Ce volume rassemble des articles et des conférences sur l'Europe jamais réunis en volume qui traitent d'un sujet qui a obsédé Zweig une grande partie de sa vie et plus encore au cours de ces dix dernières années. Il a vécu tragiquement l'avènement de l'Europe hitlérienne, non seulement à titre personnel puisqu'il a dû fuir son Autriche natale et se réfugier en Angleterre avant de finir ses jours au Brésil, mais aussi de manière collective car le destin de la civilisation européenne était au cœur de ses pensées. Zweig plaide pour une unification de l'Europe, pas celle que nous connaissons, mais une Europe de la culture et de l'humanisme. Zweig s'est toujours considéré comme un " bon Européen ". Sa vision de l'organisation du continent à rebours de ce que nous connaissons, bien qu'empreinte de bons sentiments voire d'un idéalisme politique, trouve un écho aujourd'hui où nous recherchons d'autres voies, d'autres correspondances. La problématique européenne a toujours été un enjeu dans la pensée de Stefan Zweig, dès ses premières écrits. Dans les années 1930, vingt ans après la Première Guerre mondiale, elle n'en a été que plus forte. La préface susbstantielle de Jacques Le Rider, éminent connaisseur de la pensée de Zweig, le rappelle avec force.
>>> Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen
Autobiographie de l’écrivain autrichien Stefan Zweig parue en 1944. Stefan Zweig commence à l’écrire en 1934 quand, sentant arriver la persécution nazie, il décide de s’enfuir vers l’Angleterre puis vers le Brésil. Il poste le manuscrit, tapé par sa femme, à l’éditeur un jour avant leur suicide en février 1942. Le livre paraît en 1944 et est parfois considéré comme une sorte de "testament littéraire" de l'auteur autrichien
Un film, assez moyen selon les critiques :
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« Stefan Zweig, adieu l’Europe », la fin d’un
grand écrivain
Ce film dense retrace avec force les dernières années de Stefan Zweig, auteur germanophone parmi les plus lus, qui a fui le nazisme et l’Europe en 1940.
« À
60 ans passés, il faudrait avoir des forces particulières pour
recommencer sa vie de fond en comble, écrit Stefan Zweig dans
sa lettre d’adieu avant de mettre fin à ses jours avec son épouse
Lotte. Et les miennes sont épuisées par les longues années
d’errance. Aussi, je pense qu’il vaut mieux mettre fin à temps,
et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a
toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le
bien suprême de ce monde. »
Plutôt que de faire un « biopic » qui raconterait des
décennies en moins de deux heures, la réalisatrice Maria Schrader
se concentre sur les dernières années de l’écrivain réfugié en
Amérique.Dès l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, des œuvres de Stefan Zweig sont brûlées dans des autodafés. En 1934, deux jours après une perquisition de sa maison par la police qui soupçonnait ce pacifiste de cacher des armes, il fuit Salzbourg pour Londres. C’est le début d’un exil sans retour.
En 1935, son nom figure sur la liste des auteurs juifs indésirables de l’Allemagne nazie. Écrivain parmi les plus lus des pays germanophones, il n’est plus publié à partir de l’annexion de l’Autriche.
L’exil en six tableaux
Stefan Zweig divorce de sa première épouse Friderike – qui, jugeant non fondées ses peurs, a refusé de le suivre lors de son départ d’Autriche – pour épouser Charlotte Elisabeth Altmann, surnommée Lotte, sa jeune secrétaire.Ensemble, craignant une extension du conflit après la capitulation française, ils quittent Londres, juste avant les premiers bombardements, pour New York où vit une importante communauté d’intellectuels germanophones. Mais l’hostilité des Américains envers les Allemands le conduit à partir au Brésil où il était déjà allé en 1936.
C’est lors de ce premier voyage à Rio de Janeiro, où Stefan Zweig est reçu avec les honneurs, que commence le film de Maria Schrader. Par la suite, il parcourt le pays et l’Amérique du Sud pour une tournée de conférences, revient à New York où vit Friderike avec ses filles et s’installe à Petrópolis au Brésil.
S’inspirant de son recueil Les Très Riches Heures de l’humanité, dans lequel des nouvelles retracent douze événements marquants de l’histoire mondiale, la cinéaste a sélectionné six moments de cette période d’exil. Elle choisit de les « explorer dans leurs moindres détails, sans avoir à les replacer dans un lien de causalité », en les présentant « quasiment en temps réel. » C’est donc à un spectateur relativement averti du parcours et de l’œuvre de Stefan Zweig qu’elle s’adresse.
De l’effervescence à la mort
Formellement, ses partis pris sont forts. Elle ouvre et ferme son film par deux longs plans-séquences : l’un présente l’effervescence qui entoure l’écrivain dans les salons cossus d’une réception à Rio ; l’autre se situe devant l’étroite chambre où il s’est donné la mort, un délicat mouvement de miroir livrant furtivement une image du drame.Se situant résolument du point de vue de Zweig, le film montre, au plus près de ses émotions, la montée de son mal-être et ses fluctuations, ses joies éphémères et ses déchirements.
Intellectuel qui chérit la nuance, il se trouve isolé dans un monde dichotomique : les nazis l’ont chassé, mais il se reconnaît mal dans les discours violents à leur encontre du PEN Club, organisation internationale qui rassemble quatre-vingt-dix écrivains de cinquante pays, en septembre 1936 à Buenos Aires en Argentine.
La sensibilité et l’empathie, à la source de son talent, l’empêchent de se réjouir d’avoir « sauvé sa peau » et celle des siens, d’avoir mis un océan entre lui et les nazis. En permanence l’assaille la pensée de ceux, amis et inconnus, restés coincés dans la nasse européenne et qui le paieront vraisemblablement de leur vie.
