vendredi 16 janvier 2015

Discours de Manuel Valls à l'Assemblée Nationale, suite aux attentats du 7 janvier 2015


(Les autres interventions à l'assemblée nationale : ici)
(Le texte du discours : ici)


Appeler un chat un chat
Le Premier ministre a fait un pas considérable en nommant explicitement l’ennemi: «La France est en guerre contre l’islamisme radical». Jusque là, on préférait s’en prendre aux terroristes, aux criminels, aux intégristes, aux fous. De peur des amalgames, on se réfugiait dans les périphrases et le floutage. Le floutage de gueule. Alors que c’est le contraire! Nommer son ennemi est le seul moyen d’y faire face, de faire la différence entre le bon grain et l’ivraie, entre les hommes de bonne volonté, de toutes confessions, et l’ivresse religieuse.
La phase deux sera l’analyse. Difficile d’accepter que nos services de renseignement aient été alertés par leurs collègues algériens. Difficile d’entendre que le nombre de terroristes potentiels a été multiplié par cinquante en dix ans et que la police est débordée. Difficile d’admettre que nos lois sont bafouées tous les jours et que la République recule face au communautarisme. Au lieu d’interdire aux terroristes de sortir du territoire, on préfèrerait qu’ils n’y entrent pas. La terreur du jour exigerait de penser le tragique, de comprendre comment nous sommes arrivés là, de laisser la place et aux caricatures, puisque c’est notre liberté, et à l’expression des souffrances qu’elles impliquent, puisque c’est notre fraternité.
La phase trois sera l’action. On pourrait, par exemple, «combattre les conduites préoccupantes, réfréner l’incitation dans les lieux propices (prisons, lieux de culte), partager les analyses, réduire la vulnérabilité des cibles aux attentats, poursuivre les terroristes au-delà des frontières, réfréner la communication et la diffusion des connaissances techniques des terroristes, notamment par le biais d’internet...». Tout ce qui se dit aujourd’hui a déjà été dit, à la virgule près, lors du Conseil de l’Union européenne du 30 novembre 2005 consacré à la stratégie européenne visant à lutter contre le terrorisme.
La nation s’est mobilisée, elle a vibré, elle a clamé son émotion. Mais on n’attend pas l’émotion des pouvoirs publics. On attend des actes et des résultats. La nation a fait son travail, à l’Etat de faire le sien. 






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire