vendredi 2 août 2024

Désinformation : ce que la Russie a raconté aux Ukrainiens pendant les élections européennes

 La propagande russe a fait circuler de nombreuses fausses informations sur l’UE et sur les dirigeants européens dans le but de démoraliser les Ukrainiens, sans toutefois parvenir à influencer leurs intentions pro-européennes.

Alors que l’Europe se préparait à lutter activement contre la désinformation russe pendant les élections européennes de juin, la Russie a profité de cette période pour semer le doute et la méfiance à l’égard de l’UE et de ses États membres parmi les Ukrainiens.

Les organisations ukrainiennes de vérification des faits (fact-checking) ont récemment constaté une augmentation significative des fausses informations concernant l’UE, les élections du Parlement européen et les élections dans les États membres de l’UE. L’objectif principal de cette campagne de désinformation était de donner une image négative de l’Union, de démoraliser les Ukrainiens et de leur montrer que l’Europe ne les aiderait et soutiendrait plus.

Par exemple, les médias du Kremlin ont largement diffusé l’idée que les élections européennes conduiraient à une situation « similaire à l’effondrement de l’URSS ».

Les médias russes prétendaient notamment que, quel que soit le parti dont les candidats seraient élus au Parlement européen, le nouvel équilibre des pouvoirs conduirait à « l’effondrement de l’Union européenne, ne serait-ce que parce qu’elle a depuis longtemps dépassé son statut de club d’intérêts ».

« Absolument toutes les élections qui se déroulent dans des pays présentant un intérêt pour la Russie deviennent une cible pour les attaques russes. Si vous regardez la télévision russe, il est très facile de voir qui le Kremlin considère comme ami de la Russie et qui est son ennemi », a expliqué Ruslan Deynichenko, cofondateur et directeur exécutif du projet de fact-checking ukrainien StopFake.

Par exemple, dans l’espace médiatique ukrainien, les réseaux sociaux ont diffusé de fausses informations selon lesquelles le parti d’Emmanuel Macron aurait offert 100 euros à chaque citoyen français qui voterait pour lui lors des élections législatives, ou que les responsables politiques de l’UE auraient été « frappés par le virus fasciste » à la veille des élections et que l’UE serait « prête à suivre les traces d’[Adolf] Hitler ».

Les réseaux sociaux ukrainiens ont également été envahis par des rapports sur diverses manifestations dans différents États membres, mettant l’accent sur la dispersion violente des participants. Les canaux Telegram russes ont accusé l’UE de ne pas être démocratique, de ne pas respecter les droits des citoyens et d’imposer la censure.

Parmi les fausses informations diffusées par la Russie visant à détériorer les relations entre l’Ukraine et les pays européens, l’une soutient que la seule chose que l’UE veut de la part de son voisin déchiré par la guerre ce sont ses ressources.

Un autre récit, qui s’est également amplifié dernièrement, est celui selon lequel les Européens souhaitent poursuivre la guerre en Ukraine, tandis que les Ukrainiens aspirent à la paix. Ces fausses informations comprennent une rhétorique contre les forces politiques qui prônent le maintien du soutien à l’Ukraine.

Ce phénomène de désinformation, diffusé sur des canaux Telegram populaires, par des bots informatiques dans des discussions générales et sur des médias russes et pro-russes, a pour but de faire perdre aux Ukrainiens leur confiance en l’UE.

Les Russes ne sont toutefois pas parvenus à leurs fins, car les sondages confirment que les Ukrainiens restent majoritairement pro-européens.

Selon une enquête publiée en juillet par le Conseil européen pour les relations internationales, deux tiers des Ukrainiens considèrent que l’adhésion à l’UE est tout aussi importante que l’adhésion à l’OTAN. L’enquête montre également que les Ukrainiens ont une opinion beaucoup plus favorable du rôle de l’UE dans la guerre que les citoyens européens mêmes.

Une étude de la fondation Ilko Kucheriv Democratic Initiatives sur les attitudes des Ukrainiens à l’égard de l’UE a également montré que la majorité des personnes associent l’UE aux aspects positifs qui sont difficilement réalisables en Ukraine en raison de la guerre : la liberté de voyager, d’étudier et de travailler partout dans l’UE (49 %), la qualité de vie des générations futures (44 %), la prospérité économique (39 %), la sécurité sociale (35 %), la démocratie (34 %), et la paix (33 %).

Par conséquent, rien ne prouve que les tentatives russes de détériorer la perception de l’UE et de ses États membres par les Ukrainiens aient abouti.

Les autorités ukrainiennes sont également convaincues que la désinformation russe en Europe n’aboutira pas, malgré tous les efforts de propagande.

« Il n’y a pas d’autre solution que de soutenir la victoire de l’Ukraine et d’assurer la défaite de l’agression russe. Sinon, la sécurité nationale de nos partenaires sera menacée. Cela vaut pour l’Europe, les États-Unis et le reste du monde », a souligné le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Dmytro Kouléba, en juillet.

Olha Yurkova, cofondatrice du projet StopFake, a expliqué que « la victoire de la Russie pourrait être envisagée si elles [les forces politiques pro-russes qui s’opposent au soutien de l’Ukraine] prenaient la majorité au Parlement européen. Pourquoi ? Pour faciliter la réalisation de leurs objectifs, qui consistent notamment à déstabiliser le soutien à l’Ukraine, à saper la stabilité en Europe et à affaiblir l’UE ».

« Malheureusement, nous constatons un certain renforcement des positions de ces forces politiques, mais elles n’ont pas la majorité », a-t-elle conclu.

Euractiv

 

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