Sensation d’étrangeté et d’errance
L’acteur autrichien Josef Hader incarne avec subtilité ces tourments, alors que le soleil brésilien et les hommages rendus à l’écrivain auraient pu le détourner de la guerre et des fascismes.Auprès de lui, Aenne Schwarz interprète avec une belle présence Lotte, dont la jeunesse n’a pas suffi à contrer le sentiment de fin d’un monde, d’autant qu’un asthme sévère la mettait régulièrement en danger.
La sensualité d’une image apte à faire ressentir la chaleur et la moiteur tropicales renforce l’impression d’accomplir ces derniers voyages avec Stefan Zweig, le découpage en scènes sans lien contribuant à la sensation d’étrangeté et d’errance.
La
fuite du nazisme
28 novembre 1881. Naissance à Vienne, en Autriche-Hongrie.1922. Amok.
1926. La Confusion des sentiments.
1927. Les Très Riches heures de l’humanité.
Février 1934. Quitte Salzbourg pour Londres.
1939. La Pitié dangereuse.
Mars 1940. Obtient la citoyenneté britannique.
Juin 1940. Quitte l’Europe pour New York.
1941. Le Brésil, terre d’avenir.
Septembre 1941. S’installe à Petrópolis sur les hauteurs de Rio au Brésil.
20 février 1942. Envoie le manuscrit du Joueur d’échecs à son éditeur réfugié en Suède.
22 février 1942. Suicide à Petrópolis avec son épouse.
1944. Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, autobiographie.
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JUIN2017. Zweig, le « chasseur d’âme ». « Le
Monde » publie un hors-série consacré à Stefan Zweig. Dans
les kiosques à partir du 13 avril. LeMonde
>>> Pourquoi Stefan Zweig est-il l'écrivain étranger le plus lu en France? BibliObs>>> Les six meilleurs livres de Stefan Zweig Lefigaro
>>> Stefan Zweig : le mystère de sa fin tragique Lefigaro
>>> Appels aux Européens
L'unification de l'Europe
- L'idée des Etats-Unis d'Europe est placée sous le signe de Nietzsche -> nécessité d'une unité économique et morale. Nietzsche déclare qu'il faut en finir avec les "patriotarderies" et créer une conscience supranationale, le sentiment patriotique d'une Europe nouvelle.
- La désunion et le nationalisme conduisent à la décadence ; ils tirent leur force d'une pulsion de destruction. L'UE est la seule formule qui puisse assurer l'avenir des Européens et leur permettre de relancer le processus de civilisation.
- Promouvoir l'histoire culturelle, [c'est-à-dire] non le mal qu'un peuple a fait un à autre, mais ce qu'il lui doit. En somme une histoire non des conflits et des guerres, mais des transferts culturels. Les héros de cette histoire seraient les écrivains et les artistes, les intellectuels et les savants.
- p89. L'optimisme nécessaire
Se fonder sur la jeunesse, et les réalisations culturelles. Les précédentes tentatives au sein de la SDN ont échoué car : domination excessive de la diplomatie (politique = source de tension inévitable) + trop-plein professoral => l'atmosphère de défiance s'est alourdie.
Il faut donc réaliser l'union culturelle avant l'union politique, militaire, et financière. Un organe de presse contribuerait à une telle entente : publication positive, optimiste, robotative.
Par la culture , on convertit la rivalité des nations en émulation coopérative.
- p105. Refuser toute parole susceptible de renforcer la défiance envers les nations (blesser la vanité d'une nation voisine, rabaisser son honneur et sa réputation) . Saisir toute occasion de faire, dans notre propre pays, et à la face du monde, l'éloge des réalisations des pays frères.
p110 & 111.
p115. Jamais dans l'histoire le changement n'est venu de la seule sphère intellectuelle et de la simple réflexion. Nous devons donc avant tout donner de la visibilité et de la passion à notre idée.
p126. "Au commencement était l'action" (Faust)
"L'idée européenne n'est pas un sentiment premier, comme le sentiment patriotique (...) , elle est le fruit lentement mûri d'une pensée élevée.
REFLEXIONS perso
- Les civilisations qui ne savent pas se défendre ou n'ont pas développé de systèmes de défense modernes, aussi brillantes soient-elles, disparaissent. Pensons à la civilisation maya, très développée à bien des égards, mais qui n'a pas résisté aux assauts des espagnols qui les surpassaient dans le domaine des armes.
Une Union européenne ayant vocation à perdurer ne peut se fonder uniquement sur des valeurs et des aspects culturels et scientifiques. Une armée européenne puissante et moderne est absolument nécessaire.
- Passer du pessimisme et du déclinisme à l'optimisme et à la volonté de se battre pour atteindre des idéaux. Lesquels ? des idéaux qui parlent à l'âme et au coeur. Exemple : l'objectif d'atteindre 0,1% de croissance n'est pas sexy ! Qui voudrait se battre pour cela ? Mettre en avant l'identité de l'Europe et ne pas se focaliser sur l'économie. Même si cela fâche certains, ne pas hésiter à faire référence à l'Europre de tradition chrétienne, greco-romaine, voire pagano-nordique.
- Passer d'une Europe lointaine, théorique, technocratique, molle, faible, à une Europe puissance faite d'une armée, d'une voix européenne et une seule qui soit un interlocuteur au niveau mondial.
- Une Europe puissance passe aussi par des symboles puissants. Exemple : Un aigle plutôt qu'une colombe. Exemple : La devise « In varietate concordia » n'est pas mauvaise (l'utilisation du latin est une très bonne idée) , mais en terme de référence à une Europe puissance, il y a mieux. C'est une devise qui parle à la "pensée raisonnable", mais peu à l'âme et au coeur.
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