vendredi 25 mai 2018

La Ripoublique en marche

Européennes: «L'idée que c'est Macron ou le chaos» est «la pire des options démocratiques» (Jadot, EELV) (Lemonde, 25/02/2019)


« Cher Vladimir » . Ce n'est pas l'infortuné François Fillon qui parle, mais Emmanuel Macron (Lemonde). Celui envers qui on pouvait placer quelques espoirs. On peut donc ressentir comme une trahison ses ridicules courbettes devant Poutine et sa clique. Macron voit en eux des dirigeants respectables avec qui faire des affaires, mais pas des mafieux ; les mafieux, pour lui, c'est plutôt les  bretons  [c'est supposé être drôle] !

Si Macron pouvait laisser en paix les Tolstoï, Soljénitsyne, Pouchkine, ou Tchaïkovski, ce serait déjà ça ! Rappelons que nombre de ces auteurs seraient probablement discrédités par le pouvoir russe actuel, l'un parce que homosexuel, l'autre parce qu'ayant du sang africain.
A vrai dire, peu importe. Ces références à la culture, comme les quelques mots sur les droits de l'homme, comme aussi les missiles pour casser trois baraques en Syrie, tout ça c'est pour amuser la galerie. Ce qui compte, c'est le concret. Et le concret, c'est que le pouvoir russe n'est nullement combattu. Au contraire, des contrats sont signés. Avec des milliards à la clef. Malgré les discours. Malgré les sanctions de l'UE.

Au sommaire :
I Macron à Poutinegrad - ou la scandaleuse visite de Macron à St Pétersbourg- passée relativement inaperçue dans les grands médias
II Macron, les virages dangereux (virages anti-social, anti-écologique, et poutinien)
III L'Europe ? Son Europe à lui (La Russie eurasiatique, la Turquie islamiste... Tout le monde il est européen, avec Macron)
IV L'affaire Benalla (affaire bien réelle, et grave, y compris dans la façon dont le gouvernement l'a traitée) : une racaille en col blanc, bien trop payée pour ses fonctions, vrai macroniste mais faux policier, qui se fait passer comme tel pour tabasser des manifestants.
V La démission de Nicolas Hulot . Conséquence logique des points II (virage anti-écologique) et I (le poids des lobbys nuisibles : le grand patronat poutinien ; la chasse avec Thierry Coste...)
VI Ils devraient avoir honte ! Macron et Merkel incapables de s'opposer à Poutine
VII Les affaires qui ébranlent le quinquennat d’Emmanuel Macron (Lemonde, 12 juillet 2019)
VIII A vomir ! * (les mots insultants de la France à l'Italie)
IX Poutine invité à Brégançon par Macron



I Macron à Poutinegrad

Comme c'est beau. Le caviar dans les salons dorés de Petersbourg, les juteux contrats signés avec les mafieux russes*, les fleurs pour Brigitte, la danse de Brigitte, la joie du patron de ce lobby ringard qu'est le Medef , son cadeau ridicule au dictateur russe, le blabla de Macron sur les droits de l'homme… Important, le blabla. Faut quand même sauver les apparences. Mais pas de problème pour Poutine et sa clique : on en restera comme d'hab aux bons mots ; les actes en revanche sont un encouragement au dictateur russe à poursuivre ses exactions. 

Le pouvoir criminel russe, lui, il agit, pendant que les prétendues démocraties discutent, appellent au dialoguent (dénoncent parfois mais toujours mollement les exactions russes**) ... et signent des contrats. Le pouvoir criminel russe, il construit un pont vers la Crimée annexée, construit un mur pour séparer la Crimée des autres régions ukrainiennes, et assassine des journalistes et des opposants.

La liste des journalistes anti-poutiniens assassinés est si longue que voir Macron signer des contrats avec Poutine ne peut qu' écœurer les citoyens d'un pays qui se prétend démocratique et humaniste. Certes, la fausse annonce de la mort du journaliste russe Arkadi Babtchenko *** par la police ukrainienne est une manipulation toxique (Lemonde), voire une « aubaine pour le pouvoir russe », comme le titre Lemonde.
Citons-en quelques-uns, tout de même, de ces journalistes, qui eux ont bel et bien été assassinés (Lemonde) :
Pavel Cheremet, 44 ans, tué le 20 juillet 2016
Anna Politkovskaïa, 48 ans, tuée le 7 octobre 2006
Natalia Estemirova, 50 ans, tuée le 15 juillet 2009
Anastassia Babourova, 25 ans, et Stanislas Markelov, 34 ans, tués le 19 janvier 2009
Paul Klebnikov, 41 ans, tué le 9 juillet 2004

La liste des opposants réduits au silence (procès truqués, menaces, chantage, assassinats...) est elle aussi impressionnante. Citons quelques exemples :
Roman Souchtchenko. Journaliste condamné à douze ans de prison en Russie. L’ancien correspondant à Paris de l’agence de presse ukrainienne UkrInform, arrêté en 2016 à l’aéroport de Moscou en provenance de Paris, est accusé d’espionnage (Lemonde, 04/06/2018)
Denis Voronenkov. Ancien député russe réfugié à Kiev. Assassiné le 23 mars 2017 (LeMonde)
Pavel Cheremet. Directeur exécutif du site Oukraïnska Pravda, mort dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait je 20 juillet 2016. (il avait critiqué publiquement l'annexion de la Crimée et l'intervention militaire russe en Ukraine)
Boris Nemtsov. Assassiné le 27 février 2015 à Moscou. (il avait critiqué publiquement l'annexion de la Crimée et l'intervention militaire russe en Ukraine)
Garry Kasparov. Se sachant menacé, il choisit de s'exiler en 2013 d'abord en Suisse, puis aux Etats-Unis.
Ilia Ponomarev. Seul député russe à avoir voté contre l'annexion de la Crimée en 2014, son immunité fut rapidement levée (Euractiv). Il vit désormais en exil

Macron se dit européen et Macron considère (à tort) que « la Russie est européenne ». Il fait la morale à la Hongrie ou à la Pologne, juge la décision américaine (de fortement taxer l'acier européen) "illégale" , mais -en même temps- s'en va parader en Russie pour signer des contrats avec des criminels ! Cherchez l'erreur !

>>> JUIN2018. En participant à la Coupe du Monde, nous blanchissons les crimes de Poutine.
 Imaginer que des dirigeants démocratiques puissent assister aux cérémonies et trinquer au champagne avec un dirigeant responsable de massacres massifs dépasse la décence. HP


II Macron, les virages dangereux.  Poutine, Social, Ecologie

TOURNANT POUTINO-COMPATIBLE
>>> Avec Macron, on a un inquiétant tournant pro-poutine donc anti-européen, si l'on considère que l'UE est fondée avant tout sur des valeurs telles que la démocratie, l'humanisme, l’État de droit. Mais peut-être Macron considère-t-il ces valeurs comme secondaires au regard des valeurs prédatrices des grands groupes financiers tels que Total.
On en vient à se demander : "qui dans la classe politique française a assez de cran pour ne pas manger dans la main au dictateur russe ?" (Noter qu'en Italie, avec les clowns de la Ligue et du M5S au pouvoir, Poutine dispose encore d'un pays à son service!)

>>> AOUT2018. A Helsinki, Emmanuel Macron parle d'aggiornamento de la relation avec la Russie.
(…) D'autre part, la Russie doit « donner des signaux » pour la résolution du conflit du Donbass dans l'est de l'Ukraine où elle continue de soutenir les mouvements autonomistes pro-russes. Un conflit qui a fait plus de 10.000 morts depuis 2014.
(…) pour le moment, la Russie prépare de nouveaux grands exercices militaires qui devraient réunir en Sibérie orientale et en Extrême-Orient 300.000 soldats et 1.000 avions ainsi que des unités de l'armée chinoise. Ce qui pour l'Otan semble prouver, après les manoeuvres aux frontières de l'Europe de 2017 avec le Bélarus, que la Russie « se focalise sur l'entraînement à un conflit de grande ampleur ». LesEchos

Bref une autre pilule bien dégueulasse à avaler. Car on attend un peu plus que des « signaux » (qui de toute façon ne sont attendus que par les naïfs). On attend une évacuation du Donbass et de la Crimée.  

TOURNANT ANTI-SOCIAL
>>> Avec Macron, on a clairement un tournant anti-social.
- Un an de présidence Macron, un an de politique fiscale injuste et inefficace. ISF, CSG, "exit tax"... Autant de décisions en matière fiscale qui affaiblissent le pouvoir d'achat des plus modestes. Sans doper les investissements. Tribune parue dans L'Obs
- Des associations dénoncent « l’explosion » de l’inégalité d’accès aux soins. Regroupements hospitaliers, fermetures d’urgences, de maternités, de blocs opératoires… La coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité tire la sonnette d’alarme. Lemonde
- >>> JUIL2018. Le plan pauvreté reporté pour cause de Coupe du monde ? L'opposition dénonce « le cynisme » du gouvernement.
La décision du gouvernement de reporter le plan pauvreté à la rentrée de septembre a suscité de vives critiques de la part de l’opposition. L’Élysée invoque des retards causés par des questions d’arbitrages. Selon France inter, il pourrait plutôt s’agir d’un problème d’agenda d’Emmanuel Macron, en cas de qualification de la France en demi-finale de la Coupe du monde de football. Le Secours Catholique rappelle que « la pauvreté n’attend pas ».
"Panem et circenses". Du pain et des jeux suffisaient à tenir le peuple selon les empereurs romains. @EmmanuelMacron a tranché : le pain attendra. https://t.co/ky9RQ45ASN— Benoît Hamon (@benoithamon) 4 juillet 2018

- AOUT2018. En 2019, les professionnels verront les chèques-vacances moins remboursés.
(...) "cette décision risque de réduire très fortement le nombre de prestataires acceptant le chèque-vacances, de rendre plus difficile son acceptation par les entreprises et de pénaliser in fine les bénéficiaires des chèques-vacances" [c'est-à-dire les classes populaires!Challenges
- AOUT2018. Le désarroi d'un maire qui a jeté l'éponge: "on est en train de tout perdre".
Philippe Rion, le maire du petit bourg de Castillon (378 habitants) a démissionné en février dernier. Un cas personnel qui illustre le mal-être des maires français: comme lui, plus de 1.000 d'entre eux ont jeté l'éponge depuis les dernières élections municipales de 2014. Challenges

TOURNANT ANTI-ECOLOGIQUE
>>> JAN2019. Macron et l’écologie : après 18 mois de pouvoir, un inventaire pas très vert.
Depuis son arrivée à l’Elysée, le président de la République a multiplié les initiatives environnementales, mais s’est bien souvent arrêté au milieu du gué. Lemonde


>>> Avec Macron, on a aussi un bien triste tournant « anti-écologique » selon le terme de Delphine Batho (L'Obs) . Les députés La République en Marche ont beau être jeunes et incarner un soi-disant renouveau du personnel politique, je les ai vus faire de la politique avec des méthodes "à l'ancienne" pour convaincre les récalcitrants.
- Ce tournant anti-écologique se confirme :
Loi Littoral : "Malgré son jeune âge, Macron est tellement XXe siècle !". La majorité entend modifier la loi pour bétonner plus facilement les littoraux. Isabelle Autissier, navigatrice et présidente du WWF France, s’en alarme. L'Obs
- Les copains de Macron dérangés par Greenpeace :
Total : l’assemblée générale des actionnaires envahie par Greenpeace Greenpeace réclame l’interdiction des forages au large du Brésil et de la Guyane, où se trouve un récif corallien. LeMonde
- Sur le glyphosate (comme sur les sujets précédents), Macron a cédé aux lobbies.
>>> JUIN2018. 110 km à faire ? Pour Macron, c'est en jet Falcon L'Obs
>>> JUIN2018. Macron les mains dans la boue rouge. L'ex-ministre de l'Economie a joué un rôle dans la prolongation de l'autorisation des rejets en mer accordée à Alteo. Le chantage à l'emploi semble faire tout passer, et tant pis pour les eaux calanques (20minutes)
>>> AOUT2018. «Les villages du Tarn menacés par une nouvelle autoroute, résumé du mal français». TRIBUNE - En contradiction flagrante avec les engagements de campagne d'Emmanuel Macron, le tout-autoroute continue et défigure la France, s'alarme Anne-Sophie Letac, agrégée d'histoire. Lefigaro

Add 
>>> SEPT2018. Élection Ferrand: Luc Carvounas (PS) dénonce une "République des coquins et des copains" Challenges

>>> Vidal, Flessel, Buzyn, Nyssen, Cluzel... Le laminage de ces ministres venus de la société civile. La nomination de ministres venus de la société civile est toujours le fait du prince. Et se solde toujours par des échecs. Emmanuel Macron, dans ce domaine, ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Challenges
>>> Ces fidèles historiques déçus par l’an I du quinquennat.
Immigration, corps intermédiaires, programme économique... Plusieurs sujets heurtent de plus en plus des soutiens du chef de l’Etat. Lemonde

>>> RRR.
- Comptes de campagne : nouveaux éléments sur les ristournes accordées à Emmanuel Macron. Après « Le Monde » et « Mediapart », « Franceinfo » apporte de nouvelles révélations jeudi sur les rabais dont a bénéficié le candidat en 2017. Lemonde
- Pendant la campagne, En Marche! a filouté sur le montant des dons perçus Lefigaro
- La polémique en 5 actes L'Obs
- Comptes de campagne de Macron, Mélenchon, Le Pen et Hamon : Anticor porte plainte L'Obs

>>> MAI2018. Washington déclare la «guerre de l’acier» à ses alliés: le nouveau camouflet de Trump à Macron L'opinion




III L'Europe? Son Europe à lui

>>> Au Portugal, Emmanuel Macron détaille son projet d'une Europe à trois vitesses.
(...) "Je vois un cercle large qui est peut-être au-delà des 27, quelque chose entre l'Union européenne et le Conseil de l'Europe actuel", qui formera "une Europe large, moins intégrée que l'UE mais très exigeante sur ses valeurs", a-t-il déclaré devant un public d'environ 500 personnes. Il comptera "soit en son sein, soit avec des accords d'association étroite, la Turquie et la Russie", car "si on veut la paix on doit stabiliser ces deux puissances". LeJDD
Alors, pour Macron, la Russie qui est eurasiatique (géographiquement, elle est même davantage asiatique qu'européenne. Ne parlons pas des valeurs, de la langue, du poutinisme qui y est pour longtemps, etc etc) pourrait intégrer l'UE. Tout comme la Turquie, islamiste, et à 99% sur le continent asiatique. Alors bon, je sais bien, Victor Hugo, les Etats-Unis d'Europe, la Russie qui y serait .... Eh bien, sur ce dernier point, on peut ne pas être d'accord avec Victor Hugo (c'est beau d'un point de vue théorique , littéraire, artistique, idéaliste, utopique . Mais le pragmatisme et le réalisme ça compte aussi.)

>>> « Aquarius » : France et Italie s’accusent de « cynisme » en matière d’immigration [Ce que dit l'Italie n'est pas faux, et fait aussi penser à l'attitude de Macron vis-à-vis de la Russie]
La Hongrie et la Slovaquie applaudissent
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban – qui incarne depuis 2015 le camp des pays européens opposés à l’accueil de réfugiés sur leur territoire – a assuré mardi l’Italie de son « total soutien », tandis que son homologue slovaque, Peter Pellegrini, formait le vœu que le refus de Rome d’accueillir l’Aquarius ne soit « que le début » du renforcement des frontières maritimes de l’UE.
« J’ai ressenti un énorme soulagement !, a déclaré le chef du gouvernement hongrois, J’étais las d’entendre depuis des années que les frontières maritimes ne peuvent pas être protégées ! »
La ministre de la justice espagnole, Dolores Delgado, a redit mardi que la décision du nouveau gouvernement socialiste espagnol était une « question d’humanité » et a évoqué la possibilité d’une « responsabilité pénale internationale » des Etats refusant d’accueillir des migrants.


>>> JUIN2018. Tension diplomatique entre Paris et le nouveau gouvernement italien sur la crise migratoire. L’Italie, ulcérée par les déclarations de la France sur l’« Aquarius », estime qu’elle a constamment manqué de solidarité dans l’accueil des réfugiés.
La tension monte entre Paris et Rome. Intervenant devant le Sénat, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, a appelé, mercredi 13 juin, le président français Emmanuel Macron à « passer de la parole aux actes », en faisant preuve de « générosité ».
(…) Le ministre italien des affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a lui aussi fait part de sa colère dans un communiqué : « Le gouvernement italien considère inacceptables les paroles utilisées dans des déclarations publiques hier à Paris », écrit-il, en précisant que « les tons utilisés sont injustifiables ». S’il « comprend qu’un Etat ami et allié puisse être en désaccord avec les positions d’un autre Etat », M. Moavero Milanesi estime que « le désaccord doit être exprimé d’une manière et dans des formes cohérentes avec un tel rapport d’amitié ». L’agacement de Rome est partagé par l’immense majorité de l’opinion italienne.
Pour le coup, c'est en effet l'Italie qui a raison : c'est bien la France qui fait preuve d'hypocrisie avec un étrange silence, suivi de déclarations accusatrices tout en ne faisant … rien ; c'est l'Espagne qui finalement accueillera le navire.
Ça me fait penser à Macron en Russie. Tant de blabla sur les droits de l'homme, le droit international, la solidarité européenne… et dans le même temps des contrats signés avec Poutine !
Dans le propre camps de Macron, on a trouvé tout ça un peu fort de café :
- "Aquarius" : la colère de députés LREM face à la réaction de l'exécutif. "Une trentaine" de députés LREM ont vivement critiqué le silence du gouvernement face à la situation de ce bateau de migrants. (L'Obs)
Chez MSF aussi :
- MSF : "Macron dénonce le cynisme du gouvernement italien, qu'en est-il du nôtre ?" . Thierry Allafort-Duverger, directeur général de Médecins sans frontières France, dénonce l'hypocrisie de l'UE autour de l'"Aquarius". (L'Obs)

- "Cynisme", "vomir"... Violente joute verbale entre la France et l'Italie. Emmanuel Macron a dénoncé le "cynisme" de l'Italie, qui a taxé la France d'"hypocrite" car bien peu accueillante. L'Obs



IV L'affaire Benalla
>>> JUILL2019 Benalla, une zone d’ombre dans les comptes de campagne de Macron
Selon nos informations, des versements à des membres du service d’ordre du candidat à la présidentielle auraient échappé au contrôle de la CNCCFP. Des anciens du SO interrogés par « Le Monde » évoquent d’autres bizarreries dans la gestion des notes de frais. Lemonde

>>> JUIPLL2019 Dans le téléphone « perdu » de Benalla : « Tous des cons Alexandre sois zen et fort »
Sur l’appareil que l’ex-chargé de mission disait avoir égaré, les enquêteurs ont retrouvé plusieurs messages échangés avec l’Elysée, tous supprimés.
« Monsieur le Président, hier après-midi j’ai été invité par la Préfecture de Police à observer de l’intérieur la manifestation du 1er-Mai, j’ai donc été équipé d’un casque et intégré à une équipe de policiers en civil et accompagné par un major de police. En fin d’après-midi nous nous sommes retrouvés place de la Contrescarpe, où la situation a plus que dégénéré, je ne me suis alors pas cantonné à mon rôle d’observateur (…) La scène assez violente a été filmée et même si on ne m’identifie pas très nettement je suis reconnaissable. Cette vidéo tourne actuellement sur les réseaux sociaux. Alexandre. » Lemonde

>>> JUILL2019 Payé en cash par Benalla, comptes incomplets : la gestion troublante du service d’ordre du candidat Macron Lobs

>>> Alexandre Benalla visé par une nouvelle plainte de l’association Anticor
L’association de lutte contre la corruption a porté plainte contre Alexandre Benalla pour corruption, corruption passive, blanchiment et entrave à la justice. (...) La plainte pointe les activités parallèles qu’aurait eues l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron alors qu’il travaillait à l’Elysée, et notamment les liens qu’il aurait tissés avec un oligarque russe, Iskander Makhmudov, « jusqu’à faciliter la signature d’un contrat avec une société de sécurité privée », souligne « RTL ». Cet industriel, proche du président russe Vladimir Poutine, était déjà surveillé par le parquet national financier. L'Obs

>>> JUILL2019. Affaire Benalla : « La crainte d’une justice aux ordres paraît devenir réalité »
Tribune Jean-Philippe Derosie, Juriste
Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste et professeur de droit public, conteste, dans une tribune au « Monde », la décision du procureur de la République de Paris de classer sans suite les poursuites contre trois collaborateurs d’Emmanuel Macron. Lemonde

5 février 2019
>>> Les questions que pose la tentative de perquisition à « Mediapart ».
Le site d’information a reçu la visite de deux procureurs lundi, après la publication d’enregistrements d’Alexandre Benalla.
Mediapart a refusé lundi 4 février la perquisition de ses locaux au nom de la protection des sources. Qu’est-ce qui justifiait cette procédure ? Pourquoi est-ce possible de s’y opposer ? Que signifie la protection des sources ? (Lemonde)

>>> DEC2018. Comment Alexandre Benalla s’est reconverti dans la diplomatie privée en Afrique.
Il opère désormais dans « le consulting », entre intermédiaires louches et autocrates africains, quitte à agacer son ancien employeur. Lemonde
>>> DEC2018. L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla.
 Le chef de l’Etat a dit au président tchadien Idriss Déby que « cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la France. Lemonde

>>> DEC2018. Les affaires russes d’un gendarme au cœur du dossier Benalla.
Un oligarque proche de Vladimir Poutine, suspecté par plusieurs magistrats européens d’être lié à la mafia russe, a rémunéré la société de l’un des principaux protagonistes de l’affaire Benalla, le gendarme Vincent Crase. Un paiement de près de 300 000 euros a eu lieu au mois de juin 2018, à une date où le commandant Crase était encore salarié de La République en marche, au titre de responsable adjoint « sûreté et sécurité » du mouvement. Mediapart

>>> SEPT2018. Alexandre Benalla aperçu à Londres avec un individu fiché S. L'Obs

>>> AOUT2018. Ce que les affaires nous disent du macronisme.
On se souvient du séisme provoqué par l'affaire Cahuzac sous Hollande. La déflagration Alexandre Benalla est de cette dimension-là. L'Obs
>>> AOUT2018. Comment Benalla a fait le "ménage" à son domicile avant sa perquisition L'Obs

>>> AOUT2018. L’impossible quête des « bots russes » de l’affaire Benalla.
Une étude évoquait un « gonflement » artificiel du volume d’échanges relatifs à l’affaire sur Twitter, poussant des politiques à agiter le spectre de l’influence russe. Une hypothèse à relativiser. Lemonde
L'affaire Benalla est une affaire grave et réelle. Qu'elle soit ou non relayée par les poutinolâtres n'y change rien. Tout comme les problèmes relatifs à l'immigration et à l'islamisation, qui même s'ils sont amplifiés (pas tant que ça d'ailleurs) par les mêmes poutinolâtres, sont bien réels et posent problème.
>>> AOUT2018. L’affaire Benalla gonflée sur les réseaux par «la russosphère?» L'Opinion

>>> AOUT2018. Une minorité de comptes a inondé Twitter pendant l'affaire Benalla.
Près de la moitié des tweets sur l'affaire Benalla ont émané de comptes Twitter "pro-Mélenchon", "pro-Rassemblement national" et "russophiles", dont certains sont automatisés, selon une analyse d'EU DisinfoLab, une ONG luttant contre la désinformation. Lefigaro

>>> AOUT2018. Affaire Benalla: l’activisme de la «russosphère» sur Twitter intrigueL'Opinion
Bah oui. Macron a-t-il naïvement crû que les contrats signés à Poutinegrad (et ses déclarations au Portugal) allaient faire de lui un ami de la Russie ? Bizarre. On le dit brillant. Pourtant il semble n'avoir pas bien intégré que la Russie est en guerre contre l'UE et l'Occident, que Poutine rêve de faire éclater l'Europe.

>>> AOUT2018. Affaire Benalla: trois pistolets non déclarés découverts au siège d'En Marche! HP

>>> AOUT2018. Affaire Benalla : les accents trumpiens de Macron.
EDITO. Confronté à la première véritable crise de son quinquennat, Emmanuel Macron a choisi une fois de plus de s’en prendre aux médias.
(…) Un an après son arrivée à l’Elysée, la liberté de la presse vient, d’ailleurs, à bas bruit, de prendre un bien mauvais coup. La loi sur le secret des affaires, qui organise l’opacité autour du monde de l’entreprise, a été validée la semaine dernière par le Conseil constitutionnel. L'obs


>>> JUIL2018. Affaire Benalla. Les déçus du macronisme : “Nous prend-il pour des idiots ?” CI

>>> L'arsenal impressionnant d'Alexandre BenallaTrois pistolets Glock, un fusil à pompe : sans appartenir au GSPR, le jeune chargé de mission était pourtant doté des mêmes armes de poing. LePoint

>>> Affaire Benalla : nouvelle enquête ouverte pour d’autres violences commises le 1er mai à Paris.
 Après le dépôt de deux plaintes évoquant nommément Alexandre Benalla et Vincent Crase, le parquet de Paris a ouvert une enquête concernant une interpellation au Jardin des Plantes. Lemonde

>>> Alexandre Benalla: personnalités et anonymes indignés par la Une du JDD sur Benalla.
 "ça devient pathétique". "Ce que j'ai fait pour Macron." Alexandre Benalla accorde, avec son interview dans le JDD ce dimanche 29 juillet son troisième entretien en quatre jours dans un grand média national. Après Le Monde, le 20 heures de TF1, c'est donc dans Le Journal du Dimanche que l'ancien collaborateur de l'Élysée mis en examen pour "violences en réunion" livre une nouvelle fois "sa vérité." Et la couverture du JDD, parfois accusé de complaisance à l'égard d'Emmanuel Macron ne passe pas chez tout le monde. HP

>>> " Benalla estime avoir "dérangé" la "haute hiérarchie policière" en tant que "jeune rebeu" et pointe le ministère de l'Intérieur ." HP
- ou : Quand les coupables deviennent les victimes, et inversement.... ça me rappelle le système d'un pays fascisant, très très à l'est, gavé de gaz, de pétrole, et de lois liberticides.

>>> L'affaire Benalla est explosive car elle contient 4 scandales. Si le Benallagate est si explosif, c'est qu'il combine quatre affaires : la violence gratuite, l'usurpation de fonctions, le retour des barbouzeries, et la tentative d'étouffer l'affaire. L'Obs
>>> Alexandre Benalla était sur le point de prendre la tête de la sécurité de l'Elysée L'Obs

>>> Ce que la polémique sur l’affaire Benalla révèle d’Emmanuel Macron. Les révélations du « Monde » mettent en lumière la personnalité d’un président entouré d’un petit cercle de fidèles. Lemonde
>>> Affaire Benalla : quand la « bande d’Alexandre » suit Macron à l’Elysée Lemonde
>>> Les cinq jours qui ont fait de l’affaire Benalla un scandale d’EtatLemonde

>>> Affaire Benalla. Dossier LeMonde

>>> Avant de devenir le porte-parole de l'Élysée fin août 2017, Bruno Roger-Petit n'a pas seulement chanté les louanges d'Emmanuel Macron. Deux mois avant de prendre ses fonctions élyséennes, le chroniqueur politique a aussi mis en garde le chef de l'État,"avant qu'il ne soit trop tard", contre la principale faiblesse de sa gouvernance: la multiplication des affaires. Mais le déclenchement de l'affaire Benalla montre que ses conseils n'ont pas été suivis. HP

>>> "Pure fake news" : comment l'Elysée tente de dégonfler l'affaire Benalla L'Obs




V Le poids des lobbys en Macronie (la démission de Nicolas Hutot, les copains de Macron...)
>>> OCT2018. Vu d’Allemagne. Le pouvoir démesuré des chasseurs français CI
>>> OCT2018. Ecologie : en France, l’exécutif trahi par ses actes. Malgré les promesses, le gouvernement multiplie les incohérences sur le terrain écologique. Libération

>>> OCT2018. Deux surfeurs se font tirer dessus par des chasseurs qui pensaient viser des faisans.
L'incident ouvre un nouveau front entre chasseurs et militants anti-chasse, dans un contexte déjà à vif.  Le 13 octobre dernier, un vététiste britannique avait été mortellement touché par un tir de fusil lors d'une battue au gros gibier. (…) Suite à cet accident, le député LREM de l'Aude, Alain Perea, s'est attiré les foudres des internautes ce week-end en proposant d'interdire le VTT pendant la période de chasse. L'Obs . Le lobby de la chasse ferait-il des siennes… encore ? (se souvenir des raisons de la démission de Nicolas Hulot)

>>> OCT2018. Emmanuelle Wargon, une lobbyiste de Danone chez Macron. L'Obs
Nouvelle secrétaire d’État à l’Écologie, Emmanuelle Wargon quand elle était directrice des affaires publiques chez Danone, défendait publiquement l’utilisation de l’huile de palme dans les laits pour enfant. OuestFrance
>>> SEPT2018. Le vrai pouvoir des lobbys en Macronie. La démission et les accusations de Nicolas Hulot ont ravivé la polémique sur les liens entre pouvoir et intérêts économiques. Elysée, conseillers, parlementaires : enquête sur une majorité probusiness. Challenges
>>> AOUT2018. Les lobbys ont-ils leur place dans les cercles du pouvoir ? Cette problématique, soulevée par Nicolas Hulot au moment de sa démission du gouvernement, est récurrente dans la politique française.
Proche du sénateur macroniste François Patriat et d’Emmanuel Macron depuis la campagne de 2017, Thierry Coste a l’oreille du président. Thierry Coste est un lobbyiste au service de nombreux intérêts : il y a deux ans, il confiait à l’hebdomadaire Marianne que la FNC lui prenait la moitié de son temps, mais représentait seulement 10 % de son chiffre d’affaires. (...) Selon les informations du Monde, Thierry Coste interviendrait également pour des fabricants d’armes ou des puissances étrangères (Russie, Tchad, Gabon, Arabie saoudite)Lemonde

>>> AOUT2018. Les 4 renoncements des Macronistes que met en lumière la démission de Nicolas Hulot. Cette démission en dit long... (Luc Carvounas, HP) :
1. La défaite de la société civile, la victoire des lobbys
2. Le soi-disant progrès porté par les Marcheurs n'est qu'une illusion
3. Le progrès n'est pas institutionnellement organisé
4. Le progrès n'est pas partagé

>>> AOUT2018. Corinne Lepage : "La société civile et la justice font avancer l'écologie. Pas la politique" . "Emmanuel Macron assure que l'écologie, c'est son sujet. Il le dit mais qu’a-t-il fait ?", accuse Corinne Lepage après la démission de Nicolas Hulot. Interview. L'Obs
En effet, Macron dit beaucoup de choses, parfois intéressantes, mais entre ses paroles et ses actes, il y a un gouffre !

>>> AOUT2018. À quoi faisait référence Nicolas Hulot en évoquant ces 5 raisons pour justifier son départ. L'ancien ministre a évoqué plusieurs anecdotes et exemples pour faire comprendre sa démission. HP
>>> AOUT2018. Démission de Nicolas Hulot.
Ce qui est intéressant est cette phrase : L’ex-ministre a affirmé que la présence de Thierry Coste était « symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir ».  LeMonde
On le savait. Cela m'avait clairement frappé lorsque Macron était allé signé des contrats avec Poutine, entouré (« encadré » serait le mot le plus juste) par les lobbys du grand patronat, lesquels étaient quelques semaines auparavant réunis dans la datcha de poutine (voir le billet "Guerre avec la Russie , partie Novo-collabos) ! Ici le lobby qui a fait plier Macron est le lobby de la chasse. Pas le lobby le plus puissant, pourtant. Mais montre bien le peu de cas que Macron fait aux questions environnementales.
Toute ma sympathie à Nicolas Hulot, qui en quelques mots a dit la réalité des choses.




* Soixante chefs d’entreprises hexagonales, emmenés par le Medef, avaient fait le déplacement, dont Patrick Pouyanné (Total), Isabelle Kocher (Engie), Frédéric Oudéa (Société générale) ou encore Emmanuel Faber (Danone) pour n’en citer que quelques-uns. Côté russe, les oligarques Viktor Vekselberg et Guennadi Timtchenko – visés l’un et l’autre par les sanctions américaines à l’encontre de la Russie –, avaient notamment été désignés pour représenter l’économie russe. Lemonde
Malgré les tensions [le mot est faible...] des dernières années, la France est restée économiquement très présente en Russie, avec quelque 500 entreprises employant près de 170 000 salariés. Parmi la cinquantaine d’accords de coopération et de contrats signés au cours de la visite, le plus important prévoit l’entrée du groupe français Total dans un nouveau projet géant de gaz naturel liquéfié dans l’Arctique russe de Novatek, pour 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros). Lemonde



**
>>> Vol MH17 : la Russie responsable (CourrierInternational)



*** L'incroyable mise en scène de la fausse mort du journaliste russe Arkadi Babtchenko.
L'opération, qui visait à déjouer une tentative d'assassinat pour laquelle un homme présenté comme l'"organisateur" a été arrêté. Cet Ukrainien, recruté par les "services de sécurité russes", a reçu 40.000 dollars pour organiser le meurtre de Arkadi Babtchenko et devait ensuite préparer les assassinats d'une trentaine d'autres personnes, essentiellement des Russes s'étant exilés en Ukraine. (…) L'ONG Reporters Sans Frontières (RSF), qui avait exhorté l'Ukraine et la Russie à "coopérer" pour enquêter, a condamné mercredi une simulation "navrante" et "une nouvelle étape dans la guerre de l'information" L'Obs . La mise en scène de la mort d'Arkadi Babtchenko a un précédent historique, en 1982 en France : l'affaire Virgil Tanase. L'Obs
>>> Fausse mort du journaliste russe Babtchenko : les médias critiquent la mise en scène de l’Ukraine. « Une ligne a été franchie », s’inquiète l’un de ses anciens collègues, tandis que la presse internationale s’interroge sur l’utilisation d’une « fake news » pour faire la lumière sur la vérité. Lemonde
>>> Etait-il indispensable de propager une "fake news" pour déjouer une tentative d'assassinat bien réelle, visant Arkadi Babtchenko mais aussi une trentaine d'autres personnes ?
Le principal intéressé, Arkadi Babtchenko, qui a expliqué mercredi devant la presse avoir préparé depuis plusieurs semaines la mise en scène avec les services ukrainiens, a balayé les critiques ce jeudi :  "Mon but était de rester en vie et d'assurer la sécurité de ma famille. C'est la première chose à laquelle je pensais. Les standards journalistiques, c'est la dernière chose à laquelle je pensais à ce moment." (L'Obs)
>>> JUIN2018. Vrai-faux meurtre d’Arkadi Babtchenko à Kiev : c’est la confiance qu’on assassine L'Obs
>>> JUIN2018. Faux meurtre de Babtchenko : la "fake news" était-elle indispensable ? L'Obs
>>> JUIN2018. Retour sur l’affaire Babtchenko et le faux-assassinat d’un journaliste russe. LaCroix






VI Ils devraient avoir honte ! Macron et Merkel copains avec Poutine ?

Macron et Poutine parlent d'une même voix, titre LePoint. Quelques jours avant, Merkel recevait des fleurs du criminel Poutine (Brigitte aussi a eu les siennes, qu'on se rassure).

Rappelons que Poutine n'est pas un stratège génial. Rappelons que cet ex-agent du KGB a, comme un minable chef mafieux, trempé dans tous les trafics à St Petersbourg, notamment le trafic de drogue et la corruption à grande échelle .
Ce sinistre personnage, qui a du sang jusqu'au cou, devrait être boycotté par toutes les nations dites civilisées. Mais non. Pourquoi ? Parce qu'il y a le gaz et le pétrole. Il y a NordStream2, et il y a Total.
On a vraiment l'impression que Macron et Merkel ne sont que des marionnettes. Macron le représentant de Total (Hollande avait bien dit que Macron n'était pas le président des riches, mais le président des très riches. C'était juste) ; Merkel la représentante de Schröder Gazprom !


Tout est oublié côté français. Les assassinats de journalistes, les atteintes aux droits de l'homme les plus élémentaires, la Tchétchénie, la Géorgie, l'Ukraine, les cyberattaques, les incursions militaires, le vol MH17, les crimes de guerre, la violation russe des traités internationaux, la violation russe du mémorandum de Budapest - texte signé aussi par la France- .
Et Macron qui affirme sans aucune gêne "La Russie est européenne". Non. la Russie n'est pas européenne (géographiquement, elle est eurasienne. Comme la Turquie, elle a simplement une portion de son territoire en Europe. Et du point de vue de "l'état d'esprit" général, elle est très loin d'être "européenne").
Tout est oublié côté russe. Macron n'est plus cet "agent américain" oeuvrant "dans l'intérêt du marché financier américain en France", avec le soutien "d'un très riche lobby gay" selon les termes de Sputnik pendant la campagne présidentielle française.


Pas rancunier, le Macron, malgré les couleuvres avalées. On espérait que la France et l'Europe, faisant preuve d'un peu de courage, arrêtent les condamnations verbales - si inutiles qu'elles en deviennent ridicules- , et passent aux actes. Par exemple en soutenant militairement l'Ukraine en guerre face à la Russie qui l'a agressé et trahi, violant à peu près tous les traités qu'elle avait pourtant signés. C'est l'inverse : ils disent pour la énième fois leur préoccupation et ne font rien !
Rien n'est fait, et rien ne sera fait. Poutine peut poursuivre ses exactions tranquillement. Le business continue de plus belle ! 

Z' ont beaucoup rigolé dans les salons dorés de Persbourg. Par exemple, tout heureux de participer à l’événement, le patron du Medef Pierre Gattaz a offert un cadeau au président Vladimir Poutine, « un petit coq bleu, symbole de l’industrie française ». « Il faudrait y ajouter un aigle à deux têtes [symbole de la Russie] », a plaisanté le chef du Kremlin, déclenchant les rires de la salle. Z'ont dit beaucoup de choses. (...) Mais un mot aura été le grand absent de toute la réunion, même s’il était dans tous les esprits. Celui des « sanctions » dont la Russie fait l’objet depuis l’annexion de la Crimée en 2014 et le début du conflit dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, entre séparatistes pro-russes soutenus par Moscou et forces loyales à Kiev. (...) Pendant ce temps, tout à côté, dans le hall réservé aux régions de Russie, la Crimée, la péninsule ukrainienne annexée, tentait de séduire les investisseurs étrangers avec de beaux dépliants. (LeMonde)

A vomir. Si c'est ça l'Europe, on n'en veut pas.
Ah ... Mais attention, comme expliqué dans Le Monde , Macron a évoqué le cas de deux prisonniers , et rencontré des militants des droits de l'homme. ça coûte rien et ça permet de remplir quelques lignes sur la question dans les journaux.
Mais que Poutine se rassure, l'appel au boycott de la coupe du monde de football est passé aux oubliettes : Macron, fièrement, a dit qu'il reviendrait en Russie assister à un match de football si la France se qualifiait en quart de finale (LeJDD) !
Que Poutine se rassure ! Si Macron parle (un peu) des sujets qui fâchent , tous ses actes vont dans le sens de la Russie. Les mots et les actes, ça fait deux. Macron et l'humanisme, ça fait deux. De gros contrats signés alors même que l'UE a prolongé les quelques petites sanctions pour amuser la galerie. De l'argent, donc, pour le pays qui agresse l'Ukraine et aucun soutien autre que verbal pour le pays qui se défend.

