions clandestines, la « flotte fantôme » nécessite désormais la protection rapprochée de navires de guerre. Une mission particulièrement éprouvante pour les frégates russes.

 RFI

 

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