mercredi 12 novembre 2014

La sonde Rosetta, et le petit robot Philae

EU_L'Europe communautaire . Science & Espace

Adieu Philae ! Mais tout n'est pas terminé...
Jeudi matin, j’ai appelé Philippe Gaudon, le chef de projet de la mission Rosetta du CNES (agence spatiale française) pour qu’il me parle de Philae, le petit atterrisseur à la surface de la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Comme nous n’avons plus de nouvelles de Philae depuis le mois de juillet, je voulais qu’il me dise s’il allait enfin répondre ou s’il fallait perdre tout espoir. Et sinon, que va faire Rosetta  en 2016 ? 




>>> Résumé des faits Philae

Pour ceux qui n’ont pas suivi les aventures de Philae, il faut savoir que ce coquin ne s’est pas posé où c’était prévu. Au lieu de ça, il a rebondi plusieurs fois et parcouru 1,4 km pour se poser de traviole à une extrémité de la comète. Le problème, c’est que les scientifiques ne savent pas exactement où se trouve Philae. Tout ce qu’on sait, c’est que Philae a réussi à émettre en juillet et que les données récoltées sont tout à fait satisfaisantes.
Mais les scientifiques espéraient que Philae émette de nouveau pour le faire travailler encore un peu. Pour communiquer avec la Terre, Philae doit d’abord émettre ses données vers Rosetta, une énorme sonde qui est actuellement en orbite autour de la comète. Ensuite Rosetta sert de relais et envoie les données recueillies vers la Terre.
Cet été, la comète est passé au plus du Soleil et elle a fortement dégazé. Les scientifiques ont éloigné Rosetta afin de la protéger des projections émises par la comète. La distance était alors trop grande pour que Philae puisse joindre Rosetta.
En novembre, alors que la comète s’éloignait de nouveau du Soleil, la sonde Rosetta s’est rapproché à moins de 200 km, distance à laquelle elle peut de nouveau communiquer avec Philae. Mais depuis, c’est le silence radio. Philae n’envoie aucun signe de vie.

Mes questions à Philippe Gaudon

- NB : Pendant combien de temps peut-on encore tenter de communiquer avec Philae ?

Philippe Gaudon  : Depuis novembre, c’est-à-dire depuis que Rosetta est de nouveau assez proche de la comète pour communiquer avec Philae, on envoie des commandes à Philae sans aucune garantie de réception. Et nous n’avons jamais eu de réponse . Il y a certainement quelque chose de cassé à bord. Le récepteur pourrait fonctionner sans que le transmetteur vers Rosetta fonctionne.
Nos calculs montrent que Philae ne peut plus fonctionner après fin janvier. La température interne de Philae diminue et les panneaux solaires ne reçoivent pas assez d’éclairage. Mais nous n’aurons jamais vraiment de date de fin de Philae.

- On ne peut pas avoir une date plus précise ?

Philippe Gaudon  : C’est difficile à calculer. On ne sait pas avec précision où est posé Philae. Pour que les panneaux solaires puissent fonctionner et qu’on puisse faire des calculs, il faudrait connaître les ombres portées par le relief sur Philae, ou la quantité de poussières déposées sur les panneaux… Il y a plein d’incertitudes. Nos calculs sont approximatifs et, à mon avis, optimistes. En ce moment, nous envoyons les dernières commandes. Philae n’aura plus d’énergie de toute façon à partir de fin janvier. La température interne pourrait descendre en-dessous des -50°C, ce qui arrêterait complètement Philae.

- Pourquoi Philae ne répond plus ?

Philippe Gaudon  : Il y a plusieurs hypothèses. La première hypothèse : l’électronique de Philae a souffert au moment de son passage au plus près du Soleil. Les températures internes sont montées assez hauts à l’intérieur de Philae. Elles ont pu atteindre les 50°C et c’est la limite pour l’électronique à bord. Philae n’est pas conçu pour fonctionner dans des conditions chaudes.
La deuxième hypothèse : Philae est recouvert de poussières. La comète a beaucoup dégazé. Les panneaux solaires ont été recouverts et les batteries ne parviennent pas à se recharger. Ou la poussière a recouvert les antennes qui empêchent le fonctionnement des antennes.
La troisième hypothèse : Philae a pu se déplacer et basculer. Il se peut alors que les antennes ne soient plus dirigées vers l’espace. Mais franchement, c’est l’hypothèse la moins probable.

- Et Rosetta, qu’a-t-elle découvert récemment ?

Philippe Gaudon  : Avec Rosetta, on reçoit des données en continu. Et il faut encore les analyser. Mais les derniers résultats scientifiques qui nous ont surpris concernent la quantité d’oxygène contenue dans la comète. Cette quantité est exceptionnellement haute. Et ce n’est pas encore expliqué.

- Que va-t-il se passer pour Rosetta maintenant ?

Philippe Gaudon  : Entre maintenant et septembre 2016, on va se rapprocher de la surface de la comète. On veut établir ce qui a changé à la surface et déterminer combien de matière la comète a perdu lors de son passage à proximité du soleil. Nous allons donc comparer les données recueillies en 2014 quand nous sommes arrivés sur la comète et aujourd’hui. Ce sont des choses intéressantes à venir. Puis, on va tenter de poser Rosetta sur la comète. Ce sera en septembre 2016.

- Vous allez poser Rosetta sur la comète !

Philippe Gaudon  : Oui ! Mais on craint tous qu’elle arrête de fonctionner dès qu’elle touche le sol.

- Pourquoi ?

Philippe Gaudon  : Les panneaux solaires de Rosetta font 35 mètres d’envergure et on ne pourra pas piloter la sonde jusqu’au dernier moment de manière à ce qu’elle touche uniformément et simultanément une surface parfaitement horizontale. Il y en a un ou deux panneaux solaires qui risquent de se casser au moment où la sonde touchera le sol.
Et l’autre risque, c’est de briser la grande antenne avec laquelle on communique avec la Terre. Elle fait 2 mètres de diamètre et elle risque aussi de se casser dès le choc de l’atterrissage.

- Et si elle y parvient ?

Philippe Gaudon  : Si Rosetta parvenait à se poser sans casser ses antennes et en ne cassant qu’un panneau solaire sur les deux, les images ne seraient pas très intéressantes parce qu’elles seraient fixes et pas forcément dans la partie la plus active de la comète.  Par contre, tous les instruments pourraient fonctionner. On aurait alors des mesures sur les gaz, les poussières, le plasma… ce serait une sorte de lander qui complèterait le travail de Philae. Mais la probabilité pour que Rosetta survive à son atterrissage est très faible.

- Il y a quand même un petit espoir pour Philae ?

Philippe Gaudon  : Philae est conçu pour communiquer avec Rosetta dès qu’il peut. Il n’a pas besoin de recevoir de télécommandes pour émettre. Nous allons donc continuer à l’écouter mais il est impossible maintenant que Philae émette quelque chose par manque d’énergie. Le transmetteur de données ne va pas pouvoir s’allumer, il lui faut 10 Watts de plus. Il faut 20 Watts disponibles et je pense que Philae ne les a plus. Je ne crois pas au miracle.
Merci Philippe Gaudon  ! 



Conclusion

Tout ce qui parait simple et acquis sur Terre devient extrêmement compliqué dans l’espace et à plusieurs millions de kilomètres de nous. De son côté Philae a rempli sa mission à plus de 80% et Rosetta fonctionne aujourd’hui sans aucun problème. J’aime l’idée un peu folle de ces scientifiques qui veulent utiliser la sonde jusqu’au bout en tentant de la poser sur la comète. Quitte à la perdre autant que ce soit avec gloire ! Comme toujours, nous vous informerons dès que Rosetta aura du nouveau ou qu’elle se sera posée ou non sur la comète.

Norédine Benazdia, übergizmo






Lire aussi :
- La dernière lettre de Philae à ses parents européens (HuffingtonPost)
- Once upon a time Rosetta  youtube 
- Le temps est venu de dire au revoir à Philae  LeMonde
- Philae n'a pas démérité Futurascience
- site de l'ESA : ici
- De l'oxygène découvert autour de Tchouri.  Libération







ROSETTA


Le petit robot Philae est donc posé, mais pas harponné. Il n'empêche : c'est une grande première dans l'histoire spatiale. Et voilà qui, peut-être, fera taire les champions du  dénigrement permanent que l'on entend, en France, à longueur de journée.


Face au pessimisme et à l'Euroscepticisme ambiants,  et au moment où Chine et Russie s'allient pour concurrencer l'A350, nous voyons avec l'ESA (Agence Spatiale Européenne) ce que la coopération européenne peut nous apporter. Une réussite européenne concurrence la NASA.

Au terme d'une chute libre de 7 heures, ponctuant un vol de 10 ans à bord de la sonde Rosetta, ce bijou de technologie s'est donc bien posé sur la comète mais n'a toutefois pas pu la harponner, ce qui pourrait mettre en péril sa stabilité.


Philae s'est posé à la vitesse d'un marcheur (3,5 km/h)... mais sur une comète qui file à 18 km/seconde, une prouesse technique qui s'est jouée à plus de 500 millions de km de la terre. Cet «atchourissage» était délicat et entouré de suspens. Tout au long de la journée de mercredi, l'équipe de la mission a exécuté diverses manœuvres et vérifications afin d'en assurer la réussite. Un faux pas pouvait réduire à néant des années de travail. L'un des principaux défis était de faire s'ancrer Philae dans le sol de la comète, grâce notamment à deux harpons.

Les comètes sont des boules de roche et de glace formées dans le nuage de Oort, une zone située à la périphérie du système solaire. Comme la Terre, elles tournent autour du soleil mais leurs orbites généralement elliptiques les amènent à croiser les planètes, comme ce fut le cas pour Mars avec la comète Siding Spring en octobre. La comète «Tchouri» a été choisie par l'Agence spatiale européenne (ESA) pour sa proximité et son orbite, située sur le même plan que celle de la Terre.

22h25. Philae peut-il remplir sa mission sans être arrimé ? Philae, 100 kg sur Terre, ne pèse qu'un gramme dans l'espace. Il a été conçu pour à la fois être plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur sur la comète grâce à deux harpons. Ayant déjà eu un problème dans la nuit sur le système d'émission de gaz, il comptait sur ses harpons pour le maintenir au sol. Si Philae n'était pas bien arrimé au sol, «ce serait embêtant pour certains instruments parce qu'on a besoin qu'il soit bien harponné pour utiliser la foreuse qui doit permettre de récupérer les échantillons dans le sol», confie Philippe Gaudon, le chef de projet Rosetta.22 heures. La Nasa félicite l'agence européenne. «Nous félicitons l'Agence spatiale européenne (ESA) pour son succès à se poser sur une comète aujourd'hui», déclare dans un communiqué John Grunsfeld, administrateur adjoint de la Nasa responsable des missions scientifiques. «Cette réussite représente une percée dans l'exploration de notre système solaire et une étape clé dans la coopération internationale», ajoute-t-il. 


Présentation de l'ESA : ici 
Rosetta, 10 ans de conquête spatiale (Slate)
Philea a pu transmettre les données du forage avant son extinction (Orange)

 

>>> Du dioxygène détecté par Rosetta LeFigaro

 Sept2016
>>> Rosetta finit en apothéose après nous avoir tant fait rêver
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>>> Un crash sur une comète… Et ainsi se termina la mission Rosetta
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