Lorsqu'on entend l'UE , Merkel, et consort , faire des remontrances à des pays comme la Hongrie ou la Pologne parce que ceux-ci ne respectent pas l'Etat de droit , et que ces mêmes donneurs de leçons vont sans problème signer de gros contrats avec la Russie - malgré les sanctions et malgré la violation non seulement de l'Etat de droit mais aussi du droit international - , on croit rêver. Et c'est un très mauvais rêve.















Note 1 :
Emmanuel Macron veut "ancrer dans l'Europe" la Russie de Vladimir Poutine (France24). Pour mémoire, c'est ce qui avait déjà été tenté avant l'annexion de la Crimée. Par exemple en multipliant les échanges avec la Russie, par exemple en fermant les yeux sur la Tchétchénie, par exemple en fermant les yeux sur la Géorgie, par exemple en faisant participer la Russie à des programmes avec l'OTAN etc etc. Il faut le redire. L'Occident pensait qu'en faisant cela, les méthodes occidentales allaient se diffuser en Russie. Celle-ci deviendrait plus démocratique, plus respectueuse des droits de l'homme. C'est l'inverse qui s'est produit : les méthodes russes (désinformation, corruption,...) se sont diffusées en occident.
Alors le blabla de Macron est vraiment décevant. J'avais un peu confiance en lui. Ce fut une erreur.

Note 2 :
Macron veut "ancrer la Russie" dans l'Europe ? La Russie, qui n'est pas européenne comme il le prétend, mais eurasiatique ; elle a déjà son projet et son union (l'Union Eurasiatique). Ce que veut la Russie, c'est dominer. Pas "être ancré. Pourquoi Macron fait-il semblant d'ignorer ce fait ?

Note 3 :
Si l'Europe qui se dessine est une Europe compatible avec les méthodes et "valeurs" russe - je dirais même "une Europe à la botte de l'Etat mafieux russe" , alors il va falloir y mettre fin rapidement, à cette Europe !







VIII A vomir ! *


(* Petite référence aux mots inappropriés du porte-parole de LREM à l'égard de l'Italie ... En revanche pas un mot sur la messe médiatique célébrant les jeux de Poutine ! Cherchez l'erreur)
Le mondial de football en Russie : fric et blingbling à gogo 
(et ne surtout pas parler de ce qui fâche)


J'espère qu'il y aura de très nombreuses tribunes dans tous nos grands quotidiens pour condamner ce spectacle obscène qu'est le Mondial de football 2018 en Russie. Qu'au moins, il y ait quelques voix discordantes qui puissent faire les gros titres des journaux. J'en doute. Trop d'argent en jeu.
Je compilerai ici les meilleures tribunes que je trouverai dans les grands médias français.

1) En participant à la Coupe du Monde, nous blanchissons les crimes de Poutine (Tribune de Nicolas Tenzer, parue dans le Huffington Post)
2) Coupe du monde : ne soyons pas complices de la mascarade russe (Tribune de Raed al-Saleh, parue dans Libération)
3) La Coupe du monde est l'outil de propagande ultime de Poutine, pensez-y quand vous la regardez (Tribune de Oleh Shamshur, parue dans le Huffington Post)
4) L'extermination de milliers de chats et de chiens à l'occasion du Mondial. Ils auraient pu "gêner" le bon déroulement de Coupe du Monde de Football... (peu d'info à ce sujet dans les médias. La Fifa, qui organise la Coupe du monde, a envoyé un communiqué aux associations de défense des animaux : "Nous avons reçu beaucoup de lettres, mais nous avons tant de choses à faire que nous en prenons note sans pour autant pouvoir vous aider."  CI)
5) Au sein des formations politiques, seuls Les Verts (cf lettre ouverte de Rebecca Harms) ont appelé en avril les gouvernements européens à boycotter la Coupe du monde en Russie. Hélas, sur ce sujet comme sur nombreux autres, Les Verts n'ont pas été entendus.
6) "Libérez Oleg Sentsov !", par Geneviève Brisac, Cyril Dion, Maylis de Kerangal et Delphine de Vigan. Tribunes de plusieurs écrivains, parues dans L'Obs
7) « Monsieur Macron, conditionnez votre visite en Russie à la libération d’Oleg Sentsov ». par Michel Eltchaninoff  , dans LeMonde  (c'est bien d'y croire)
8) « Monsieur Macron, montrez que la France fait tout son possible pour sauver Oleg Sentsov »   (tribune parue dans Le Monde, d'un collectif de réalisateurs, parmi lesquels Michel Hazanavicius, Bertrand Tavernier et Cédric Klapisch)
9) Le courage est venu non pas de notre Francis -Lecollabo-Lalanne  national , non pas de Frédéric Tadéï qui travaille désormais pour Russia Today (Quel "rebelle", ce Tadéï. On est époustouflé !) ,  mais d'un groupe russe, les "pussy riots" :  un homme, Piotr Verzilov, et trois femmes — Olga Kouratcheva, Olga Pakhtousova et Veronika Nikoulchina —, bien décidés à attirer l’attention sur les atteintes aux droits humains en Russie. Trois d’entre eux ont parcouru quelques mètres sur le terrain ; la quatrième a été attrapée sur la touche... Lemonde . Noter qu'à l'occasion de la rencontre Trump-Poutine à Helsinki, des Ukrainiens et des Russes venus de Saint-Pétersbourg ont fait cause commune pour exiger la libération du cinéaste ukrainien Oleg Sentsov. Le Pen Club américain n’a pas été en reste, avec une grande banderole portant cette même revendication (Lemonde) . Quinze jours de prison pour les Pussy Riot après leur intrusion lors de la finale du Mondial (Lemonde, le JDD )
10) Noter les beaux gestes de Mbappé : son "high five" avec une Pussy Riot pendant la finale (L'Obs) - des images que TF1 a oublié de nous montré -  ; le don de ses gains à l'association Premiers de cordée dont il est le parrain, qui aide à l'insertion sportive des enfants hospitalisés (L'Obs). Noter , aussi,  le comportement lamentable de nos "supporteurs" avinés et/ou de nos poutiolâtres lâches ou incultes.
11) AOUT2018. Mieux vaut tard que jamais : Macron demande à Poutine une «solution humanitaire» pour sauver le réalisateur Sentsov Lefigaro
Il a déjà plaidé plusieurs fois en faveur d'Oleg Sentsov auprès de son homologue russe. Il lui en avait parlé en mai lors de leur rencontre à Saint-Pétersbourg, mentionnant le sujet devant lui, puis lui avait adressé un courrier pour "lui faire part de sa vive préoccupation sur l'état de santé du cinéaste et lui demander de réagir rapidement". Challenges
 12) En MARS2018. Nicolas Tenzer plaidait pour 3 décisions pour contrer le danger russe et mettre fin à la faillite stratégique des démocraties. Intransigeance diplomatique, refus d'accords économiques, boycott de la coupe du monde de football: c'est ainsi que le monde libre doit empêcher la Russie de détruire nos principes démocratiques.HP
Les pays de l'UE n'ont rien fait, une fois de plus. Poutine a toutes les raisons de se réjouir, et a toutes les raisons de poursuivre sa guerre à l'Europe.



1) En participant à la Coupe du Monde, nous blanchissons les crimes de Poutine 
(par Nicolas Tenzer, professeur à Science Po, président du CERAP)
Imaginer que des dirigeants démocratiques puissent assister aux cérémonies et trinquer au champagne avec un dirigeant responsable de massacres massifs dépasse la décence.

Ainsi donc, le boycott de la Coupe du Monde en Russie n'aura pas lieu. Nous y avons appelé, souhaitant un boycott total qui aurait été l'occasion pour les dirigeants des démocraties d'expliquer à leurs opinions les crimes commis par le régime de Poutine. Beaucoup ne l'ont pas assez fait, prenant le risque d'accréditer l'idée que la Russie actuelle est une puissance comme une autre.

Certains, sur la Coupe du Monde, ont opéré une comparaison avec les Jeux Olympiques de Berlin d'août 1936. Comparaison n'est certes pas raison et les références au régime nazi sont sujettes à caution. Déjà alors, diverses organisations avaient appelé au boycott tandis que les Etats-Unis n'avaient pas mis leur menace à exécution.


En août 1936, la persécution des juifs avait déjà commencé, sans atteindre certes la dimension qu'elle eut par la suite. Le régime était déjà totalitaire et avait supprimé toutes les libertés. Les lois raciales de Nuremberg (15 septembre 1935) avaient été édictées. Les premiers camps de concentration, Dachau, Sachsenhausen, Buchenwald et Lichtenburg avaient été ouverts, principalement destinés aux détenus politiques allemands. La remilitarisation de la Rhénanie avait eu lieu le 7 mars 1936. Mais ni les bombardements de l'aviation nazie sur Guernica (mars 1937), ni l'Anschluss (mars 1938), ni la Nuit de Cristal (novembre 1938), ni l'annexion des Sudètes (septembre 1938) et l'invasion de la Tchécoslovaquie (mars 1939) ne s'étaient encore produits –ni la guerre, ni la Solution finale.

En juin 2018, le régime russe a déjà annexé la Crimée, où sévit une répression brutale notamment contre la minorité Tatar, et envahi une partie de l'Ukraine dans une guerre faisant plus de 10.000 morts et 2 millions de déplacés à 3 heures de Paris. Elle détient en otage environ 70 prisonniers politiques ukrainiens. Ce régime a commis des crimes de guerre documentés en Syrie et ceux-ci ont continué en ce début du mois de juin. Dès 2008, elle a annexé deux régions de la Géorgie. Ne parlons pas de l'assassinat de dissidents, journalistes d'investigation, défenseurs des droits et personnes homosexuelles en Russie même, ni du meurtre des 298 passagers du vol MH17 abattu par un missile russe tiré par une unité de l'armée russe. Nous en connaissions moins en 1936 sur Hitler que nous n'en savons aujourd'hui sur Poutine. Rares étaient ceux qui, en 1936, alertaient sur une guerre pourtant inéluctable. Quant au mal absolu que fut la Shoah, il était littéralement inconcevable. Arrêtons-là la comparaison.

Imaginer dans ces conditions que des dirigeants démocratiques puissent assister aux cérémonies d'ouverture de la Coupe du Monde ou à certains matchs, admirer les feux d'artifice et trinquer au champagne avec un dirigeant responsable de massacres massifs, de milliers de morts, y compris femmes et enfants, dépasse le sens commun et, pour tout dire, la décence. Certains parlent alors de Realpolitik. Il faut sans doute vivre dans un univers parallèle, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien lire, pour espérer obtenir du Kremlin quelque avancée en matière de sécurité et de droit. Ce n'est pas du réalisme, mais le signe d'une incompréhension stratégique en même temps qu'une injure au droit international que nous cherchons à défendre par ailleurs. C'est ne pas saisir la manière dont la propagande du Kremlin va utiliser ces jeux et, plus encore, la présence de dirigeants occidentaux. Elle fera à coup sûr valoir que le régime est respectable et que ses crimes ne sont pas assez graves ou, pire encore, assez importants aux yeux de ceux-ci pour qu'une participation ne soit pas pour eux inenvisageable.

Au-delà de la Russie et de la Coupe, cette mise de côté du crime soulève des questions qui touchent à la nature de nos démocraties et à l'esprit public de nos sociétés. Certains affirmeront que la mise de côté ne signifie ni oubli ni refus de la justice. Mais comment ne pas voir, dans l'affirmation implicite qu'un jeu est d'un poids plus grand que le crime, une forme de relégation du meurtre d'Etat dans les catégories secondaires du politique? La conscience historique et politique d'une société se structure au moyen de hiérarchies de principes et de valeurs. Elle se construit sur la base de repères symboliques produits par ceux qui incarnent d'une certaine façon la nation. Elle se bâtit par la conscience progressive des limites et des absolus. Quand le crime est relativisé, il tombe dans l'insignifiance, produisant l'indifférence et la superficialité des engagements publics.

Quand une société voit se détruire la conscience des crimes et lorsqu'elle peut vaquer à ses occupations comme si de rien n'était, sans s'arrêter un moment pour seulement penser ce qui doit l'atteindre au plus profond d'elle-même, elle s'abstrait du monde et de l'histoire. Plus encore que les crimes, leur inconséquence en termes d'action finit par détruire la pensée elle-même. Le crime n'est plus balancé par le châtiment et l'on se réfugie dans le cirque quand les barbares sont aux portes de Rome. Le couvercle étant posé sur le crime, c'est la menace aussi dont on propage l'oubli et dont le crime était le signe. La décence est un concept moral, celui dont nulle société et nul dirigeant ne peuvent s'abstraire sans saper la confiance entre les citoyens et le contrat dont le représentant de tous est dépositaire. C'est également un concept politique. Sans décence, il n'est plus d'interdit. Dès lors, il n'est plus de loi incoercible ni au niveau national ni sur le plan international.

Revenons au régime russe. Ce qu'entend accomplir Poutine –en ce sens nous avions qualifié la Russie actuelle de menace systémique– consiste à détruire les principes mêmes de l'ordre international et notamment la valeur que nous accordons aux règles de droit, notamment droits de l'homme et droit humanitaire. Il demande une forme d'impunité pour ses crimes afin de montrer qu'ils sont sans conséquence et que les droits sont habités d'un relativisme absolu dans leur application et, partant, dans leur valeur. Pour cette raison, il attaque les principes mêmes de la démocratie libérale avec l'intention propre à tout régime autoritaire: détruire l'individu singulier doté de la faculté de penser et éradiquer cette pensée même, singulière, qui porte la conscience du crime. Les récits portés par la Russie sur l'humiliation et la "nécessaire compréhension" ne sont que les habits usés de sa propre légitimation afin d'affaiblir notre résolution et notre compréhension. L'invocation d'intérêts et l'insistance du régime sur sa stratégie territoriale ne sont qu'une manière d'occulter la nature idéologique de son combat.

En assistant à sa Coupe du Monde, on le conforte dans son projet de destruction tout en blanchissant ses crimes. Avec la fin de notre décence, on signe un acte de capitulation stratégique.

HP

Nicolas Tenzer est Président du Centre d’étude et de réflexion pour l’action politique (CERAP), professeur à Science Po, conférencier international sur les questions géostratégiques et l’analyse des risques politiques, auteur de trois rapports officiels au gouvernement, dont deux sur la stratégie internationale, et de 21 ouvrages, notamment de Quand la France disparaît du monde, Paris, Grasset, 2008, Le monde à l’horizon 2030. La règle et le désordre, Perrin, 2011 et La France a besoin des autres, Plon, 2012.





2) Coupe du monde : ne soyons pas complices de la mascarade russe 
(Par Raed al-Saleh Chef de la Défense civile syrienne -Casques blancs- )
Comment a-t-on pu offrir à Poutine une telle récompense médiatique mondiale après le rôle tenu par la Russie en Syrie ?

La Coupe du monde, qui commence cette semaine en Russie, est une mascarade pour nous tous. Depuis jeudi, Vladimir Poutine, l’homme à la tête du gouvernement qui a le plus endommagé l’ordre international que n’importe quel autre depuis des décennies, sera l’hôte du plus grand événement sportif du monde.

L’homme qui a passé des années à soutenir et armer le régime brutal de Bachar al-Assad, à s’emparer par la force du territoire d’un pays voisin et interférer dans nos élections, va briller au sein d’un tournoi sportif probablement obtenu grâce à des pots-de-vin.

On dit que le football rassemble et que la Coupe du monde devrait être un moment de fête où les fans du monde entier applaudissent leurs équipes. Mais qu’en est-il lorsque le football est utilisé pour masquer subterfuges, atrocités et corruption à une échelle sans précédent ?

Ceux qui suggèrent que la politique devrait être tenue à l’écart du sport ont la mémoire courte. Ils oublient que le Président Poutine a lui-même présenté la candidature russe à l’organisation de la

Coupe du monde – une candidature si problématique qu’elle fait encore aujourd’hui l’objet d’une enquête, huit ans plus tard. Ils oublient que tout au long de l’histoire, les autocrates ont instrumentalisé de tels événements sportifs. Il s’agit de moments rares, c’est l’occasion de donner une image positive sur la scène mondiale et, en l’occurrence, pour la Russie aujourd’hui, on peut y voir une récompense pour sa belligérance.

La mascarade était déjà prévisible en 2010, le jour où la Russie s’est vue offrir l’organisation du tournoi malgré un nuage de suspicions, lorsque Vladimir Poutine a énoncé les valeurs autour desquelles il voulait que la Coupe du Monde se fasse : «fair-play, tolérance [et] honneur.»
Pour Poutine, la Coupe du monde est «un tournoi de rêves […] pour mettre en valeur les réalisations du pays avec le monde comme spectateur». Pendant ce temps, en Syrie, où les agissements de Poutine ont permis au régime en place de commettre des atrocités contre des civils, il n’y a aucune raison de rêver.

L’offensive contre la Ghouta orientale, près de Damas, a récemment choqué le monde entier. Avec un cynisme et un mépris pour l’ordre international qui auraient dû être choquants, mais ne sont malheureusement que trop récurrents, la Russie a voté en faveur d’une résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu humanitaire afin de venir en aide aux populations affectées, pour malgré tout continuer à soutenir l’assaut brutal des forces du régime. Et les combats ne sont pas près de s’arrêter : on compte depuis le début de l’année plus de personnes ayant dû fuir leur foyer que depuis le tout début du conflit. A Idleb, alors que les Syriens rompaient leur jeûne du ramadan, les militaires russes ont lancé une attaque en deux temps, tuant 44 personnes, dont 6 enfants.

Ce jeudi, alors que les chefs d’Etat et de gouvernement serreront la main du Président Poutine pour le féliciter d’accueillir le «plus grand spectacle sur Terre», nous devons tous nous souvenir des images d’enfants empoisonnés au cours de la dernière attaque chimique à Douma. Les enfants qui se sont noyés en Méditerranée tentant d’échapper aux ravages que la Russie a causés en Syrie. La destruction des maisons et des stades, les personnes âgées baignant dans le sang, les familles de réfugiés traversant des frontières hostiles. Et plutôt que de se laisser aveugler par les projecteurs des stades, nous devrions voir clairement le rôle joué par la Russie dans ces tragédies.

Ces chefs d’Etat et de gouvernement devraient sérieusement considérer les conséquences de leurs mondanités avec un homme qui n’a aucun respect pour leurs sociétés démocratiques, pluralistes et ouvertes. Un homme qui referait tout l’ordre du monde à son image si l’opportunité se présentait, et pour qui ce moment de gloire et de légitimation pourrait bien en être le premier acte.

Raed al-Saleh Chef de la Défense civile syrienne (Casques blancs) . Libération







3) La Coupe du monde est l'outil de propagande ultime de Poutine, pensez-y quand vous la regardez
(par Oleh Shamshur, Ambassadeur d'Ukraine en France)

Alors que la Russie construisait des stades et des hôtels pour se préparer à l’accueil de la Coupe du Monde de football, son armée et ses mercenaires tiraient sur des civils et soldats ukrainiens.

Le 14 juin la Coupe du Monde de football commence en Russie. C'est la première fois que la compétition aura lieu sur deux continents, en Europe et en Asie. À première vue, c'est un aspect très symbolique et réunissant, car le football, comme tous les sports, unit les continents, les pays et les gens. Ce serait également le cas si la coupe ne devenait pas l'otage de l'agression et de l'illégalité.
Le sport aussi bien que la culture devrait être hors politique. "Devrait", voilà le mot-clé. Tout comme dans l'axiome disant que "les états doivent respecter le droit international, la Déclaration universelle des droits de l'homme". Ils sont obligés de le faire, sans aucune exception. Mais ceux qui négligent le droit international ne le font pas. Ce gouffre qui sépare les notions de "devraient" et "ne le font pas" représente la quintessence de la politique étrangère menée par la Russie, qui devrait respecter les dispositions du Mémorandum de Budapest, l'intégrité territoriale de l'Ukraine et les accords de Minsk... Mais la Russie ne fait rien de tout cela, elle manipule et marchande, elle élabore de nouveaux schémas cyniques, elle mène une guerre hybride.
Moscou utilise l'ouverture inhérente à la démocratie occidentale: la liberté d'expression et la volonté d'écouter tous les arguments, sans pour autant se départir des valeurs fondamentales. Elle manipule l'Occident en invitant des élus, des fonctionnaires, des dirigeants de diverses associations à visiter les territoires occupés de la Crimée pour coopérer directement avec les autorités d'occupation. Mais est-ce possible et légal de visiter la péninsule arrachée à l'Ukraine, et qui est devenue la terre de l'illégalité, des harcèlements des Tatars de Crimée et Ukrainiens, de la violation des droits de l'homme fondamentaux?
Lors de l'annexion de la Crimée, cinquante personnes ont été kidnappées, 19 sont toujours portées disparues et les corps de six d'entre eux ont été retrouvés avec des signes de torture. De nos jours, la répression frappe de plus en plus la péninsule occupée. Aujourd'hui 60 Ukrainiens et Tatars de Crimée sont illégalement emprisonnés en Russie. Parmi eux Oleg Sentsov, le cinéaste ukrainien, incarcéré dans le Goulag russe et qui fait la grève de la faim depuis le 14 mai.
Alors que la Russie construisait des stades et des hôtels pour se préparer à l'accueil de la Coupe du Monde de football, son armée et ses mercenaires tiraient sur des civils et soldats ukrainiens et menaient des attaques sanglantes, détruisaient systématiquement les habitations et l'infrastructure du Donbass. Presque 11.000 morts, 23.000 blessés, 2,3 millions de personnes déplacées au sein de l'Ukraine – tel est le tragique bilan de la guerre déclenchée et menée par la Russie contre le peuple ukrainien.
La dernière conclusion des enquêteurs internationaux sur l'avion "Malaysia Airlines", abattu dans le ciel du Donbass par un missile russe, devrait pousser les gens à réfléchir davantage au sujet des funestes conséquences de l'action de la Russie dans le Donbass, non seulement pour les Ukrainiens mais aussi pour les citoyens d'autres pays.
Dans ces circonstances, plus que jamais, la Coupe du Monde est devenue un outil de propagande, un évènement qui devrait créer pour des millions de fans l'image de la Russie, pays des merveilles, en cachant habilement que ce pays - la partie invitante de cette fête mondiale de football - continue à tuer, à détruire et à manipuler.
Telle est la vérité, soit-elle gênante et encombrante, mais avant d'acheter un billet, et avant de prendre l'avion pour la Coupe du monde, il faut bien y réfléchir.

Oleh Shamshur, Ambassadeur d'Ukraine en France, HP



4)
Poutine, l'ami des bêtes ? D'après les ridicules photos diffusées par ses services de propagande, oui. La réalité est tout autre :
- Des milliers de chiens et de chats abattus en Russie en vue de la Coupe du monde de foot. Une mesure barbare orchestrée par le gouvernement Terrafemina   Lefigaro 
Ce genre de massacre était déjà en plan en 2014, quand la Russie se préparait pour les Jeux olympiques de Sotchi FranceTVinfo     Lemonde



- Les ours. Une nouvelle enquête révèle menée par One Voice révèle qu'en Russie, des ours sont capturés, enchaînés et livrés à des chiens dont on teste les aptitudes pour la chasse. Un véritable cauchemar pour les ours, mais aussi pour d'autres animaux sauvages qui connaissent une souffrance comme rarement les enquêteurs de la cause animale ont pu en voir. Retour sur ses pratiques barbares d'un autre âge. Notreplanèteinfo




5) Les Verts, seule formation politique ayant appelé à un boycott de la Coupe du monde.
>>> AVR2018. Les Verts appellent à un boycott de la Coupe du monde en Russie.
Rebecca Harms, experte de l’Europe de l’Est pour le groupe des Verts au Parlement européen, est à l’origine d’une lettre ouverte appelant les gouvernements à garder leurs distances avec la Coupe du monde qui se déroule en Russie, en juin.
Rebecca Harms, experte de l’Europe de l’Est pour le groupe des Verts au Parlement européen, est à l’origine d’une lettre ouverte appelant les gouvernements à garder leurs distances avec la Coupe du monde qui se déroule en Russie, en juin.
60 membres du Parlement européen issus de 16 États membres et de cinq différents groupes politiques (Verts/ALE, PPE, S&D, ALDE et CRE) soutiennent l’appel de Rebecca Harms, eurodéputée allemande, qui veut boycotter la Coupe du monde en Russie.
La lettre indique que l’empoisonnement d’un ancien espion russe au Royaume-Uni le mois dernier « est le dernier chapitre de la raillerie de Vladimir Poutine envers les valeurs européennes ».
Le Royaume-Uni accuse la Russie d’avoir empoisonné Sergei Skripal et sa fille, Yulia, avec un agent neurotoxique – une accusation que Moscou rejette en bloc.
La lettre fait également référence aux « bombardements aveugles d’écoles, d’hôpitaux et de zones civiles en Syrie ; à l’invasion militaire violente en Ukraine ; aux piratages systématiques ; aux campagnes de désinformation ; à l’ingérence dans les élections et à la tentative de déstabilisation de nos sociétés et d’affaiblissement et de division de l’UE ».
« Tout cela ne fait pas de la Russie un bon hôte pour la Coupe de monde », indique-t-elle. « Alors que le sport peut aider à construire des ponts métaphoriques, tant que Poutine continuera de faire exploser de vrais ponts en Syrie, nous ne pourrons pas prétendre que cette Coupe du Monde est un événement sportif comme un autre. »
Rebecca Harms a déclaré le 20 avril que Vladimir Poutine était responsable de l’occupation et de la guerre en Ukraine. « Il soutient la brutale dictature du bourreau qu’est Bachar Al Assad. L’armée russe est responsable de crimes de guerre effroyables en Syrie […] Tant qu’il soutiendra les extrémistes de droite et les partis anti-démocratiques dans l’UE et qu’il essaiera de s’immiscer dans les élections, ce ne sera pas un hôte amical. Les gouvernements démocratiques ne devraient pas contribuer à l’image que poutine se donne de lui-même: un dirigeant fort et tout puissant. »
L’eurodéputée écologiste rappelle que personne ne devrait oublier que l’armée russe s’est mise à occuper la Crimée seulement trois jours après la fin des Jeux olympiques d’hiver à Sochi, le 23 février 2014. « Cela montre bien la conception qu’il avait il y a quatre ans de l’entente mutuelle entre nations. » Euractiv


6) "Libérez Oleg Sentsov !", par Geneviève Brisac, Cyril Dion, Maylis de Kerangal et Delphine de Vigan.
Pendant que la Coupe du Monde bat son plaine, le cinéaste ukrainien, emprisonné en Sibérie, est en grève de la faim depuis plus de 50 jours. Ses jours sont en danger.

"Le silence est le pire des crimes", par Geneviève Brisac
OLEG SENTSOV !
Release Oleg Sentsov, libérez Sentsov,
De partout sur la terre monte une clameur,
Release Oleg Sentsov, libérez Oleg Sentsov.
Une clameur j’exagère. La clameur que l’on entend, c’est plutôt celle des supporters venus du monde entier soutenir leurs équipes nationales sous le soleil de Kazan, sur les pelouses de Moscou.
ais si, c’est une clameur, quand même. Un petit torrent de voix indignées. Les voix d’écrivains qui savent le prix de la liberté d’expression, et les dangers que courent les créateurs partout et en particulier au pays de Vladimir Poutine. Les voix des collègues cinéastes d’Oleg Sentsov, les voix des représentants d’Amnesty International, mais aussi celles de J.M. Coetzee, de Margaret Atwood, de Herta Müller et de Salman Rushdie, de Wim Wenders et de Patti Smith, d’Art Spielgelman et de Alexander Sokhourov, de Stephen King, de Agneszka Holland, de Jay McInerney, et de Ken Loach, de tant d’autres, de tant d’autres.
Un cinéaste se meurt, disent-ils. Release Oleg Sentsov. Libérez Oleg Sentsov.
Des voix peuvent elles empêcher un crime?
En France, je lis  Christiane Taubira, Marie Darrieussecq , Philippe Claudel : leurs mots me font trembler. Un jeune cinéaste ukrainien est en danger de mort. Une grève de la faim devient une menace pour la vie après quarante jours. Le corps alors s’épuise. Le jeune homme vient de franchir les cinquante jours. Philippe Claudel se souvient de la mort de Bobby Sands dans les geôles de Margaret Thatcher. Nous l’avons laissé mourir.
Tandis que les flons-flons se déchaînent, et que le peuple s’amuse, un homme se meurt.
Un homme extraordinaire, dont je voudrais ici répéter les mots.  
Face aux juges qui l’accusaient d’avoir fomenté un attentat contre la statue de Lénine à Simféropol, au moment du verdict qui l’accablait, vingt ans de prison en Sibérie, dans un quartier de haute sécurité, il a pris la parole.
C’était le 20 Août 2015. Il a cité Boulgakov. La lâcheté, - il a dit couardise, cowardice en anglais - est le pire des crimes de l’être humain. Il faut apprendre à ne pas avoir peur.
Il a félicité le Kremlin et ses troubadours pour leur si bonne propagande et plaint les hommes qui ont témoigné contre lui par peur et sous la torture.
Le calme, la lumière qui émanaient de cet homme armé uniquement de ses mots et de son intelligence, de son courage et de sa fierté sont inoubliables.
Oleg Sentsov, ce jeune cinéaste de quarante et un ans dont le destin a pris un tour tragique à la suite des événements de Maïdan, à la suite de ce mouvement pour la liberté et contre la corruption qui a secoué l’Ukraine et l’a menée à affronter la Russie, sait ce que signifie la lutte d’un individu contre la machine d’Etat, contre la raison d’Etat, contre le nouveau tsar.
La lâcheté est le pire des crimes.
Libérez Oleg Sentsov, release Oleg Sentsov.
Que de partout monte la clameur, mille fois amplifiée, cent mille fois répétée, que ce nom soit sur toutes les lèvres. Le silence est le pire des crimes.
Geneviève Brisac

"Comment nous pouvons laisser cet homme à son sort", par Cyril Dion
Je ne connais pas Oleg Sentsov autrement que par ce que la presse en dit. Ce que je sais est qu’il est réalisateur, ukrainien, qu’il s’est battu pour le rapprochement de l’UE et de son pays, contre l’annexion russe de la Crimée et que pour cela, il est en train de mourir dans une geôle russe, où il a été condamné à 20 ans d’emprisonnement, après plus de 45 jours de grève de la faim.
La presse internationale s’accorde à dire qu’il a fait l'objet d’un simulacre de procès. Qu’il a fait les frais de son engagement anti-russe. Que les charges pour terrorisme ont été fabriquées de toutes pièces. Oleg Sentsov demande la libération de ses 70 compatriotes qui ont été emprisonnés pour les mêmes motifs.
Je n’arrive pas à m’enlever ces images de la tête et me demande comment nous pouvons laisser cet homme à son sort. Alors que nos yeux sont tournés vers la Russie jusqu’au 15 juillet, je crois que nous devrions tous appeler à la libération d’Oleg Sentsov et de ses camarades, vite. Il en va de la liberté. Et la défendre aujourd’hui pour les autres est une façon de la défendre pour nous demain. 
Cyril Dion

"Stars et luciole", par Maylis de Kerangal
Le chrono tourne. Il tourne dangereusement pour Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien, militant du Maïdan, condamné en 2014 à purger vingt ans de prison pour complicité de terrorisme à l’issue d’un procès truqué, Oleg Sentsov qui a entamé ce matin son cinquante-troisième jour de grève de la faim.  
Le chrono tourne aussi sur les stades de foot russes. Les projecteurs du monde entier sont braqués sur les pelouses, ils illuminent le jeu, ils captent l’émotion — la houle phénoménale de l’émotion mondiale. Si puissants qu’ils relèguent le reste du pays dans l’ombre, le maintiennent en hors champ, et dans ce pays la Sibérie, et en Sibérie cette prison où Oleg Sentsov n’a sans doute plus la force de clamer son innocence mais continue de s’affamer afin qu’on lui rende justice, déterminé à aller jusqu’au bout.
La coupe du monde de foot ne saurait être que le braquage de la ola planétaire, qu’un temps de jouissance collective, une fiesta aveuglante, assourdissante, gorgée de passion, de sueur et de fric, déconnectée du sol où elle a lieu: elle est aussi un fantastique instrument d’optique, une caisse de résonance incomparable, une occasion en or.
Kylian, Antoine, Neymar, Edison, Sergio, vous les joueurs, vous les stars, vous qui ces jours-ci êtes au centre du monde, vous qui portez librement vos couleurs sans courir le risque d’être arrêtés, battus, torturés, puis jetés en prison, vous qui êtes l’objet d’une attention cosmique, filmés, écoutés, chacun de vos gestes diffusé par des satellites qui tournent à plein régime, chacune de vos paroles recueillie, analysée, répercutée sur les ondes et les réseaux, vous que j’aime tant regarder jouer — la grâce et la rage, la vaillance — , et vous aussi commentateurs, journalistes, sponsors qui êtes pris dans ce même rayonnement, qui êtes aux commandes des projecteurs, qui choisissez où diriger ces faisceaux éclairants, où placer les micros  :  vous avez le pouvoir de dévier ne serait-ce qu’une infime part de cette lumière afin qu’elle touche Oleg Sentsov, luciole de résistance coupée du monde, vous êtes de mesure de faire le pressing, de défendre et de contrer.  
Le chrono tourne. Il s’affole. Il est urgent de libérer Oleg Sentsov.
Maylis de Kerangal

 "J’essaie de croire qu’il est encore temps", par Delphine de Vigan
Mon fils est né le 12 juillet 1998, jour de la victoire de la France en coupe du Monde. Il y a quelques jours, nous avons regardé ensemble un documentaire sur cette journée. La chronique - heure par heure- de cette victoire, et de la joie phénoménale, explosive, qui s’ensuivit. Je me disais que c’était important, pour mon fils, de savoir qu’il était né un jour de liesse populaire. Un jour où les gens dansaient et s’embrassaient dans la rue. Un jour où l’on se promettait de savoir vivre ensemble… Mon fils a reçu dans son berceau un ou deux FootiX, petite peluche emblématique de ce Mundial organisé à Paris. On lui promettait un avenir de footballeur.
Dans quelques jours, mon fils aura 20 ans. Il s’intéresse à l’histoire et à la géopolitique. Assez peu au football, beaucoup à la Russie. On dit parfois que les jeunes ne s’intéressent à rien, ce n’est pas vrai. Les jeunes perçoivent les dangers du monde et ils ont peur de Vladimir Poutine.
Dans quelques jours, alors que la coupe du Monde bat son plein en Russie, mon fils découvrira peut-être qu’un cinéaste ukrainien nommé Oleg Sentsov est mort dans une prison de Sibérie, après une longue et atroce grève de la faim. Mort pour ses idées. Mort d’avoir protesté contre son propre emprisonnement et celui de soixante-dix autres prisonniers politiques.
Je dirai à mon fils que j’ai signé des pétitions, comme la plupart de mes amis. Que des artistes et des intellectuels du monde entier ont tenté de sauver Oleg Sentsov mais que Vladimir Poutine est resté sourd à leur supplique. Aujourd’hui, le 4 juillet, malgré l’état très critique dans lequel Oleg Sentsov se trouve, j’essaie de croire qu’il est encore temps et que cela n’arrivera pas. Qu’une si terrible nouvelle n’entachera pas le monde. Et que le 13 juillet, Oleg Sentsov fêtera ses 42 ans.
 Delphine de Vigan

Post-scriptum: la cousine d'Oleg Sentsov a pu le voir hier, jeudi 5 juillet. Elle est la première personne à lui rendre visite depuis des mois. 
«Oleg Sentsov est vivant, il poursuit la lutte, même si c'est très dur pour lui, a-t-elle déclaré à l'issue de cette rencontre. Il espère sincèrement que la libération est proche, et pas seulement la sienne. (...) Il demande de ne pas tout concentrer sur lui, de ne pas faire de lui le principal prisonnier politique, mais de diffuser les forces sur tous les prisonniers [ukrainiens]. Il a fortement vieilli et maigri. Nous avons abordé beaucoup de sujets. Cela a été dur de se séparer.» 
À noter : une pétition a été lancée par le festival «Un Week-end à l’Est» et «Les Nouveaux Dissidents». 

Marraine de cette demande de libération, Christiane Taubira relaie cet appel dans une vidéo
Geneviève Brisac, Cyril Dion, Maylis de Kerangal et Delphine de Vigan

Lire aussi :
>>> Un petit mort et puis s'en va, par Philippe Claudel.
Après Marie Darrieussecq, Boualem Sansal et Christiane Taubira, c'est au tour de Philippe Claudel de plaider pour Oleg Sentsov, ce cinéaste ukrainien qui meurt de faim en prison. Tribune. BibliObs
>>> "Pendant que le monde regarde le foot, Oleg Sentsov meurt de faim", par Marie Darrieussecq BiblioObs
>>> Comment peut-on aimer la Russie ? [il est vrai qu'avec une tête de con comme celle de Poutine représentante de ce pays, on peut se poser la question]
Rolin, Carrère, Volodine, Enard... Malgré les crimes de Staline et la menace Poutine, on ne compte plus les écrivains français qui restent fascinés par l'ex-URSS. Explications. Bibliobs
>>> Comment refuser de parler d'Oleg Sentsov ? Alors que la Coupe du monde de football bat son plein, le cinéaste ukrainien emprisonné en Sibérie a entamé une grève de la faim il y a plus de 50 jours. Il se trouve dans un état très grave. Par Philippe Forest. BibliObs
>>> Jonathan Littell : "Cher Oleg Sentsov, nous sommes nombreux à penser à vous".
(…) votre combat a un sens, bien au-delà du Cercle arctique, ou même de Moscou où tant de touristes naïfs, venus pour le football et la bière, ne savent même pas que vous existez, alors que c’est pour eux aussi que vous luttez. Nous, nous savons, et de la faible manière que nous pouvons, nous sommes à vos côtés. BibliObs
>>> Poème pour Vladimir Poutine et sa "légendaire humanité", par Anne-Marie Garat BibliObs
>>> "La fête du football devient obscène : Oleg Sentsov est puni d'un châtiment sans crime", par Christiane Taubira BibliObs
>>> Christiane Taubira : "Tandis que se vidait le stade Loujniki, Oleg Sentsov, lui…" Biblios
>>> "A l’heure où j’écris, Oleg Sentsov en est à son 67ème jour… Pour donner un ordre d’idée, à 66 jours, en 1981, Bobby Sands était déjà mort." Supplique à Emmanuel Macron, par Pierre Lemaitre, , prix Goncourt 2013 pour "Au revoir là-haut" Bibliobs


7) Michel Eltchaninoff : « Monsieur Macron, conditionnez votre visite en Russie à la libération d’Oleg Sentsov ».
Michel Eltchaninoff, cofondateur de l’association Les Nouveaux dissidents, dans une tribune au « Monde », appelle le président Emmanuel Macron à ne pas se rendre à Saint-Pétersbourg pour la Coupe du monde de football si le cinéaste Oleg Sentsov n’est pas libéré avant.
Tribune. Monsieur le président, pouvez-vous vraiment vous rendre en Russie ? Vous avez prévu d’assister mardi au match France-Belgique à Saint-Pétersbourg. La Coupe du monde de football est une fête magnifique. Et vouloir soutenir l’équipe de France est parfaitement légitime. Cependant ce séjour sonnerait comme une défaite politique et morale pour notre pays. Mardi 10 juillet, le cinéaste Oleg Sentsov, emprisonné en Sibérie, entamera, s’il est encore en vie, son 58e jour de grève de la faim.
Sa cousine, Natalia Kaplan, lui a rendu visite la semaine dernière. Oleg Sentsov parle encore. Il refuse que l’on s’apitoie sur son sort. Mais il suffit de regarder le visage de Natalia pour comprendre ce qu’elle a compris.
Une rhétorique de la faiblesse européenne
D’ici quelques jours, s’il n’est pas libéré, il connaîtra le sort de Bobby Sands, le nationaliste irlandais mort en 1981 après 66 jours de grève de la faim, et d’Anatoli Martchenko, dissident soviétique qui a succombé à une grève de la faim en 1986. Olef Sentsov est tout près de la mort maintenant.
Vous connaissez l’ampleur de la mobilisation en faveur d’Olef Sentsov, dans le monde, et tout particulièrement en France. Des romanciers, des philosophes, des cinéastes, des artistes, des dizaines de milliers de citoyens se sont engagés. Depuis quelques jours, nos écrivains publient chaque jour des textes pour appeler à sa libération. Vous avez vous-même évoqué son cas lors de votre dernière rencontre avec le président russe, à Saint-Pétersbourg. En vain. Si aucune initiative vigoureuse ne survient, Oleg Sentsov mourra en prison.
Dès votre première rencontre avec Vladimir Poutine, à Versailles, en 2017, vous avez parfaitement compris à qui vous aviez à faire. Il faut dire que l’ingérence du Kremlin dans la campagne électorale française vous avait averti. Depuis des années, le président russe déploie une rhétorique de la faiblesse européenne et démocratique. LeMonde
Hélas pas de réponse de celui qui le mois dernier multipliait les courbettes devant Poutine. Rien. Cet appel comme tant d'autres sera demeuré sans réponse. Conclusion? Macron est à dégager, lui aussi. La question est : existe-t-il des opposants sérieux à poutine en France ?


8) « Monsieur Macron, montrez que la France fait tout son possible pour sauver Oleg Sentsov »
Dans une tribune au « Monde », un collectif de réalisateurs, parmi lesquels Michel Hazanavicius, Bertrand Tavernier et Cédric Klapisch appelle le président de la République à faire son possible pour obtenir la libération de leur confrère, Oleg Sentsov, qui, le jour de la finale de la Coupe du monde à Moscou, en sera à son 63e jour de grève de la faim.
(...)
Monsieur le président, vous ne pouvez pas mettre dans la balance un match de foot, aussi important soit-il, et les fondements mêmes sur lesquels repose notre République. Ses fondements, comme ses valeurs.
Aller à Moscou, dimanche assister à la finale de la Coupe du Monde au côté du président Poutine, sans que soit fermement abordée la question des prisonniers politiques ukrainiens, serait une faute qui abîmerait longuement l’image de la France dans le monde.






9)
Un policier russe aux Pussy Riot : « Parfois, je regrette 1937 ». Après leur intrusion sur la pelouse où se jouait la finale de la Coupe du monde, quatre membres du collectif punk anti-Poutine ont été arrêtés. 
Une « splendide finale ! », s’est ému un internaute russe qui pensait moins à la victoire de la France sur la Croatie qu’à la performance des Pussy Riot. Vêtus d’uniformes semblables à ceux de la police, deux femmes et un homme du collectif punk anti-Poutine (ainsi nommé depuis 2011) sont parvenus à troubler quelques secondes la finale de la Coupe du monde, dimanche 15 juillet, en pénétrant sur la pelouse en plein milieu du match. Furtive, leur action spectaculaire n’en a pas moins fait le tour du monde, comme cette photographie saisie sur l’instant d’une Pussy Riot tapant dans les mains du joueur français Kylian Mbappé.

Ils étaient quatre, un homme, Piotr Verzilov, et trois femmes — Olga Kouratcheva, Olga Pakhtousova et Veronika Nikoulchina —, bien décidés à attirer l’attention sur les atteintes aux droits humains en Russie. Mais seuls trois d’entre eux ont parcouru quelques mètres sur le terrain ; la quatrième a été attrapée sur la touche. Dans un texte intitulé « le milicien entre en jeu » publié sur la page Facebook du collectif, le groupe fait allusion au sort d’Oleg Sentsov, le cinéaste ukrainien condamné à vingt ans de colonie pénitentiaire pour « terrorisme », et en grève de la faim depuis plus de soixante jours.

Se présentant comme des « policiers célestes », les Pussy Riot réclamaient la libération de tous les prisonniers politiques, la fin des arrestations et des affaires pénales « fabriquées » ou bien l’instauration du pluralisme politique. « Tandis que le policier céleste regarde gentiment les fans du championnat du monde, le policier terrestre se prépare à dissiper les rassemblements », écrivaient-ils.

« Petites merdes »
Les siloviki, les services de sécurité russes, s’en sont étranglés de colère, humiliés de ne pas avoir su prévenir, sous les yeux de Vladimir Poutine et des caméras du monde entier, cette intrusion dans les derniers instants d’une compétition jusque-là sans accroc.
Très vite, dans les instants qui ont suivi l’interpellation des Pussy Riot, une autre image s’est en effet superposée. Filmée par source inconnue, la scène, par ailleurs postée sur le compte Twitter de l’opposant Alexeï Navalny, est pénible. Emmenés dans des locaux à l’intérieur même du stade, deux des militants, Piotr Verzilov et Veronika Nikoulchina, essuient la fureur d’un policier dont le visage n’apparaît pas. « Des menottes ! Que quelqu’un me donne des menottes pour ces deux-là ! », aboie la voix en qualifiant les militants de « petites merdes ». « Alors, vous avez décidé de vous en prendre à la Russie, hein ? poursuit la voix. La Russie va devoir payer une amende à la FIFA à cause de vous. »

Placement en détention
Bravache, Piotr Verzilov, répond : « Nous sommes pour la Russie, comme vous, si vous êtes pour la Russie. » Mais son interlocuteur s’énerve de plus belle, après s’être enquis de la provenance des uniformes portés par les militants. « Vous les avez loués ? Parfois, je regrette que ce ne soit pas encore 37 ! », s’écrie-t-il. Le pic de la terreur stalinienne avait commencé en 1937.
Pour l’heure, une procédure administrative a été ouverte contre les Pussy Riot, qui se trouvaient toujours en détention dans un poste de police lundi matin. Le collectif s’était fait connaître en 2012 lorsque trois militantes avaient chanté une chanson hostile à Vladimir Poutine dans la principale église orthodoxe à Moscou. Condamnées à deux ans de colonie pénitentiaire pour blasphème et vandalisme, l’une avait été libérée à l’automne 2012 et les autres en décembre 2013, avant les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi.

Enthousiastes pour certains, critiques pour d’autres, les réactions à l’opération éclair, dimanche soir, du collectif ont afflué sur les réseaux sociaux en Russie. Dans un sens comme dans l’autre, un sentiment général, cependant, dominait : après un mois de bonne humeur, les étrangers partis, la fête en Russie est finie.
Lemonde

>>> JUIL2018. Les Pussy Riot expliquent en vidéo pourquoi elles ont envahi le terrain durant France-Croatie en finale de la Coupe du monde 2018. HP


10)























--- Autre ---
Un article dans un journal local, Lyon Capitale : 
>>> JUIN2018. Poutine et le crime du MH17 : que faire avec la vérité ?
Alors que les regards sont braqués sur la Russie pour la Coupe du monde de foot, le président du comité Ukraine 33 et du Comité pour la défense de la démocratie en Ukraine rappelle ici la responsabilité de Poutine dans l’attaque du Boeing 777 des Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine en juillet 2014 (298 victimes). Lyoncapitale









IX Poutine invité à Brégançon par Macron



Gaz et pétrole :
le représentant de l'oligarchie française rencontre le chef de l'oligarchie russe. 
(Il ne manque plus pour compléter le tableau que Le Pen, Mélenchon, Mariani, et P De Villiers)

En ce mois de juillet 2019, près de 1.400 personnes demandant la tenue d’élections libres ont été arrêtées à Moscou (Lobs), Poutine comme d'hab fait taire ses opposants (attestations et procès poutiniens, comme au bon vieux temps de Staline).
Pendant ce temps, Macron invite Poutine à Brégançon (Lemonde).

Macron rejoint le club

Le rapprochement des oligarques russes et français, ça se fête. Après la réception de Medvedev par Edouard Philippe, après la scandaleuse réintégration de la Russie au Conseil de l’Europe (grâce notamment à la France) - laquelle réintégration a été saluée (à raison) par la presse du régime comme une « victoire » de Moscou - , voici donc Poutine à Brégançon.
Champagne et petits fours à gogo donc, pour les pourris de ces deux pays. L’extrême droite sera ravie elle aussi…
Certes, il y a le droit international violé, la guerre, le Donbass, la Crimée, la Géorgie, la Tchétchénie, la Syrie, les morts, les crimes de guerre, le vol MH17 abattu, les assassinats de journalistes, les assassinats d’opposants, les incursions militaires en Europe, les cyberattaques, la désinformation, les tentatives de déstabilisation, l’espionnage (nombreux exemples, un peu partout en Europe, y compris et surtout en France)…
Mais bon, tout ça, ça pèse quoi ? Y’a quand même le pétrole et le gaz. Y'a Total, Engie, Gazprom'n co , et tous les oligarques qui vont avec !
Pour sûr, on aura droit à l'habituel et lassant blabla de Macron sur les droits de l'homme et les accords de Minsk. Blabla pour les médias, mais qui n'impressionne plus personne, surtout pas Poutine. Sans doute que le blabla sera d'ailleurs assez court. On n’en parlera plus, à Brégançon, de ces opposants, journalistes, écrivains, historiens, artistes… persécutés ou tués. Les médias non plus n'en perleront pas, alors qu'une piqûre de rappel ne ferait pas de mal. Alors, pour mémoire, voici quelques figures symboliques, parmi tant d’autres, victime du régime de Poutine :


- Anna Politovkaïa (journaliste assassinée),
Litvinenko (assassiné à Londres par empoisonnement) ,
Nemtsov (opposant assassiné. A écrit un rapport sur le rôle des militaires russes en Ukraine),
Iouchtchenko (empoisonné à Kiev. Avait critiqué la politique impérialiste de Poutine. Il accuse un ancien collaborateur. Le poison utilisé serait fabriqué en Russie),
Perepilichny (avait révélé un grand scandale de corruption en Russie. Empoisonné en Angleterre)
Skripal (empoisonné avec sa fille. Les deux suspects, rentrés rapidement en Russie, ont été décorés par Poutine)
Navalny (emprisonné et empoisonné),
- Oleg Sentsov (emprisonné, Citoyen d’Honneur de la Ville de Paris), 
- Roman Souchtchenko (emprisonné. Journaliste -correspondant à Paris de l’agence de presse Ukrinform-, dessinateur)
Kasparov, (menacé, exilé aux Etats-Unis)
Ponomarev (menacé. Exilé en Ukraine). Sur  la photo postée sur les réseaux sociaux, on voit le dos d'un homme assis, bien droit, immobile. Autour de lui, la foule s'est levée. Elle applaudit à tout rompre, lance des acclamations et brandit des drapeaux russes (...). L'homme reste sur sa chaise, ignorant délibérément l'euphorie ambiante. 
(...)  Deux jours après le "référendum" en Crimée, dans les salons du Kremlin, Poutine délivre un grand discours pour entériner le résultat du référendum et justifier l'annexion. L'assemblée brûle d'émotion. A la fin du discours, c'est une explosion de joie. Un seul homme ne participe pas à la liesse : le député Ilya Ponomarev, l'unique élu à la Douma à ne pas avoir voté l'annexion. La loi sur la Crimée y a recueilli 445 votes pour et un contre, le sien. C'est lui qu'on voit de dos assis sur sa chaise silencieux au milieu des bravos. Sur son fil Twitter, il publie l'image avec ce commentaire : "Tout cela n'avait pas de sens, les gens sont devenus fous."  (Ukraine, le réveil d'une nation , Alain Guillemoles, p 158)




Je suis tombé sur cet excellent tweet de Jadot. Pas voté pour EELV aux européennes, mais j'aurais dû...Ce sera pour la prochaine fois.







(...) Emmanuel Macron a également annoncé qu’il se rendrait à Moscou en mai 2020 pour assister aux célébrations du 75e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. « Je serai en Russie aux côtés du président Poutine » pour cet événement, a-t-il déclaré. « Je suis reconnaissant » à Emmanuel Macron d’avoir accepté cette invitation, a renchéri Vladimir Poutine, les Russes accordant la plus haute importance à ces commémorations qui ont été boudées par les Occidentaux depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. (Lobs)
Macron de plus en plus minable. Va falloir le virer au plus vite.





>>> AOUT2019  « Au regard des atrocités commises en Syrie, que vient faire M. Poutine à Brégançon ? » TRIBUNE. Catherine Coquio, cofondatrice du Comité Syrie-Europe
Alors qu’Emmanuel Macron reçoit le président russe le 19 août dans sa résidence d’été, Catherine Coquio du Comité Syrie-Europe dénonce, dans une tribune au « Monde », cette rencontre qu’elle juge honteuse au vu du rôle actif joué par la Russie dans le bombardement contre des civils syriens. Lemonde



>>> JUILL2019 « Inviter Vladimir Poutine en France, c’est le conforter dans ses positions agressives »
Tribune : Galia Ackerman, Ecrivaine - Françoise Thom, Historienne
Alors qu’Emmanuel Macron doit recevoir son homologue russe au fort de Brégançon avant le G7 de Biarritz, les spécialistes de la Russie Galia Ackerman et Françoise Thom affirment, dans une tribune au « Monde », que la France n’a rien à gagner à être la « championne dans la complaisance à l’égard de Moscou ».

Tribune. Emmanuel Macron vient d’inviter Vladimir Poutine au fort de Brégançon, cinq jours avant l’ouverture à Biarritz du sommet du G7, le 24 août. La nouvelle tombe le jour où la police moscovite a arrêté plus de 1 300 manifestants venus protester contre le blocage des candidats d’opposition aux élections de la Douma municipale. Cette invitation vient après que la France a soutenu la réintégration de la Russie au Conseil de l’Europe, présentée par la propagande du Kremlin comme un « triomphe » de Moscou. Et pour cause : la Russie a même fait adopter un texte qui rend plus difficile, à l’avenir, l’imposition d’éventuelles futures sanctions contre des pays membres. Que de chemin parcouru depuis le sommet du G20 à Brisbane, en novembre 2014, lorsque le président Poutine avait dû partir précipitamment, faute de trouver des interlocuteurs désireux de s’entretenir avec lui !
Ces succès de la politique poutinienne ne s’expliquent certes pas par un assouplissement de la politique russe ou des concessions quelconques dans aucun domaine. La Crimée est toujours occupée. Il y a eu l’affaire Skripal. Il y a eu l’arraisonnement des navires ukrainiens dans le détroit de Kertch. L’annexion rampante du Donbass se poursuit, maintenant que la Russie distribue à tour de bras des passeports russes aux habitants de toute cette région, et pas seulement des enclaves contrôlées par les séparatistes. La Russie continue à nier sa responsabilité dans la destruction du Boeing de la Malaysian Airlines. Enfin, elle ne cesse d’alourdir les mesures répressives à l’encontre de sa propre population.

Séduction et intimidation
L’affaissement de l’Europe devant la politique agressive de Moscou s’explique donc uniquement par l’efficacité des méthodes employées par le Kremlin, les seules auxquelles croit Vladimir Poutine : l’argent et l’intimidation. Le gouvernement russe est prêt à mettre ses citoyens sur la paille pour pouvoir disposer d’immenses flux financiers, qu’il utilise afin de réaliser ses ambitions de politique étrangère, surtout en Europe. Le reste va à un formidable programme d’armement car, en Russie, on est bien conscient que la séduction n’est vraiment efficace que combinée à l’intimidation.
Le président Poutine se sent le vent en poupe. Dans une interview récente au Financial Times, il claironnait que les Occidentaux eux-mêmes étaient en train de se convaincre de la faillite du libéralisme. L’invitation du président Macron, qui prétend incarner le progressisme en Europe, ne peut que le conforter dans ses vues. (Lemonde)







>>> Recevant Vladimir Poutine le 19 août dernier au fort de Brégançon, Emmanuel Macron à commis plusieurs erreurs d'interprétation historique. Mais le président français n'a pas eu l'air de s'en soucier, tout à sa tâche de séduction de son homologue russe.
Par Françoise Thom, historienne

Dans un article paru en février dernier, intitulé « L’État durable de Poutine », Vladislav Sourkov, l’un des principaux idéologues du régime poutinien, écrivait : « Les hommes politiques étrangers accusent la Russie de s’ingérer dans les élections et les référendums de toute la planète. En réalité les choses sont plus sérieuses : la Russie s’ingère dans leur cerveau, et ils ne savent plus eux-mêmes que faire de leur conscience changée »[1]. A l’époque de la parution de cet article on pouvait attribuer cette assertion singulière à la traditionnelle vantardise des propagandistes du Kremlin toujours enclins à exagérer leurs succès. Aujourd’hui, après avoir écouté les déclarations du président Macron en présence du président Poutine à Brégançon le 19 août 2019, l’on est amené à se demander si Sourkov n’a pas eu raison de tenir ces propos triomphalistes.
En effet, par son langage et par son comportement obséquieux devant un interlocuteur incapable par moments de cacher son mépris, Macron a manifesté tous les symptômes d’une « kremlinisation » préoccupante de sa conscience, pour reprendre l’expression de Sourkov. Libération





>>> Republions aussi la lettre d’un député ukrainien à Macron (peut-être a-t-il oublié de la lire), parue dans Libération le 11 mars 2019 (Un député Ukrainien répond à Macron)

Elu du parlement Ukrainien, Oleksii Goncharenko a choisi de répondre à la tribune d’Emmanuel Macron sur l’Europe. Nous publions de larges extraits de sa lettre, qu'il nous a fait parvenir.
Par Oleksii Goncharenko, (député ukrainien)
Monsieur le Président de la République Française, en tant qu’Européen, je souhaite répondre à votre lettre. Mon objectif est de vous rappeler que parler de l’avenir de l’Europe est impossible sans l’Ukraine. Mon pays natal est impliqué dans l’une des plus grandes guerres menées sur le continent européen au cours des 60 dernières années. (…)
Il est bien évident que l’Europe traverse une période difficile du fait du Brexit qui se prépare. Vous écrivez que «Nous ne pouvons accepter sereinement le rétrécissement de l’Europe» et vous avez raison. Le projet européen doit être élargi pour garantir son développement. (…) Et le plus grand pays du continent européen est l’Ukraine.
L’aspiration de mon État à l’Union européenne et à l’OTAN a été inscrite dans la Constitution ukrainienne le 7 février 2019. Cela ne signifie pas que l’objectif de l’Ukraine est de recevoir une aide financière des pays de l’Union européenne, mais qu’il veut participer à la résolution de nos problèmes communs. Nous sommes prêts à assumer la responsabilité pour l’avenir de l’Europe et à travailler sans relâche pour que nos valeurs européennes ne meurent pas sous la pression de formes hybrides de «démocraties souveraines ou d’autoritarisme».
L’Europe traverse actuellement une crise à toutes les frontières: le Brexit à l’ouest, les migrations au sud et l’agression militaire russe contre l’Ukraine à l’est. Tous ces défis exigent une réponse claire et ferme.
J’aimerais exposer brièvement la position de l’Ukraine concernant les propositions que vous avez décrites dans votre lettre.
1. Protéger notre liberté
(…) Aujourd’hui, il y a une guerre en Europe. Et cette guerre est menée par la Russie. Cette guerre a lieu non seulement en Ukraine, mais aussi à Salisbury, en Italie, en France, en Allemagne, en Autriche, en République tchèque et dans les États baltes. Partout, la Russie, avec l’aide d’organisions publiques, de médias, de services spéciaux, de responsables politiques parrainés, soutient une idée simple: l’Union européenne doit être détruite. Vos propositions visant à interdire le financement des partis européens extérieurs à l’UE et à créer une Agence européenne pour la défense de la démocratie sont tout simplement une nécessité vitale.
(…) L’Ukraine est prise dans une guerre sanglante depuis 5 ans. Chaque jour, et je voudrais le souligner, nous perdons nos soldats. Ils se battent pour notre indépendance et notre État, mais aussi pour nos valeurs communes. Si la Russie n’est pas arrêtée maintenant, elle continuera. La prochaine victime sera la Biélorussie, puis les États membres de l’UE, en premier lieu les pays baltes, et la Pologne également. Cela paraît impossible ? En 2013, l’annexion de la Crimée et d’une partie du Donbass nous paraissait aussi impossible.
La protection de notre liberté devrait être assurée par une armée paneuropéenne, un système de sécurité paneuropéen, la détermination et la rigueur dans les relations avec le pays agresseur. Nous avons besoin d’un nouveau système de sécurité continental qui permettra à tous les pays européens de se sentir protégés. L’Ukraine a beaucoup à partager avec ses amis européens : l’expérience d’une agression extérieure et la 8ème armée européenne, qui a été reformée après 2014.
2. protéger notre continent
Le problème de la migration est aujourd’hui l’un des principaux auxquels l’Europe fait face. Nos valeurs communes exigent de dire que nous n’aidons pas une personne en raison de sa couleur, de ses croyances ou de sa nationalité. Par conséquent, il est important de développer une politique migratoire paneuropéenne. Et l’Ukraine est prête à y participer.
La guerre actuelle avec la Russie a déjà provoqué une grande vague de migration. Un million et demi de personnes s’est déplacé des territoires occupés de l’Ukraine vers les territoires encore libres. Nous avons pu résoudre ce problème par nous-mêmes. Nous possédons une expérience en matière d’intégration et d’assistance à ces personnes.
De plus, je voudrais souligner une autre chose importante. En 2017, l’Ukraine a bénéficié d’un régime sans visa avec les pays de l’Union européenne. De nombreux sceptiques ont déclaré que l’Europe ferait face à une vague migratoire. Comme nous le voyons maintenant, cela ne s’est pas passé ainsi. (…) Nous avons prouvé que nous pouvions respecter les règles et remplir nos obligations.
3. Faire renaître l’esprit de progrès
L’Europe a commencé non seulement à prendre du retard sur le plan technologique par rapport à la Chine et aux États-Unis, mais ces dernières années, elle est restée en marge de l’innovation. Nous n’envoyons personne sur Mars, n’inventons pas de nouveaux téléphones...
Le centre d’innovation et de science ne se trouve plus sur notre continent. Nous sommes progressivement passés du créateur au consommateur. Cette menace ne concerne pas que l’avenir économique de tous les pays, mais aussi l’indépendance politique de notre continent. Nous devons unir nos forces et lancer de nouveaux programmes et centres de recherche. Nous avons besoin d’une nouvelle avancée technologique.
Je voudrais vous citer quelques faits : l’Ukraine figure parmi les États spatiaux, se classe au quatrième rang mondial pour l’exportation de produits et services informatiques, et c’est en Ukraine qu’on a créé «Mriya», le plus grand avion-cargo au monde. Nous avons quelque chose à apporter à l’Europe. Nous devons unir nos efforts pour une raison évidente : seul nous allons perdre cette course.
Les mots « Liberté! Égalité! Fraternité! » ne sont pas seulement pour les rues parisiennes, ce sont des mots compris et acceptés dans les rues de Kyiv, Bratislava, Berlin, Londres, Budapest et dans toutes les capitales européennes. Et si vous, Monsieur Macron, dites qu’une Conférence européenne sera convoquée à la fin de cette année, l’Ukraine devrait y participer. Vous écrivez à juste titre: «Les gens veulent faire partie des changements.» Plus de 40 millions d’Ukrainiens sont tout à fait d’accord avec vous.
L’Europe est impossible sans l’Ukraine, de même que l’Ukraine sans l’Europe.
Oleksii Goncharenko, député d’Ukraine, coprésident du groupe d’amitié Ukraine-France, membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe










Hormis sa bienveillance envers Poutine, bien d’autres reproches peuvent être fait à LREM.
Comme le vote du CETA.
A cet égard, saluons l’action des agriculteurs du sud-ouest, qui, sans casser, ont su attirer l’attention des votes néfastes de députés LREM.

>>> Du fumier déversé devant une préfecture et une permanence parlementaire dans le Sud-Ouest
Le CETA, qui supprime notamment les droits de douane sur 98 % des produits échangés entre les deux zones, est vivement critiqué en France par les agriculteurs.
(…) les agriculteurs ont déversé deux tonnes de fumier devant la permanence à Tournefeuille (ouest de Toulouse) de la députée Monique Iborra, cette dernière a fustigé sur son compte Twitter une action « irresponsable » et « inutile ». (Lemonde)

Contrairement à ce qu’affirme la députée, cette action n’est ni « irresponsable », ni « inutile ». Bien au contraire, elle permet, au delà du blabla, de mettre en lumière qui vote quoi. Bref une action responsable et fort utile de nos amis agriculteurs.




















































































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire