Alexandra Laignel-Lavastine, La Pensée
égarée
(islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l'Europe)
Extraits(islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l'Europe)
P9-10
À laisser le déni et le silence
s'installer, c'est une Europe d'extrême droite, submergée par la
vague nationale-populiste, qui nous attend à brève échéance. À
moins que ce ne soit la « soumission » comme dans le
roman de Michel Houellebecq. (…) Trahison des clercs, passés
maîtres dans l'art de se crever les yeux face à l'émergence d'un
nouveau totalitarisme par crainte de nourrir l' « islamophobie ».
Par quoi ils sont paradoxalement devenus les plus efficaces agents
électoraux de Marine Le Pen. Trouble penchant suicidaire ?
Quand politiquement correct et
politiquement abject se mettent à faire cause commune, la question
se pose. Plus largement, une sorte de folie collective semble s'être
emparée des européens, aussi aveugles devant la montée de
l'islamisme et de l’antisémitisme que face aux intentions du
Kremlin en Ukraine.
p11.
Nos politiques s'enlisent dans un
verbiage technocratique fait de courbes, d'indices, de taux et de
pouvoir d'achat. Pas de quoi galvaniser les cœurs et les âmes, ni
réenchanter le Grand dessein européen. Or ce sont les idées qui
mobilisent les peuples.
P11
J'aurais aimé plaider pour une gauche
des Lumières debout et lucide. Réflexion faite, j'en suis à me
demander si gauche et droite ne sont pas devenues tout à fait
obsolètes. La pensée me paraît à ce point déboussolée, que
l'essentiel, en ce début de XXIe siècle, me semblerait plutôt
consister à garder le Nord et à tenir le cap, à égale distance de
la xénophilie angélisante et de la xénophobie diabolisante. C'est
que le bon sens ou le sens commun, deux notions un rien désuète
mais philosophiquement capitales, se sont aussi perdues en cours de
route. Il s'agira, au passage, de les réhabiliter.
P11
« Je ne suis si longtemps vautré
dans l'erreur qu'il m'est plus facile de persévérer dans cette voie
que de m'arrêter en chemin » (un personnage de Shakespeare)
p27
Il aura fallu les dix-sept victimes de
janvier 2015pour qu'on le comprenne enfin [pourtant, depuis
longtemps, de multiples alertes - dont les attentats de Merah –
auraient dû pousser les autorités à agir. Mais critiquer l'islam,
c'était être assimilé au FN !] : l'offensive djihadiste
se pose bel et bien à nous comme un problème de
civilisation. Un « nous » qui englobe, cela va de soi,
les musulmans démocrates et laïcs dont nous devrions épouser le
combat comme hier celui des dissidents soviétiques ou de l'est.
P37
Si l'islam d'Europe ne démontre pas
avec clarté sa volonté de s'adapter sincèrement aux lois, aux
mœurs des pays non-musulmans dans lesquels ils ont choisi de vivre
et de partager un destin commun, s'il ne respecte pas à la lettre la
laïcité républicaine, l'égalité des sexes et des minorités
religieuses ou sexuelles, alors il s'interdira de fait toute
intégration possible, s'enfermera dans le communautarisme et
allumera lui-même le feu d'une confrontation stérile et perdue
d'avance (Raouf Oufkir, Pourquoi l'intégrisme nous menace ?)
p40
Le problème n'est pas de savoir ce que
dit le Coran. L'islam est comme toutes les religions : il est ce
que son clergé et ses fidèles en font (Elisabeth Schemla)
p46.
« Il faut parfois descendre au
fond du puits pour apercevoir les étoiles » (Vaclav Havel)
p49.
« Le plus grand péril qui menace
l'Europe, c'est la lassitude » (Husserl)
P52.
« Notre histoire [Munich,
l'occupation nazie et près d'un demi-siècle de dictature
communiste] nous a appris à nos dépens le prix de l'indifférence,
laquelle débouche toujours sur la trahison » (Vaclav Havel)
p63
Les intellectuels d'Europe centrale
sont moins fous que leurs homologues de l'ouest. Cf Jan Patocka,
Husserl...
Jan PATOCKA : « Y a-t-il
dans ce qu'on pourrait appeler l'héritage européen quelque chose
qui serait susceptible de trouver créance parmi nous, susceptible
d'agir pour nous aussi, d'agir sur nous de manière à nous faire
concevoir de nouvelles espérances, de nous permettre de ne pas
désepérer de l'avenir, sans que pour autant nous nous abandonnions
à des rêves illusoires ni que nous sous-estimions la dureté et la
gravité de la situation qui est la nôtre ? »
p47.
Le visiteur en était resté à l'idée
que la culture européenne possédait deux visages, un visage
humaniste et un visage technoscientifique. Mais le second versant
avait pris le dessus. (… )
Il fallait qu'elle reste un peu adossée
à une sorte de culture de la tradition, l'Europe ayant en outre la
chance d'inclure dans sa tradition une culture de l'anti-tradition
(Lumières).
Cet équilibre de plus en plus précaire
semblait en passe de se rompre. (...)
Partout l'économie de marché, la
consommation de masse et les nouvelles technologies étaient
plébiscitées, y compris au sein d'une jeunesse européenne de plus
en plus inculte.
Les parents (…) avaient un peu
négligé de leur transmettre que la liberté s'acquiert au gré d'un
douloureux apprentissage et que l'intériorisation de valeurs
universelles n'a rien de naturel.
P77.
Pour les bien-pensants hexagonaux, la
pendule s'est arrêtée dans le gaucho-tiers-mondisme des années
1960. D'un côté les oppresseurs, les méchants, les dominants et
les colonisateurs ; de l'autre les opprimés, les gentils, les
dominés, les musulmans, les « chômeurs », les
immigrés...
Lire aussi Boualem Sansal.
C'est cet « islam
identitaire », profitant de la « liberté »
des sociétés occidentales, dont un Dieudonné est la nauséabonde
illustration, qui a armé le bras de Mohammed Merah à Toulouse ou de
Mehdi Nemmouche à Bruxelles.
p93
La réalité, c'est qu'après
l'exécution à bout portant des enfants de Toulouse par Mohamed
Merah, seule une minuscule poignée d'imams (par exemple Tarek
Oubrou) sur les deux mille exerçant en France, a jugé utile de
condamner publiquement le crime ou d'organiser une quelconque
manifestation.
P98
« Les principes de l'islam et
ceux du nazisme présentent de remarquables ressemblances »
(Hadj Amin Al-Husseini, Grand Mufti de Jérusalem, fondateur du
national-islamisme palestinien, oncle de Yasser Arafat)
p109
Comme il ne fallait pas « amalgamer »,
le même s'empressait d'ajouter que ce phénomène [le terrorisme en
libre accès sur internet] n'avait strictement rien à voir avec
l'immigration musulmane en Europe ni avec l'islam,
religion-de-tolérance-et-de-paix.
P110
La gauche avait-elle, réflexion faite,
quelque chose à dire Non, toujours rien.Du coup, les plus excédés
se sont jetés sur... Le Suicide français d'Eric Zemmour, en
tête des meilleurs ventes de la rentrée. Cet ultra présentait un
programme qui se laissait résumer en quelques points : liquider
1789, annuler Mai 1968, tirer un trait sur Vichy, en finir avec
l'individu autonome et, pendant qu'on y est, avec la modernité et
l'Europe, sans oublier les droits de l'homme (et de la femme).
Réjouissante vision de l'avenir dont il semblait échapper à
l'auteur qu'elle ne serait pas forcément pour déplaire à ses
adversaires islamistes...
p120 (le prix exorbitant du
multiculturalisme)
Depuis plus de deux décennies, une
certaine gauche a largement abandonné le combat pour l'égalité des
droits individuels au profit de la défense du droit à la
différence, d'un multiculturalisme ordonné à l'authenticité et,
de là, à la promotion des particularismes.
p124
Sommes-nous condamnés à devoir
choisir entre l'universel et la pluralité ?
Dans les 90's → quête d'une
troisième voie, entre le néolibéralisme uniformisateur et un
néocommunautarisme intolérant.
P126. [Démission ultralibérale =
l'individu consent à son abaissement au rang de consommateur]
[Démission communautariste = l'individu refuse symétriquement à
problématiser son identité en la soumettant au travail du politique
et de la critique]
>>> La pensée égarée (p156)
L'Education nationale, qui semble se
croire dans les années 1920, répondait encore en 2015 aux
directeurs d'établissement débordés que cela viendra tout seul
puisque les petits baignent dans un milieu francophone (…) Pour les
bien-pensants, les temps se durcissent un peu malgré tout car il y a
quand même tout ces ensauvagés qui ont un rien tendance, ces
dernières années, à se réclamer de l'islam et non d'une autre
religion. (…) Bien sûr, il y a eu Maxime Brunerie, Anders Breivik
(…) S'il serait coupable de minimiser la peste brune qu'ils
incarnent, on aurait tort de ne pas en discerner l'équivalent dans
l'actuelle flambée fascislamiste.
(…) Parmi les coupables, prétendument
pressés de liquider ces deux acquis fondamentaux de la civilisation
moderne que sont la liberté et l'égalité, on trouverait
pêle-mêle des universitaires et des intellectuels distingués, des
romanciers (…) comme Mauric Dantec ou Michel Houellebeq, Pierre
Nora, Alain Finkielkraut, Luc Ferry, Pascal Bruckner, Alexandre Adler
… Le point commun de cette tribu néo-réac ? S'inquiéter que
certaines tensions, à l'oeuvre au coeur de nos démocraties, ne
finissent par les rendre aussi vulnérables qu'ingouvernables.
La
pensée égarée. P 157,158, 163 Le VRAI REAC
- Relativisme inconséquent
et pédagogisme, qui privilégie l'épanouissement personnel de
l'élève et l'impératif fonctionnel des savoirs au détriment
de son instruction et de la compréhension du monde commun ;
- devoir de mémoire quand
il se dégrade en repentance pour tous, et tous azimuts, ou
encore
- anti-impérialisme d'un
autre âge croyant pouvoir se refaire une jeunesse par une cure,
paradoxalement américaine, de cultural, gender, subaltern et autres
post-colonial studies.
Pourtant la vraie
pensée réac = volonté d'un retour en arrière, hantise des
origines, désir de river l'homme à la tradition, conviction que
celui-ci est trop corrompu par le péché originel pour mériter une
liberté dont il ne sait pas user, haine de la démocratie qu'il rêve
d'abolir pour la remplacer par une théocratie. Le réac veut revenir
à une société de type Ancien Régime, corporatiste, organique,
hiérarchique, monarchique, cléricale. Bref une espèce devenue très
rare….
(…)
à l'opposé des
« bien-pensants » et de leur déni de la réalité, les
vrais réac pataugent dans un autre déni :
- La recrudescence des
nationalismes en Eruope de l'est après la chute du communisme ?
Une invention due à ceux qui apprécient mal le charme romantique
des petites nations.
- Le projet européen ?
Une arme de guerre contre la souveraineté des Etats.
- Le « devoir de
mémoire » ? (formule certes agaçante tant elle s'est
sloganisée) Une idée aberrante porteuse d'un triple inconvénient
(nous enchaîner au passé, rouvrir nos blessures historiques, nous
fermer au présent). Encore une manie propre à entretenir le
« masochisme moralisateur » des européens.
_________________________________________________________________________
Alexandra-Laignel-Lavastine
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/06/27/31003-20150627ARTFIG00121-alexandra-laignel-lavastine-face-a-l-islamisme-certains-intellectuels-progressistes-sont-dangereux.php
http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-alexandra-laignel-lavastine-2015-09-28
http://calmann-levy.fr/auteurs/alexandra-laignel-lavastine/
>>> Alexandra Laignel-Lavastine : Entretien avec Laure Adler (Hors-champs) :
https://www.youtube.com/watch?v=2q1aXvu1gPE
>>> Public Sénat : On va plus loin : Partis politiques / Une façon de faire / Alexandra Laignel-Lavastine (14/12/2015): https://www.youtube.com/watch?v=lgL11jmgNfk
La
Pensée égarée
p153
(…)
ce nouveau monstre aux visées totalitaire qui, au XXIe siècle, se
présente sous un nouveau visage : l'islam politique. Nous
revoilà confrontés à un projet qui prône l'anéantissement de
l'individu dans un Etat total prétendant puiser sa légitimité d'en
haut, en l'occurrence dans les préceptes coraniques. D'où sa chasse
aux hérétiques, sa prétention à régner par la terreur et à
réglementer tous les aspects de l'existence. Enfin, et c'est aussi
le propre de ce type d'idéologie extrême, son emprise se révèle
forte sur les esprits faibles.
P154
…
Avec, à l'horizon, et pour ainsi dire à force de libertés
démocratiques, de divertissements et de droits-créances, le risque
de laisser dépérir l'âme de la démocratie D'où la question
centrale : comment faire en sorte que nos démocraties n'en
viennent pas à régresser inéluctablement du même pas qu'elle
progresse ?
P154
Un refuge au sein de « cités parallèles » .
Comment
promouvoir une liberté qui, loin de conduire les individus à se
dessaisir d'eux-mêmes et à se délier les uns des autres, pourrait
leur permettre de se hisser à la hauteur des responsabilités et des
devoirs qu'impose la condition démocratique si l'on ne veut pas voir
celle-ci menacer, à terme, les conditions de son propre exercice ?
Un élémentaire souci de l'individu libre face aux appétits
dévorants de l’État total et un élémentaire souci de l’État
démocratique face aux prétentions sans limites de l'individu total.
Que ce double souci puisse désormais passer pour néo-réactionnaire
ou néo-conservateur laisse sans voix.
Lectures :
Alexievitch Svetlana (La supplication)
Alexievitch Svetlana - La Fin de
l'homme rouge
Applebaum Anne (Rideau de fer)
Arendt Hannah (Les origines du
totalitarisme)
Arjakovsky Antoine – Russie Ukraine,
de la guerre à la paix ?
Balzac - La Peau de chagrin
Barnier Michel (Se reposer ou être
libre)
Baudelaire Charles - Les Fleurs du mal
Baudelaire Charles - Le Spleen de Paris
Camus Albert (Le mythe de Sisyphe)
Camus Albert - L'homme révolté
Collectif - Le Livre noir du communisme
Collectif – Les Autres visages de la
Russie
Corneille Pierre (Le Cid)
Céline (Voyage au bout de la nuit)
Darwin Charles - L'origine des espèces
Diderot - Supplément au voyage de
Bougainville
Finkielkraut Alain (La seule
exactitude)
Finkielkraut - L'identité malheureuse
Frank Anne – Le Journal d'Anne Frank
Gide André - retour de l'URSS
Goujon Alexandra - Révolutions
politiques et identitaires en Ukraine et en Biélorussie
Guetta Bernard (Intime conviction :
comment je suis devenu européen)
Guillemoles Alain (Ukraine : le réveil
d'une nation)
Hugo Victor (Le dernier jour d'un
condamné)
Kasparov Garry (Winter is coming)
Kasparov Garry (Poutine : des jeux et
des geôles)
Kourkov Andreï (Journal de Maïdan)
Laignel-Lavastine A. (Esprits d'Europe)
Laignel-Lavastine Alexandra (La Pensée
égarée : islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les
penchants suicidaires de l'Europe)
Orwell Georges - 1984
Pape François (Laudato si' . Lettre
encyclique sur la sauvegarde de la maison commune)
Paxton Robert (histoire de l'Europe au
20e s)
Politkovskaïa Anna – La Russie selon
Poutine
Rabelais François (Le Quart livre)
Rabhi Pierre (Vers la sobriété
heureuse)
Rifkin Jeremy (La troisième révolution
industrielle)
Rifkin Jeremy et Chemla Paul (La
nouvelle société coût marginal zéro : L'internet des objets,
l'émergence des communaux collaboratifs et l'éclipse du
capitalisme)
Rifkin Jeremy et Demange Odile (Le rêve
européen, ou comment l'Europe se substitue peu à peu à l'Amérique
dans notre imaginaire)
Romilly Jacqueline (de) - Ce que je
crois
Svetova (les innocents seront
coupables)
Soljénitsyne - Le Déclin du courage
Soljénitsyne – L' Erreur de
l'occident
Soljénitsyne – Nos jeunes
Tocqueville - De la démocratie en
Amérique
Vaissié Cécile - Les réseaux russes du Kremlin
Vaissié Cécile - Les réseaux russes du Kremlin
Vaksberg (La Mafia russe)
Virgile - L'Enéide (Trad.Paul Veyne)
Voltaire (Zadig)
Zweig Stefan (Appels aux européens)
Zweig Stefan (Le monde d'hier : souvenirs d'un européen
Il y a les livres, il y a aussi les films (documentaires, fictions...). En voici quelques-uns que j'ai appréciés.
DOCUMENTAIRES
Tous au Larzac
Mondovino
Une vérité qui dérange
Ces fromages qu'on assassine
De Nuremberg à Nuremberg
Le Monde selon Monsanto
Nos enfants nous accuserons
Solutions locales pour un désordre
mondial
Les chiens de garde
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2016. Zoom sur ...
Quelques anniversaires : Cervantès, Shakespeare, Charlotte
Brontë. Le Canal des deux mers...
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________________________________________________________________________________
Zoom sur ...
Les réseaux russes du
Kremlin, de Cécile Vaissié
La politique des « compatriotes »
Politique élaborée par le Kremlin à
l'égard de la diaspora russe, cette dernière étant définie
de manière très large, et appelée à soutenir les autorités
russes, au nom d'arguments mêlant intérêts pratiques et
expressions affectives.
Certains russes ne se laissent pas
berner. Ainsi en est-il de tous ces français d'origine russe ayant
refusé d'assister au 1er Forum des compatriotes russes,
tenu en France en 2011, considérant être des « citoyens
français ». Noter qu'un forum tel que celui-là serait
interdit en Russie, considéré comme « agent de l'étranger » !
A rapprocher de l'expression « monde
russe », qui dans la bouche de Poutine, signifie
« poutinien ». Svetlana Alexievitch,
prix nobel de littérature 2015, a déclaré à propos du « monde
russe » : «J'aime le monde
russe, bon et humaniste, devant lequel tout le monde s'incline, celui
du ballet, de la musique et de la littérature. Mais je n'aime
pas celui de Béria, Staline, Poutine et Choïgou (le
ministre russe de la Défense), cette
Russie qui en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent
dans le Donbass, à rire des Ukrainiens et à croire qu'on peut tout
régler par la force.» Cette
déclaration date du 8 octobre 2015, et Svetlana Alexievitch a appelé
le même jour à «ne pas faire de
concessions à un régime totalitaire».
Deux hommes richissimes sont à la
manœuvre, finançant directement ou indirectement toute un panoplie
d'actions visant à séduire cette diaspora :
Iakounine
Malofeev. Celui-ci a eu un rôle
actif dans le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, guerre
hybride dans laquelle information et désinformation jouent un rôle
essentiel.
Comment porter la voix du Kremlin ?
Mentir, relativiser, entretenir la confusion (p204), comparer ce qui
ne peut pas l'être, décrédibiliser,
Quelles cibles ? Quel moyens ?
Cible :
la diaspora. Moyen utilisé : politique des
« compatriotes »
Cible :
l'opinion et les personnalités influentes. Moyen
utilisé : le soft-power et les médias
pro-Kremlin
Le soft-power :
capacité de faire faire aux autres ce qu'ils ne feraient pas
spontanément (utilisatoin non pas de la force ou de la menace, mais
récompenses, encouragements, Le soft-power à la Poutine, au
contraire de celui d'autres pays (Europe, Japon, Chine, Etats-Unis)
est utilisé pour influencer les gouvernements
étrangers et manipuler l'opinion
publique.
En France, quatre
instruments sont utilisés :
la langue russe
(cf langue et passeport : p88, p104)
la culture
l'Eglise
l'histoire
Les
médias pro-Kremlin
sont vus comme des armes,
dans la « guerre d'information », pour
modifier la réalité.
Au sein de la guerre
hybride, le Kremlin parle explicitement d'une « guerre
d'information », accentuée depuis l'Euromaïdan (il s'agit de
semer la discorde par
la désinformatoin et
par la manipulation
de la conscience). Cette guerre a lieu en Russie – il faut
imprégner la société des positions officielles – mais aussi dans
le reste du monde (cf « tout ce que vous avez besoin de savoir
sur l'art délicieux de la propagande russe et les mensonges des
médias » p119à121) : le relativisme
(exemple :la corruption existe partout. La Russie serait donc
comme les autres...), le mensonge
(Même énorme, il est asséné avec une assurance maximale.
Exemple : un enfant crucifié dans un village ukrainien ;
le Boing abattu...)
Particulièrement actif sur le net
Le Kremlin ne peut pas censurer, comme
en Russie, les médias en Occident. Alors il utilise d'autres
moyens : entre autres, il développe des sites et des
télévisions conçus pour les occidentaux, achète de l'espace dans
les journaux occidentaux, et utilise une « armée de
trolls » payés sur les médias sociaux. Cela renvoie à
certains des moyens évoqués par Douguine pour s'emparer de
l'Europe.
La tâche des trolls (et celle des
bataillons de naïfs inconsciemment bénévoles, appelés
aussi idiots utiles) consiste à « répandre de façon massive
des informations dans les réseaux sociaux afin d'influer sur
l'opinion publique en Russie et à l'étranger. (p147)
Exemple. En mai 2014, The Guardian
reçoit une vague de commentaires « pro-séparatistes » ,
écrits dans un mauvais anglais, par des gens vivant soi-disant en
Occident. Pour le quotidien britannique, c'est une campagne
pro-Kremlin orchestrée. (p145)
A Moscou et Saint-Petersbourg, les
employés « trolls » sont payés 25960 roubles (600€)
par mois pour écrire des blogs et des commentaires. En 2015 :
de 40000 à 65000 roubles/mois (pour ceux parlant une langue
étrangère). Souvent, ce sont juste des jeunes qui veulent gagner de
l'argent, sans forcément avoir une conscience politique.
Cible :
les politiques
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