lundi 4 mars 2024

A propos de l'envoi de troupes en Ukraine

Jusqu'à présent, à peu près 100% des réactions à la déclaration de Macron étaient des cris d'orfraie. Alors, que LePen et sa clique soit dans la (très) droite ligne de Laval et sa clique, il n'y a là rien d'étonnant. De même, que Méchancon ait beaucoup de mal à se placer du côté des victimes du terrorisme - que celui-ci soit russe ou islamiste -  , il n'y a là rien d'étonnant non plus. En revanche, qu'aux cris d'orfraie des très poutinolâtres Lepen et Méchancon s'ajoutent ceux des Wauquiez, Faure, Bayou , il y a là quelque chose de décevant, de regrettable de dégoûtant ! 

Alors, quand, au-dessus de ce caquètement de poules s'élève une analyse plus sérieuse, il faut évidemment la mettre en avant. C'est le cas ce celle de Cyrille Gloaguen et Jean-Sylvestre Mongrenier, dans une tribune au Monde.


>>> Envoi de militaires en Ukraine : « Plutôt que de s’indigner des propos du président français, il importe d’envisager le pire »

Parce que la chute de l’Ukraine confronterait le reste de l’Europe à des menaces immédiates, la France doit assumer une politique d’« ambiguïté stratégique » sur les approches orientales de l’OTAN, affirment les chercheurs en géopolitique Cyrille Gloaguen et Jean-Sylvestre Mongrenier dans une tribune au « Monde ».

A l’issue de la conférence internationale de soutien à l’Ukraine, organisée à Paris le 26 février, le président français a dit que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « pas être exclu ». Sans surprise, l’hypothèse est repoussée par la plupart des membres de l’OTAN. Pourtant, le propos est bienvenu dans un milieu politique français en partie affecté d’une cécité munichoise, prompt à qualifier la lucidité de bellicisme. A croire que la « machtpolitik » du Kremlin serait le simple reflet de nos pensées et de nos gestes !

Affirmer pouvoir trouver une solution négociée honorable au conflit laisse pantois. Crier qu’on ne veut pas la guerre ne l’évitera pas ; Vladimir Poutine, pour des raisons qui lui appartiennent, a désigné l’Occident comme ennemi. Que certains, par idéologie ou par peur, aient mentalement fait allégeance à Moscou, la chose est sue. Qu’ils le disent et endossent les conséquences de leurs choix. L’assujettissement du bloc soviétique hier, la réalité contemporaine de la domination russe dans les régions occupées d’Ukraine, notamment à Boutcha, donne idée du sort qui attend les « pays frères ».

En vérité, la possibilité d’une guerre entre l’Europe et la Russie hante les esprits. La Suède, le Royaume-Uni, la Finlande, la Pologne et les pays Baltes évoquent cette perspective. Non sans solides raisons. Pourquoi la France devrait-elle l’ignorer ? Pourquoi avoir peur des mots et ne pas assumer l’alliance avec l’Ukraine ? Volens nolens, nous sommes depuis deux ans déjà en conflit avec la Russie ; Vladimir Poutine et les siens le martèlent sans cesse.

L’armée russe, bien que durement éprouvée, tient et se renforce en hommes, en munitions et en équipements. Elle est soutenue par une économie de guerre qui fabrique désormais bien plus d’obus de gros calibre et de missiles que l’ensemble des pays européens. Ses réserves mobilisables se comptent en millions d’hommes.

Ligne rouge

Cette armée se heurte aux lignes de défense ukrainiennes, mais le scénario qui la verrait arriver aux frontières polonaises et baltes n’est pas une chimère. Rien n’est sûr, et pourtant, ce serait mal connaître le régime russe de penser qu’il hésiterait à s’attaquer à l’Europe, pour peu qu’il la sente faible et velléitaire.

Lemonde

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire