samedi 31 octobre 2015

Jean-Christophe Lagarde : "Quand on est patriote, on n'abaisse pas la France !"



Morano et l'insulte faite à De Gaulle 

OPINION - Frédéric Salat-Baroux, ex-secrétaire général de l'Elysée et gendre de Jacques Chirac, dénonce la captation de De Gaulle par les partisans de la race blanche.

Chacun a le droit et l'honneur de se dire gaulliste. Chacun doit pouvoir exprimer ses opinions, même en faisant remonter des enfers la notion de race. Mais vouloir placer Charles de Gaulle dans le camp de ceux qui distinguent entre les hommes selon leurs origines est une insulte faite à la France.
On pourrait s'en tenir au fait que seuls les propos écrits ou tenus directement par Charles le Grand ont une valeur. On pourrait rappeler son allocution de Cherbourg, le 6 juillet 1960 : "Sur toute la terre, nous considérons qu'il n'y a qu'une seule espèce humaine et cette espèce humaine-là, nous voulons que, où qu'elle soit, de quelque couleur que soit la peau, l'homme ait ses droits, sa liberté et la possibilité de décider, de disposer dignement de lui-même. C'est cela qui est l'idéal de la France."

Charles de Gaulle était français comme personne ne l'a sans doute jamais été

Mais la perte de repères actuelle exige ­d'aller plus loin. Il faut faire l'effort de penser de Gaulle pour mieux mesurer où nous en sommes. Charles de Gaulle était français comme personne ne l'a sans doute jamais été. Son père lui avait tout appris de notre histoire. Sa mère lui avait inculqué la passion de la vérité. L'un et l'autre l'avaient préservé du conservatisme de son temps. Chez les de Gaulle on était blancs, bourgeois, catholiques mais on était convaincus de l'innocence du capitaine Dreyfus.

 e Gaulle s'est construit sur les déceptions et les épreuves : voir son armée, tant aimée, faire le choix de la ligne Maginot ; Pétain, son ancien maître, basculer dans l'ambition, l'indifférence et la trahison ; la France, qu'il avait divinisée, se ruer à la servitude et à la collaboration. "Seule la souffrance enseigne", disait-il.
Revenu de tout, couturé de ces blessures, il a donné la plus belle définition de ce qu'est un Français. À ceux qui refusaient que Georges Boris, "ce juif du Front populaire", rejoigne la France libre, il répondit : "Je ne connais que deux catégories de Français, ceux qui font leur devoir et ceux qui ne le font pas."

Là encore, c'est ne rien comprendre de ce qu'est l'identité d'une nation


Derrière le rapt de la mémoire que représente le détournement de l'héritage gaulliste par les nostalgiques d'une "France blanche" ou par l'extrême droite, dont il fut le plus implacable adversaire, il y a ce mot obsédant d'identité. La mondialisation, l'immigration, la religion musulmane mettraient en péril notre culture ancestrale.
Là encore, c'est ne rien comprendre de ce qu'est l'identité d'une nation : une affirmation de soi, une fierté, une générosité, un modèle qui suscite le respect et l'admiration. Avant de fustiger le musulman, que la France, ce pays aux 50.000 églises, se revendique, sans complexe, simplement, d'essence catholique. Avant de se rétracter sur le concept glacé d'assimilation, commençons par nous regarder avec fierté. Avant d'invoquer, à tous les vents, les lois de la République, commençons par les faire respecter. Réveillons-nous aussi! Te rends-tu compte, Marianne que c'est toi, la fille aînée des droits de l'homme, qui vois l'étranger là où se présente le réfugié?
Je ne suis pas né français, j'ai une peau basanée qui me placerait aux limites de cette fameuse race blanche. Mais dans ma famille, venue d'ailleurs, on admirait la France parce qu'elle était admirable. Enfant, heureux d'être juif, je n'avais qu'une idée : m'élever pour être digne de la France. Pour que dans le respect de ma différence, elle me reconnaisse comme l'un des siens. 

Cette force d'attraction, d'admiration du modèle français, nous l'avons perdue


Cette force d'attraction, d'admiration du modèle français, nous l'avons perdue, abandonnée, souillée. S'il y a une vérité dans les propos de Mme Morano, c'est que l'esprit du gaullisme nous quitte. Dans l'indifférence, voire dans une forme obscure de perversité, nous nous préparons à la conquête de régions entières par le Front national. Au terme de lamentables calculs d'apothicaire, on s'accorde à penser que le futur président de la République sera celui qui affrontera Mme Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.
Le pays a pourtant tellement soif d'idéal et de grandeur. Comme toujours la réponse est en nous. Pas dans la nostalgie d'une France néopétainiste, blanche, bien-pensante mais dans le gaullisme, c'est-à-dire le choix de l'ouverture, de l'ordre, la conviction que l'avenir d'une nation réside dans sa maîtrise du progrès technologique, la capacité à prendre un nouveau cap et à le tenir par le dialogue direct avec le peuple.



dimanche 18 octobre 2015 



http://www.sudouest.fr/2015/10/11/race-blanche-vulgarite-sottise-alain-juppe-pique-une-colere-2150955-625.php




>>> Après les sorties de Bruno Le Maire et Jean-Christophe Lagarde lundi, Nathalie Kosciusko-Morizet a à son tour dénoncé les propos "exécrables" de sa camarade "Républicaine" sur la France "pays de race blanche", prononcés sur le plateau d'"On n'est pas couchés". (L'Obs)


>>> Il existe donc, à droite, et cela est rassurant, des gens qui relèvent le niveau.
Alain Juppé est bien sûr de ceux-là, lui qui se démarque encore une fois de Sarkosy (qui vient de parasiter la diplomatie française en s'affichant "copains comme cochons" avec Poutine... )
A lire -> "Voir Poutine...et après", sur le blog d'Alain Juppé


>>>  L'affirmation d'une identité européenne, oui. L'obsession identitaire nationaliste, non .
Manbanckou. Nommé à la chaire de création artistique au Collège de France, l'écrivain franco-congolais, conteur et pédagogue talentueux, rappelle que "l'histoire de la France est aussi cousue de fil noir".
Ce conteur et pédagogue talentueux, qui enseigne la littérature subsaharienne à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), est en fait apparu comme un précieux antidote à la crispation identitaire qui étouffe la France, et que le climat post-attentats n'arrange pas.
Alain Mabanckou n'est pas musulman, ce qui libère son propos du soupçon de lèse-laïcité, et il est doté d'une bonne dose d'humour qui lui permet de décocher ses flèches avec l'air de ne pas y toucher. Pour autant, il nous renvoie sans le dire l'image d'une société crispée, qui tourne le dos à ses traditions humanistes, et, surtout, qui est passée à côté des apports civilisationnels de sa composante noire. L'Obs





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