Un livre de Raphaël Glucksmann à lire absolument :
La Grande Confrontation. Comment Poutine fait la guerre à nos démocraties
Enquête sur l'aveuglement et la corruption des élites européennes
(...) Une nation est entrée en résistance. Tout part de là, de ce détail que les stratèges [russes] avaient minoré dans leurs calculs savants : le courage d'un peuple. Oui, l'Ukraine a réhabilité l'idée de courage en Europe. Non pas le courage comme qualité individuelle (il y a toujours eu des braves gens, même dans les sociétés les plus endormies), mais le courage comme vertu collective, le courage comme fait politique (...) tous les Ukrainiens ont fait face à un choix vital le 24 février 2022. Qu'autant d'entre eux aient au même moment fait le même choix, celui de la résistance, transforme le courage personnel ainsi répété à l'infini en événement social et politique majeur.
Antithèse de la lâcheté et de la soumission, du renoncement et de la corruption, le courage n'est pas non plus la témérité ou le virilisme. Il ne se mesure pas aux décibels émis ou à la violence des mots prononcés. Il s'oppose à l'hybris, la démesure que les anciens Grecs redoutaient tant. (p130)
(...)
Nous avons besoin de l'Ukraine (...) pas seulement comme ligne de défense vitale pour la sécurité collective de notre continent. Pas seulement parce qu'elle bloque l'avancée d'un ennemi ayant nos démocraties en ligne de mire depuis des années. Pas seulement parce qu'en luttant pour sa liberté, elle combat aussi pour la nôtre. Nous avons besoin de l'Ukraine pour quelque chose de plus immatériel. Nous avons besoin de l'Ukraine parce qu'elle regorge de l'énergie vitale qui nous manque. Parce qu'elle démontre chaque jour un enthousiasme pour la démocratie et le projet européen si rare dans nos nations qui les considèrent comme acquis. Nous avons besoin de l'Ukraine pour réapprendre à dire et aimer ce que nous sommes. Pour croire à nouveau en nous-même. (p133)
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