(Les autres interventions à l'assemblée nationale : ici)
(Le texte du discours : ici)
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Appeler un chat un chat
Le Premier ministre a fait un pas considérable en
nommant explicitement l’ennemi: «La France
est en guerre contre l’islamisme radical».
Jusque là, on préférait s’en prendre aux terroristes, aux
criminels, aux intégristes, aux fous. De peur des amalgames, on se
réfugiait dans les périphrases et le floutage. Le floutage de
gueule. Alors que c’est le contraire! Nommer son ennemi est le seul
moyen d’y faire face, de faire la différence entre le bon grain et
l’ivraie, entre les hommes de bonne volonté, de toutes
confessions, et l’ivresse religieuse.
La phase deux sera l’analyse. Difficile d’accepter
que nos services de renseignement aient été alertés par leurs
collègues algériens. Difficile d’entendre que le nombre de
terroristes potentiels a été multiplié par cinquante en dix ans et
que la police est débordée. Difficile d’admettre que nos lois
sont bafouées tous les jours et que la République recule face au
communautarisme. Au lieu d’interdire aux terroristes de sortir du
territoire, on préfèrerait qu’ils n’y entrent pas. La terreur
du jour exigerait de penser le tragique, de comprendre comment nous
sommes arrivés là, de laisser la place et aux caricatures, puisque
c’est notre liberté, et à l’expression des souffrances qu’elles
impliquent, puisque c’est notre fraternité.
La phase trois sera l’action. On pourrait, par
exemple, «combattre les conduites
préoccupantes, réfréner l’incitation dans les lieux propices
(prisons, lieux de culte), partager les analyses, réduire la
vulnérabilité des cibles aux attentats, poursuivre les terroristes
au-delà des frontières, réfréner la communication et la diffusion
des connaissances techniques des terroristes, notamment par le biais
d’internet...». Tout ce qui se dit
aujourd’hui a déjà été dit, à la virgule près, lors
du Conseil de l’Union européenne du 30 novembre 2005 consacré
à la stratégie européenne visant à lutter contre le terrorisme.
La nation s’est mobilisée, elle a vibré, elle a
clamé son émotion. Mais on n’attend pas l’émotion des pouvoirs
publics. On attend des actes et des résultats. La nation a fait son
travail, à l’Etat de faire le sien.
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